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Fiche film : Je suis toujours là (2024)

Dans Je suis toujours là, Walter Salles met en scène l’histoire d’Eunice Paiva et de sa famille. Après l’enlèvement de son mari, Paiva est devenue avocate et militante du mouvement anti-dictature militaire au Brésil. Interprétée dans le film par l’actrice Fernanda Torres, Eunice Paiva est décédée le 13 décembre 2018.

Fernanda Torres a obtenu le Golden Globe de la meilleure actrice dans un drame pour sa performance dans Je suis toujours là.

Je suis toujours là (Ainda Estou Aqui – 2024)

Réalisateur(s) : Walter Salles
Avec : Fernanda Torres, Fernanda Montenegro, Selton Mello, Valentina Herszage, Maria Manoella, Luiza Kosovski
Distributeur : StudioCanal
Durée : 2h15min
Sortie en salles : 15 janvier 2025

Résumé : Rio, 1971, sous la dictature militaire. La grande maison des Paiva, près de la plage, est un havre de vie, de paroles partagées, de jeux, de rencontres. Jusqu’au jour où des hommes du régime viennent arrêter Rubens, le père de famille, qui disparait sans laisser de traces. Sa femme Eunice et ses cinq enfants mèneront alors un combat acharné pour la recherche de la vérité…

