Here – Les plus belles années de notre vie est adapté du roman graphique Ici de Richard McGuire, publié en 2014 et lauréat du Fauve d’or au Festival d’Angoulême 2016.
Le film marque, trente ans après Forrest Gump, les retrouvailles entre les comédiens Tom Hanks, Robin Wright, le réalisateur Robert Zemeckis et le scénariste Eric Roth.
Here – Les plus belles années de notre vie (Here – 2024)
Réalisateur(s) : Robert Zemeckis
Avec : Tom Hanks, Robin Wright, Paul Bettany, Kelly Reilly, Michelle Dockery
Distributeur : SND
Durée : 1h44min
Sortie en salles : 6 novembre 2024
Résumé : Toute l’équipe de Forrest Gump revient au cinéma, et vous transporte dans un voyage unique à travers le temps. L’histoire de familles dont les peines, les joies et les moments de doutes se font écho à travers les générations.
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- Notre avis : On l’avoue bien volontiers. On avait (à nouveau) un peu perdu de vue Robert Zemeckis. C’est que depuis l’excellent Bienvenue à Marwen qui s’était gaufré en 2018 dans les grandes largeurs avec à peine 13M de recettes mondiales pour un budget de 39 Millions de dollars, ses deux films suivants ont zappé les grands écrans suite à la politique des Studios qui avaient des doutes quant à la viabilité économique des salles de cinéma post-COVID. Non que cela condamne chez nous leur découverte (bien qu’un peu quand même), mais disons que cela avait plus à voir avec l’ADN des films en question. C’est que si Sacrées sorcières et Pinocchio ne dépareillaient absolument pas au sein de l’univers Zemeckis, on pense bien entendu au Pôle Express (2004) ou au Drôle de Noël de Scrooge (2009) où magie enfantine côtoie expérimentations visuelles souvent époustouflantes, cela nous parlait beaucoup moins qu’un Seul au monde (2000), Forrest Gump (1994), Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (1988) ou autre Retour vers le futur (1985) …
« Par toute l’équipe de Forrest Gump » peut-on lire justement au-dessus du titre sur l’affiche française. Et forcément cela ne peut que titiller le binaire que nous sommes. Et même si le distributeur français, SND pour ne pas le nommer, a drastiquement filtré les journalistes pour venir le découvrir en amont de la sortie (on n’a toujours pas compris pourquoi), on a donc pris la peine d’aller le rattraper en salle tant on se disait que Here – Les plus belles années de notre vie en avait sous le pied (bien aidé il faut bien le dire par une bande annonce – cliquable plus bas – qui mettait l’eau à la bouche) pour nous reconnecter avec le meilleur de la filmo de Robert Zemeckis. Et on ne s’est pas trompé.
On peut même dire que Zemeckis va au-delà de nos attentes. Pas au niveau de ce que cela raconte. Là on est dans du Zemeckis pur jus. Celui qui nous expose de film en film son Amérique. Celle qui l’a vu naître dans les années 50, celle que la télé et le cinéma de la décennie suivante lui ont inculqué pour devenir au sein de son cinéma comme une forme de mythe qu’il magnifie par un formalisme toujours plus innovant sinon révolutionnaire. Et c’est encore plus que jamais le cas avec Here qui en posant sa caméra pour balayer en un plan fixe mais rythmé selon un découpage et des VFX savants et complexes un unique lieu depuis la nuit des temps jusqu’à nos jours, nous emmène à la découverte d’une humanité, la sienne.
Bien qu’adapté d’un roman graphique de Richard McGuire au titre éponyme, Zemeckis s’est tout de suite reconnu dans cette histoire « d’un lieu, vu d’un même angle, et celle des êtres qui l’ont habité à travers les siècles. Dans cet espace délimité, les existences se croisent, s’entrechoquent et se font étrangement écho, avant d’être précipitées dans l’oubli. ». Zemeckis a lui poussé le curseur un peu plus loin en remontant jusqu’aux dinosaures mais toujours en restant au même endroit. On voit ainsi la maison se construire au moment où Richard Franklin découvre l’électricité, on y voit ses différents occupants avec en fil rouge la famille qui prend possession des lieux à la fin de la seconde guerre mondiale d’où émergera l’un de leur fils en la personne de Tom Hanks bientôt rejoint par Robin Wright, la femme qui partagera sa vie.
