Archives par mot-clé : Ruben Östlund

Sans filtre – Thérapie de luxe

Avec Sans filtre, Ruben Östlund est rentré instantanément dans la catégorie très fermée des cinéastes ayant obtenu la Palme d’or pour deux films réalisés à la suite. Seuls Bille August (Pelle le Conquérant – 1988 et Les Meilleures Intentions – 1992) et Michael Haneke (Le Ruban blanc – 2009 et Amour – 2012) ont marqué leurs filmographies respectives de ce sceau indélébile. Ce constat validé quid de Sans filtre ? Outre sa Palme d’or qui n’entérine pas forcément le meilleur film d’une sélection (si tant est que la notion même de « meilleur film » ait une signification tangible au sein du raout cannois), Sans filtre marque-t’il déjà de son empreinte le cinéma et pourquoi pas son époque ? On serait tenté de répondre par l’affirmative ne serait-ce que par l’effroyable lucidité de son regard porté envers ses semblables. C’est-à-dire vous et nous.

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Fiche film : Sans filtre (2022)

Le titre original de Sans filtre est Triangle of Sadness, « triangle de tristesse » en français. Cela fait référence à un terme utilisé dans l’industrie de la beauté. Une des amies du réalisateur Ruben Östlund s’est entendue dire par un chirurgien esthétique lors d’une soirée au sujet d’une ride entre ses sourcils : « Vous avez un triangle de tristesse assez profond… Mais je peux arranger ça avec du Botox en un quart d’heure ». Le réalisateur raconte : « En suédois, on appelle ça la ride du souci, elle serait le signe qu’on a eu beaucoup d’épreuves dans sa vie. J’ai trouvé que c’était révélateur de l’obsession de notre époque pour l’apparence et du fait que le bien-être intérieur est, d’une certaine manière, secondaire. »

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Journal d’un festivalier – Palmarès Cannes 2022

Ce 75eme festival de Cannes s’achève sous les huées de journalistes et d’internautes à la découverte de son palmarès. C’est d’ailleurs, peu importe le festival, le seul intérêt d’un palmarès : prendre du popcorn, se poser devant un écran/journal et sourire en lisant les messages dépités de personnes meurtries car leurs goûts ne sont pas respectés par un jury dans lequel, rappelons-le, ils ne figurent pas. Puis, bien sûr, ils iront clamer une fois de plus que le cinéma est mort. Tous les ans c’est la même rengaine et ils s’en défendront en expliquant que, jadis, les palmarès avaient quand même de la gueule puisque cela leur convenait. À croire que chaque édition du festival rend amnésique et efface les précédentes. Les voix des quelques individus heureux sont mises à l’écart et les articles des quotidiens, mensuels comme les émissions de radio ou de télé de ces prochaines semaines seront risibles, les critiques expliquant que leurs appréciations sont les meilleures et que le jury ne comprend rien au cinéma. Contrairement à eux.

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