Marco Ferreri est un réalisateur italien réputé pour nombre de ses films qui ont provoqués scandales et/ou incompréhensions lors de leur sortie. Tout en haut on peut y placer La Grande bouffe qui raconte comment quatre grands bourgeois confinés dans une maison parisienne se donnent la mort en s’empiffrant le temps d’un week-end « gastronomique ». Prix de la critique internationale au festival de Cannes 1973 où il choqua jusqu’à la présidente du jury Ingrid Bergman et Catherine Deneuve alors en couple avec Marcelo Mastroianni (elle ne voulut plus le voir pendant plusieurs jours), La Grande bouffe rencontra son public partout où il fut distribué à commencer par la France qui lui fit un très bel accueil avec 2 422 500 entrées pour devenir un des films représentatifs d’une décennie contestataire envers l’establishment. Pour autant, il aura fallu attendre cette fin d’année 2024 pour que La Grande bouffe se décline enfin en Blu-ray alors que jusqu’ici il n’était dispo qu’en DVD dont le plus recommandable était celui édité par feu Opening (en 2006 puis réédité en 2010) car proposant de nombreux bonus dont des images du tournage et des archives INA non repris ici par Tamasa. Les deux éditions que l’éditeur vient de sortir (collector et standard) n’ont toutefois pas à rougir de la comparaison en ce domaine d’autant que du côté de l’image et du son, la restauration 4K à laquelle le film a eu droit lui permet de franchir un gap plus qu’appréciable même si non exempte d’interrogations au regard de l’image restaurée 2K proposée par l’éditeur Arrow sur son Blu-ray paru en 2015 aux États-Unis et en Angleterre.
Une étrange affaire est certainement le film le plus atypique dans la carrière de Pierre Granier-Deferre et certainement pas le moins passionnant à (re)découvrir. D’abord parce qu’il réunit des acteurs de premier plan qu’il sait comme toujours emmener dans son univers somme toute particulier, pour ne pas dire à part, mais surtout parce qu’il traite du monde du travail. Si pour Granier-Deferre c’est une première, lui qui a reconditionné les codes du polar à la française (La Horse / Adieu poulet…) ou qui s’est appuyé sur la grande histoire pour accoucher de drames sublimes (La Veuve Couderc / Le Train) ou qui a tout simplement su décrire les affres du temps qui passe (Le Chat), sa façon de l’envisager ne dévie pas beaucoup de ce qu’il a l’habitude de faire. On est encore une fois dans l’affect à hauteur d’homme où l’amour, l’amitié sont au premier plan et s’imbriquent en un maelstrom de caractérisations qui font d’Une étrange affaire un concentré abrupt et sans concession de ce que Granier-Deferre pense de son prochain. Et comme toujours c’est à la fois impitoyable et infiniment bienveillant. Que cela soit pour la première fois disponible en Blu-ray au sein de cette nouvelle collection baptisée « Nos années 80 » dirigée par Jérôme Wybon relève donc d’une opportunité à ne pas rater.
On peut raisonnablement avancer que Le Prix du danger est quasi le chant du cygne d’un Yves Boisset montrant les muscles au cinéma. On parle du réalisateur qui avançait dans les années 70 sûr de son fait dans la dénonciation à tout crin d’une société corrompue (Le Saut de l’ange – 1971) et/ou trompée par ses édiles (L’Attentat– 1972 / R.A.S. – 1973). Une société foncièrement raciste (Dupond Lajoie – 1975) dotée d’une justice et d’une police aux ordres de la hiérarchie et du politique (Le Juge Fayard dit « le Shériff » – 1977 / La Femme flic – 1980). Avec Le Prix du danger, Boisset changeait diamétralement de braquet du côté de la forme en s’essayant au film d’anticipation (pour l’époque en tout cas), genre peu développé de par chez nous, mais qui dans le fond prolongeait son analyse peu reluisante d’une société manipulée, endormie, endoctrinée par un jeu télévisé faisant office en sous-main d’une nouvelle forme d’opium du peuple.
Trois ans après la sortie en Blu-ray 4K de À bout de souffle, StudioCanal remet le couvert avec le 60ème anniversaire d’un autre film tout aussi emblématique de la filmographie de Jean-Luc Godard : Le Mépris. Et si cette édition Blu-ray 4K est moins luxueuse que la précédente qui proposait affiche, cartes postales et vinyle 33T, elle n’en demeure pas moins de tout premier choix. À condition bien entendu d’apprécier le cinéma du réalisateur.
On commence notre tour d’horizon de la septième vague de sorties chez Coin de Mire Cinéma avec La Poudre d’escampettede Philippe de Broca, un film que l’on n’espérait plus sur le support (et d’ailleurs sur aucun support vidéo ou VOD) tant il avait disparu corps et bien depuis sa sortie au cinéma en 1971. Injustice cinématographique réparée avec cette très belle édition dotée d’une restauration 4K et d’un complément déjà indispensable. Explications…