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  • Notre avis : Quand on a découvert le titre français du nouveau Walter Salles, on s’est dit naïvement qu’il s’agissait là d’un clin d’œil perso. Du genre « Vous aviez cru que j’avais arrêté le cinéma ? Et bien non, je suis toujours là ». C’est que depuis le pensum Sur la route en 2012, le cinéaste brésilien à qui l’on doit l’inoubliable Central do Brasil (1998), le très beau Carnets de voyage (2003) ou encore le remake #QuiTientPlusQueBienLaRoute Dark Water (2005), avait disparu des radars. Tout du moins dans les salles françaises. Mais si Je suis toujours là résonne bien avec une démarche intime, il ne s’agit pas de se raconter mais plutôt d’aborder les soubresauts d’une famille qu’il a côtoyée dans son enfance et qui est devenue le symbole tragique de l’histoire brésilienne de ces 50 dernières années.
    La famille en question est celle d’Eunice et Rubens Paiva ainsi que de leurs cinq enfants qui vivent alors dans une grande maison près de la plage à Rio. Le Brésil est en pleine dictature militaire mais en cet été 1971, les portes toujours ouvertes vers l’extérieur sont une invitation permanente aux va-et-vient d’amis, de parents ou de connaissances. L’ambiance est à la joie de vivre donnant lieu à une certaine idée du bonheur. Jusqu’au jour où Rubens, le père, ancien député de l’opposition qui s’était exilé de 1964 à 1968 puis avait reconstruit sa vie en exerçant le métier d’ingénieur de travaux publics, est arrêté par la police. Le début d’une descente aux enfers et d’un long travail acharné pour faire reconnaître le crime de cet homme qui a fait partie des centaines de disparus bien souvent torturés puis assassinés lors de la période la plus sanglante qu’aura connue ce régime au Brésil qui s’est maintenu au pouvoir jusqu’en 1985. Si pour Walter Salles, il ne s’agit pas de recontextualiser plus que cela la période vu que le film s’adresse d’abord aux brésiliens, il n’en demeure pas moins qu’il lui donne une signification internationale sinon universelle. Pour cela il se concentre sur les personnages de cette famille en prenant la peine de leur donner chair afin que quiconque comprenne les enjeux et que chacun puisse s’y attacher.
    Le fil rouge étant Eunice Paiva interprétée par Fernanda Torres que l’on ne connaît pas des masses en France mais qui a déjà joué chez Salles dans deux de ses films réalisés à la fin des années 90. Elle crève ici littéralement l’écran en femme qui ne lâche rien alors qu’elle-même est emprisonnée pendant plus de deux semaines et en mère prenant les décisions douloureuses pour préserver sa famille. C’est que Je suis toujours là ne reste pas cantonné à l’année 1971 puisque via une très belle ellipse narrative, on la retrouve en 1995 dans un grand appartement en plein cœur de São Paulo. Elle est devenue une grande avocate après avoir repris des études de droit et s’est spécialisée dans la cause des peuples indigènes du Brésil tout en se battant inlassablement pour faire reconnaître la responsabilité de l’État Brésilien dans la mort de son mari dont elle n’a jamais récupéré la dépouille. Ce qu’elle réussit à obtenir en 1996 par un certificat de décès officiel délivré par le Brésil et que le film met en scène on ne peut plus sobrement, comme si Walter Salles se mettait alors en retrait mais totalement admiratif du courage et de la pugnacité de cette femme.
    Une troisième et dernière partie montre la famille réunie autour d’une grande table. Nous sommes en 2015 et Eunice Paiva a 85 ans. Elle a la maladie d’Alzheimer mais au détour d’un reportage à la télé qui retrace les années de dictature au Brésil, la photo de son mari apparaît à l’écran. Une lueur envahit alors son visage quelque instant. Le cinéma de Walter Salles est résumé en ce seul plan d’autant qu’il est cartographié et mené avec la plus belle des méticulosités jusqu’à prendre Fernanda Montenegro, la propre mère de Fernanda Torres, pour endosser le costume d’une Eunice Paiva atone sur une chaise roulante alors que ses enfants et petits-enfants profitent de ce dimanche de retrouvailles. On précisera juste pour finir que Je suis toujours là adapte le livre au titre éponyme de Marcelo Rubens Paiva (le plus jeune de la fratrie) paru en 2015, que le film a mis plus de sept ans à se faire entre les doutes de Walter Salles à s’investir dans une histoire qui le touche aussi intimement mais aussi à cause de la parenthèse Bolsonaro qui a remis un coup de collier du côté des extrêmes tout en ne se gênant pas pour décorer quelques-uns des tortionnaires et autres haut-gradés ayant œuvré durant cette sombre période.
    Quant à Rubens Paiva, son corps n’a jamais été retrouvé et le plus probable est qu’il ait été balancé, comme beaucoup d’autres, dans la mer depuis un hélicoptère. On se souvient alors des premiers plans de Je suis toujours là où Eunice Paiva est en train de faire des longueurs dans la mer quand un hélicoptère rentre à la base en survolant la fameuse plage de Rio. 3,5/5
  • Box office : 13 538 entrées sur 180 copies en 24h. En 2004, Carnets de voyage avait réalisé 15 762 entrées sur 203 copies en 24h pour cumuler à 791 368 spectateurs après 18 semaines dans les salles et un bouche à oreille dithyrambique. Soit le meilleur résultat au box office pour un film de Walter Salles en France. C’est tout ce que l’on souhaite comme mal à Je suis toujours là. Edit 20/01 : 74 067 entrées au sortir du 1er week-end Vs 112 969 entrées pour Carnet de voyage. On s’achemine donc sur un cumul qui ne devrait pas aller au-delà des 150 / 180 000 spectateurs. Sauf surprise. Edit 23/01 : 96 093 entrées en une semaine Vs 148 254 entrées pour Carnets de voyage. La comparaison n’a plus lieu d’être. On pourrait dès lors chercher ailleurs comme par exemple avec Central do Brasil qui en 1998 avait réuni 583 524 spectateurs en 9 semaines dans les salles et qui à l’issue des 7 premiers jours affichait 91 212 entrées. Mais c’était sur 80 copies ce qui montre d’entrée l’engouement pour cette sortie et puis surtout le film bénéficiait alors d’une notoriété bien plus grande que Je suis toujours là et d’une sortie lors des fêtes de noël qui bien souvent bosstent les entrées. Peut-être que les trois nominations aux Oscars annoncées en ce jeudi 23 janvier (Meilleur film, Meilleur film étranger et Meilleure actrice pour Fernanda Torres) lui permettront d’attirer quelques curieux supplémentaires. Edit 27/01 : « Énorme performance pour #JeSuisToujoursLà de Walter Salles qui réalise 240.131$ de recettes aux US dans seulement 17 salles (5 salles sur le 1er week-end) lors du 2e week-end ! La moyenne est de 14.125$ par salle et le cumul atteint déjà 434.269$ ! » – Le Box-Office des films en France et dans le Monde. Edit 06/02 : 226 659 entrées à l’issue de la 3ème semaine dans les salles. On s’était donc fourré le doigt dans l’œil jusqu’au coude quant à nos prévisions et franchement on en est plus qu’heureux. Le film ne perd que 17% de ses spectateurs en cette troisième semaine. De quoi envisager les 300 000 spectateurs ?
  • La chronique Blu-ray et 4K UHD : Aucune annonce au moment où ces quelques lignes s’écrivent.

Je suis toujours là - Affiche

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