La suite de Vice-Versa n’est pas née du hasard, elle a été mûrement réfléchie. Au point même d’être anticipée à la fin du premier opus. En effet, le film se termine par une phrase provocatrice de Joie : Après tout, Riley a 12 ans maintenant. Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?, alors qu’un nouveau bouton où est inscrit « puberté » apparaît sur la console qui gère les émotions.
Contrairement au premier long-métrage, Vice-Versa 2 a été réalisé en 2:39, un format plus large souhaité par le réalisateur Kelsey Mann qui voulait montrer le monde en expansion de Riley. La console est d’ailleurs à l’image de l’écran, rallongée, pour accueillir d’autres émotions.
Vice-Versa 2 (Inside Out 2 – 2024)
Réalisateur(s) : Kelsey Mann
Avec les voix originales : Amy Poehler (Joie), Kensington Tallman (Riley), Maya Hawke (Anxiété), Adèle Exarchopoulos (Ennui)
Avec les voix françaises : Charlotte Le Bon (Joie), Jaynelia Coadou (Riley), Dorothée Pousséo (Anxiété), Mélanie Laurent (Dégoût), Pierre Niney (Peur), Gilles Lellouche (Peur), Marilou Berry (Tristesse), Adèle Exarchopoulos (Ennui)
Distributeur : The Walt Disney Company France
Durée : 1h36min
Sortie en salles : 19 juin 2024
Résumé : Fraichement diplômée, Riley est désormais une adolescente, ce qui n’est pas sans déclencher un chamboulement majeur au sein du quartier général qui doit faire face à quelque chose d’inattendu : l’arrivée de nouvelles émotions ! Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût – qui ont longtemps fonctionné avec succès – ne savent pas trop comment réagir lorsqu’Anxiété débarque. Et il semble qu’elle ne soit pas la seule…
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- Notre avis : On n’était pas forcément hyper motivé à l’idée de découvrir la suite de Vice-Versa. C’est qu’il faut bien se l’avouer, les dernières productions PIXAR ont quand même bien du mal à retrouver la flamme des débuts. Prenons Élémentaire sorti en 2023. Sans aucun doute, voilà une belle réussite formelle où le studio à la lampe bondissante creusait une nouvelle fois l’écart technologique avec la concurrence. Mais le prêchi-prêcha bien disneyen du moment qui servait de fil rouge à la narration (aimons-nous les uns les autres et faisons fi de nos différences) tout en puisant ses fondamentaux dans ceux établis par Roméo et Juliette, finissait par assommer tout le monde. Que dire de Buzz l’éclair sinon qu’au-delà des polémiques navrantes (baiser lesbien d’abord retiré, puis réintroduit et qui valut au film d’être finalement censuré dans plusieurs pays du Golfe et du Moyen-Orient) qu’il a bien du mal à retrouver la magie propre à l’univers Toy Story. Qui se souviens ensuite d’Alerte rouge ? Sinon qu’avec Luca et Soul, ils ont pâti de la stratégie marketing de la maison mère Disney qui avait décidé, COVID oblige, de ne les proposer que sur sa plateforme de streaming. Ces deux derniers titres qui relevaient au demeurant le niveau. Le premier pour son côté fun et doté d’une morale moins lourdingue qu’à l’accoutumée, le second pour son incroyable ambition narrative et formelle malgré une fin en demi-teinte.
Ce qui nous emmène tout naturellement à Toy Story 4 (2019) et Les Indestructibles 2 (2018), soit, comme pour Vice-Versa 2, des suites permettant sans aucun doute au Studio Pixar de procéder à une petite cure de jeunesse forcément régénératrice. Et c’est bien l’impression qui affleure dès les premières minutes. Une direction assumée par la doublette Pete Docter (pilier du studio, réal du premier opus et ici producteur) et le réalisateur Kelsey Mann dont c’est le premier long après l’hilarant court-métrage Party Central qui mettait en scène l’inénarrable duo Bob et Sully de Monstres & Cie de retour le temps d’une soirée mémorable à la Monstres Academy. Quelque chose qui forcément nous caresse dans le sens du poil. En tout cas pour ceux que le premier avait conquis. Ce qui a été notre cas. On retrouve ainsi les émotions / personnages qui nous avaient émus, fait rire ou qui nous avaient tout simplement renvoyés à notre propre psyché. Ce principe de la mise en abyme des sentiments par la mise en scène de ce qui se trame dans le cerveau était et reste encore aujourd’hui la dernière grande invention formelle et conceptuelle chez PIXAR. Quelque chose qui rappelle Jour Nuit, formidable court-métrage que signait Teddy Newton en 2010.
Et puis il était évident que Vice-Versa aurait une suite. Et que celle-ci allait explorer l’entrée dans l’adolescence de la petite Riley avec l’arrivée de nouvelles émotions dont « Anxiété » bien partie pour rebattre les cartes d’un semblant d’équilibre mis en place par « Joie » lors du premier épisode. Alors bien entendu et comme pour toute suite, il n’y a plus la surprise de la découverte. Il faut donc soit partir dans la surenchère, soit tenter d’épaissir l’intrigue et la caractérisation des personnages. Soit les deux. Ce que tente Vice-Versa 2 avec plus ou moins de bonheur. La surenchère se matérialise par la mise à l’écart des émotions issues de l’enfance relégués au fin fond du cortex occasionnant dans les faits une volonté de revenir sur le devant de la scène par tous les moyens. Ce qui donne à l’image un long périple semé d’embûches qui sied comme il se doit à la dramaturgie de n’importe quelle histoire. Elle se matérialise aussi par ces nouveaux personnages où la tête de gondole « Anxiété » en fait des tonnes afin de surligner sans cesse l’état émotionnel toujours changeant et sur la corde raide de Riley. Vice-Versa 2 met du coup un peu de côté les plages de respiration à la fois comiques et tendres du premier pour ne rester concentré que sur l’histoire aux enjeux qui se veulent plus denses et traités au premier degré.
