Au milieu des sorties de jeux AAA, certes plus sporadiques en ce début d’année qu’en période de fêtes, certains titres parviennent à se frayer un chemin en titillant notre curiosité au détour d’un communiqué annonçant sa sortie sur consoles nextgen, et plus précisément sur Xbox One. Le titre en question ? Dungeon of the Endless.
Le pitch de départ de Dungeon of the Endless est des plus sommaires et résumé en une (très) courte intro qui tient en une poignée de secondes : votre vaisseau spatial pénitencier s’écrase sur une planète lambda, terminant sa course au trente-sixième dessous. À vous désormais de remonter à la surface. Pour autant et une fois n’est pas coutume, cette entrée en matière des plus spartiates n’en débouche pas moins sur des trésors de possibilités et surtout un potentiel addictif oh combien élevé… sous couvert d’un minimum d’abnégation et de persévérance. Sur la forme, Dungeon of the Endless revêt les atours d’un titre dit « pixel art ». Soit des graphismes à base de bons gros pixels qui tachent à cent lieues du photoréalisme promu à tire-larigot par des titres au budget 10.000 fois supérieur mais au prix de bécanes sans cesse plus puissantes (et donc onéreuses). Ce qui n’empêche nullement Dungeon of the Endless de briller par son degré de finition et ses nombreux petits détails, aussi bien en termes de design que d’animation et qui ne cesseront d’émerveiller au fil des niveaux. À ce premier contact visuel des plus plaisants (pour qui n’est pas réfractaire à pareil style s’entend) s’ajoutent des musiques tout aussi réussies et qui savent mettre le joueur dans l’ambiance, i.e. un sentiment de perdition plongé dans le noir au milieu de nulle part tandis que le grand rush final saura faire monter le tempo au même titre que le taux d’adrénaline (on y revient un peu plus loin).
Dungeon of the Endless : Jusqu’ici, tout va bien !
Sur le fond, Dungeon of the Endless s’inscrit dans la mouvance des titres dits « rogue-like ». Kezako ? Les différentes vidéos disponibles sur la chaîne YouTube dédiée au jeu vous en donneront un bref aperçu mais pour résumer voici le point de départ : vous débutez chacun des douze étages à gravir dans une petite pièce éclairée et plongée tout autour dans l’obscurité la plus complète. Une ou plusieurs portes s’offrent alors à vous menant aux pièces adjacentes sachant que la règle immuable dite du « tour par tour » s’applique comme suit : une pièce découverte = un tour de jeu. La pièce en question peut alors renfermer moult possibilités : elle peut pour commencer être éclairée « comme par magie » ou bien plongée dans l’obscurité, ce second cas étant le plus fréquent. Elle peut ensuite renfermer quantité d’autres éléments, menaçants pour les uns (des monstres de différents types), bénéfiques pour d’autres (coffre-fort, marchand, etc.) mais aussi et surtout, chaque ouverture de porte / tour de jeu vous permettra d’augmenter vos ressources : Industrie, Science, Nourriture et Brume. Les premiers (industrie) permettent de construire des modules qui se décomposent eux-mêmes en deux grandes catégories : les modules dits « majeurs » permettant d’accroitre encore plus vite vos ressources et les modules dits « mineurs » offrants des perspectives offensives, défensives ou curatives. Les seconds (Science) permettent, lorsque vous tomberez sur une pièce renfermant le cristal ad hoc, tantôt « d’inventer » de nouveaux modules (lasers, mines, auto-soignants, etc.), tantôt d’améliorer ceux déjà existants (laser niveau I, II, III, etc.), de telles inventions nécessitant toutefois un certain nombre de tours avant d’être achevées. Les troisièmes (Nourriture) permettent d’améliorer les caractéristiques de vos personnages ou bien de soigner ceux-ci lorsqu’ils se trouvent blesser au cours d’un des nombreux combats qui ne manqueront pas de faire rage. Enfin, les quatrièmes (Brume) permettent d’éclairer les pièces plongées dans l’obscurité. C’est bon, tout le monde a suivi jusque-là ? Alors, on continue…
