Anzu, chat-fantôme - Image une fiche film

Fiche film : Anzu, chat-fantôme (2024)

Anzu, chat-fantôme est adapté du manga éponyme de Takashi Imashiro.

La technique d’animation principalement employée est la rotoscopie.

Anzu, chat-fantôme a été présenté à la Quinzaine des Cinéastes au Festival de Cannes 2024.

Anzu, chat-fantôme (Bakeneko Anzu-chan – 2024)

Réalisateur(s) : Yoko Kuno, Nobuhiro Yamashita
Avec les voix originales : Mirai Moriyama, Munetaka Aoki, Miwako Ichikawa
Distributeur : Diaphana Distribution
Durée : 1h34min
Sortie en salles : 21 août 2024

Résumé : Anzu, chat-fantôme raconte l’histoire de Karin, 11 ans, abandonnée par son père chez son grand-père, le moine d’une petite ville côtière de la province japonaise. Celui-ci demande à Anzu, son chat-fantôme jovial et serviable bien qu’assez capricieux, de veiller sur elle. La rencontre de leurs caractères bien trempés provoque des étincelles, du moins au début…

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  • Notre avis : Anzu, chat-fantôme est un long métrage d’animation japonais qui nous a littéralement tapé dans l’œil. Mais pas que. C’est que si la production dans ce domaine en provenance du pays du soleil levant est pléthorique et bien souvent de qualité, on a de plus en plus de mal à accrocher aux histoires. Soit on vieillit avec le corollaire de n’être plus en phase avec les attentes, aspirations… des nouvelles générations, soit la société japonaise jalouse toujours autant sa spécificité qui mélange ouverture vers le monde par souci économiques et préservation farouche de ses us et coutumes que l’occident ne sera jamais en mesure de (vouloir) comprendre. Ce pourquoi Anzu, chat-fantôme est remarquable à plus d’un titre. Non seulement donc par ses qualités formelles et de fond mais aussi par son cheminement de production.
    Précisons d’emblée ce qu’est un « chat-fantôme » dans le bestiaire fantasmagorique nippon. Et pour cela citons d’abord la réalisatrice Yoko Kuno : « Le personnage d’Anzu ne ressemble pas aux chats- fantômes habituels, qui sont censés surprendre et effrayer les gens : il fait de la moto, il travaille à temps partiel comme massothérapeute… Il est assez irrespectueux, drôle et sympathique mais n’en fait qu’à sa tête ! ». En d’autres termes, un chat-fantôme n’est autre qu’un yōkai que les plus jeunes ou certains parents ont surtout appris à connaître avec la série d’animation Yo-Kai Watch issue du jeu de même nom disponible sur DS depuis 2016 en France. Jeu et série qui ont fait fureur et qui battent encore bien des records de vente et d’audience aujourd’hui. Un yōkai signifie monstre, fantôme, démon ou encore phénomène surnaturel. Pour les plus vieux (mais aussi certains jeunes que les films d’animation du siècle dernier ne rebutent pas), on en voit dans Princesse Mononoké (1997) de Hayao Miyazaki sous la forme des petits esprits blancs de la forêt, sorte de gardiens fantomatiques des lieux. C’est dire si la figure est plus que prégnante dans la culture japonaise.
    Quant à Anzu, il est ce chat chargé de s’occuper de cette jeune fille âgée de 11 ans nommée Karin qui a été un tantinet abandonnée par son père le temps d’un été dans une petite ville balnéaire où vit son grand-père de moine. Toutefois, à la différence des autres petites filles toujours positives et toujours prêtes à soulever des montagnes qui jonchent habituellement les animés, Karin est bordélique, colérique, injuste et passablement égocentrique. Comme si les deux réalisateurs (on y revient) en avaient un peu marre de cette image finalement un peu fausse que l’on renvoie habituellement de la jeunesse de leur pays. De fait, Karin ressemble pas mal à la pré-ado lambda que l’on peut rencontrer un peu partout au sein de nos sociétés occidentales. Par ricochet, Anzu en devient sympathique. Sa bonhomie, sa nonchalance et sa façon de se foutre un peu de tout en font en effet un personnage avec qui on a envie de rester pour partager chaque instant de sa présence à l’écran.
    Il est le véritable fil rouge de cette histoire qui voit la petite Karin n’en faire qu’à sa tête, s’ennuyer à longueur de journée pour finir par décider d’aller retrouver son père… à Tokyo… mais aussi sa mère décédée quand elle était toute petite. Et pour cela rien de mieux que de descendre en enfer… littéralement. Sous ses aspects graphiques à la fois vaporeux et ciselés, Anzu, chat-fantôme en a en fait pas mal sous le capot. Jusqu’à la technique d’animation qui emprunte au procédé de la rotoscopie. En effet, sous la direction de Nobuhiro Yamashita, l’équipe a d’abord tourné le film en prise de vue réelle, accompagnée d’un chef opérateur et d’ingénieurs du son. Ces séquences ont ensuite été méticuleusement redessinées image par image par l’équipe d’animateurs dirigée par Yoko Kuno. D’où la présence donc de ces deux noms au poste de réalisation. Précisons aussi que la rotoscopie n’est pas un procédé courant dans la production nippone qui de toute façon est quasi exclusivement axée sur le marché domestique. Ce pourquoi la société japonaise Shin-Ei Animation qui voulait développer le projet d’Anzu, chat-fantôme selon les desiderata de Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita, s’est tournée vers Miyu Productions, une société française dont le but est d’établir depuis 2017 des ponts et autres passerelles entre la France et le japon en matière d’animé. Anzu, chat-fantôme est son premier long après de multiples courts développés avec de jeunes talents japonais qui peinent à percer dans leur pays où l’aide à la création pour les réalisateurs indépendants n’existe pas. Ceux-ci devant bien souvent, après leurs diplômes et un premier court-métrage, se résigner à la réalisation d’œuvres de commande ou entrer comme techniciens dans un des studios d’animation qui pullulent au Japon.
    Si on ajoute à cela le Français Julien de Man qui a été associé ici à la création des décors (il a été chef décorateur sur La Tortue rouge ou encore La Fameuse invasion des Ours en Sicile…), on obtient donc un modèle de collaboration franco-japonaise qui à l’écran permet à Anzu, chat-fantôme d’immédiatement acquérir une tessiture à la fois riche et organique très éloignée de la production constatée en ce domaine ces dernières années. Avec en sus une histoire sachant jouer des codes en provenance de plusieurs horizons à même certes de mieux s’exporter mais surtout de donner au film un intérêt et une densité là aussi peu commune dans le genre. Une expérience qui mériterait donc de ne pas rester unique. 3,5/5
  • Box office : 14 651 entrées au sortir du 1er week-end sur 175 copies.  C’est pas bézef.
  • La chronique Blu-ray et 4K UHD : Aucune annonce de la part de Diaphana au moment où nous couchons ces quelques lignes.

Anzu, chat-fantôme - Affiche

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