Avec Nos frangins, Rachid Bouchareb clôt la dorénavant trilogie initiée en 2006 avec Indigènes et Hors-la-loi en 2010.
Le choix du titre, Nos frangins, est inspiré de Petite, la chanson de Renaud que l’on entend à la fin du film. Le chanteur y mentionne Malik et Abdel en parlant de « nos frangins qui tombent ».
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Quand on a demandé à Samir Guesmi qui joue le père d’Abdel Benyahia dans Nos frangins ce qu’il faisait en cette fin d’année 1986, la réponse fuse : « Je devais certainement vendre des jeans du côté des puces à Barbès. En fait je n’ai pas de souvenirs précis de ce que je faisais en cette nuit funeste où Malik Oussékine et Abdel Benyahia furent tués ». C’est que l’acteur à la filmo longue comme le bras mais dont le commun des mortels peinera à mettre un blaze sur sa tronche tout en l’identifiant dès qu’il apparaît à l’écran, n’a pas envie de stigmatiser ce double meurtre de ces français d’origines maghrébines commis par la police dans la nuit du 5 et 6 décembre 1986. L’idée n’est bien entendu pas de mettre cela sous le tapis de la République ou de ne pas vouloir faire de vagues à l’image de la grande majorité de ces immigrés maghrébins dits de la première génération auquel son personnage appartient. Déjà, sa participation au film de Rachid Bouchareb atteste du contraire mais surtout cela en dit long sur le ressenti d’une population qui connaît et vit dans sa chair le concept de la vexation policière au quotidien quand il ne s’agit pas de racisme latent ou à visage découvert. Il ne s’agit donc pas de minimiser et encore moins d’oublier mais bien de faire comprendre que si pour la majorité c’est un sentiment de colère qui nous étreint devant un système et un État de non droit aussi manifeste, pour d’autres c’est certes la pire des conclusions mais au final pas une surprise.
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À l’origine, en 2009, Quai d’Orsay est une bande dessinée créée par Christophe Blain et Abel Lanzac (de son vrai nom Antonin Baudry, diplomate de son état) qui retrace l’expérience de ce dernier au ministère des Affaires étrangères quand Dominique de Villepin en était le sociétaire entre mai 2002 et mars 2004. Tant au cinéma qu’au sein du 9ème Art, les coulisses du pouvoir à la française sont très peu abordées de front et encore moins avec si peu de recul. Il n’y a que L’Exercice de l’État récemment pour s’en être brillamment approché. Alors certes, Quai d’Orsay change les noms et brouille quelque peu les cartes au sens littéral du terme puisque l’Irak est par exemple le Lousdem, que l’Oubanga est la Côte d’Ivoire et qu’Alexandre Taillard de Worms est donc Dominique de Villepin. Mais au lieu d’affadir le propos, cette mascarade formelle censée donner le change vis-à-vis de nos lois très strictes en matière du droit à l’image et des personnes, le renforce avec une acuité perverse vraiment jouissive. Et Bertrand Tavernier d’avoir très vite saisi la portée d’un tel matériau d’origine pour relancer une filmographie au point mort depuis 1998 et son extraordinaire Ça commence aujourd’hui.
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Le cinéma en haute définition