Ces bases du gameplay de Dungeon of the Endless étant désormais établies, abordons à présent les ramifications à tout le moins tentaculaires sinon relevant de la plus haute gestion stratégique qui en découlent. Plus grand sera le nombre de modules de fabrication de ressources dont vous disposerez (les modules dits « majeurs »), plus vite grandiront alors vos réserves de ces mêmes ressources à chaque nouveau tour, i.e. à chaque nouvelle pièce découverte. L’autre moyen de glaner des ressources consiste à tabasser du monstre mais la récolte est toutefois nettement moins généreuse qu’avec vos propres modules. Oui mais voilà, la ressource qui va le plus souvent être amené à faire défaut est la brume, pour la simple et bonne raison que celle-ci ne peut pas être « fabriquée » comme les trois autres mais uniquement « collectionnée » à chaque nouveau tour (si tant est que la nouvelle pièce découverte en contienne). Cette brume a pour unique fonction d’éclairer les pièces plongées dans l’obscurité. Si vous ne disposez pas de suffisamment de brume, vous devrez alors vous résigner à laisser certaines pièces sans le moindre éclairage, sachant qu’il sera tout à fait possible d’allumer / éteindre telle ou telle pièce à tout moment et selon son bon vouloir. Tout étant affaire de « décisions – conséquences » au sein de l’univers de Dungeon of the Endless, ces mêmes pièces obscures deviennent alors autant d’emplacements potentiels où des créatures belliqueuses pourront surgir à chaque nouveau tour. Vous savez, ces fameux monstres tapis dans l’obscurité qui n’attendent qu’une seule chose : le bon moment pour ne faire qu’une bouchée du malheureux péquin égaré ; sachant que les caractéristiques desdites bestioles sont là encore légions : certaines sont plus résistances, d’autres infligent des dommages plus importants, et tandis que certaines se rueront sur vos modules pour les réduire en miettes, d’autres se jetteront en priorité sur vos malheureux avatars. Une autre astuce pour empêcher que d’une pièce plongée dans l’obscurité surgisse des vilaines bêbêtes au prochain tour consiste à y laisser un de vos personnages. Mais le « diviser pour mieux régner » n’est pas forcément la meilleure des stratégies qui soit au sein de Dungeon of the Endless.
Là, déjà, ça se corse un peu !!
La partie débute avec deux personnages, à choisir parmi six, sachant que les autres individus que vous rencontrerez en cours de route seront susceptibles de venir s’ajouter à la liste (pour atteindre une galerie de 18 personnages accessibles au total), sous réserve de les recruter moyennant finance, i.e. l’utilisation d’une certaine quantité de nourriture mais aussi et surtout de parvenir vivant jusqu’à la sortie, i.e. le douzième et dernier étage. À l’instar des vilaines bébêtes, vos avatars disposent eux aussi de différentes caractéristiques : endurance, force, vitesse, etc. auxquels s’ajoutent des compétences dites « spéciales », certaines étant passives, d’autres à activer aux moments opportuns (boost de vitesse, de puissance, de résistance, etc.), ces dernières n’ayant bien sûr qu’un effet limité dans le temps. Il conviendra donc de choisir avec le plus grand discernement les différents protagonistes de votre expédition, depuis le gros malabar bodybuildé qui avance à deux à l’heure jusqu’à la donzelle qui file à cent à l’heure mais dérouille sévère à la moindre pichenette en passant par des personnages aux caractéristiques plus équilibrés. Libre à vous ensuite de les améliorer (moyennant l’utilisation de nourriture) et de les équiper (armes, protections, etc.) au fil des articles découverts dans les coffres forts ou achetés auprès des marchands, ces derniers commerçant eux-aussi selon l’une des trois « monnaies » en vigueur et demandant à être payés avec des ressources d’industrie, de science ou de nourriture selon le marchand rencontré. Soit une dimension RPG qu’ajoute Dungeon of the Endless à son noyau rogue-like initial. Sachant par ailleurs que votre bande de joyeux pieds nickelés perdus aux confins de l’espace ne pourra contenir plus de quatre personnages au total. Bah oui, ça serait trop facile sinon. Il faut bien que votre équipée sauvage soit en sous-effectif face aux hordes de monstres qui ne manqueront pas de fondre sur vos malheureux à chaque nouveau tour de jeu.
