Archives par mot-clé : Antoine Reinartz

Fiche film : Anatomie d’une chute (2023)

Avec Anatomie d’une chute, Justine Triet souhaitait faire un film centré sur la défaite d’un couple. L’idée était, pour la réalisatrice, de raconter la chute d’un corps de façon technique et d’en faire l’image de la chute du couple et d’une histoire d’amour : « Ce couple a un fils qui découvre l’histoire de ses parents dans un procès – procès qui dissèque méthodiquement leur relation – et ce garçon passe du stade de l’enfance, incarné par la confiance absolue envers sa mère, à celui du doute. »

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Anatomie d’une chute – Une sacrée Palme d’or

Anatomie d’une chute a donc eu les honneurs d’une Palme d’or au dernier Festival de Cannes quand les trois premiers longs de la réalisatrice Justine Triet, tous sélectionnés eux aussi sur la croisette, en sont à chaque fois repartis broucouilles. Il faut croire que le changement radical de style, d’écriture et de mise en situation a su finalement conquérir un jury en adéquation avec cette étude d’un couple à la complexité et à la densité rare pour ne pas dire inédite dans le cinéma. Oui parce que Anatomie d’une chute raconte l’histoire d’un homme et d’une femme par le biais d’un procès. Celui de la femme que l’on soupçonne d’avoir défenestré son mari lors d’une dispute. Entre les deux, un enfant de 11 ans malvoyant qui découvre brutalement une version de ses parents pour le moins sans filtre. Il est donc clair que si le sujet ne vous parle pas ou ne vous attire pas, il vaudrait mieux passer votre chemin car Anatomie d’une chute va très très loin dans cette étude de caractère qui use des codes du film de prétoire (à la française), le tout dans un style quasi documentaire s’étalant sur près de 2h30.

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Fiche film : Alice et le maire

En 2015 sortait Le Grand jeu, thriller politique réaliste signé Nicolas Pariser. Quatre ans après, le metteur en scène revient avec Alice et le maire, son second long métrage qui traite aussi de politique mais via l’angle de la comédie dramatique.

Nicolas Pariser a choisi de tourner Alice et le maire en 35mm parce qu’il n’aime pas le numérique.

Lors du tournage durant l’été 2018, Nicolas Pariser avait loué les salons de l’Hôtel de Ville de Lyon dans le but d’y réaliser des scènes, mais s’y est ensuite fait refuser l’accès avec son équipe. Le réalisateur a même été la cible de plusieurs moyens de pression pour tourner Alice et le maire dans une autre ville. La raison ? Le maire de Lyon, Gérard Collomb, craignait d’être représenté de manière peu reluisante (et ce quelques mois avant les élections). Or, Nicolas Pariser et Fabrice Luchini n’ont jamais voulu s’inspirer de lui (le réalisateur a d’ailleurs choisi la ville de Lyon pour ne pas tourner à Paris, qui est une ville dans laquelle le maire n’a pas assez de pouvoir). Gérard Collomb, qui a depuis été réélu, a d’ailleurs trouvé le film assez drôle.

Alice et le maire a été présenté à La Quinzaine des réalisateurs lors du festival de Cannes 2019 où il a reçu le Label Europa Cinéma.

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Fiche film : Roubaix, une lumière

Tous les films de Arnaud Desplechin, ou presque, sont romanesques. Avec Roubaix, une lumière, le réalisateur a voulu faire un long métrage ancré dans le réel, reprenant un matériel brut : un fait divers qui s’est produit à Roubaix en 2002, dans lequel un couple de jeunes filles toxicomanes ont tué une personne âgée. Dans le documentaire Roubaix, commissariat central, datant de 2008, ces deux femmes avaient avoué ce crime…

Roubaix, une lumière a été présenté en compétition au Festival de Cannes 2019.

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Roubaix, une lumière – Les femmes d’à côté

On le sait, Arnaud Desplechin est natif de Roubaix et tout son cinéma ou presque l’a immanquablement ramené à cette ville. Le fait d’y consacrer un film était sans aucun doute une suite logique. Fallait juste trouver le bon sujet et le bon angle. Ils sont venus quand Desplechin a découvert le remarquable documentaire Roubaix, commissariat central de Mosco Levi Boucault diffusé en 2008 sur France 3 (mais tourné en 2001) dont il aurait été malin au passage d’en proposer un DVD ou la possibilité de le (re)voir en streaming ou en VOD. Un peu à la manière d’un Depardon, Boucault s’était en effet immergé pendant près de six mois dans le quotidien du commissariat de Roubaix filmant au plus près une humanité interlope mais qu’il ne prenait jamais de haut. Une décennie plus tard, Desplechin accouche donc d’un film qui se focalise sur une des affaires suivies à l’époque par la caméra de Boucault tout en donnant de l’épaisseur fictionnelle à quelques personnages esquissés dans le doc dont Daoud, le chef de la  police de la ville interprété ici par un Roschdy Zem une nouvelle fois impérial.

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