Après un accueil critique et public dans l’ensemble enthousiaste, Dune (2021) réalisé par Denis Villeneuve a débarqué en tout début d’année dans une édition Blu-ray 4K Ultra HD de tout premier choix. À tout le moins sur le plan technique. Et comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, voici donc venir notre test en bonne et due forme.

Testé à partir d’une édition française définitive fournie par l’éditeur.

Nous ne reviendrons pas sur le film à proprement parler sur lequel notre Sandy Gillet national vous avait déjà donné son avis. Ce que l’on peut dire avec le recul c’est que ce Dune aura été dans son ensemble plutôt bien accueilli. En attestent les notes que l’on peut trouver sur les différents sites dits de « référence » : IMDB (où il intègre le fameux Top 250), Rotten Tomatoes ou encore Metacritic tandis qu’en France l’accueil tant critique que public fut là aussi au rendez-vous. Au terme de son exploitation en salles, le film est globalement rentré dans ses frais avec $400M de recettes pour un budget (hors marketing) annoncé à $165M. Des chiffres certes loin d’être euphoriques mais qui, compte-tenu d’une sortie en pleine pandémie de COVID-19 (toujours elle !), furent de toute évidence jugées suffisant pour donner le feu vert à la suite, Dune : Part Two, dont la sortie est pour le moment et sauf changement de dernière minute, prévue pour 2023. Les deux films réunis aboutiront ainsi à une fresque d’environ 5 heures (si tant est que la 2ème partie dure elle-aussi peu ou prou 2h30). Ce qui ne sera pas de trop pour couvrir l’intégralité du roman de Frank Herbert paru en 2 tomes en France, premier volet d’une saga de six romans. In fine, la destinée de cette version signée Denis Villeneuve semble être en bien meilleure voie que la précédente tentative d’adaptation, avortée, de Alejandro Jodorowsky ou encore celle, reniée, de David Lynch.

De haut en bas :

• Blu-ray
• Blu-ray 4K UltraHD

Mais pour l’heure, revenons-en au Dune de 2021, celui de Denis Villeneuve qui aura connu une production pour le moins ambitieuse jusque dans son procédé photographique. Cet excellent article du Hollywood Reporter relate ainsi moult détails sur la préparation et le tournage tandis qu’un paragraphe spécifique est consacré à l’approche visuelle en compagnie du directeur de la photographie, Greig Fraser qui avait travaillé à ce même poste entre autres sur Zero Dark Thirty (2012) et Rogue One (2016). Il y révèle ainsi qu’au cours de la pré-production, le réalisateur et lui ont longuement hésité entre un tournage pelloche qui donnait un sentiment trop « nostalgique » et un tournage numérique qui au contraire offrait une approche trop « dure / acérée / définie » (« crisp » en anglais). Au final, les deux hommes optèrent pour une approche hybride. À savoir que Dune fut finalement tourné à l’aide de caméras numériques (Arri Alexa) avant d’être transféré sur pellicule 35mm pour être ensuite scanné à nouveau en numérique. Une approche unique pour un long-métrage « commercial » dixit Fraser mais qui permet d’aboutir au résultat visuel escompté, à savoir une texture « picturale et intemporelle ».

Ces précisions photographiques ont toute leur importance au moment d’insérer la galette Blu-ray 4K Ultra HD de Dune dans le lecteur car le résultat pourra de prime abord déconcerter. Ce qui ne signifie aucunement que vous serez déçu, bien au contraire. En effet, le va-et-vient numérique – pelloche – numérique ayant été intégralement effectué en 4K, l’image est proposée ici au format 2.39:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision à partir d’un master 4K. Mais lorsque les premières scènes apparaissent à l’écran, le résultat pourra, aux yeux de certains, paraître moins « étincelant » que d’autres longs-métrages contemporains (entendre par là filmés au cours de ces dernières années). En ayant à l’esprit le processus évoqué précédemment, le rendu n’en demeure pas moins brillant. La courte bataille en ouverture balayée par des nuages de sable permet d’ores et déjà de percevoir la granulosité du rendu qui émule ainsi le grain d’un tournage pelloche 35mm tout en appréciant la précision globale comme en atteste ces gros plans sur le visage de Chani.

