Little Jaffna - Image une fiche film

Fiche film : Little Jaffna (2025)

Little Jaffna est né du vécu de Lawrence Valin qui est ici à la fois acteur et réalisateur. Il est lui-même issu d’une famille franco-tamoule. Fasciné par les questions d’identité et de transmission culturelle, il a voulu explorer le tiraillement entre deux mondes : celui de ses racines tamoules et celui de son quotidien en France. Ce projet est aussi le prolongement de ses courts-métrages, notamment The Loyal Man, où il expérimentait déjà des thématiques similaires à travers un récit de vengeance et de loyauté.

Little Jaffna (2025)

Réalisateur(s) : Lawrence Valin
Avec : Lawrence Valin, Puviraj Raveendran, Vela Ramamoorthy, Radhika Sarathkumar, Marilou Aussilloux
Distributeur :  Zinc Film
Durée : 1h39min
Sortie en salles : 30 avril 2025

Résumé : Le quartier de « Little Jaffna » à Paris est le cœur d’une communauté tamoule vibrante, où Michael, un jeune policier, est chargé d’infiltrer un groupe criminel connu pour extorsion et blanchiment d’argent au profit des rebelles séparatistes au Sri Lanka. Mais à mesure qu’il s’enfonce au cœur de l’organisation, sa loyauté sera mise à l’épreuve, dans une poursuite implacable contre l’un des gangs les plus cachés et puissants de Paris.

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  • Notre avis : Ce que l’on appelle « Little Jaffna » c’est le quartier du côté de La Chapelle à Paris où se concentrent les tamouls qui pour la plupart ont fui le Sri Lanka en proie à une guerre civile qui a ravagé le pays de 1983 à 2009. L’idée ici n’est pas de faire un cours de géopolitique (on en serait bien incapable de toute façon) mais disons grossièrement que ce conflit a opposé le gouvernement de cet État insulaire du sous-continent indien dominé par la majorité cinghalaise bouddhiste, et les Tigres de libération de l’Îlam tamoul (LTTE), organisation séparatiste luttant pour la création d’un État indépendant dans l’Est et le Nord du pays, majoritairement peuplé de Tamouls (les Tamouls sri-lankais). Ouf et merci Wikipédia. Voilà un conflit qui a été peu couvert en Occident mais qui a forcément engendré son lot de tragédies que cette communauté n’étale pas sur la place publique. Et encore moins au cinéma provoquant chez nous une envie d’en savoir plus d’autant que la bande-annonce que vous pouvez retrouver plus bas vend de surcroît la chose tel un thriller urbain entre polar et film de gangsters.
    En guise de personnage principal, on a un flic. Un français d’origine tamoule qui a pour mission d’infiltrer un groupe de criminels chargé d’envoyer aux Tigres tamouls du Sri Lanka de l’argent en grande quantité afin de soutenir leur lutte armée. Pour cela ils ont levé une sorte d’impôt de guerre qui touche l’ensemble de la communauté (un peu comme le faisait le FLN à Paris du temps de la guerre d’Algérie), font du trafic de migrants et de drogue, organisent des paris clandestins… Bref tout est bon pour la cause. Mais ceci n’est que la partie immergée du film. Il y a en effet quelque chose d’autre qui intéresse Lawrence Valin dont c’est ici le premier long derrière la caméra. On veut parler de l’identité ou plutôt du problème de la double identité que ressentent la plupart de ceux qui ont migré dans un pays qui ne les a pas vu naître. Le flic de cette histoire est un français d’origine tamoul. Il est arrivé en France avec sa mère à l’âge de 4 ans avec pour seule ambition de s’intégrer coûte que coûte. Arrivé à ses fins en devenant inspecteur de police, le voici immergé au sein d’une communauté qu’il n’a finalement jamais connue et qui met à rude épreuve ses convictions et l’éducation maternelle qu’il a reçue.
    La question qui se pose alors à nous est est-ce qu’il va basculer lui aussi pour cette cause ? Lui le fils d’un soldat tamoul, un tigre noir mort en kamikaze, se retrouve confronté à ses origines et doit plus que jamais trouver sa place. C’est dans ce cheminement que le film de Lawrence Valin trouve définitivement son ADN. Et pour enfoncer le clou, il est aussi devant la caméra pour interpréter ce personnage qui fait écho à sa propre et jeune expérience de vie. Français d’origine tamoul, il a été élevé en dehors de tout communautarisme mais c’est une fois qu’il a voulu embrasser la carrière de comédien que le cinéma l’a ramené à ses origines en le cantonnant à des propositions de rôles en rapport avec sa couleur de peau. D’où cette envie d’écrire ce film où il pourra se façonner un personnage à même de raconter une véritable histoire tout en parlant d’une communauté en exil, avec ses règles, ses traditions et ses dilemmes. Comme il le dit très bien : « C’est un film qui parle de loyauté, de trahison et du poids de l’héritage, autant d’éléments qui dépassent effectivement le cadre du thriller. »
    Et franchement la greffe prend admirablement d’autant que Lawrence Valin insuffle à sa mise en scène un sens du rythme qui rappelle certains blockbusters indiens (les seuls que de toute façon nous pouvons mentionner car nous ne sommes pas plus au fait de ce cinéma) mais aussi quelques réminiscences « hongkongaises » façon Wong Kar-wai dans cette façon de jouer sur la lumière, les ralentis, la musique et ces mouvements de caméra entre épure et stylisation chargée. Il y aussi cette ambiance chromatique ultra riche qui tranche avec les codes du thriller généralement beaucoup plus sombre. On sent que le bonhomme a voulu de toute façon nous en mettre plein la vue, un peu comme s’il se disait que ce serait son premier et dernier film en tant que réal. Et au final c’est peut-être là le seul petit bémol que l’on peut adresser à Little Jaffna. Une forme d’outrance qui pourra en souler certain. Pour autant, Lawrence Valin ne perd jamais de vue son histoire et l’évolution de son personnage lui permettant d’arriver à bon port. Son film avec. Et nous on a déjà hâte de découvrir la suite de son travail. 3,5/5
  • Box office avec CBO  : 253 entrées sur 9 copies à la première séance 14h Paris. Le Clan des bêtes sorti le mercredi précédent, était dans les mêmes eaux avec une première semaine à moins de 10 000 entrées. Cela doit être la soupe à la grimace du côté de Lawrence Valin qui espérait un engouement à la Slumdog Millionaire (2 713 753 entrées pour rappel). Edit 02/05 : 6 291entrées sur 134 copies 1er jour (VS 19 571 entrées sur 126 copies pour Slumdog…)
  • La chronique Blu-ray :  Au moment où nous tapons ces quelques lignes, le distributeur est toujours dans la réflexion de sortir ou non un Blu-ray. Cela dépendra des entrées salles. En dessous de 150 000 entrées, c’est  en effet assez compliqué d’envisager un retour sur investissement compte tenu du coût de fabrication d’une édition Blu-ray. Et ce même si Zinc Films est persuadé que Little Jaffna est idéal comme film pour le support. Affaire à suivre.

Little Jaffna - Affiche

 

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