5 septembre ne se contente pas de relater les événements historiques (la prise en otage d’athlètes israéliens lors des Jeux Olympiques de Munich de 1972), mais s’interroge également sur la responsabilité des médias dans la diffusion d’informations en temps réel. Le film met en lumière les défis éthiques auxquels les journalistes ont été confrontés, notamment la décision de diffuser ou non des images potentiellement traumatisantes pour le public.
5 septembre (September 5 – 2024)
Réalisateur(s) : Tim Fehlbaum
Avec : Peter Sarsgaard, John Magaro, Ben Chaplin, Leonie Benesch, Zinedine Soualem, Corey Johnson, Marcus Rutherford
Distributeur : Paramount Pictures France
Durée : 1h35min
Sortie en salles : 5 février 2025
Résumé : 5 septembre nous replonge dans l’événement qui a changé le monde des médias à jamais et qui continue de résonner à l’heure où l’information, le direct et la maîtrise de l’antenne reste l’objet de nombreux débats. Le film se déroule lors des Jeux Olympiques de Munich de 1972 où l’équipe de télévision américaine se voit contrainte d’interrompre subitement la diffusion des compétitions, pour couvrir la prise d’otage en direct d’athlètes israéliens. Un évènement suivi à l’époque par environ un milliard de personnes dans le monde entier. Au cœur de l’histoire, l’ambitieux jeune producteur Geoff veut faire ses preuves auprès de Roone Arledge, son patron et légendaire directeur de télévision. Avec sa collègue et interprète allemande Marianne, son mentor Marvin Bader, Geoff va se retrouver confronté aux dilemmes de l’information en continu et de la moralité.
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- Notre avis : Le 5 septembre 1972 a vu le monde basculer dans le terrorisme moderne. C’est en effet à cette date que des athlètes israéliens furent pris en otage au sein même du village olympique de la ville de Munich où se déroulaient alors les Jeux Olympiques d’été. Moderne et mondial car l’événement a été suivi par plus d’un milliard d’individus en direct à la télévision. Une première qui sans le savoir a posé les bases de l’information en image telle qu’on la connaît aujourd’hui caractérisée principalement par l’instantanéité et le manque de recul. Un phénomène encore amplifié par les réseaux sociaux. 5 septembre revient donc à sa manière aux origines du mal.
Par « à sa manière », on veut dire en décidant de focaliser l’action du film au cœur de la rédaction d’ABC Sports, la chaîne américaine qui couvrait alors les Jeux Olympiques de Munich. Une sorte de huis clos quasi ininterrompu qui aurait pu se révéler frustrant ou contraignant mais qui de par la mise en scène du Suisse Tim Fehlbaum dont c’est le troisième long et le premier à sortir au cinéma chez nous, caractérisé par la rigueur de sa reconstitution, l’efficacité de son montage et la recherche incessante du meilleur plan qui mettra en valeur le jeu de ses (nombreux) acteurs, contribue à en faire un objet filmique des plus recommandables. Mais ça c’est juste pour la forme. Car pour le reste, 5 septembre a aussi pour lui de mettre sur la table quelques thématiques et problématiques plutôt passionnantes. Comme celle sur la responsabilité des médias dans la diffusion d’images potentiellement traumatisantes, ou celles révélant des informations susceptibles d’influer sur le cours des événements. Des interrogations d’ordre éthique totalement inédites que les journalistes sur place vont devoir résoudre à toute vitesse alors même que leur domaine de compétence se limitait jusqu’ici à rendre compte d’événements sportifs.
Plus prosaïquement, Tim Fehlbaum adopte avec intelligence le ton du thriller et joue de ses codes histoire d’embarquer le spectateur dans quelque chose qui s’apparente à une véritable montée en tension rendue d’autant plus efficace que chacun y joue sa partition à la perfection. Preuve d’une caractérisation des personnages et d’une écriture au cordeau qui rendent de surcroît limpide le rôle de chacun alors que pour rappel nous sommes en 1972 au sein d’une rédaction télé qui se partage entre bureaux, un plateau de tournage, des caméras pesant plus de 100 kg, des talkies-walkies en guise de téléphone portable et des boîtiers en métal où il fallait entreposer la pellicule avant développement ou pour la faire passer en contrebande au nez et à la barbe des autorités allemandes. La méthodologie de travail, les process de diffusion et les technologies d’alors ne parleront plus/pas à grand monde mais avec un tel ADN, la fascination est totale sans pour autant jamais perdre de vue que tout cela sera forcément jugé à l’aune de ce qu’est devenu l’information traditionnelle aujourd’hui.
Quel est son périmètre ? Quelle est sa légitimité ? Comment est-elle consommée ? Quelle est sa crédibilité ? Et enfin quelle est son audience ? Toutes ces questions sont synthétisées lors des dix dernières minutes de 5 septembre lorsque le chef d’édition joué par Peter Sarsgaard entrevoit les conséquences de ses décisions prises lors des dernières 24h. Un mélange de satisfaction et d’une peur du vide dans lequel nous avons plongé depuis longtemps. La réflexion qui en ressort est forcément malaisante mais on ne peut plus pertinente pour ne pas dire essentielle. Tel le chaînon manquant entre Les Hommes du président (1976) de Alan J. Pakula et Network (1976) de Sidney Lumet. 4/5
- Box office : 66 274 entrées sur 214 copies lors de la 1ère semaine d’exploitation. C’est pour le moins acté. C’est un flop. De toute façon Paramount comptait clairement sur le retour presse qu’elle savait favorable pour attirer au moins le cœur (CSP+ / Cinéphile) de cible du film. Peine perdue ou pari perdu c’est comme on veut.
- La chronique Blu-ray et 4K UHD : Paramount étant à la manœuvre, il est évident qu’une édition Blu-ray sera au moins de la partie d’autant qu’au moment où nous écrivons ces quelques lignes, un Blu-ray comportant une VF (ou VQ) et des STF est attendu pour le 18 septembre aux États-Unis.
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