Le Mépris (1963) de Jean-Luc Godard - Blu-ray 4K Ultra HD

Le Mépris – Deux ou trois choses que l’on sait du Blu-ray 4K

Trois ans après la sortie en Blu-ray 4K de À bout de souffle, StudioCanal remet le couvert avec le 60ème anniversaire d’un autre film tout aussi emblématique de la filmographie de Jean-Luc Godard : Le Mépris. Et si cette édition Blu-ray 4K est moins luxueuse que la précédente qui proposait affiche, cartes postales et vinyle 33T, elle n’en demeure pas moins de tout premier choix. À condition bien entendu d’apprécier le cinéma du réalisateur.

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Le Mépris - Édition 60ème Anniversaire - Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray + Livret

Éditeur :StudioCanal
Sortie le :14 juin 2023  

Test Blu-ray 4K Ultra Haute Définition
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Image (2K) :
Son :
Bonus :

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Testé à partir d’une édition définitive fournie par l’éditeur.

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Le Mépris (1963) de Jean-Luc Godard - Édition StudioCanal 2023 - Capture Blu-ray 4K Ultra HD

Le Mépris – Édition 60ème Anniversaire – Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray + Livret

Résumé : Le scénariste Paul Javal mène une vie heureuse avec sa femme Camille. Un jour, le célèbre producteur américain Jeremy Prokosch lui propose de travailler à une adaptation de l’Odyssée, réalisée par Fritz Lang à Cinecittà. Le couple se rend alors sur les lieux du tournage et rencontre l’équipe. Prokosch fait bientôt des avances à Camille sous les yeux de Paul. Cette tentative de séduction va sonner le glas de leur couple…

Disque 1 : Le Mépris en Blu-ray 4K Ultra HD

Spécifications techniques :

  • Image : 2.35:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision
  • Langues : Français, Anglais, Allemand DTS HD-Master Audio 2.0 Monophonique, Français audiodescription DTS 2.0
  • Sous-titres : Français pour sourds et malentendants, Anglais, Allemand
  • Durée : 1h 43min 43s

Bonus (HD) :

  • Une présentation du film par Colin MacCabe (5min 31s, VOSTF)
  • Paparazzi de Jacques Rozier (22min 28s)
  • Bardot Godard : Le parti des choses de Jacques Rozier (10min 32s)

Disque 2 : Le Mépris en Blu-ray

Spécifications techniques :

  • Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langues : Français, Anglais, Allemand DTS HD-Master Audio 2.0 Monophonique, Français audiodescription DTS 2.0
  • Sous-titres : Français pour sourds et malentendants, Anglais, Allemand
  • Durée : 1h 43min 43s

Bonus (HD) :

  • Il était une fois… Le Mépris (52min 28s, SD)
  • Une présentation du film par Colin MacCabe (5min 31s, VOSTF)
  • Paparazzi de Jacques Rozier (22min 28s)
  • Bardot Godard : Le parti des choses de Jacques Rozier (10min 32s)
  • Bande-annonce originale (2min 31s)

Détails techniques :

  • Taille du disque : 57,34 Go
  • Taille du film : 50,36 Go
  • Bitrate vidéo moyen : 51,56 Mb/s (surcouche Dolby Vision : + 7,07 Mb/s)
  • VF DTS-HD Master Audio 2.0 (24-bit) : 1,73 Mb/s

« Le plus grand film de l’histoire du cinéma. »

Cette appréciation « choc » et définitive s’il en est du journal Le Monde, reprise à l’envi dans le communiqué de presse et au dos de la jaquette de cette édition Blu-ray 4K est là pour nous rappeler, si besoin était, combien Le Mépris (1963) de Jean-Luc Godard est un véritable mètre-étalon dans l’histoire du Septième Art. Et ce même communiqué ainsi que le fort sympathique livret signé Jean-Baptiste Thoret présent au sein de cette édition (on y revient juste après) d’enfoncer le clou en reprenant une autre citation, signée Louis Aragon cette fois, publiée dans Les Lettres françaises en janvier 1964, peu après la sortie du film dans les salles pour faire suite aux appréciations mitigées tant de la part du public que des critiques : « J’en ai vu un de roman aujourd’hui. Au cinéma. Cela s’appelle Le Mépris. Le romancier est un nommé Godard. L’écran français n’a rien eu de mieux depuis Renoir, quand Renoir était le romancier Jean Renoir. Je n’arrive pas à comprendre les réserves que j’ai lues, touchant ce film, ailleurs et dans mon propre journal. Tiens, on demandait du génie, eh bien le voilà le génie ».

