Marvel's Guardians of the Galaxy – PlayStation 5

Marvel’s Guardians of the Galaxy – PlayStation 5

Un an après Marvel’s Avengers, c’est à présent au tour des Gardiens de la galaxie de pointer le bout de leur nez du côté des consoles de salon (et du PC) avec Marvel’s Guardians of the Galaxy. De quoi patienter en attendant la sortie du troisième volet attendu dans les salles obscures à l’horizon 2023.

Marvel's Guardians of the Galaxy – PlayStation 5À la rentrée 2020, Marvel’s Avengers ne nous avait pas laissé un souvenir impérissable, loin s’en faut. La faute non pas tant à son concept de jeu-service et son bestiaire particulièrement étriqué au lancement et volontiers porté sur le multi en ligne qu’à son pendant technique quelque peu à la peine (doux euphémisme). Un an plus tard, à quoi bon se replonger dans une nouvelle itération de jeu « Marvel » nous direz-vous ? À cela deux raisons. La première tient au fait que les deux premières aventures cinématographies des Gardiens de la galaxie sont sans doute ce que l’on a vu de plus « intéressants » au sein du fameux MCU. Sorties respectivement en 2014 et 2017, ces deux adaptations sur grand écran sont en effet de franches réussites à mettre en grande partie aux crédits de James Gunn, réalisateur déjà très remarqué avec ses deux premiers longs à beaucoup plus petit budget : les forts sympathiques Horribilis (2006) et Super (2010). La seconde est à chercher du côté du gameplay qui délaisse totalement son concept online pour se focaliser sur une aventure solo « scénarisée ». Deux bonnes raisons pour donner une nouvelle chance au studio canadien Eidos Montréal à qui l’on doit, entre autres choses, l’excellent Deus Ex : Mankind Divided (2016).

Marvel’s Guardians of the Galaxy (oui ne cherchez pas, le titre n’a pas été traduit pour la sortie en France) place ainsi le joueur aux commandes de Peter Quill, aka Star-Lord, alors que la petite troupe des gardiens vient tout juste de se former. Précisons avant d’entrée dans le vif du sujet que, tout comme pour Avengers, les différents protagonistes n’ont pas les faciès des acteurs croisés dans les films. Conflits de planning (peut-être) ou bien coûts exorbitants (sans doute) ? Toujours est-il que dès les premières heures de jeu, les influences d’un certain Uncharted de Naughty Dog sont plus que manifestes, tant sur le fond que sur la forme. Toutefois, à trop vouloir copier son illustre modèle et chercher à en faire des tonnes, Marvel’s Guardians of the Galaxy finirait (presque) par se prendre les pieds dans le tapis. Première anicroche : l’aspect technique, loin d’être irréprochable et qui nous aura valu pas mal de « petits » bugs tant sur le plan sonore que graphique (personnage et interface bloqué, clipping, etc.). Pour un titre de cette ampleur, cela fait toujours un peu désordre, même si l’on devine bien volontiers des impératifs commerciaux derrière cette sortie stratégique au moment des fêtes de fin d’année. À titre de comparaison, Naughty Dog n’avait pas hésité début 2020 à reporter par deux fois la sortie de The Last of Us Part II afin de peaufiner autant que faire se peut tous ces derniers petits détails. Un exemple à suivre ?

