Fury Rouad-Une

Mad Max : Fury Road – Tout est dans le titre

30 ans, cela fait 30 ans que Max Rockatansky s’en était allé après avoir sauvé des enfants dont un jeune dadet déjà tout de blanc maquillé des griffes de la sorcière Turner. We Don’t Need Another Hero qu’elle chantait la bougresse au décolleté pigeonnant propre à affoler quelque peu l’ado de l’époque. Depuis, Tina est devenue suissesse, Mel Gibson est passé définitivement du côté obscur de la force et quant à George Miller, il n’a eu de cesse de vouloir pondre un quatrième opus pour se racheter du carnaval des animaux qu’il avait tenté de mettre en scène au-delà du dôme du tonnerre (ce titre franchement). Le résultat est ce Fury Road qui reprend la simplicité narrative du 2 (certains parlent d’épure) et la volonté rédemptrice du 3. Le tout arrosé de pétrole et d’une mise en image soumise au Dieu V8.

Mad Max : Fury Road - Affiche française
Miller avait de toute façon prévenu. Ce Mad Max serait un reboot afin de relancer une machine qui s’était grippée. Et on peut dire que l’opération est réussie au-delà, non pas du dôme cette fois-ci, mais de toutes les espérances. La claque visuelle entrevue dans les différentes bandes-annonces dévoilées est bien là. Ce qui au demeurant prouve la force d’un film qui n’a pas peur de se mettre à nu ainsi sans finalement rien perdre de sa force de persuasion formelle. C’est que la démonstration place la barre bien haute. Un peu comme Lavillenie à la perche, il s’agit là d’un nouveau record du monde qui n’est pas prêt d’être battu. Miller impose sa patte comme jamais, imprimant un rythme d’enfer, martyrisant notre regard et nos sens qui lâchement se rendent bien vite. On se laisse alors porter quelque peu ébahi dans un maelström d’images dantesques où si la bande son communie parfaitement avec ce que l’on voit à l’écran, les dialogues eux sont aux abonnés quasi absents. Miller adoptant ici son credo de toujours : faire passer le message par l’image et bien souvent que par l’image.

Fury Road est un road movie post-apocalyptique à l’aspect rutilant et attendu mais qui laisse tout de même la place à la découverte d’un personnage féminin magnifiquement campé par Charlize Theron. Furiosa qu’elle s’appelle et Furiosa elle envoie du gros calibre propre à projeter dans l’ombre un Tom Hardy qui a de toute façon bien du mal à faire oublier Mel Gibson. Son charisme ici est proche de ces voitures en forme d’oursin qui virevoltent sans cesse autour du gros camion qu’il faut absolument stopper mais qui finissent par exploser en vol. Il a d’ailleurs un moment été question pour Miller de réaliser deux Mad Max à la suite avec la possibilité pour le personnage de Furiosa de complètement et exclusivement se répandre dans l’un des deux. Partie remise on l’espère. En attendant, elle conduit le gros camion déjà cité plus haut avec non plus à son bord de l’essence mais des donzelles toutes sorties du magazine Playboy, propriétés d’un gros dégueulasse, Immortam Joe, à la génétique douteuse (Hugh Keays-Byrne, oui le biker fou qui dégommait la femme de Max dans le premier) qui règne sur une communauté de mendiants et d’albinos déjantés. Comme le dit un des personnages, « tout ça pour une querelle familiale » puisque les playmates en question se sont enfuies pour ne plus faire partie d’un harem où le mot d’ordre est de pondre du chiard.

C’est simple. L’histoire tiendrait donc sur un coin de set de table et Fury Road de ne pas chercher autre chose que de l’action sévèrement burnée, un montage tout en âpreté aux 3 500 plans haletant et un aller-retour sans passer par la case départ dans l’enfer ocre du désert australien (namibien en fait). La mise en scène accompagne les mouvements, souligne les embardées, illustre la mortalité galopante (pas toutes en CGI…) sans que pour autant l’on s’attarde à nous expliquer quoi que ce soit. Il faut toujours avancer, jusqu’à en crever. La caméra n’est pas omnisciente. Elle subit, comme nous. Et le film de filer à toute allure vers un destin qui va redorer le blason de Miller (qu’il n’avait d’ailleurs jamais perdu à Digital Ciné) et lui permettre, on l’espère, d’enchaîner sur un cinquième volet tout aussi énorme mais peut-être avec un peu plus de moelle question histoire. Car sinon cela va finir par se voir quand même.

Ps : on a vu le film en 2D. Pas certain que la vision en 3D (qui a été, on le rappelle, intégrée en post-production) amène un plus même si très clairement certaines scènes ont été pensées ainsi. Ce qui n’étonne pas quand on sait aussi que Miller a abandonné le tournage natif 3D quelques mois avant celui-ci pour des raisons de logistique mais aussi certainement de coût. À vous de voir donc mais en précisant qu’à Cannes, Miller a insisté pour présenter le film en 2D.

Mad Max : Fury Road – de George Miller – 14 mai 2015 (Warner Bros. France).

Le film a été présenté au Festival de Cannes 2015, hors compétition.

Hanté par un lourd passé, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Cependant, il se retrouve embarqué par une bande qui parcourt la Désolation à bord d’un véhicule militaire piloté par l’Imperator Furiosa. Ils fuient la Citadelle où sévit le terrible Immortan Joe qui s’est fait voler un objet irremplaçable. Enragé, ce Seigneur de guerre envoie ses hommes pour traquer les rebelles impitoyablement…

Note : 3,5/5

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