En cette rentrée 2015, l’éditeur Elephant a eu la brillante idée de proposer en Blu-ray trois films de Douglas Sirk. Deux de ses deux plus beaux, La Ronde de l’aube et Le Temps d’aimer et le temps de mourir et un inédit en France, Tempête sur la colline, que l’on n’avait plus eu l’occasion de revoir depuis la rétrospective que la Cinémathèque Française lui a consacrée voilà déjà dix ans.
Tempête sur la colline est certes méconnu mais reste un Sirk tout sauf mineur dans la carrière du réalisateur allemand émigré aux États-Unis. Réalisé en 1951, quelque temps avant ses mélodrames, il s’agit d’un de ses deux films d’inspiration mystique avec La Première Légion, réalisé dans la foulée. Il porte également les traces d’un genre auquel Sirk s’était essayé les années précédentes puisqu’il s’agit d’un thriller dans lequel une femme, accusée de meurtre et sur le point d’être exécutée, se retrouve dans un couvent suite à une tempête avec les deux policiers qui l’escortent. Là, une religieuse doute de sa culpabilité.
L’intérêt est multiple et réside à la fois dans le huis-clos au sein du couvent où il va falloir dénouer le vrai du faux dans un temps limité, dans la reconstitution d’un microcosme humain plus replié sur lui-même qu’à son habitude et dans la tension qui s’opère entre toute cette vie et ses non-dits, entre la culpabilité et l’innocence des uns et des autres. Le génie de Sirk est de proposer un voyage aussi bien intérieur qu’extérieur, dans lequel, grâce notamment aux décors et à la photographie, les déambulations interminables de la protagoniste auront autant l’air d’être un trajet spirituel sans cesse menacé par des éléments humains et naturels. Mais ce que l’on constate surtout, c’est ce leitmotiv Sirkien qui hante Tempête sur la colline et une grande partie de ses films, comme l’essence cachée de son univers : on assiste au triomphe de la volonté. Loin du pompeux de Riefensthal qui avait donné ce titre à l’un de ses films, Sirk fait dans l’intime car cette volonté ne sert pas à amadouer, à contrôler, à désirer le pouvoir ou à faire montre d’une puissance orgueilleuse mais, au contraire, à réparer les injustices pour finalement retrouver la paix.
Techniquement, on pourra être assez bref tant Tempête sur la colline est excellent. Le master a bénéficié d’une solide restauration et les scories comme les rayures ou les poussières sont minimes, ce qui pour un film aussi rare est impressionnant. On notera juste quelques courts moments où la définition est légèrement moins bonne mais rien de bien grave. Le grain a été préservé et le noir et blanc est très bon, bien contrasté avec un rendu idéal.
Côté son, il en est de même. Le film de Sirk est proposé en VO dans un DTS-HD MA 2.0 mono de bonne qualité. L’accent est mis sur les voix mais les bruits ambiants ne sont pas en reste. Seule la musique peut par moment sembler un peu plus faible. Le tout est dynamique et offre des conditions d’écoute plus qu’honorables.
On aurait pu espérer mieux des bonus de Tempête sur la colline mais on saura s’en contenter. Outre la galerie d’images et la bande-annonce, on a droit à deux modules signés Jean-Pierre Dionnet, grand amateur de Sirk. Dans le premier il présente le film en le replaçant dans son contexte et en revenant sur certains points comme le casting. Dans le second bonus, il disserte sur son amour pour Sirk tout en parlant brièvement sur son style et les réalisateurs qu’il a pu inspirer. Rien de bien nouveau mais ça reste plaisant.
Image : 4,5/5
Son : 4/5
Bonus : 2,5/5
Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080
Tempête sur la colline (Thunder on the Hill) – Édition DVD/Blu-ray
Éditeur : Elephant Films
Date de sortie : 3 septembre 2015
Spécifications techniques Blu-ray :
– Image : 1.33:1 encodée en AVC 1080/24p
– Langues : Anglais DTS-HD MA Dual Mono
– Sous-titres : Français
– Durée : 1h24
– 1 BD-50
Bonus :
– Douglas Sirk par Jean-Pierre Dionnet (10min environ)
– Tempête sur la colline par Jean-Pierre Dionnet (10min environ)
– Galerie d’images
– Bande-annonce Dans la même collection