3 kilomètres jusqu'à la fin du monde - Image une fiche film Cannes 2024

Fiche film : 3 kilomètres jusqu’à la fin du monde (Cannes 2024)

3 kilomètres jusqu’à la fin du monde du réalisateur roumain Emanuel Parvu a été présenté en Compétition officielle au Festival de Cannes 2024.

3 kilomètres jusqu’à la fin du monde (Trei Kilometri Pana La Capatul Lumii  – 2024)

Réalisateur(s) : Emanuel Parvu
Avec : Bogdan Dumitrache, Ciprian Chiujdea, Laura Vasiliu
Distributeur : Memento Distribution
Durée : 1h45min
Sortie en salles :

Résumé : Adi, 17 ans, passe l’été dans son village natal niché dans le delta du Danube. Un soir, il est violemment agressé dans la rue. Le lendemain, son monde est entièrement bouleversé. Ses parents ne le regardent plus comme avant et l’apparente quiétude du village commence à se fissurer.

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  • Notre avis en direct du festival de Cannes : Plus connu comme acteur, en particulier chez Cristian Mungiu ou Adrian Sitaru, le roumain Emanuel Parvu arrive à Cannes par la grande porte en réalisant 3 kilomètres jusqu’à la fin du monde. Son film se démarque par un titre long et pompeux, à l’opposé de sa mise en scène sobre, précise et d’une grande simplicité apparente pour une histoire là aussi qui pourrait sentir le déjà-vu mais qu’il maîtrise totalement.
    Un village isolé en Roumanie, peut-être métaphore du pays en général, un adolescent gravement battu et une enquête qui révèle que tout est lié à son homosexualité qu’il cache depuis toujours. Chez Parvu, le traitement de l’homophobie est brutal, sec mais les coups restent hors champ. Seul le résultat et le ressenti importent : des stigmates couvrent la totalité du corps du protagoniste, et la violence devient alors psychologique. Le sujet fait écho à plusieurs œuvres cinématographiques récentes dans son évocation des traditions séculaires, des mentalités fermées, de l’éducation qui se perpétue de mâle en mâle et de la religion qui prend le pas sur la raison.
    Dans ces trois kilomètres, tout le monde en prend pour son grade. Tout en évitant les gros plans et leur émotion souvent factice, le cinéaste tient ses quelques personnages à bonne distance pour présenter un microcosme gangréné par une mentalité d’un autre temps comme si rien n’avait bougé depuis 40 ans, voire depuis des siècles. Les parents écrivent la vie de leur enfant, souhaiteraient qu’il soit leur pantin, tous redoutent les regards d’autrui, le prêtre a l’autorité d’un médecin, les puissants sont des emblèmes de virilité, la xénophobie affleure, la police, inutile, cherche à tempérer tout le monde pour n’obéir qu’aux plus forts et la corruption est générale. La vie ambiante pourrait être résumée dans une phrase du père : « Je lui ai donné la vie, moi seul peut la lui enlever. »
    Mais la réussite, au-delà de l’esprit de synthèse du cinéaste, vient d’une mise en scène qui colle idéalement au propos. Il n’en fait jamais trop, étire ses plans pour en dire le maximum sans exagérer, et son film tend progressivement vers un thriller où l’angoisse de la séquestration et la folie générale sont palpables et redoutables. Finalement, la plus à plaindre reste la meilleure amie de l’adolescent, seul personnage à épouser son époque, puisque si elle n’est pas cloîtrée chez elle, elle semble condamnée à moisir sur place avec comme seul espace de liberté son téléphone portable. 4/5
  • Box office : 3 kilomètres jusqu’à la fin du monde a été acquis avant le festival par Memento qui sera donc son distributeur en France.

3 kilomètres jusqu'à la fin du monde - Photo

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