Et si nous n’avons ni le talent ni la plume d’un Aragon, il ne sera pas interdit pour autant d’être précisément sur la réserve face à la (re)découverte du Mépris, nous qui à la rédaction de DC, n’avons jamais vraiment goûté au cinéma de la Nouvelle Vague en général et à celui de Godard en particulier. Comme le disait notre Sandy national dans l’article sur les sorties Blu-ray du mois de juin : « comme on n’est absolument pas fan de la filmo du cinéaste, on n’en fera pas des caisses ». Nous laisserons donc à ceux qui considèrent Le Mépris comme « la pierre angulaire de leur cinéphilie » le soin de nous conspuer de tous les maux de la Terre dans les commentaires pour nous pencher sur le pendant purement technique de cette édition Blu-ray 4K Ultra HD qui marque donc le 60ème anniversaire du film.

Commençons tout d’abord par reproduire ci-dessous les explications complètes présentes dans le communiqué de presse et le livret quant à la restauration effectuée. Explications bien plus détaillées que celles figurant à l’écran au lancement du film et que l’on vous a également remis histoire que vous disposiez que tous les éléments :

Ce film a été restauré et numérisé en 4K par Studiocanal de 2021 à 2023 chez Hiventy, avec la participation du CNC. Cette nouvelle version 4K a été l’occasion de revenir à l’étalonnage d’origine du film. Afin de l’optimiser, le Négatif 35 mm original et l’Interpositif ont été utilisés, ainsi que la copie de référence retravaillée en 2002 par M. Raoul Coutard, le chef opérateur du film. Cette restauration en DCP 4K et ProRes UHD Dolby Vision a nécessité une cinquantaine d’heures de travaux préparatoires d’essuyage, de vérification, de réparations physiques, avant que les éléments originaux puissent être scannés. Puis 220 heures de palette graphique ont été nécessaires afin d’effacer image par image les altérations et les poussières sur la pellicule. Les précédentes versions numériques montraient un manque de détails dans les hautes et les basses lumières, et des couleurs éloignées des choix du réalisateur. Grâce à des références documentées et maîtrisées et à plus 40 heures d’étalonnage, nous avons pu redonner au film ses contrastes, ses détails et ses saturations d’origine. Le nouveau master HDR, limité à l’espace colorimétrique Cinéma, sera donc le meilleur support, après la projection en salle, pour redécouvrir cette œuvre d’anthologie. Ce projet a été supervisé par l’équipe de Studiocanal, Sophie Boyer et Jean-Pierre Boiget.

À tout cela vient s’ajouter une autre précision, extraite d’un article consacré à la restauration des films chez StudioCanal dans le journal Les Échos du 13 juin 2023 : « La pellicule étant ternie par le temps, les équipes ont dû mener de longues recherches documentaires pour retrouver la colorimétrie souhaitée par le réalisateur, qui n’a pas souhaité collaborer. ». Une précision qui a toute son importance lorsqu’on sait que le cinéaste vivait reclus en Suisse depuis belle lurette et ne parlait quasiment plus à personne, si ce n’est Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes.

En définitive, il convient donc de retenir que :

  1. Jean-Luc Godard qui s’est éteint en septembre 2022 n’a pas pris part à cette restauration.
  2. La copie de référence est celle qui fut retravaillée en 2002 par le directeur de la photographie du film, Raoul Coutard.