Vous vouliez de la facilité ? Manque de bol, vous n’êtes pas du tout tombé au bon endroit car, comme le dit le dicton, avec Dungeon of the Endless, vous allez en baver des ronds de chapeau, ou, dans un registre plus imagé : vous allez en chier ! Pour les petits malins du fond qui se diraient : pas de problème, j’explore toutes les pièces, quitte à crever comme une grosse merde pour recommencer ensuite tout en dessinant tranquillou le plan du niveau jusqu’à la sortie, ils pourront toujours aller se brosser. En effet, non seulement un « game over » vous fera recommencer la partie depuis le tout premier niveau et non depuis le début du niveau en cours mais de surcroît, le principe même du rogue-like est précisément sa génération dite « procédurale ». C’est-à-dire que le contenu de chaque nouveau niveau est généré aléatoirement par le jeu. De facto, vous pourrez recommencer le jeu des milliers de fois et ne jamais tomber sur la même configuration de salles. Pour un niveau donné, la sortie pourra parfois se trouver à trois salles de votre point de départ au nord-ouest comme elle pourra tout aussi bien être située vingt salles plus loin au sud-est à la partie suivante. Idem pour le contenu de chacune desdites salles : certaines renfermeront parfois moult trésors (brume en abondance, coffre-fort avec des articles divers et variés), tout comme vous pourrez être amenés à en franchir plusieurs de suite sans autre découverte que l’obscurité… et les bestioles qui vont avec ! De surcroît, toutes les pièces ne permettent pas de construire les différents modules sus-cités. Et oui ! Vous ne pouvez bâtir vos précieux sésames où bon vous semblent ! Encore faudra-t-il que la salle en question dispose d’emplacements dévolus à cet effet. C’est là le troisième pendant de Dungeon of the Endless : sa dimension tower defense puisqu’il faudra en effet penser à sécuriser autant que faire se peut les différents « points chauds ». À quoi bon déployer quantité de modules lasers, auto-soignants et autres mines dans un cul-de-sac ? Il sera tout au contraire préférable, pour ne pas dire fortement conseiller, de sécuriser le chemin depuis votre point de départ jusqu’à la pièce menant au niveau supérieur ?
Car le but du jeu est là : survivre, bien entendu, mais aussi et surtout, parvenir à rallier la sortie. Oui mais voilà, parvenu à ce stade de l’article, vous vous doutez bien qu’une telle exploration spatiale n’aura rien d’une virée champêtre. Outre vos deux zigotos du départ, le seul autre élément ayant survécu au crash est le cristal. Soit la seule source d’énergie qui, non contente de pourvoir en lumière les différentes salles, devra de facto être trimballé à dos de chameau de niveau en niveau. D’une part, il vous faudra donc protéger ledit cristal comme la prunelle de vos yeux ; faute de quoi, les vilaines bêbêtes (encore elles) s’en prendront à lui, sa puissance diminuant alors au fil des coups de griffes. Et qui dit moins de puissance dit moins de lumière pour alimenter les différentes salles. Si vous partez donc en vadrouille à l’autre bout du niveau sans prendre la peine de protéger votre cristal comme il se doit, vous risquez alors bien vite de voir l’obscurité reprendre ses droits et, in fine, le cristal de succomber. Game over ! D’autre part, sitôt la sortie découverte, vous devrez alors transporter cette source d’énergie vitale depuis le point de départ du niveau jusqu’à ladite sortie. Pour cela, il faudra choisir celui de vos clampins qui aura la lourde tâche de porter le bousin. Clampin étant dans le cas présent le terme parfaitement approprié puisque « l’heureux élu » devient illico hautement vulnérable car, non content de progresser alors à deux à l’heure, la faute au bestiau qui pèse une tonne, le précieux attire à lui toutes les créatures du niveau. De plus, le fait de débrancher ledit cristal de sa stèle de départ a pour conséquence de dévoiler toutes les pièces du niveau n’ayant pas encore été découverte. Soit autant de nouveaux emplacements potentiels où des myriades de monstres vont alors faire leur apparition pour fondre sur vous. Autant dire que vous allez serrer les fesses à maintes reprises lors du rush final, oh combien chargé en adrénaline. Car si le reste du temps, il vous « suffira » de survivre aux quelques hordes de belligérants, lors du rush final, les gueux en question apparaissent non-stop. Dernière précision qui a son importance : chaque niveau est bien entendu conçu de telle sorte que, même en explorant la totalité de celui-ci, vous ne disposerez jamais de ressources de brume suffisantes pour éclairer toutes les salles. Ajoutez à cela le fait que les créatures deviennent de plus en plus nombreuses et de plus en plus résistantes / puissantes au fil des niveaux, que la collecte de brume se raréfie au fil des niveaux et que d’autres joyeusetés vous attendent parfois (ex : une charge électromagnétique qui annihile tous les modules d’une pièce donnée) et vous commencerez alors à cerner toute la difficulté du challenge qui vous attend face à Dungeon of the Endless.