Zemeckis reprend par contre et à la lettre le procédé des cadres dans le cadre que Richard McGuire employait pour ses dessins. Au sein du roman graphique c’était passionnant à décrypter, chez Zemeckis c’est incroyable à découvrir d’autant que cela s’enchaîne avec une fluidité époustouflante et ce sans jamais vraiment se répéter ou alors si c’est le cas on ne s’en est jamais rendu compte. C’est que l’on est aussi emporté par l’histoire, ou plutôt les histoires qui se chevauchent sans jamais se phagocyter et surtout sans que jamais on perde le fil. Et puis arrive cette dernière séquence qui brise tous les codes établis, où Tom Hanks et Robin Wright sont assis, immobiles alors que c’est au tour de la caméra de prendre vie. Le cœur se serre, les larmes embuent la vision et Here – Les plus belles années de notre vie déploie définitivement ses ailes pour devenir un classique instantané capable de toucher et de réunir en son sein une humanité qui n’aura de cesse, c’est une évidence, de le (re)découvrir encore et encore. Tel ce cycle de vie et du temps qui passe que Zemeckis a su merveilleusement capter ici. 4/5 - Edit 06/02/25 : Un update intéressant en provenance du distributeur SND reçu par mail qui tout en annonçant la sortie du film en vidéo physique explique en partie pourquoi le film a été sacrifié lors de sa sortie au cinéma.
- Box office : 41 482 entrées sur 226 copies lors de la 1ère semaine d’exploitation au cinéma. C’est peu. Il suffit de comparer avec les 213 190 entrées sur 270 copies que réalise Coralie Fargeat avec The Substance sur cette cette même première semaine. Ou pis, c’est le plus mauvais démarrage pour un film signé Robert Zemeckis en France. Une distinction jusqu’ici détenue par Bienvenue à Marwen, son dernier long distribué en salles, qui avait enregistré 81 779 entrées en 1ère semaine sur 233 copies pour terminer à 118 974 entrées… Edit 18/11 : 52 305 entrées en 10 jours. On peut parler d’une sortie ratée ou d’un flop (c’est comme on veut), pour un film qui ne le méritait assurément pas. Edit 04/12 : En 4ème et dernière semaine, le film a engrangé 670 entrées sur ses 4 derniers écrans uniquement géolocalisés à Paris pour un cumul à 65 585 entrées.
Here – Les plus belles années de notre vie
- La chronique Blu-ray et 4K UHD : Pour l’instant rien n’a filtré tant en France qu’aux États-Unis. Edit 16/02 : Un Blu-ray est annoncé pour le 12 mars chez M6 Vidéo. Edit 12/03 : L’image et le son de ce Blu-ray sont en tout point conforme à ce que l’on avait découvert en salle. Un Blu-ray qui dans la section bonus propose des scènes coupées plutôt sympathiques et surtout un petit making-of fort bien troussé qui montre à quel point tout le monde a été heureux de se retrouver un peu comme une famille qui s’était certes perdue de vue mais dont les automatismes de travail acquis à l’époque de Forrest Gump sont revenus instantanément. Et puis sur la fin, on a des images du décor avec l’utilisation de la production virtuelle qui en gros combine des technologies intelligentes telles que des panneaux LED, des images générées par ordinateur (CGI), la réalité augmentée (AR) et la capture de mouvement pour créer des arrière-plans dynamiques pour la production vidéo. Un mélange détonnant qui permet une nouvelle fois de démontrer tout le savoir-faire d’un cinéaste comme Zemeckis mis au service d’une histoire.
- Dossier de presse en anglais
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