Puis direction la planète Caladan, berceau de la famille Atréides, avec ses falaises rocheuses, ses plaines verdoyantes (cf. cette scène entre Paul et son père, le duc Leto, au milieu des sépultures de leurs ancêtres) mais aussi et surtout de vastes étendues océaniques pour la première demi-heure du récit. Soit un mélange de teintes vertes, bleutées et grisâtres au rendu colorimétrique renforcé juste ce qu’il faut par l’étalonnage Dolby Vision mais sans en faire des tonnes. Entendre par là sans booster outre-mesure la saturation des différentes couleurs. Cette première partie de Dune sera également l’occasion d’apprécier toute la splendeur du rendu dans d’autres domaines. L’arrivée de la délégation envoyée par l’Empereur Padishah Shaddam IV (7ème minute) permettra toute d’abord de constater à quel point les trucages numériques (l’impressionnant vaisseau) laissent apparaître un rendu qui ne dénote pas du reste du métrage comme c’est très souvent le cas en Blu-ray 4K pour les films de ces 20 / 30 dernières années ayant eu un recours plus ou moins soutenu aux CGI. Ensuite, comme c’est très souvent le cas en Ultra HD, la profondeur de champ est au rendez-vous lors des plans larges (cf. ce dernier plan de coucher de soleil avant le départ de Caladan à 33min 33s). Enfin, on pourra également apprécier l’excellente lisibilité lors des séquences en basse luminosité. En atteste la scène de mise à l’épreuve de Paul par la révérende mère Gaius Helen Mohiam de l’ordre du Bene Gesserit (24ème minute). La scène en question a beau se dérouler dans un lieu très peu éclairé, de surcroît alors que les deux protagonistes portent des vêtements très sombres, les différentes formes présentes à l’écran n’en demeurent pas moins distinctes. Précisons à toutes fins utiles que nos visionnages de Blu-ray et a fortiori de Blu-ray 4K Ultra HD sont effectués dans une pièce sombre et accessoirement que le téléviseur que nous utilisons a lui aussi été calibré au sein de cet environnement peu éclairé.

Les deux heures suivantes de Dune (2021) se déroulent ensuite quasi-exclusivement à la surface d’Arrakis, planète aux immenses étendues désertiques faites de sable où il ne pleut jamais la moindre goutte d’eau. Contrairement au long-métrage de David Lynch qui arborait alors des teintes jaunâtres, le rendu visuel du film de Denis Villeneuve tend vers un jaune beaucoup plus clair, à la limite du blanc cassé, comme pour souligner encore davantage combien la chaleur est écrasante sur cette planète (pour rappel, cette partie du film fut tournée en Jordanie). Un détail qui prend une fois encore toute son importance pour ceux qui s’attendraient à une photographie beaucoup plus « chaleureuse » avec des teintes façon « soleil hawaïen ». Parfois entrecoupées de séquences sur Giedi Prime, planète-mère de la famille Harkonnen, ou encore Kaitain, planète où réside l’Empereur, ces deux heures sur Arrakis se scindent elles-mêmes en deux parties bien distinctes : la première en plein jour (à quelques exceptions près à l’intérieur du palais où réside la famille Atréides) et la seconde majoritairement de nuit. Soit grosso modo, la dernière heure du film à partir de l’attaque des troupes Harkonnen épaulés par les Sardaukars impériaux à la 78ème minute et jusqu’à l’apparition du générique de fin à la 147ème minute.

C’est au cours de cette dernière partie qui suit la fuite de Paul et de sa mère Jessica que les différents choix photographiques voulus par Denis Villeneuve et Greig Fraser prennent tout leur sens avec une image granuleuse, une teinte jaune « sale » et des éclairages que nous qualifierons de « modérés ». La production et la post-production intégralement supervisée en 4K font alors des merveilleuses et laissent apparaître une restitution visuelle aussi fidèle que possible de ces choix artistiques. Les seules exceptions étant les rêves prémonitoires de Paul, dans lesquels Chani est omniprésente, qui laissent souvent place à des images aux teintes beaucoup plus saturées. Notons pour finir que certaines scènes ont été tournées à l’aide de caméras IMAX mais que le Blu-ray et le Blu-ray 4K Ultra HD propose le film intégralement au format 2.39:1 et non avec une alternance 1.78:1 / 2.39:1 comme ce fut le cas pour les films de Christopher Nolan sortis sur supports physiques.

