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Fiche Série TV : The Terror – Saison 1 (oubliez la Saison 2)

The Terror est adaptée du roman de Dan Simmons, Terreur, lui-même inspiré de l’histoire vraie de l’expédition Franklin, disparue à l’été 1845. Les personnages et la plupart des événements racontés sont authentiques mais, afin de combler les zones d’ombre des faits historiques, l’écrivain a introduit des éléments fantastiques, que l’on retrouve dans la série produite par Ridley Scott.

Au début des années 1980, les recherches scientifiques de l’anthropologue Owen Beattie permettront de déterminer exactement ce qu’il est advenu de l’équipage. Les différentes études suggèrent que le froid, la famine, l’empoisonnement par le plomb et les maladies ont décimé l’expédition. Des marques sur les os attestent que les survivants ont pu également se livrer au cannibalisme pour tenter de survivre. En 2014, une campagne de recherche canadienne a enfin permis de retrouver l’épave d’un des navires, grâce aux indications transmises par la tradition orale inuit. L’épave du second navire a quant à elle été retrouvée en 2016.

The Terror (2018)

Créée par : Soo Hugh, David Kajganich
Acteurs : Jared Harris, Tobias Menzies, Ciarán Hinds, Paul Ready, Adam Nagaitis, Ian Hart, Nive Nielsen, Christos Lawton
Durée : 10 épisodes x 50min
Diffuseur(s) : AMC (USA) – Amazon Prime (France)
Diffusion : 26 mars – 10 avril 2018

Résumé : 1845. Une expédition de la Marine Royale britannique composée de deux navires de guerre, le HMS Erebus et le HMS Terror, entreprend un périlleux voyage vers l’Antarctique à la recherche du passage du Nord-Ouest. Rapidement confronté à des conditions périlleuses, des aléas de plus en plus inextricables et des ressources qui s’épuisent rapidement, l’équipage peine à garder espoir dans ces territoires rudes et inexplorés. Gelés, isolés et coincés à l’autre bout du monde, les hommes découvrent qu’ils doivent aussi lutter contre une créature fantastique et bientôt les uns envers les autres.

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  • Avis express : On l’avoue bien volontiers, la première motivation pour découvrir cette série était le nom de Ridley Scott qui y était associé. Oh pas au rang de Showrunner qui sont au demeurant au nombre de deux. Deux parfaits inconnus, Soo Hugh et David Kajganich, qui ne vont d’ailleurs pas le rester très longtemps. Non, Ridley Scott est crédité ici du titre de producteur délégué (executive producer in english). En gros, celui qui a mis la main au portefeuille (comme beaucoup d’autres) tout en permettant d’affirmer la crédibilité d’un projet via un nom célèbre qui le propulse recta sur le devant de la scène. Et cela marche car pas certain que l’on y aurait jeté un œil de prime abord. Bien mal nous en aurait pris tant The Terror est une série d’une seule saison où les dix épisodes se dévorent d’un coup d’un seul façon binge watching jamais indigeste.
    C’est que The Terror s’inscrit d’entrée dans quelque chose d’assez inédit pour une série télé. L’exploration du bout du monde et en particulier ici à la recherche du fameux passage qui permettrait aux navires de relier l’océan Atlantique à l’océan Pacifique en passant entre les îles arctiques du grand Nord Canadien. Le cadre est on ne peut plus ambitieux et laisse présager d’une aventure à la fois héroïque et humaine. Seulement voilà, The Terror est adapté d’un bouquin qui lui-même narre d’une manière rigoureuse des faits historiques authentiques et tragiques. Nous voilà donc prévenu d’autant que le premier plan de la série annonce la couleur en indiquant que les deux bateaux affrétés pour cette expédition de la Marine Royale britannique en plein milieu de XIXè siècle commandé par le capitaine John Franklin ont disparu corps et biens sans qu’aujourd’hui on soit encore totalement certain de ce qui s’est passé.
    Si les bateaux ont bien été retrouvés en 2014 et 2016 (sic !) parfaitement conservés dans la glace et que les inuits parlent encore de ces hommes échoués pratiquant le cannibalisme (des prélèvements depuis des os retrouvés au sein de tombes semblent en attester), le mystère plane encore sur cette expédition que cette série s’emploie donc à cultiver naviguant comme un poisson dans l’eau entre fantastique, aventure humaine et tragédie grecque.
    Oui fantastique. Un pendant qui s’il n’est pas totalement assumé ou maîtrisé n’en demeure pas moins l’une des pierres angulaires de The Terror. C’est très clairement l’aspect le plus anecdotique de la série mais il fallait bien meubler les deux longues premières années où l’équipage des deux bateaux pris dans la glace s’obstinent à ne pas en bouger espérant un hypothétique dégel afin de reprendre leur périple. Pour autant, la série n’opte jamais pour l’action pour de l’action. Le temps s’étire et cela donne la possibilité aux scénaristes d’approfondir la caractérisation de moult personnages qui vont de fait prendre une épaisseur bienvenue pour ne pas dire délicieusement fouillée. L’esprit chamanique de la banquise venant ponctuer de temps à autre une histoire qui s’enfonce irrémédiablement dans le chaos et l’irréversible. C’est d’ailleurs ce sentiment de fatalité qui donne à The Terror ce cachet malaisant pour ne pas dire déviant. C’est en prenant le temps de marquer les failles humaines de chacun que la série prend très vite son envol.
    Une psychologie affirmée qui va d’ailleurs toujours dans le sens de l’histoire, de son enrichissement et de sa conclusion magistrale. À ce titre, l’avant dernier épisode est certainement le meilleur car il entérine avec une certaine maestria tous les arcs narratifs sans que pour autant on assiste à quelque chose de définitif. C’est du grand art d’écriture. La mise en scène n’est pas en reste d’ailleurs. Si la série ne boxe pas dans le même ring qu’un Master and Commander (au hasard), la caméra sait tout de même se balader et appuyer les petites comme la grande histoire. Les trois réals qui essaiment les 10 épisodes se fondent certes dans un collectif entendu mais savent aussi apporter leur touche personnelle. Ici toute une séquence aérienne de corps à corps au sommet d’un mat, là un plan de canots lourdement chargés que l’on traîne à même un paysage désolé rappelant ce bateau tiré par des mulets dans Le Convoi sauvage, le film de Richard C. Sarafian.
    The Terror est de fait une série unique à bien des égards. Anxiogène, mutique, dramatique et épique alors même que la fin est entendue, elle est aussi portée par des acteurs chevronnés déjà vus dans d’autres prod ad hoc comme Jared Harris (capitaine Francis Crozier du HMS Terror) dont on se souvient encore de son personnage dans Mad Men ou encore Tobias Menzies (capitaine en second) et Ciarán Hinds (sir John Franklin) réunis à nouveau après avoir été découvert ensemble dans la série HBO Rome. Les seconds-rôles sont à l’avenant et finissent de propulser The Terror vers ce que l’on a découvert de mieux en 2018 avec le sentiment chevillé au corps qu’elle l’a déjà marqué de son sceau glacial et glaçant. Une sorte d’Aguirre, la colère de Dieu mais dans la jungle Arctique. SG3,5/5

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