Archives de catégorie : Critiques Ciné

Leurs Enfants après eux – I Will Survive

Toujours compliqué de passer après un livre, surtout quand il a été récompensé en 2018 par le Goncourt occasionnant dans la foulée un succès en librairie dont la moyenne s’articule depuis une dizaine d’années sur un peu plus de 500 000 exemplaires vendus. D’autant que Leurs enfants après eux fait partie de ces Goncourt qui sont lus et dont la cote ne cesse de s’affirmer avec le temps (à la différence de ceux que l’on achète parce que c’est un Goncourt et pour lesquels on ne va pas aller au-delà du premier chapitre). Oui donc très compliqué d’adapter ce genre de bouquin puisqu’un bon nombre d’entre nous aura forcément sa petite idée de comment il faut porter cette histoire à l’écran, de ce qu’il ne faut pas omettre, de quel acteur ou quelle actrice choisir, sans parler du réalisateur ou de la réalisatrice. Bref, Leurs Enfants après eux est LE projet casse-gueule par excellence. Et à l’arrivée, c’est une INDISCUTABLE réussite.

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The Substance – Chromosome 2

Pour qui nous lit avec assiduité (on a les noms), ils savent donc que nous n’avions pas aimé Revenge, le premier long de Coralie Fargeat. On lui reprochait principalement le traitement pour le moins biaisé de la femme plongée en milieu hostile. Un traitement qui reprenait tous les clichés du genre depuis des décennies. Un regard qui s’il avait été véhiculé par un homme aurait été a minima décrié pour ensuite être porté en place de grève afin d’être émasculé. C’est que la réalisatrice nous prenait pour des cons en affirmant lors de la promo que le message du film était à tiroir alors que l’on avait bien saisi qu’elle voulait surfer sur le mouvement #MeToo alors naissant. C’est que Revenge n’avait que pour seule ambition initiale de rendre hommage à sa façon (c’est-à-dire maladroitement) au genre « Rape and Revenge » qui a, comme on le sait, façonné (entres autres films) l’identité cinéphile de Coralie Fargeat. Une manière pour elle de s’imposer dans un univers très masculin à la manière d’une Kathryn Bigelow au temps de Point Break.

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Guet-apens – Conjugalement votre

Évoquer Guet-apens c’est forcément revenir un tantinet sur l’histoire d’un tournage non exempt de soubresauts en tous genres propres à donner un certain relief au film de Peckinpah qui restera comme le plus gros succès populaire de sa carrière alors que c’est de loin celui qu’il aime le moins.

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Adieu poulet – Deux hommes dans la ville

Adieu poulet est le seul film policier réalisé par Pierre Granier-Deferre. Ou plutôt le seul qui lorgne du côté de la politique. Sous-genre qui dans la France des années 70 pouvait se targuer d’avoir accouché de quelques fleurons devenus des classiques aujourd’hui. On pense au hasard à Yves Boisset avec Le Juge Fayard dit « le Shériff » (1977) qui comme Adieu poulet ruait dans les brancards des institutions pour mieux en montrer non pas les limites mais plutôt leur résilience (oui mot à la mode on sait). Mais une résilience perverse. De celle qui met au pas tous ceux qui voudraient remettre en cause ses rouages ou pis, ses fondements. Dans Adieu poulet, les institutions mises en lumière sont celles qui régissent dans l’ombre une mairie et son maire qui a le bras long pour étouffer/minimiser la mort d’un flic et d’un colleur d’affiches tués tous deux en pleine campagne pour sa réélection par un de ses hommes de main/sbires. Et pour cela il faut mettre au pas le commissaire de la ville qui n’a en effet pas l’intention qu’on lui dicte sa conduite. Continuer la lecture de Adieu poulet – Deux hommes dans la ville

Chinatown – L.A. Confidential

Alors que le scénariste Robert Towne vient tout juste de nous quitter à 89 ans et que Chinatown, le film pour lequel il a obtenu l’unique Oscar de sa carrière (et au passage le seul glané par le film itou), ressort en Blu-ray UHD 4K, on s’est demandé si le label de classique du cinéma qui lui a été officiellement reconnu en 1991 avec son entrée au sein de la National Film Registry a passé le rubicond du 21ème siècle où le jugement d’une œuvre s’accompagne désormais de celui des personnes qui en ont été les artisans. Un changement de paradigme loin d’être nouveau mais plus systématique et (forcément) à charge.

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