Pour autant, la démonstration est menée à son terme avec succès. Celle d’indiquer que dans la tête d’une adolescente c’est le bordel en continu. Où l’ascenseur émotionnel est sans cesse à son paroxysme et où il est inutile de vouloir tout essayer de comprendre. Et ce quel que soit l’éducation reçue ou l’équilibre familial proposé. En cela Vice-Versa 2 réussit magistralement son coup délivrant au final de vrais moments de complicité avec le spectateur quel que soit son âge et, on le pense, son background. Un pari difficile et osé surtout par les temps qui courent où nos sociétés se morcellent en communautés qui, pour l’instant, se regardent avec défiance et parfois avec violence. Un pari que veut encore relever le légendaire Pete Docter dont on devine bien entendu l’omniprésence derrière tout cela. Et rien que pour cette volonté on ne peut que saluer bien bas Vice-Versa 2, témoignage vivifiant mais déjà désuet d’une autre époque. 3,5/5
- Box office : 8 420 155 entrées sur 650 copies (pour aller jusqu’à 1 088 copies en 5ème semaine) en 16 semaines dans les salles. C’est quasi deux fois plus que le 1er opus qui avait cumulé à 4 544 667 entrées. Vice-Versa 2 arrive sinon en deuxième position au box office France all time derrière les 9 624 039 entrées générées en 2003 par Le Monde de Nemo.
- Dossier de presse
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Vice-Versa 2
- La chronique Blu-ray : Si on pourra regretter que Vice-Versa 2 ne soit pas aussi édité en Blu-ray UHD 4K comme aux États-Unis, en Angleterre, en Australie, au Japon (liste non exhaustive), politique commerciale dont on peine toujours à comprendre les motivations, et si on pourra être nostalgique des éditions DVD exceptionnellement ventrues en bonus du début du siècle quand la branche vidéo française chez Disney était composée de véritables passionnées de la chose et de cinéma, il reste indéniable que le Blu-ray de Vice-Versa 2 fait le job comme on dit.
Techniquement parlant d’abord, la chose est au-dessus de toute critique. Outre l’image à couper le souffle qui rend compte du formidable travail formel de cet opus, on sera aussi enthousiaste sur partie son où la version originale est proposée via trois encodages différents. On a de notre côté revu le film en DTS-HD MA 7.1 et ce même si notre ampli et notre configuration Home-cinéma ne le prennent pas en charge. C’était juste pour voir comment le tout se comportait comparé à la version 5.1. encodée en DTS-HD High Resolution. Un format sonore employé quand il n’y a pas assez de place sur le disque Blu-ray pour faire tenir une piste DTS-HD Master Audio nous apprend le glossaire de chez Cinenow. À l’écoute, on trouve la version 7.1 beaucoup mieux définie et surtout moins agressive quand le mixage général dépasse les mediums. Preuve que même downgradé en 5.1 cet encodage est beaucoup plus fin. Quant au Dolby Digital Plus 7.1 utilisé pour la VF, il permet de retrouver le même équilibre avec toutefois des voix plus présentes et là aussi bien plus haut perchées donnant à l’ensemble le sentiment d’avoir monté quelque peu le volume général. Mais bon dans l’absolu on pinaille quelque peu car quel que soit le choix que vous ferez Vice-Versa 2 est un délice de dynamisme, de précision, d’effets surrounds étonnants (pour ne pas dire surprenants) sans jamais oublier quelques infra-basses délicieux (sauf pour les voisins).
Côté bonus on a droit à quelques confidences du réalisateur centrées sur le choix et l’arrivée des nouvelles émotions. C’est informatif avec l’intervention des actrices voix principales à commencer par Adèle Exarchopoulos qui joue « Ennui » tant en VO qu’en VF. Il y a aussi un autre doc qui se focalise sur la séquence dite de la « chambre forte » ou « Vault » en VO. Une séquence où les anciennes émotions sont mises au rebus (d’où la terminologie d’émotions refoulées) et où elles rencontrent des personnages issus de l’enfance de Riley (dessinés en 2D, provenant d’un vieux jeu vidéo…). Le réal et ses collaborateurs sur cette séquence nous délivrent quelques secrets d’inspiration et leur épopée pour arriver au résultat final. C’est là encore très informatif et fun. Mais le plus intéressant reste les 5 scènes coupées présentées par le réalisateur qui montrent en creux le cheminement de sa pensée et de ses envies confrontées à la réalité d’une production et l’équilibre d’une histoire. Les scènes coupées sont montrées à l’état de dessins préparatoires mais avec suffisamment de détails et d’animation pour que l’on y trouve un réel plaisir et surtout pour toucher du doigt les affres et les questionnements qui peuvent se poser à chaque étape d’un tel projet.
Spécifications techniques Blu-ray :
- Image : 2.39.1 encodée en AVC 1080/24p
- Langue(s) : Anglais DTS-HD MA 7.1 / DTS-HD Hight Resolution 5.1 / DD 2.0 stéréo et Français Dolby Digital Plus 7.1
- Sous-titre(s) : Français et Anglais
- Durée : 1h36min 26s
- 1 BD-50
Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080
Bonus (en HD et VOST) :
- Nouvelles émotions (11min 44s)
- Dans la chambre forte (8min 59s)
- Scènes coupées (23min 53s)
- Pré-générique
- Joie en panne
- Piscine Party
- Puberté
- La Spirale de la honte