Côté son, nous n’irons pas par quatre chemins : c’est du lourd. Du très lourd même. Et ce dès la courte bataille d’ouverture qui envoie des décibels dans toutes les enceintes. La bande-son de Dune utilise tous les canaux de façon quasi ininterrompue tout au long du film. Tantôt pour nous offrir des effets aussi brefs qu’enveloppants (Paul qui s’essaie à la voix à 5min 08s), tantôt pour des passages qui pilonnent spécifiquement le bas du spectre acoustique (l’utilisation d’un marteleur par le Dr. Kynes à la 115ème minute). Et puis, il y a les « gros morceaux » comme cette première attaque du ver contre une moissonneuse (65ème minute), l’attaque contre les Atréides qui survient peu ou prou à mi récit (78ème minute) et qui constitue sans doute le summum acoustique de Dune : Première partie, sans oublier cette tempête de sable qui n’a rien à envier à celle de Mad Max : Fury Road (117ème minute). Enfin, last but not least, il y a les partitions signées Hans Zimmer, compositeur à la filmographie longue comme le bras qui n’a certes pas toujours fait dans la finesse mais dont le travail a durablement marqué moult longs-métrages depuis le début de sa carrière dans les années 80. Empreintes de connotations tribales et ponctuées de vocalises de Suzanne Waters et Lisa Gerrard, chanteuse avec laquelle il avait déjà travaillée sur Gladiator (2000), les musiques prennent une amplitude détonante à plus d’un titre dans tous les canaux. Tout ceci ne se fait toutefois nullement au détriment des dialogues qui restent parfaitement équilibrés en toutes circonstances. À noter que VO et VF sont toutes deux proposées en Dolby Atmos, fait suffisamment rare pour être signalées, et offrent ainsi un rendu acoustique aussi démonstratif dans les deux langues.

Côté bonus, l’enthousiasme sera déjà plus mesuré avec une vingtaine de segments vidéo qui couvrent certes les grands pans de la production et font plutôt correctement leur job mais qui fleurent bon les featurettes manquants de réelle profondeur, et ce en dépit d’une durée totale qui avoisine les 120 minutes. Eu égard à l’ampleur de la production d’un tel film, nous n’aurions pas craché sur un beau making of en bonne et due forme, ou encore un commentaire audio (même si sauf erreur de notre part Denis Villeneuve ne s’est pas prêté à un tel exercice pour ses films précédents). Espérons alors que la sortie du deuxième volet cinématographique donnera lieu à un coffret réunissant les deux films et à des bonus à la hauteur. À moins que les autres tomes de la saga de Frank Herbert ne soient à leur tour adaptés sur grand écran (les premiers échos d’un troisième volet ont déjà fait surface au cours des derniers jours). Pour l’heure, à moins d’être totalement réfractaire à cette adaptation de Dune (on en connaît), on ne pourra que s’incliner et cracher sa reconnaissance à la façon de Stilgar dans le film devant cette édition Blu-ray 4K Ultra HD techniquement irréprochable.

Les plus

• Un véritable top démo image et son.
• Existe en édition boîtier Steelbook (non reçue à la rédac), c’est toujours plus classe.
• Un film très ambitieux tant sur le plan visuel que thématique…

Les moins

• … mais qui pourra en laisser certains de marbre.
• Une interactivité passe-partout pour une production d’une telle ampleur.

Dune (2021) – Édition Blu-ray 4K Ultra HD

Résumé : En l’an 10191, la substance la plus importante est l’Épice. Elle ne se trouve que sur une seule planète, Arakis, connue aussi sous le nom de Dune. La famille Atréide vient à gouverner cette planète mais son ennemi, la dynastie des Harkonnen lui tend un piège dès son arrivée. Paul, le fils du Duc Leto Atréide se réfugie alors dans le désert avec sa mère et y rencontre les Fremens, peuple caché dans le désert attendant l’arrivée d’un Messie…

Disque 1 : Dune (2021) en Blu-ray 4K Ultra HD

Spécifications techniques :

• Image : 2.39:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision
• Langues : Anglais & Français Dolby Atmos & Dolby Digital 5.1
• Sous-titres : Français, Anglais
• Durée : 2h 35min 26s

Bonus :

• Aucun

Disque 2 : Dune (2021) en Blu-ray

Spécifications techniques :

• Image : 2.39:1 encodée en AVC 1080/24p
• Langues : Anglais & Français Dolby Atmos & Dolby Digital 5.1
• Sous-titres : Français, Anglais
• Durée : 2h 35min 26s

Bonus (HD et VOSTF) :

• Les Maisons Royales (8min 12s)
• Le Mélange d’épices (1min 51s)
• La Bataille des Sardaukar (4min 04s)
• Hologramme
  • Maison Atréides (2min 08s)
  • Maison Harkonnen (1min 51s)
  • Les Bene Gesserit (2min 23s)
  • Les Fremens (2min 12s)
  • Le Mélange d’épices (1min 51s)
• Au coeur de Dune
  • La salle d’entraînement (5min 07s)
  • Le Moissonneur d’épices (3min 12s)
  • La Bataille des Sardaukar (4min 04s)
• Bâtir le futur ancien (6min 26s)
• Mon désert, Ma Dune (4min 50s)
• La construction des ornithoptères (5min 38s)
• Le design des vers des sables (5min 40s)
• Attention au Baron (5min)
• La garde-robe d’un autre monde (2min 52s)
• Un nouveau paysage sonore (11min 12s)

Captures Blu-ray
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Captures Blu-ray 4K Ultra HD
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