Bloody Mama - Image une test Blu-ray

Bloody Mama en Blu-ray chez ESC

Il est évident que quand sort en 1970 sur les écrans américain (essentiellement des Drive Inn dans un premier temps) Bloody Mama, il y a comme une envie de surfer sur le phénomène Bonny And Clyde qu’Arthur Penn réalisa deux plus tôt. On pourra d’ailleurs aussi remarquer que cette même année sortait sur les écrans Les Tueurs de la lune de miel (The Honeymoon Killers) qu’un certain Martin Scorsese devait réaliser avant qu’il ne quitte le tournage pour divergences de vues avec la boîte de prod qui n’est autre qu’American International Pictures, celle-là même qui a initiée Bloody Mama. Les deux films surfent sur les mêmes ressorts (discours sulfureux, traitement quelque peu violent, le tout mâtiné de sexe suggéré ou non) et surtout les mêmes inspirations (des faits authentiques ayant défrayés la chronique). Bloody Mama est en fait la quintessence du film d’exploitation qui a fait les beaux jours des vidéoclubs d’antan auquel l’éditeur ESC rend hommage via un combo DVD/Blu-ray aussi impeccable et propre sur lui que la famille Barker mis en scène ici par Roger Corman est déviante et crapoteuse.

Bloody Mama - Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret

Éditeur :ESC Editions
Sortie le :10 avril 2024  

Au cinéma le : 25 novembre 1970

Résumé : La famille Barker, composée de la mère Kate et des quatre fils, quitte le logis familial en quête d’aventure. C’est une famille peu recommandable, qui commet tous les délits possibles sous l’égide de la mère. La « famille » s’agrandira au fur et à mesure de leur périple jusqu’à ce qu’elle capture un homme d’affaires, exigeant une rançon.

Bloody Mama - Affiche

La Bloody Mama du titre c’est Kate Barker dit aussi Ma Barker qui « dirigea un gang, composé de ses fils, spécialisé dans le rapt, les braquages de banque et la grande criminalité dans le Midwest des années 1920 ». Ça c’est ce que dit sa fiche Wiki. Dans le film de Corman, elle est jouée par la doublement oscarisée Shelley Winters (en 1959 et 1966) qui imprime littéralement le film de sa marque. Elle arrive même à faire de son personnage quelqu’un auquel on peut s’attacher ou tout du moins avoir de la compassion. Et on parle d’une mère entretenant des relations incestueuses avec ses fils, adepte de braquages violents, ayant commis un féminicide et un kidnapping avec rançon tout en laissant ses enfants se fourvoyer dans le viol, le meurtre ou encore la drogue. Et encore nous ne sommes pas exhaustifs. L’excellent doc signé Alexandre Jousse proposé en guise de bonus précise au demeurant que Shelley Winters a fortement contribué au casting en allant chercher les acteurs qui allaient interpréter ses fils du côté des jeunes étudiants tout juste sortis de L’Actors Studio. Parmi eux il y a un certain Robert De Niro que Corman avait aussi repéré dans Greetings (1968) de Brian De Palma.

Ce n’est d’ailleurs là qu’une des nombreuses infos que nous livre ce bonus d’une très grande richesse. Cela débute par un rapide mais complet exposé sur les faits historiques, le mythe subséquent qui s’est développé bien aidé par la télé (un épisode de la saison 1 Les Incorruptibles intitulé Ma Barker et ses fils est centré sur elle), la BD (Ma Dalton chez Morris et Goscinny est inspirée de Ma Barker), la musique (le groupe Boney M. lui rend hommage à la fin des années 70 avec le titre Ma Baker) et le cinéma donc. Bloody Mama n’étant pas le premier film qui s’intéresse à cette famille de rednecks. Alexandre Jousse ne s’arrête pas là puisqu’il indique aussi avec pertinence la période dans laquelle l’Amérique baignait en cette fin des années 60 où l’opposition de la jeunesse envers la guerre du Vietnam a été aussi le fil rouge d’une contestation plus globale envers les institutions et l’ordre établi pour donner naissance à ce que l’on a appelé la contre-culture. Bloody Mama s’inscrivait largement dans ce mouvement puisque les cambriolages et autres braquages pouvaient aussi être vus comme une forme de contestation et donc attirer la jeunesse de l’époque à venir découvrir le film au cinéma. N’oublions pas le carton au box-office en 1969 d’Easy Rider de Denis Hooper qui va radicalement changer la perception à la fois artistique et économique d’Hollywood pour en gros les dix prochaines années.

