L'Anglais - Image une fiche film

Fiche film : L’Anglais

Le scénario de L’Anglais est signé Lem Dobbs, fils du peintre Ron Kitaj, déjà à l’œuvre sur le second long métrage de Steven Soderbergh, Kafka sorti en 1991.

Le personnage principal devait initialement être interprété par Michael Caine qui en déclinant le rôle a suggéré à Soderbegh de prendre Terence Stamp.

Pour les besoins du scénario, Steven Soderbergh a acquis les droits du film de Ken Loach, réalisé en 1967, Pas de larmes pour Joy (Poor Cow), dans lequel Terence Stamp interprétait un jeune voleur britannique nommé… Wilson.

Pour le Harrap’s Slang Dictionnary  le terme « Limey » est un américanisme très péjoratif pour parler d’un Anglais. On France on dirait un « Rosbif ».

L’Anglais (The Limey – 1999)

Réalisateur(s) : Steven Soderbergh
Avec : Terence Stamp, Lesley Ann Warren, Luis Guzmán, Barry Newman, Peter Fonda, Joe Dallesandro
Durée : 1h30
Distributeur : Bac Films
Sortie en salle : 4 août 1999
Sortie Blu-ray : 26 janvier 2021 (L’Atelier d’images)

Résumé : Un homme mystérieux arrive à Los Angeles. Il s’appelle Wilson. Il est anglais. Et il n’a qu’une idée en tête : comprendre ce qui est arrivé à sa fille décédée dans des circonstances suspectes ! Tout le monde est prévenu, ce père sortant tout juste de prison ne reculera devant rien… L’anglais est en ville et il veut se venger !

