Grand Theft Auto V - PlayStation 4

Grand Theft Auto V : Les Trois frères défouraillent sur PS4

Après avoir raflé la mise l’an dernier sur PlayStation 3 et Xbox 360, les trublions de Grand Theft Auto V sont de retour cette fois sur les consoles dites « next gen ». (R)achat (in)dispensable pour un retour en grand ?

Grand Theft Auto V : Next gen et Blu-ray même combat

Tomb Raider HD Definitive Edition, The Last of Us Remastered, Metro Redus, Sleeping Dogs Definitive Edition, Halo : The Master Chief Collection, Resident Evil HD Remaster, etc. la liste des jeux boostés à la sauce next gen ne cesse de s’agrandir de mois en mois depuis la sortie de la PlayStation 4 et de la Xbox One en novembre 2013. Une situation qui n’a certes rien de bien nouveau et qu’avaient déjà connu les précédentes générations de consoles de Sony et Microsoft. Une situation tout aussi connue des home-cinéphiles depuis l’avènement du Blu-ray en 2006 avec à l’arrivée une foultitude de titres n’ayant de « remasterisation HD » que le nom et renfermant en réalité de simple upgrade de l’image et du son sans réel travail de fond. Un an après leur apparition, les catalogues des consoles next gen sont encore relativement pauvres en titres méritant vraiment le détour. Dès lors, la question qui se pose à chaque fois est la suivante : le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Et par extension la (res)sortie de la carte bancaire.

Grand Theft Auto V - PlayStation 4

Dans le cas de Grand Theft Auto V, la réponse est oui… et non. Un travail certes conséquent a été accompli sur le plan technique et la différence la plus notable se situe sans surprise au niveau visuel avec davantage d’éléments du décor (personnages, animaux, etc.) et une finesse accrue appréciable, aussi bien lors des phases in-game qu’au cours des cut-scenes. À tout cela s’ajoutent différents petits plus : musiques pour l’autoradio, armes, véhicules, etc. Sans oublier la fameuse et très attendue vue à la première personne. Un argument marketing de poids qui n’est cependant pas toujours des plus pratiques lors des bons gros gunfights. Et pour cause, Grand Theft Auto V n’a jamais prétendu jouer dans la cour des FPS et n’offre donc pas la même maniabilité que ces derniers. Mais à n’en pas douter, l’alternative ravira les fans de la saga culte de Rockstar. Bref, de la belle ouvrage comme on dit dans pareille situation.

Reste toutefois un bémol : le framerate. Bien que plus confortable que sur PlayStation 3 et sur Xbox 360, l’aiguille de ce dernier bute sur la barre des 30fps. Alors que Sony et Microsoft vendaient du rêve à grand renfort de 1080/60p à qui voulait bien l’entendre pour le lancement de leurs consoles next gen, un an plus tard la réalité est tout autre et (très) rares sont finalement les jeux qui parviennent à atteindre ce Graal. À date, on pourra citer The Last of Us Remastered, bien que celui-ci ne soit pas un jeu open world comme Grand Theft Auto V. Une petite déconvenue qui là encore en rappellera une autre, à l’époque du lancement du support Blu-ray, alors qu’on promettait au consommateur une image 1080/24p et des pistes audio HD en veux-tu en voilà et la possibilité d’avoir des trilogies et autres séries entières sur un seul disque. Bien vite, la réalité (et les capacités) du support fut tout autre.

Grand Theft Auto V - PlayStation 4

Grand Theft Auto V : Les Trois frères, le retour

Cette réserve mise à part et eu égard à la qualité intrinsèque proposée sur next gen, peut-on décemment passer outre un titre tel que Grand Theft Auto V ? Se prive-t-on de chefs d’œuvres de l’ampleur d’un Autant en emporte le vent, Blade Runner et autres L’Homme qui tua Liberty Valance dans une édition remasterisée et upgradée présentant de menues anicroches n’ayant rien de préjudiciable au demeurant ? Certainement pas, tant le plaisir d’incarner (à nouveau) Michael, Franklin et Trevor est grand dès les premières minutes. Des personnages dont les traits ne seront pas sans rappeler des monuments du petit et du grand écran. Michael, braqueur en plein repentir chez son psy qui fait écho à un certain Tony Soprano dans la fulgurante série créée par David Chase. Franklin, black vivant de petits trafics dont la gouaille évoque aussitôt les protagonistes de Sur écoute (The Wire en VO) à l’argot des rues quasi incompréhensible sans sous-titres dans ce que d’aucuns considèrent comme la toute meilleure série ayant jamais vu le jour. Enfin Trevor, sociopathe toxico dont le faciès fait immédiatement penser au Jack Nicholson période Shining / Vol-au dessus d’un nid de coucou mais dont l’irascibilité le rapprocherait davantage d’un Joe Pesci scorsesien (Les Affranchis, Casino).

