Marvel's Spider-Man : Miles Morales - PlayStation 5

Marvel’s Spider-Man : Miles Morales – PlayStation 5

Au lancement mondial de la PlayStation 5 le 19 novembre 2020, les exclusivités disponibles le jour J sur la nouvelle console de Sony se comptaient sur les doigts d’une seule main. Certes, plusieurs jeux third party répondaient présents, mais si l’on s’en tient aux seules exclus sur le monolithe noir et blanc, le choix était déjà plus restreint. À Marvel’s Spider-Man : Miles Morales incomba donc la lourde tâche d’officier en tant que vitre technologique aux côtés du remake / remaster de Demon’s Souls. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.

Marvel's Spider-Man : Miles Morales - PlayStation 5On ne va pas vous refaire ici-même tout l’historique de l’homme-araignée depuis ses origines comics jusqu’aux récentes adaptations cinématographiques au sein du célèbre MCU en passant par ses nombreuses déclinaisons en séries animées (dont la première dans les années 70 et son mythique générique) ou encore en jeux vidéo. Tout juste retiendra-t-on le vrai virage amorcé au tournant du millénaire avec la trilogie de Sam Raimi et notamment des Spider-Man (2002) et Spider-Man 2 (2004) de très haute volée (le n°3 laissant déjà un peu plus à désirer). Il faudra ensuite attendre 2018 et Spider-Man : New Generation pour un opus, animé cette fois, renouant avec le niveau d’excellence des longs-métrages signés Raimi, voire même, n’ayons pas peur de le dire, les surpassant. Ce qui tombe plutôt à point nommé car c’est cette année-là que débarqua sur PlayStation 4 Marvel’s Spider-Man, soit l’un des opus vidéoludiques les plus réussis depuis fort longtemps. À défaut de faire preuve d’une originalité débordante en termes de gameplay, piochant joyeusement ici dans la trilogie Arkham Knight là dans la saga Assassin’s Creed, le titre d’Insomniac Games avait toutefois su compiler le tout au sein d’un jeu entrainant, non dénué de l’humour que l’on retrouvait déjà dans les adaptations cinés / animées sus-citées, le tout servi par une assise technique qui en avait laissé plus d’un bouche-bée.

Fort du succès critique (bon) mais aussi et surtout public (immense celui-là, le titre aurait dépassé les 20 millions d’exemplaires vendus sur PS4) engrangé par ce Marvel’s Spider-Man, une nouvelle grande responsabilité incomba donc au studio : proposer un nouvel opus qui viendrait garnir le catalogue d’exclus au lancement de la PlayStation 5 fin 2020. Oui mais voilà, entre les DLC à fournir pour le précédent opus et la préparation du futur Ratchet & Clank : Rift Apart, que pouvait bien parvenir à concevoir Insomniac Games en « seulement » deux courtes années. La réponse tient en un mot : un opus qui ressemble beaucoup (trop ?) à son prédécesseur. Parler de version 1.5 serait alors plus approprié que d’évoquer une vraie suite innovante pour ce Marvel’s Spider-Man : Miles Morales. Le passage de témoin entre les deux titres ou plus précisément entre les deux super-héros est assez vite expédié au tout début du jeu : le Spider-Man de Peter Parker part en voyage à l’étranger, laissant ainsi « l’autre Spider-Man » se dépêtrer avec ces histoires de grands pouvoirs et grandes responsabilités. Les premières toiles tissées et autres bourre-pifs balancées aux commandes de Miles ne laissent guère planer le doute bien longtemps : même modélisation de la Big Apple, mêmes superpouvoirs, même humour, même « chorégraphie » des combats. Moyennant la différence d’âge et de couleurs de peau entre les deux Spidey, on aurait presque l’impression de rejouer au même jeu.

Deux nouveaux pouvoirs ont tout de même fait leur apparition : l’un dévolu aux combats, la bioélectricité, l’autre davantage tourné vers l’infiltration, le camouflage optique. Deux superpouvoirs que l’on avait déjà pu croiser dans le film d’animation sus-cité. C’est à peu près tout ce que nous avons pu relever de marquant en termes de nouveauté côté gameplay, la véritable plus-value de ce Marvel’s Spider-Man : Miles Morales étant à chercher ailleurs. Et plus précisément, comme son prédécesseur, dans son emballage technique. Et la décision de situer l’action au moment des fêtes de noël, dans un New-York plus ou moins recouvert de neige n’est pas un choix anodin puisqu’il donne en effet tout loisir de démontrer les incommensurables pouvoirs graphiques de la PlayStation 5 en termes de rendu des particules (les flocons de neiges), des couleurs (les décorations de noël qui clignotent de toutes parts) et de reflets (la neige qui fond laissant immanquablement place à de l’eau, d’où les reflets). Autant d’occasions immanquables pour nous en mettre plein la vue, en optant de préférence pour le mode graphique « fidélité » qui verrouille certes le framerate à 30fps mais offre un rendu plus travaillé que le mode 60fps. De ce point de vue-là, le pari est réussi. Même si le gap technique d’avec l’opus précédent n’apparaît pas foncièrement aussi renversant que la baffe prise deux ans plus tôt. Ou bien serait-ce dû au fait que le moteur graphique est finalement identique et que ce Marvel’s Spider-Man : Miles Morales a dû répondre à un cahier des charges cross-génération puisque disponible à la fois sur PlayStation 4 et PlayStation 5.

Sur le plan acoustique, on retiendra une bande-son plutôt riche. Entre les musiques que Miles écoute et les bruits urbains, les différents canaux disponibles sont plutôt bien exploités sur l’ensemble du jeu, aussi bien en configuration home-cinéma qu’avec le casque PlayStation Pulse 3D vissé sur le crâne. Dernier point : ne vous attendez pas à une utilisation aussi soutenue des capacités de la DualSense 5. Le micro sert à chaque fois que Spider-Man tisse sa toile (autant dire assez souvent même si le bruit finit par être un peu répétitif), les capacités haptiques sont surtout notables lors du recours au pouvoir bioélectrique mentionné plus tôt tandis que l’utilisation des gâchettes adaptatives nous est apparue trop timorée pour convaincre pleinement.

Au regard de ce bilan mitigé, faut-il voir pour autant dans ce Marvel’s Spider-Man : Miles Morales un titre mineur au sein de la vidéoludothèque naissante de la PlayStation 5 ? Assurément non si l’on considère la sensation de fun que nous procure ce nouvel opus deux ans après son prédécesseur. À la décharge du studio Insomniac Games, on devine bien volontiers la charge de travail qu’a dû représenter le fait de mener de front deux projets en parallèles, ce Marvel’s Spider-Man : Miles Morales d’une part et Ratchet & Clank : Rift Apart d’autre part sorti six mois plus tard histoire de filer à manger aux heureux possesseurs de la PlayStation 5 (à tout le moins ceux qui réussissent à mettre la main dessus compte-tenu des difficultés d’approvisionnement qui subsistent depuis bientôt un an). Nous laisserons donc au studio le bénéfice du doute pour nous proposer dans un avenir plus ou moins proche une vraie suite autrement plus innovante et révolutionnaire.

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