Et là, ça devient carrément hardos !!!
En matière de difficulté, deux niveaux sont disponibles : le « facile » qui s’avère en réalité plutôt corsé. Votre humble serviteur, certes pas forcément très doué dans le registre (d’aucuns emploieront sans doute volontiers le qualificatif de « quiche »), a ainsi dû s’y reprendre une petite dizaine de fois avant de parvenir à rallier… le deuxième étage sur les douze que comportent Dungeon of the Endless ! Puis de parvenir jusqu’au troisième étage… une dizaine de tentatives plus tard avant de se résigner finalement à se rabattre sur le niveau de difficulté « trop facile » qui permet d’obtenir plus de ressources à chaque tour et fait apparaître des monstres moins résistants tandis que vos propres personnages le sont quant à eux davantage. Il n’y a pas à dire, les créateurs de Dungeon of the Endless ne manquent pas d’humour quant à la définition d’un niveau de difficulté dit « facile » là où le curseur usuel des jeux vidéo oscille la plupart du temps de « très facile » à « très difficile » avec un niveau médian « normal » généralement abordable pour le péquin de base. Mais dans leur grande mansuétude (euphémisme quand tu nous tiens), les créateurs de Dungeon of the Endless ont toutefois inclus une option « Pause » qui va instantanément devenir votre meilleure alliée. En effet, à tout moment au cours de la partie, il sera possible de mettre celle-ci en pause afin d’évaluer la situation : changer la vue pour passer d’une salle à une autre, basculer sur le plan d’ensemble du niveau ou encore choisir de déplacer tel ou tel personnage pour venir prêter main forte dans une pièce donnée, construire des modules défensifs / offensifs / curatifs à un endroit bien précis (à condition bien sûr de disposer des ressources d’industrie nécessaire à leur confection) ou encore soigner un ou plusieurs personnages (à condition là encore de disposer des ressources de nourriture nécessaire à cet effet). Autant dire qu’à chaque tour, vous allez rapidement prendre le réflexe d’enclencher cette pause quasi-salvatrice pour voir d’où viennent les menaces et si les choix opérés avant d’ouvrir la porte suivante s’avèrent judicieux.
Gestion des ressources, des salles à sécuriser, des modules à construire, des caractéristiques de vos personnages à améliorer, etc. Vous commencez à cerner un peu mieux le véritable casse-tête qui s’offre à vous tant les ramifications stratégiques se révèlent rapidement innombrables. Et si Dungeon of the Endless n’est pas ce que l’on peut appeler un jeu « facile », ce sont des heures de plaisir jamais répétitives en perspective qui s’offriront aux plus opiniâtres. Et si la dimension « hasardeuse » inhérente au genre du rogue-like pourra parfois faire enrager (rien de tel qu’un niveau tout pourri où l’on ne découvre / invente quasiment que dalle !), Dungeon of the Endless n’en demeure pas moins hautement addictif. D’autant qu’un niveau pourra être bouclé en quelques minutes plus ou moins longues selon sa configuration et votre goût du risque. Sorti initialement sur PC/Mac en octobre 2014, le titre du studio français (cocorico !) Amplitude a ensuite été porté sur iOS en août 2015 (iPad uniquement, et pour cause, la quantité d’informations à afficher seraient incompatibles avec l’écran d’un smartphone) avant de débarquer en mars 2016 sur Xbox One. C’est sur ces deux derniers supports que nous avons eu l’opportunité de tester la bête. Le tactile d’un iPad rapproche l’expérience de celle du combo clavier/souris du PC/Mac là où la jouabilité à la manette sur console nécessitera un petit temps d’adaptation pour bien appréhender la navigation au sein des multiples possibilités offertes par ce rogue-like / RPG / Tower Defense, bien aidé il est vrai par un petit didacticiel qui guide le joueur sur la fonction de chaque touche. Dungeon of the Endless est proposé au tarif de 1,99€ sur l’Apple Store, 9,99€ sur le Xbox Live et 11,99€ sur Steam. À ce prix-là, vous auriez tort de vous priver. En espérant que des versions PlayStation et Android verront prochainement le jour en vue de séduire un public encore plus large.
Dungeon of the Endless est disponible sur PC/Mac, iOS et Xbox One (depuis le 16 mars 2015).
Testé sur Xbox One à partir d’une version téléchargée (taille occupée sur le disque dur : 4,9Go) et sur iPad Mini 2 (taille occupée : 367Mo).