L’Amour ouf est le deuxième film réalisé en solo par Gilles Lellouche après Le Grand Bain en 2018 (il avait également coréalisé le film Narco sorti en 2004 et signé un segment du film à sketches Les Infidèles en 2012).
Gilles Lellouche adapte ici le roman L’Amour Ouf de l’auteur irlandais Neville Thompson, publié en 2000. C’est Benoît Poelvoorde qui a offert le livre au réalisateur en le convainquant d’en faire un film.
L’Amour ouf a été présenté en compétition lors du 77ème Festival de Cannes en mai 2024 constituant une première pour le cinéaste.
L’Amour ouf (2024)
Réalisateur(s) : Gilles Lellouche
Avec : Adèle Exarchopoulos, François Civil, Mallory Wanecque, Malik Frikah, Alain Chabat, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Jean-Pascal Zadi, Élodie Bouchez, Karim Leklou, Raphaël Quenard, Anthony Bajon
Distributeur : StudioCanal
Durée : 2h40min
Sortie en salles : 16 octobre 2024
Résumé : Les années 80, dans le nord de la France.
Jackie et Clotaire grandissent entre les bancs du lycée et les docks du port. Elle étudie, il traine. Et puis leurs destins se croisent et c’est l’amour fou. La vie s’efforcera de les séparer mais rien n’y fait, ces deux-là sont comme les deux ventricules du même cœur…
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- Notre avis : En sortant de L’Amour ouf, on est submergé par les émotions. Elles peuvent être contradictoires, enthousiastes, négatives, irrésistibles, accablantes… On peut donc adorer L’Amour ouf ou le rejeter avec violence, mais ce qui est certain c’est que le nouveau film de Gilles Lellouche ne laissera personne insensible. De par chez nous, c’est même devenu une sorte de boule de feu incandescente et abrasive. Quelque chose non dénué de réserves mais dont l’enthousiasme, la passion et la prise de risque ne peuvent que nous embarquer (même de force) à une époque où la prod ambiante fait plutôt montre d’une certaine retenue (pour dire les choses diplomatiquement) quand ce n’est pas un manque d’ambition devenu malheureusement pérenne.
Oui c’est que L’Amour ouf n’en manque pas d’ambition. Celle déjà de nous raconter une histoire, ensuite une histoire et enfin une histoire. De celle dont a envie de connaître la suite à chaque fin de séquence. En mode bouquin on appelle ça un « page-turner ». En mode film et en 2024 cela peut se prénommer L’Amour ouf. Les esprits chafouins n’y verront eux qu’un vulgaire roman de gare. Ils n’ont pas tort mais ils oublieraient tout de même le côté « pulp » de la chose. Un aspect qui a emmené le cinéma de Tarantino vers des sommets que peu lui ont reprochés et dont le traitement insufflé par Lellouche au livre de l’irlandais Neville Thompson qu’il adapte (en compagnie d’Audrey Diwan et de Ahmed Hamidi) s’en inspire et s’en approche indéniablement.
L’ambition aussi de régler le battement et le rythme de cette histoire sur ceux des acteurs et actrices qui lui donnent chair. On ne va pas entrer dans les détails, ils sont tous fabuleux avec une mention spéciale pour le jeune couple Mallory Wanecque / Malik Frikah qui font démarrer le récit sur les chapeaux de roues. Et de fait chacune de leur partition est à l’unisson des pulsations (cardiaques) de leur personnage que le spectateur accompagne tant bien que mal lui qui est sans cesse bousculé, malmené, invectivé avec un amour d’un autre temps mais que d’autres esprits ombrageux n’auront eu de cesse de qualifier de toxique depuis la projection cannoise.
L’ambition enfin de porter tout ça par une mise en scène à la pulsation diabolique qui finit de nous achever littéralement. On y retrouve toute la passion d’un homme façonné par un cinéma qui a bercé et qui berce sa cinéphilie et où sont cités pêle-mêle Carpenter, Coppola, Scorsese, Wise mais aussi tout un pan du cinéma français des années 80 qui n’avait pas froid aux yeux (on pense à Rue Barbare de Gilles Béhat ou La Lune dans le caniveau de Jean-Jacques Beineix). C’est certes un peu fourre-tout avec en sus une bande son qui part dans tous les sens d’où émergent des pépites telles que Eyes Without a Face de Billy Idol ou A Forest de The Cure mais qui là encore colle à cette impression d’une forme d’abandon au service d’une communion totale avec son sujet emmenant ceux qui le veulent bien (comédien(es) et spectateurs-trices) en des contrées de cinéma dont peu soupçonnaient l’existence quand d’autres désespéraient d’en être à nouveau les témoins.
L’Amour ouf est un film qui pue un cinéma mélangeant presque tous les genres, les codes et les attendus. Le cocktail obtenu ne sera pas du goût de tout le monde au grand dam de Lellouche qui aura revu sa copie de multiples fois depuis sa première projection cannoise. Son ambition non avouée d’en faire un film générationnel ne sera certainement pas atteinte mais le plus grand nombre pourra y trouver une esquisse de sa vie, un pan entier de sa propre histoire ou encore un fantasme d’existence. Quelque chose qui a à voir avec une certaine universalité non pas complaisante ni bienveillante mais plutôt sans état d’âme dans sa façon de nous balancer tout ça à la gueule. Quelque chose de jamais biaisé et donc de terriblement cinématographique. 3,5/5
- Box office : 143 726 entrées (dont 57 068 lors des différentes avant-premières) sur 631 copies lors du 1er jour. Un démarrage prometteur qui laisse espérer que les 2 à 3 millions de spectateurs attendus seront atteints pour que le second film le plus onéreux de 2024 (plan de financement ci-dessous) commence à rentrer dans ses fonds. Edit mercredi 23 octobre : 1 001 108 entrées sur la 1ère semaine. La route semble tracée pour que le film réalise ses objectifs espérés. Edit 13/11 : 3 739 959 entrées après 4 semaines dans les salles. Le pari est déjà plus que gagné. Reste maintenant à savoir jusqu’où L’Amour ouf ira sachant que sur cette 4ème semaine il ne perd que 19% de ses spectateurs en enregistrant 703 293 entrées sur 926 copies. Edit 02/12 : 4 532 758 entrées au sortir du 7ème week-end d’exploitation. Pari définitivement gagné pour Lellouche ainsi que pour les deux producteurs que sont Alain Attal (Trésor Films) et Hugo Sélignac (Chi-Fou-Mi Productions). Edit 02/02/25 : 4 923 465 entrées après 15 semaines dans les salles. Les 5M de spectateurs ne seront pas atteints mais ce chiffre est déjà plus que royal pour Monsieur Gilles Lellouche. Edit 18/02 : 4 931 084 entrées sur 17 semaines et au cumul.
- La chronique Blu-ray et 4K UHD : Rien n’est encore annoncé mais StudioCanal fourbit déjà ses armes pour nous proposer a minima une édition 4K et Blu-ray où on espère y trouver au sein des compléments la fameuse séquence dansée et chorégraphiée par La Horde disparue depuis la projection cannoise, ou, pourquoi pas, une version longue du film. Edit 25/10 : Un combo Blu-ray + Blu-ray UHD ainsi qu’une édition Blu-ray seule sont pour l’instant annoncés pour le 19 février 2025. Edit 02/02/25 : Deux éditions 4K (une classique et une dite Spéciale Fnac) sont aussi attendues pour le 19 février.