Bloody Mama - Capture bonus Blu-rayMa Barker et l’un de ses fils exhibés tels des trophées après avoir été occis par les agents du FBI

D’autres points sont abordés comme le tournage en lui-même et ce que le succès de Bloody Mama va engendrer en guise de « suites » ou plutôt de reboots qui vont s’égrener tout au long de la décennie et ce jusque dans les années 80 tous produits et/ou réalisés par Corman. De quoi oui devenir incollable sur Bloody Mama et sa postérité tout en donnant envie de voir ou revoir tous les films cités (un aperçu vous en est donné dans la galerie de captures tout en bas de cette chronique). Quant à nous, on a été surpris de constater que Bloody Mama n’a rien perdu de sa force de sidération. De celle qui fut la notre quand on l’avait découvert en VHS dans une autre vie. On peut même dire que le film de Corman a pris du galon avec le temps. Œuvre témoin d’une époque pour ne pas dire en prise avec celle-ci, ne lésinant jamais sur l’aspect craspec et malaisant sans que pour autant on ait affaire à quelque chose de complaisant et ce même si parfois on est à la limite. Bien entendu le succès du film joue beaucoup là-dessus. Sur cet aspect voyeuriste tendance sensations fortes que le spectateur recherche (forcément). Mais la mise en scène de Corman à la fois simple et efficace sans oublier une stylisation lui permettant de prendre une certaine distance avec son sujet, en fait plus que jamais une petite bombe qui continue inlassablement à vous sauter à la gueule.

Bloody Mama - Photo d'exploitationShelly Winters – Photo d’exploitation pour Bloody Mama

Ou plutôt qui vous saute à la gorge, prêt à vous couper le souffle. D’autant que l’image proposée s’en donne à cœur joie. Si nous ne pouvons vous donner plus de précisions sur l’origine du master (restauration 2K, 4K… ?), on peut toutefois vous dire qu’ESC a repris in extenso celui utilisé il y a dix ans par l’éditeur US Scorpion Releasing (un label de chez Kino Lorber). Captures cliquables ci-dessous qui en font foi. Et celui-ci tient encore plus que bien la route. Très jolis contrastes, un grain comme on l’aime pour une tessiture d’ensemble qui ne peut que ravir les vieux ayant découvert le film du temps des vidéos clubs que les jeunes qui ne savent donc pas les chances qu’ils ont de visionner ce film dans ces conditions pour le moins optimales (on peut toujours faire mieux mais en l’état c’est quasi Byzance). Côté son rien à dire non plus d’autant qu’on a le droit à la VF d’époque qui est plutôt efficace et où on aura plaisir de reconnaître certaines voix familières pour ceux justement qui ont défrichés ce cinéma là en VHS ou à la télé (quand c’était possible). On lui préfèrera quand même la VO qui fait preuve d’un 2.0 mono encodé lui aussi en DTS HD-MA à l’équilibre voix / musique / ambiance bien plus naturel et précis.

On précisera pour finir qu’ESC a repris l’interview de Corman produite pour l’édition Scorpion Releasing de 2014. Bien entendu elle est sous-titrée et plutôt intéressante. Le réalisateur étant en effet plutôt complet sur ce film sans que pour autant la plupart des infos qu’il délivre soient redondant avec le doc de Jousse ni avec le livret écrit par Marc Toullec qui lui revient sur tous les films de gangsters réalisés et parfois produits par Corman. Soit 13 films en comptant Bloody Mama que pour le coup on a là aussi tous envie de revoir. L’apanage sans aucun doute d’une édition réussie.

Spécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 1.85.1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Français et Anglais DTS HD-MA 2.0 Mono
  • Sous-titre(s) : Français
  • Durée : 1h30min 34s
  • 1 BD-50
  • Le livret Roger Corman : Les Années de plomb rédigé par Marc Toullec (36 pages)

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Bonus (en HD) :

  • Mamas, mitraillettes et Roger Corman par Alexandre Jousse (2024 – 21min 08s)
  • Entretien avec Roger Corman (2014 – 14min 59s – VOST)
  • Diaporama avec scènes coupées (2min 39s)
  • Bande-annonce d’époque restaurée (1min 51s – HD – VO)

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