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L’Effondrement – Le post-apo à la française débarque sur Youtube

Et si demain tout s’effondrait ? Plus de nourriture, plus d’essence, plus d’électricité, plus de surveillance nucléaire… Les riches s’enfuient tandis qu’on laisse les pauvres et les personnes âgées mourir de faim. Tels sont les enjeux que la mini-série L’Effondrement met en avant sur huit épisodes de très hautes volées. Lancée au départ sur la chaîne Canal+ fin 2019, la voici désormais visible en intégralité sur YouTube. L’occasion de nous rattraper un peu et de partager avec vous les raisons qui en font l’une des productions télés, toutes nationalités confondues, la plus excitante (et visionnaire) du moment.

L'Effondrement - Affiche

La première, soyons cocardier, c’est un projet français porté par Jérémy Bernard, Guillaume Desjardins et Bastien Ughetto qui forment à eux trois, le collectif Les Parasites. Trois copains qui ont écumés les concours vidéo et qui ont créés leur chaîne YouTube avec succès. Leurs noms nous ne vous dit peut-être pas grand chose mais peut-être avez-vous vu la tête de l’acteur Bastien Ughetto chez François Ozon (Dans la maison), chez Antonin Baudry (Le Chant du loup) ou plus récemment chez Albert Dupontel (Adieu les cons).

L'Effondrement Bastien Ughetto et Christelle Cornil

La deuxième, c’est que chaque épisode repose sur un plan-séquence et vu ce qui se passe dans chaque histoire, on ne peut que tirer notre chapeau tant la performance est totale. Avant même sa sortie, 1917 était limite déjà surclassé.

La troisième, c’est que le casting est juste parfait entre savant mélange de têtes quasi inconnus et quelques guest stars comme Philippe Rebbot, Thibault de Montalambert, Lubna Azabal et Audrey Fleurot qui font très vite oublier leur pedigree pour se fondre tout naturellement au sein de chaque épisode comme autant d’arcs narratifs tous tendus vers cette même thématique de fin du monde. Pour les inconditionnels des Parasites, on retrouve même la jeune comédienne Roxane Bret.

L'EffondrementPhilippe Rebbot

La quatrième, ce sont justement ces scénarii écrits au scalpel qui ne laissent aucune place à l’à-peu-près ; on sent bien que tout a été prévu, anticipé et potassé. Sans que pour autant on ait l’impression d’être précipité dans un univers clôt façon chape de plomb. Chaque plan respire et permet une profonde réflexion des enjeux ainsi que des conséquences de chaque décision. Alors même que tout va à 100 à l’heure. On est limite en présence d’une pièce d’orfèvrerie même pas fragile qui concasse tout sur son passage. Autant de maîtrise, cela en est même effrayant au-delà du sujet déjà on ne peut plus anxiogène à souhait.

La cinquième enfin est que L’Effondrement fut une production éco-responsable qui a donc optimisé ses déchets et limité le gaspillage. Une cohérence en coulisses avec le propos de la série, c’est rare sinon une première.

Tous les voyants sont donc au vert pour vous lancer dans cette expérience visuelle, réflexive et on ne peut plus dérangeante même si par les temps qui courent le sujet peut faire peur, très peur même. Il suffit de visionner le premier épisode qui se situe exclusivement dans un supermarché pour se remémorer ces aventuriers du PQ perdu s’invectivant à plein poumon lors du premier confinement. Sachant encore une fois que la série fut produite et diffusée bien avant la crise sanitaire que nous vivons actuellement. C’est dire si L’Effondrement arrive donc à point nommé, comme une nécessaire piqûre de rappel face aux dérives de notre société. Et encore on reste poli. Tâchons de ne pas en arriver là et espérons que le débat pourra continuer. C’est d’ailleurs le cas pour Les Parasites puisque le trio a imaginé depuis fin 2019 le Story Tank où des scénaristes rencontrent des chercheurs afin de développer de nouveaux outils pour mieux raconter leurs histoires. Plus d’infos en cliquant ici.

Pour finir, le trio ne s’arrête pas en si bon chemin puisque l’été dernier, ils ont pu mettre en place l’Atelier 7 qui est une résidence cinématographique pour cinéastes en herbe. Aujourd’hui, Les Parasites préparent leur premier long-métrage. Gageons qu’ils sauront y insuffler la même énergie révolutionnaire, salvatrice et infiniment lucide et surtout souhaitons leur bonne chance pour le 23 novembre. Date des prochains International Emmy AwardsL’Effondrement est nommé dans la catégorie « Meilleure fiction télévisuelle/Mini-série ».

L’Effondrement (2019) de Guillaume Desjardins, Jérémy Bernard, Bastien Ughetto – 8x20min (Les Parasites / Canal+) – 1ère diffusion sur C+ le 11 novembre 2019 / Et sur Youtube depuis le 11 novembre 2020

Résumé : Les scientifiques ne cessent de nous mettre en garde. Et si le terrible « effondrement » général de notre civilisation, le « collapse » dont tout le monde parle en ce moment, avait vraiment lieu bientôt ?

Note : 4,5/5

Une réflexion sur « L’Effondrement – Le post-apo à la française débarque sur Youtube »

  1. Absolument pas été convaincu par cette série dont le système technique vire vite au gimmick, la faute à des scripts qui deviennent toujours plus prévisibles au fil des épisodes car se contentant de suivre la loi de Murphy la plus simple possible.
    Résultat : passé 2 épisodes plutôt corrects, les épisodes suivants sombrent dans des ficelles toujours plus grosses et qui, doucement mais sûrement, rendent l’utilisation du plan séquence de moins en moins justifiée, et surtout efficace.
    Il y a aussi une vision finalement très binaire des choses, tandis qu’en parallèle, la chronologie implique un Jour J mais sans jamais que la série n’ose aller au bout de sa logique et expliquer précisément ce qui permet de pointer ce jour-là comme le jour J. On se doute qu’elle préfère laisser un vide plutôt que de prendre position sur une théorie plutôt qu’une autre (raison unique – et laquelle – ou raisons multiples), mais cela semble vite devenir plus opportuniste narrativement qu’une réelle volonté artistico-sociétale de privilégier la peinture de la synergie des problèmes causés par notre mode de vie.

    L’autre souci est que cette chronologie génère des incohérences ci et là, notamment quand on nous montre des gens coincés à pied alors qu’on voit plus tard des voitures avec suffisamment d’essence pour ne pas en faire un point dramatique, mais aussi parce que les personnages sont chaque fois coincés dans la thématique de leurs épisodes respectifs, la faute au découpage narratif d’un côté et chronologique de l’autre. Chacun devient de fait littéralement mono-dimensionnel puisqu’il ne sert qu’à illustrer la thématique du jour. La caricature guette alors et les personnages se vautrent tous assez rapidement dedans, générant une idéologie de guerre des classes qui fleurent bon le révolutionnaire pré-pubère. Mention spéciale à l’épisode 3 (avec le salaud très très salaud) et l’épisode 8 (avec les journalistes et politique teubés très très téubés).

    Au bout de 8×22 minutes (environ), on sort lessivé par ce qui avait tout de la bonne idée sur le papier mais est en pratique une barque tellement chargée à l’écran qu’elle ne peut que paraître caricaturale et faire ressortir l’artificialité de son procédé qui perd logiquement de son utilité au fil des épisodes.

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