Grand Theft Auto V - PlayStation 4

Car in fine, ce n’est pas tant le plaisir de jouer qui confère à Grand Theft Auto V toute son aura que l’excellence d’un scénario brillamment ficelé qui prête une attention toute particulière aussi bien à l’évolution de ses trois frères d’armes qu’à des montées d’adrénaline orchestrées de mains de maître. À l’image de ce prologue burné empruntant à la scène de braquage anthologique du monumental Heat de Michael Mann. Soit le premier d’une longue série de méfaits (la durée de vie du jeu se compte en plusieurs dizaines d’heures) où le joueur prend un malin plaisir à incarner ces différents protagonistes au cours d’un jeu qui cristallise à lui seul tous les superlatifs. Sorti en septembre 2013 sur PlayStation 3 et Xbox 360, Grand Theft Auto V avait alors affolé les compteurs (34 millions d’exemplaires vendus à date) et toutes les ligues bien pensantes. Il faut dire qu’avec ses caisses de flingues, ses tonnes d’oseille salle, ses autoroutes de coke, ses rangées de putes, ses jurons à foison et, de façon plus générale, la liberté totale laissée au joueur de s’adonner à tous les vices (vol, viol, meurtre, on en passe et des meilleurs), Grand Theft Auto V avait d’un côté enthousiasmé les gamers du monde entier et de l’autre s’était attiré le courroux de moults associations qui ne voyaient là qu’une incitation à la débauche.

Et Grand Theft Auto V de (re)devenir le bouc émissaire du débat séculaire sur la violence qu’engendrent les jeux vidéo dans notre société tant il est vrai que la frontière entre monde réel et virtuel est bien mince au regard de l’univers proposé dans le titre de Rockstar. Un débat d’autant plus insatiable au moment où débarque sur grand écran le remarquable Night call qui questionne non pas tant l’étique et la déontologie journaliste que le rapport du grand public à la violence et au voyeurisme. À l’heure de la télé réalité poubelle où les consoles next gen permettent désormais de partager instantanément en ligne ses propres sessions de jeu, Grand Theft Auto V se pose donc non pas tant comme une incitation aux débordements (virtuels) en tous genres que comme une proposition d’exutoire hautement jouissif, pour ne pas dire transgressif et qui, dans son contenu sous-jacent, interroge et torpille lui-aussi à sa manière la société (américaine).

Grand Theft Auto V - PlayStation 4

En définitive, reste donc à résoudre l’épineuse problématique du (r)achat ou non. Si vous aviez déjà bouclé la version PlayStation 3 ou Xbox 360, à moins d’être un fan furieux de la franchise, le rachat n’est pas forcément justifié dans l’immédiat et il sera préférable d’attendre une future baisse de prix dans les prochains mois. En revanche, si vous n’avez pas encore mis les mains sur ce joyau, la question ne se pose même pas : Grand Theft Auto V est un indispensable qui se doit de figurer dans toutes les vidéoludothèques dignes de ce nom. De quoi s’occuper pendant les longues (et fraîches) soirées d’hiver qui s’annoncent, en attendant le prochain opus…

Grand Theft Auto V est disponible depuis le 18 novembre 2014 sur PlayStation 4 et Xbox One et sortira le 27 janvier 2015 sur PC.

De plus amples informations sur Grand Theft Auto V sont disponibles sur le site officiel http://www.rockstargames.com/V/

Testé sur PlayStation 4 à partir d’une version téléchargée
Testé en version : 01.04
Taille occupée sur le disque dur : 51,38Go

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