Alors qu’un autre film appelé Love défraie la chronique depuis sa présentation à Cannes 2015 pour cause de gros kikis turgescents filmés avec concupiscence, Sidonis a créé l’événement chez les cinéphiles le mois dernier en nous proposant de (re)découvrir Love, le premier long-métrage tout personnel signé Ken Russell…
Petit à petit, la filmographie du maestro mal aimé Ken Russell commence à voir le jour sur format DVD / Blu-ray en France.
Music Lovers – La Symphonie pathétique est disponible depuis quelques années chez BelAir Classiques, Tommy et Valentino sont tous deux sortis en 2013 et en Blu-ray, respectivement chez M6 Vidéo et BelAir Classiques, Mahler est sorti l’année dernière chez Doriane Films, Les jours et les nuits de China Blue est dispo depuis quelques années chez Sidonis, Gothic chez MGM, Le repaire du ver blanc chez Opening…
Si l’on attend toujours que Warner nous ressorte Au-delà du réel sur support HD (le film est déjà disponible en Blu-ray aux États-Unis) ou qu’un éditeur courageux se décide enfin à nous proposer son chef d’œuvre Les Diables, l’essentiel de son œuvre est désormais visible dans des conditions décentes dans l’hexagone.
On applaudit donc des deux mains l’éditeur, qui à force de ténacité est parvenu à ressortir ce petit chef d’œuvre de l’oubli où il se terrait malgré lui depuis des années…
Car s’il ne comporte en lui que les « germes » des outrances et autres fulgurances visuelles propres au cinéma de Ken Russell, Love s’avère encore aujourd’hui une belle déclaration d’amour à l’œuvre de D.H. Lawrence, qu’il adapte avec un panache et un goût de l’excès qui en font une romance à part et pour tout dire vraiment inoubliable. Les moments de bravoure se succèdent à l’écran (on pense forcément à la lutte nue entre les deux personnages principaux à mi-métrage), et Love parvient paradoxalement à faire naître chez le spectateur une empathie et une émotion bien réelle, que bien peu de cinéastes auraient été capables de provoquer. Un film important, que l’on sera heureux de pouvoir enfin afficher au cœur de sa DVDthèque.
Le master utilisé par Sidonis pour Love n’est probablement pas de première jeunesse, mais l’opportunité de découvrir le film aujourd’hui est inestimable. La galette nous propose une image très brute de décoffrage avec un grain vidéo pas toujours des mieux gérés. Cela dit, l’ensemble est tout à fait acceptable, d’autant que le film est proposé au format et en 16/9. Côté son, on retrouvera bien sur la VO en Dolby Digital 1.0 mono, mais également la VF d’origine, ce qui fera bien plaisir aux nombreux amateurs de ces versions françaises un brin surannées et toujours agréables à l’écoute.
Du côté des suppléments, outre la traditionnelle bande-annonce, Sidonis nous propose rien de moins que deux présentations du film par les journalistes maisons, Patrick Brion et François Guérif. Comme à son habitude, Guérif se révèle plus bavard, pertinent et passionné que son confrère, qui confesse ne pas être un grand amateur du cinéma de Ken Russell en dehors de ce film. Les deux spécialistes tiennent néanmoins notre attention en éveil pendant environ trente minutes ; et objectivement, trente minutes de paroles consacrées à Ken Russell, on n’osait plus y croire. Une initiative rare et précieuse.
Love (Women in love – Sidonis) – 2 juin 2015
1969 • 124 min • Ratio 16/9 – 1.85
Couleur • VO/VF Dolbly Digital 1.0
Sous-titres français • Chapitrage
Bonus :
Présentation du film par François Guérif
Présentation du film par Patrick Brion
Bande-annonce
Résumé : Dans les années 1920, en Grande-Bretagne, deux sœurs au caractère indépendant s’assument pleinement en exerçant chacune un métier différent. Deux hommes de la bourgeoisie locale, industriels miniers, sont séduits par ces deux femmes émancipées. Mais ce quatuor se retrouve bientôt en pleine confusion sentimentale…
Galerie (cliquez sur les captures pour les agrandir)