MaXXXine est le troisième volet d’une trilogie réalisée par Ti West composée des films X (2022) et Pearl (2023) (prequel de X). Mia Goth reprend son personnage dans chacun des films.
Situé en 1985, MaXXXine met en lumière Maxine Minx, seule survivante du bain de sang de la ferme du slasher X qui se déroulait à la fin des années 70. Travaillant désormais à Hollywood comme star du porno, Maxine s’est fixée comme objectif de devenir une véritable star sur grand écran.
MaXXXine (2024)
Réalisateur(s) : Ti West
Avec : Mia Goth, Elizabeth Debicki, Moses Sumney, Giancarlo Esposito, Lily Collins, Kevin Bacon, Michelle Monaghan
Distributeur : Condor Distribution
Durée : 1h44min
Sortie en salles : 31 juillet 2024
Résumé : Los Angeles, dans les années 80. Star de films pour adultes et aspirante actrice, Maxine Minx décroche enfin le rôle de ses rêves. Mais alors qu’un mystérieux tueur traque les starlettes d’Hollywood, des indices sanglants menacent de dévoiler le sombre passé de Maxine.
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- Notre avis : À nos éminents lecteurs, nous ne saurions que trop leur conseiller de mater X (sorti en 2022 en catimini par Kinovista mais dispo en VOD et/ou Blu-ray) et Pearl (inédit au cinéma mais visible en France sur Netflix ainsi qu’en Blu-ray) avant de se jeter sur MaXXXine. Deux films qui s’ils ne se suivent pas forcément ont pour eux de contextualiser sinon de donner chair à ce troisième volet voulu comme une apothéose. On s’explique. X racontait l’histoire d’un tournage. Celui d’un film de cul qui se déroulait dans un décor rappelant furieusement celui de Massacre à la tronçonneuse. Là, un couple de vieux fermiers texans louait leur grange, motivé sans aucun doute par l’idée de pouvoir arrondir leur fin de mois sans pour autant connaître la véritable nature du tournage. Forcément, les deux mondes vont se télescoper mais selon un procédé quelque peu roublard qui voyait le réalisateur Ti West inverser les codes et les attendus du genre. On n’était pas franchement emballé mais on avait tout de même eu la sensation d’avoir fait la découverte d’une pépite prénommée Mia Goth qui jouait à la fois le rôle de Maxine Minx, une des hardeuses aux dents longues, et de Pearl Douglas, la fermière quelque peu décatie. Dans la quasi foulée, Ti West réalisera Pearl. Les deux films sont en effet tournés en Nouvelle Zélande en plein Covid dans un pays plus ou moins épargné par la pandémie. Préférant rester sur l’archipel plutôt que de rentrer aux États-Unis, il propose à Mia Goth de développer son personnage de Pearl et de situer l’action quelque 60 ans plus tôt en 1918 toujours au même endroit. La fermière pour qui la venue de cette équipe de tournage remuait des souvenirs et des ambitions dont les cicatrices ne s’étaient jamais refermées était alors une jeune adulte prise en étau entre un père réduit à l’état de légume et une mère despotiquement dévote. Sa seule évasion était alors d’aller en douce au cinéma en s’imaginant devenir une actrice star.
Dire que Mia Goth nous avait ici littéralement scotchée serait un euphémisme. Sa prestation aurait mérité tous les Oscars, Emmy et autres distinctions possibles. Quant au film, Ti West y faisait montre d’une maîtrise et d’un sens de la mise en scène au service de son histoire rarement constatés pour le genre sinon dans la production US actuelle. Si avec X, il rendait hommage à sa manière aux films d’horreur craspecs et un peu fauchés des années 70, avec Pearl il prenait une tout autre direction en lorgnant du côté des films de Douglas Sirk comme, au hasard, Mirage de la vie (1959) sans pour autant abandonner sa signature visuelle radicale. L’équilibre sur le papier qui pouvait sembler précaire pour ne pas dire casse gueule, trouvait là une forme de plénitude portée, on insiste, par une Mia Goth qui à elle seule transcendait les multiples influences du film. Une telle réussite devait sans aucun doute aux yeux de Ti West trouver un prolongement baptisé donc MaXXXine. Après avoir donc exploré les origines de Pearl Douglas, l’évidence était de donner une suite au personnage de Maxine Minx qui en ces années 80 tonitruantes et reaganiennes est devenue une star de l’industrie du X qui part à l’assaut d’Hollywood.
Et premier constat, le terrain de jeu s’est agrandi vu que maintenant l’action se situe en plein Los Angeles. Quant à l’unité de temps, il reste toujours aussi serré puisque tout se déroule sur quelques jours. Suffisant ceci dit pour que Maxine se retrouve à batailler contre son passé récent et … (ne spoilons pas) alors que dans le même temps elle est choisie pour être la tête de gondole d’un film d’horreur dont le premier volet a cassé la baraque. Ti West a dès lors pour ambition de nous plonger dans les arcanes d’une ville dont on connait finalement toutes les aspérités de cinéma. Et il ne se prive pas pour en abuser allant même jusqu’à utiliser quelques-uns des sets les plus iconiques des Studios Universal à commencer par le motel du Psychose d’Alfred Hitchcock. MaXXXine joue dès lors dans la cour des clichés qui l’empêche au final de prendre son envol. C’est qu’à trop vouloir rechercher la référence, les clins d’œil appuyés et in fine une forme de réappropriation de la période en mode miroirs déformants, que l’on en oublierait l’histoire qui très vite en effet est reléguée au rang d’accessoire certes plaisante à suivre mais dont les enjeux sont totalement désincarnés. Et quant à Mia Goth, si elle surnage sans problème offrant une prestation plutôt convaincante, on n’en dira pas de même de Kevin Bacon dont le cabotinage n’est certes pas déplaisant mais un tantinet surjoué accentuant ce sentiment général décalé ou d’Elizabeth Debicki aux dialogues totalement hors sol et ultra verbeux qui joue la réalisatrice du film d’horreur à une époque où la chose se comptait sur les doigts d’une main (on a en tête Pet Sematary (1989) de Mary Lambert / Near Dark (1987) de Kathryn Bigelow ou The Slumber Party Massacre (1982) d’Amy Holden-Jones).
Reste que MaXXXine se regarde avec un vrai plaisir même pas coupable mais en se disant tout de même qu’il y avait certainement moyen pour Ti West de proposer quelque chose de nettement plus ambitieux en lieu et place de ce bonbon destiné aux seuls aficionados. Une forme d’entre-soi à sucer sans modération certes mais dont la finalité n’ira pas beaucoup plus loin que l’impression d’un petit goût acidulé assez vite oublié. 3/5
- Box office : 15 828 entrées sur 258 copies en 24h. Il va sans dire que les 48 743 entrées (sur 109 copies) enregistrées au cumul par X seront dépassées. Pour Condor qui a repris la distribution cinéma en lieu et place d’Universal, c’est le plus gros dispositif mis en place par la structure depuis sa création en 2010. Edit 30/08 : Finalement aux States c’est Lionsgate qui s’y colle pour le 8 octobre. Sont annoncés deux éditions (+ une exclusive chez l’enseigne Wallmart, le pendant ricain d’une exclu Fnac par exemple) : un combo Blu-ray + Blu-ray 4K UHD et un combo Blu-ray + DVD.
- La chronique Blu-ray et 4K UHD : C’est Universal qui va se charger de sortir MaXXXine en Blu-ray et c’est prévu le pour 11 décembre 2024. Par contre pas de 4K à l’horizon que cela soit chez nous ou ailleurs.