Découpé en chapitres, Marvel’s Guardians of the Galaxy offre une progression très linéaire faite d’aventure / exploration agrémentée de quelques énigmes (qui ne vous vrilleront guère les neurones, rassurez-vous) et d’une bonne dose d’action (les combats). Un mélange qui ne sera pas sans rappeler là encore un certain Uncharted, à la différence près que les petites séances de varappe de Nathan Drake cèdent ici la place à des sauts à base de rétrofusées dont est équipées Star-Lord. Lors des affrontements, l’IA s’occupe de gérer les autres gardiens (Rocket, Drax, Groot et Gamora) et laisse ainsi le joueur se concentrer sur Peter. Le cas échéant, vous pourrez déclencher certaines actions spécifiques chez vos quatre compagnons d’armes et notamment le fameux « rassemblement » qui confère à notre troupe un boost temporaire, le tout accompagné par l’un des nombreux morceaux de la très riche BO qui ne sera pas sans rappeler les excellentes bandes-originales des films. À tout le moins pour ceux qui ne sont pas allergiques aux tubes estampillés « années 80 ». À la différence d’un Uncharted qui invitait le joueur à se mettre à couvert entre deux décharges de plomb histoire de tempérer ces rushes d’adrénaline, les combats de Marvel’s Guardians of the Galaxy virent parfois un peu trop au grand capharnaüm pas toujours bien lisible. Un constat d’autant plus regrettable au regard du soin apporté en termes d’effets visuels.

Ces combats en mode « collectif » illustrent par ailleurs l’essence même de Marvel’s Guardians of the Galaxy : celui d’une aventure collégiale au même titre que son pendant cinématographique, quand bien même vous y incarnez le leader du groupe. Un fil rouge que l’on retrouve également derrière le dernier élément prépondérant du jeu : ses dialogues. Les deux longs-métrages nous en avaient déjà donné un avant-goût : les gardiens ont la langue bien pendue et manient avec un talent certain l’art de la punchline. Un art que reprend là-encore à son compte la déclinaison vidéoludique comme autant d’occasions de faire (sou)rire le joueur mais aussi et surtout d’épaissir les personnages. Un aspect narratif qui ne sera pas sans rappeler une fois de plus la façon dont Uncharted (ou The Last of Us) utilise les dialogues afin d’étoffer les liens entre les personnages en vue de nous narrer leurs aventures passées, leurs rancœurs, leurs amitiés et animosités. Oui mais voilà, encore faut-il savoir manier cet art de la dialectique avec parcimonie. Ce que ne fait pas du tout Marvel’s Guardians of the Galaxy, littéralement noyé sous les dialogues. C’est bien simple, les personnages parlent tout le temps, quasiment sans discontinuer d’un bout à l’autre de l’aventure, aussi bien lors des phases d’exploration que de shoots (comme si on n’avait que ça à faire de prêter attention aux dialogues lorsqu’on dézingue à tout-va !). À tel point d’ailleurs que les dialogues finissent par se cannibaliser entres eux, de même que les sous-titres (pour ceux qui opteront pour la VOSTF) qui n’arrivent plus du tout à suivre.

Lorsqu’arrive l’heure du bilan, celui de Marvel’s Guardians of the Galaxy est plaisant mais contrasté. Si l’on devine bien volontiers que les différents bugs rencontrés çà et là seront corrigés au fil des patchs, le sentiment d’avoir joué à un Uncharted sauce « Gardiens de la galaxie » est assez prégnant. Ce qui ne serait pas forcément une tare en soi tant la saga signée Naughty Dog est devenue un véritable mètre-étalon qui n’a pas fini d’être copié. Non ce qui nous aura surtout laissé sur notre faim est finalement cette absence de prises de risque, de volonté d’injecter de nouvelles idées. Bien qu’auréolé du titre de « Meilleure narration » aux derniers Game Awards, la question se pose de savoir jusqu’à quel point le studio Eidos Montréal a eu les coudés franches en matière de liberté artistique tant on sait les productions de l’Empire Disney / Marvel / Lucasfilm très cadenassés en la matière (cf. les cas des films Solo ou encore Rogue Squadron pour lesquels les réalisateurs initiaux ont quitté le navire pour cause de « divergences artistiques »). De là à dire que le studio montréalais n’a pas toujours pu faire ce qu’il voulait et a donc dû respecter un cahier des charges bien précis, il n’y a qu’un pas que chacun pourra franchir (ou pas)…

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