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  • Avis : Qui pour prévoir à l’époque que L’Anglais annonçait en creux une période faste au box office pour Steven Soderbergh ? Lui qui avait été découvert par le plus grand nombre dès Sexe, Mensonges & vidéo, son premier long, sombra dans un relatif oubli pendant près de 10 ans et 5 films. Pour autant, un frémissement s’était fait sentir un an plus tôt avec Hors d’atteinte bien servi il est vrai par le couple de stars (Clooney / Jennifer Lopez) et une histoire moins « expérimentale » qui rendait hommage aux films noirs de l’âge d’or hollywoodien. Une leçon de cinéma dont il fera définitivement sienne juste après L’Anglais avec Erin Brockovich, seule contre tous sans plus jamais vraiment évoluer depuis et ce même si aujourd’hui le cinéaste n’est à nouveau suivi que par ses fans hardcores de la première heure.
    L’Anglais est donc véritablement un film charnière pour Soderbergh. Son histoire peut même se voir comme une parabole de celui qui revient par la grande porte mais en la fracassant et ce même si quasi personne n’est de l’autre côté pour en témoigner sinon les critiques du monde entier. C’est Terence Stamp qui endosse le rôle du mal embouché en mal de reconnaissance. En fait un ex repris de justice originaire de la perfide Albion tout juste sorti de prison et désireux de se faire justice suite à la mort peu catholique de sa fille du côté des belles villas de Long Beach à Los Angeles. De ce canevas on ne peut plus éculé, Soderbergh s’approprie d’abord une topographie pour le moins hollywoodienne mais débarrassée de tous les clichés inhérents à la chose (à la différence d’un Lynch qui lui les revisitera avec gourmandise deux ans plus tard dans Mulholland Drive). Ce qui donne à l’image une volonté de montrer les lieux tels qu’ils le sont. Sans emphase mais sans pour autant niveler par le bas tout potentiel dramaturgique. Là un entrepôt qui n’offre que peu d’aspérités visuelles mais qui sera le témoin d’un déchainement de violence sans pareil. Ici une villa dans les hauteurs visitée de l’intérieur à la limite de la déambulation immobilière pour se terminer en un bourre pif aussi furtif qu’en quasi off.
    C’est donc à une sorte de jeu au chat et à la souris auquel Soderbergh nous convie. La souris étant performée par le délicieux Peter Fonda, producteur musical autrefois incontournable dont la moto « Easy Rider » doit certainement prendre la poussière dans un garage quelque part, qui ne vit plus que dans la nostalgie d’une jeunesse fanée mais qu’il veut entretenir coûte que coûte au bras de belles pépés renouvelables à l’envie. C’est dans cette ambiance quelque peu décrépie d’une décennie qui s’est perdue dans les volutes de fumée diverses et variées que le film navigue alors que le nouveau siècle se profile déjà à l’horizon. Et pour accentuer ce choc temporel, Soderbergh use d’un montage disruptif mêlant dilatation et contraction au sein de la même séquence sans oublier de multiples flash-backs ou de véritables retours dans un passé très lointains quand le personnage de Terence Stamp ne purgeait pas encore sa longue peine de prison.
    Pour ce faire, Soderbegh a d’ailleurs poussé le bouchon jusqu’à acquérir les droits de Pas de larmes pour Joy (Poor Cow), un film de Ken Loach réalisé en 1967 dans lequel Terence Stamp interprétait un jeune voleur britannique. Sublime idée à une époque où l’image de synthèse était encore balbutiante qu permet à L’Anglais d’acquérir cette stature d’expérience filmique pour grand public que peu de  cinéastes d’hier ou d’aujourd’hui ont osé mettre en boîte. Ce pourquoi il se revisite avec délice et une pointe de nostalgie acidulée que la patine du temps ne fait que confirmer et amplifier. 3,5/5
  • Box office : 206 652 entrées sur 180 copies en 3 semaines d’exploitation. Quand L’Anglais sort en 1999, le cinéaste originaire d’Atlanta est donc loin de retrouver les hauteurs de Sexe, Mensonges & vidéo qui lui avait permis de rassembler 1 413 940 spectateurs. Mais L’Anglais et surtout Hors d’atteinte (548 495 entrées) qu’il réalisait l’année précédente lui donnaient tout de même cette visibilité qu’il attendait préparant de surcroît le terrain l’année d’après pour le carton monumental et mondial d’Erin Brockovich, seule contre tous (2 571 158 entrées) que seul Ocean’s Eleven et ses 4 471 364 spectateurs viendra détrôner l’année d’après.
  • La chronique Blu-ray et Blu-ray 4K UHD : L’Atelier d’Images a récupéré les droits vidéo de L’Anglais jusqu’ici détenus en France d’abord par StudioCanal puis par Bac Films pour éditer en exclu mondiale (à la date de la mise en ligne de ce papier) un Blu-ray 4K UHD qu’il a associé avec son pendant Blu-ray où se niche quelques bonus là aussi totalement inédits. Rappelons pour commencer que le cinéaste  à entrepris depuis plus de deux ans maintenant de restaurer l’intégralité  de sa filmo en 4K HDR en commençant par Sexe, Mensonges & Vidéo édité en Blu-ray dans sa version restaurée 4K en 2018 par Criterion aux États-Unis. Sachant cela, L’Atelier d’Images a donc reporté la sortie de L’Anglais pour proposer donc en ce début 2021 le meilleur combo image / son possible dont vous pouvez trouver une bafouille circonstanciée (comparatif avec l’édition UK et captures exclusives en 4K) en cliquant ici.
    Côté bonus, Soderbergh est aussi très présent ne voulant semble-t-il pas que l’édition française ressemble au no man’s land constaté sur le Blu-ray Lionsgate Films sorti en Angleterre en mars 2019 ou même sur celui édité par Koch Media en Allemagne en décembre 2019 qui ne propose que les deux commentaires audio repris ici et dont nous détaillons les caractéristiques plus bas. Comme nous l’a confirmé L’Atelier d’Images c’est en effet lui-même qui réalise son intervention d’une vingtaine de minutes sur le film sobrement intitulé « The Limey par Steven Soderbergh ». Mis en boîte en mode confinement depuis chez lui ou depuis ses bureaux, l’homme synthétise sans langue de bois apparente une aventure qui semble lui tenir encore à cœur. À une époque où le poids du succès phénoménal de Sexe, Mensonges & Vidéo l’étouffait plus que jamais, l’étincelle semblait enfin venir d’un regain d’intérêt du public envers son travail avec Hors d’atteinte. Si L’Anglais ne confirmera pas ce nouvel élan, voilà un film qui lui donnera tout de même confiance en ses moyens arrivant enfin à combiner storytelling plus fluide et une mise en scène disruptive. Et puis dans la forme, voilà un complément qui adopte des passages en couleurs et d’autres en N&B avec un Soderbergh se contredisant en apparence comme s’il voulait véritablement  prolonger l’expérience visuelle de L’Anglais. Comme si le Soderbergh en couleur regardait dans les yeux un Soderbergh plus jeune en N&B. C’est assez brillant mais surtout très informatif quant aux coulisses d’un film décidément aussi passionnant à redécouvrir devant que derrière la caméra.
    Ce qui cantonne d’ailleurs l’intervention du journaliste Philippe Guedj, autre supplément exclusif, à une forme de redite de ce que l’on vient d’entendre de la bouche même du cinéaste. Dans l’absolu, c’était une bonne idée que d’intégrer ce point de vue à la française d’un critique de cinéma par ailleurs brillant dans ses papiers au magazine en ligne Le Point Pop. Mais ici, on ne le sent que peu inspiré par le film et quant à nous peu convaincu par ce qu’il nous raconte.
    Pour le reste, L’Atelier d’Images nous propose une featurette d’époque en VOST qui était déjà présente sur le premier DVD sorti chez nous en 2001 chez StudioCanal. On trouve aussi les deux commentaires audio enregistrés à la fin du 20e siècle pour le DVD Artisan édité aux États-Unis en mars 2000. Le premier est avec Steven Soderbergh et le scénariste Lem Dobbs qui discutent de leur collaboration et de la façon d’aborder cette histoire (inspirations, influences et comment la mettre en image). C’est assez passionnant pour ne pas  dire surprenant (les deux hommes n’hésitant pas à se foutre légèrement sur la tronche quant à l’efficacité ou non d’une scène par exemple) et surtout très riche en informations (volonté de tourner en lumières naturelles…) avec le sentiment que le cinéaste ne tient pas de propos fondamentalement différents aujourd’hui. Le second fait intervenir une grande partie de l’équipe du film tels que Terence Stamp, Peter Fonda, Lesley Ann Warren, Barry Newman, Joe Dallesandro… sur le thème des années 60 (que reprend au demeurant Philippe Guedj dans son analyse) et sur la perception de chaque acteur quant à leur personnage respectif. Le problème en fait c’est que ces deux commentaires sont en VO sans sous-titres. Pour des raisons de coûts L’Atelier d’Images n’a en effet pas voulu se résoudre à franchir le rubicond qui aurait peut-être propulsé ces deux éditions (DVD + Blu-ray / Blu-ray + Blu-ray 4K) au-delà du raisonnable et hors possibilité d’au moins récupérer sa mise. C’est tout de même dommage et réduit ces deux témoignages d’exceptions aux seuls bilingues de la langue de Bill Clinton (alors Président étasunien au moment de la sortie du film au cinéma).

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