Tormented Souls – PlayStation 5

Tormented Souls – PlayStation 5

L’accroche marketing de Tormented Souls nous avait certes interpellée avec son bien alléchant « un retour au gameplay classique du survival horror ». Mais en vieux de la vieille que nous sommes, il y a déjà fort longtemps que nous ne nous laissons plus berner par de tels miroirs aux alouettes promotionnels. Pour autant, les premiers échos de la presse étant plutôt prometteurs, nous avons donc décidé de « donner sa chance au produit » comme on dit en pareille circonstance en demandant à l’éditeur de nous faire parvenir un exemplaire afin de nous faire notre propre opinion.

Tormented Souls – PlayStation 5De prime abord, le scénario de Tormented Souls est somme toute assez banal. Nous sommes en 1994 et Caroline Walker reçoit une mystérieuse missive. De violentes douleurs l’étreignent dès qu’elle pose le regard sur le contenu de l’enveloppe : la photo de jumelles. Tiens, et si je retrouvais la trace des deux gamines en me rendant dans ce manoir abandonné bien glauque paumé au milieu de nulle part (histoire que personne ne puisse me venir en aide). À peine en a-t-elle franchi le perron que la voilà assommée. Elle se réveille à poil dans une baignoire, intubée et un œil en moins. On vous avait prévenu, dans le genre original, on repassera côté scénario.

Visuellement, Tormented Souls n’est pas ce qu’il nous a été donné de voir de plus beau sur next gen (nous y avons joué sur PlayStation 5), notamment du côté de la modélisation de l’héroïne, très polygonale, limite brouillonne. Mais peut-être s’agit-il là d’une volonté des créateurs, deux studios chiliens du nom d’Abstract Digital et Dual Effect, de coller à une certaine forme d’esthétisme années 90. En revanche, le design du manoir est plutôt une franche réussite, notamment le travail sur les jeux d’ombres de de lumière. Mais c’est surtout la mise en scène avec ses cadrages et ses angles de caméra (tantôt fixes, tantôt mobile) qui concourent pleinement à immerger le joueur au cœur d’une bâtisse à l’atmosphère oppressante. Une approche qui ne sera pas sans rappeler l’un des titre-clés dans l’histoire des jeux vidéo : un certain Resident Evil dont la sortie sur la PlayStation première du nom en 1996 en fit hurler de terreur plus d’un dans les chaumières du monde entier.

Tormented Souls ne cache d’ailleurs nullement ses liens de parenté avec son illustre ancêtre mais sans pour autant chercher à le plagier. D’ailleurs, là où la saga Resident Evil, cherchant à se réinviter a proposé une vue FPS et davantage d’action au cours de ces derniers opus, Tormented Souls ne mise clairement pas sur cet aspect et a fortiori sur ses combats, anecdotiques au mieux. Certes les créatures difformes, lointaines cousines de Frankenstein, sont flippantes à souhait, surtout lorsque la caméra nous suggère leur présence, accompagnée de bruitages tout aussi suggestifs, mais elles peuvent être la plupart du temps très facilement esquivées. Et si vous tenez vraiment à vous en débarrasser, votre arsenal sera pour le moins léger. Point de méga sulfateuse à rendre jaloux le Schwarzenegger de Commando, notre héroïne dispose en tout et pour tout de trois pétoires : un pistolet à clous, un fusil fait maison à base de tuyaux et un taser. Pas de quoi s’affoler d’autant plus que les munitions sont comptées.

Si les affrontements ne sont clairement pas l’aspect du gameplay sur lequel les créateurs ont souhaité mettre l’accent, l’atmosphère oppressante des lieux est quant à elle des plus réussies : de par sa mise en scène d’une part mais aussi et surtout de par le sentiment que vous êtes vraiment livrés à vous-mêmes. Point de GPS, de carte high-tech avec tout un tas de points lumineux ou de « super-pouvoir oculaire » pour vous aider à vous orientez. Dans Tormented Souls, point d’objectif spécifique à accomplir pour passer d’un point A à un point B. Vous êtes seul au milieu de cette sombre, lugubre et flippante bâtisse avec en tout et pour tout un briquet, une lampe-torche et un plan old school griffonné à l’aide d’un vulgaire crayon sur un simple bout de papier. À vous de vous démerder avec ça dans les dédales des deux ailes du manoir, sans oublier bien sur ses souterrains.

Histoire de rajouter au niveau de stress du joueur, Tormented Souls regorge d’énigmes à résoudre pour progresser. Mais attention pas des énigmes du genre jeu d’éveil pour les 3-5 ans où l’on vous demande de résoudre un puzzle avec la réponse écrite en 4×3 sur le mur juste derrière accompagné d’un texte police 48 qui s’affiche en plein milieu de l’écran au bout de 10 secondes « Retournez-vous » pour les crétins assis au fond de la classe à côté du radiateur qui n’auraient toujours pas compris où trouver la réponse à l’énigme en question. Non, on vous parle bien ici du genre d’énigmes qui vont vous faire vous arracher les quelques cheveux qui vous restent sur le cassis (raison pour laquelle notre Sandy Gillet national a d’ailleurs refusé de jouer à Tormented Sould histoire de préserver le peu de pilosité crânienne qui lui reste / Il est vrai que j’ai déjà pas mal à faire avec mes kids pour ne pas me rajouter du stress inutile / NDSG). Dis plus crûment encore : vous allez méchamment en chier pour résoudre les énigmes du jeu.

Vous l’aurez compris, en définitive on se fiche éperdument de la raison pour laquelle cette andouille de Caroline s’est mise en tête d’aller dans ce manoir pour retrouver deux gamines à partir d’une photo reçue d’on ne sait qui. Ce qui compte, c’est combien Tormented Souls, à défaut d’originalité, manie parfaitement tous les codes du genre survival horror pour nous offrir un jeu flippant à souhait avec un tant soit peu de challenge à relever pour nos neurones. Ce qui en fait déjà une belle réussite par les temps qui courent de productions (cinés ou jeux vidéo) qui croient encore qu’il suffit de coller un jump-scare toutes les dix minutes entrecoupées d’un « attrape la clé » digne de Fort Boyard.

  • Testé sur PlayStation 5 à partir d’un code fourni par l’éditeur (version 1.007.000)
  • Taille occupée : 7Go
  • Sortie le 27 août 2021
  • Trailer de lancement

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