Comme bien souvent de la part de StudioCanal, nous sommes ici en présence d’une image au format 2.35:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision obtenue à partir d’un scan 4K du négatif 35mm original mais aussi de l’interpositif. Est-ce un choix artistique et/ou la conséquence de l’utilisation d’un interpositif ? Toujours est-il que certains passages laissent apparaître une définition en deçà, comme par exemple ces plans de flash-back à la 28ème et la 30ème minute. Ces quelques passages mis à part, le reste de la copie laisse place à une propreté idyllique et sans commune mesure avec celle utilisée pour l’édition Blu-ray sortie en 2009 au sein de la StudioCanal Collection (certaines captures qui illustrent cet article démontrent bien que les taches de copie présentes en 2009 ne sont plus désormais que de l’histoire ancienne). À cette copie magnifiquement restaurée s’ajoute un encodage à l’avenant et un niveau de définition remarquable qui permettra d’apprécier les moindres détails, tant lors des gros plans sur les visages et le corps (dévêtu) de Brigitte Bardot que lors des plans larges maritimes comme en atteste la profondeur de champ de cette scène où Paul (Michel Piccoli) cherche son épouse sur le toit de la villa (84min). Soucieux (comme toujours de la part de StudioCanal) de respecter au plus près la captation 35mm d’origine, l’image laisse apparaître un rendu argentique granuleux où le recours au DNR, si tant est qu’il ait eu lieu, reste virtuellement invisible sinon très discret.

Quant aux couleurs, personnage à part entière du film, elles bénéficient elles-aussi grandement du tout nouvel étalonnage HDR Dolby Vision. Quant à savoir si celles-ci respectent scrupuleusement les intentions originelles de Godard, voilà une question qui nous renvoie aux deux postulats sus-cités. Toujours est-il que depuis les eaux turquoises de l’océan jusqu’à la chevelure blonde de Bardot (quand celle-ci ne porte pas une perruque noire) en passant par cette Alfa Romeo 2600 Spider rouge sang, elles n’ont jamais paru aussi resplendissantes. Et cette déclaration en voix-off que l’on peut entendre dans le documentaire Il était une fois… Le Mépris présent au sein des bonus résume à merveille combien l’image de cette nouvelle restauration 4K sublime le propos du film : « Du bleu éternel de la mer au rouge sang de la voiture en passant par le jaune solaire des peignoirs de bain et le blanc immaculé des statues et de l’appartement romain, la palette de Jean-Luc Godard est celle des peintres du nouveau réalisme et du pop art ».

De haut en bas :

  • Blu-ray – Édition StudioCanal 2009
  • Blu-ray – Édition StudioCanal 2023 (Master 4K)
  • Blu-ray 4K UltraHD – Édition StudioCanal 2023 (Master 4K)

Côté son, la piste française DTS-HD Master Audio 2.0 Monophonique est d’une limpidité cristalline et exempte de toute aspérité (souffle, distorsion, craquement). Et si les partis-pris artistiques, notamment en termes de couleurs, sont très tranchés du côté de l’image, il en va de même du côté de la bande-son qui alterne les passages où certains dialogues sont déclamés à voix basse tandis que les passages musicaux sont mixés beaucoup plus fort. À commencer par ce mythique thème de Camille (qui a même droit à sa propre page Wikipédia, c’est dire !) signé Georges Delerue, prolifique compositeur pour le cinéma (mais pas que), qui revient de façon entêtante des dizaines de fois au cours du film et bénéficie d’une amplitude et d’une puissance surprenante, surtout pour du « simple » mono. Le reste de la bande son n’est pas en reste et les dialogues ainsi que les différents bruitages (cf. le fracas des touches de la machine à écrire sur laquelle frappe Piccoli à 62min) sont eux aussi parfaitement restitués.

Côté bonus, on retiendra surtout cet excellent documentaire datant de 2009 issu de la série Il était une fois… Un film et son époque qui revient comme son nom le laisse entendre dans le cas du Mépris sur la désormais mythique Nouvelle Vague, en phase avec le mode de vie de la jeunesse des années 60. Le tout est accompagné d’interviews (récentes ou bien d’époque) de Fritz Lang, Michel Piccoli, de l’assistant réalisateur (non crédité au générique) Charles Bitsch, sans oublier bien sûr Jean-Luc Godard au phrasé très pausé entre deux bouffés du barreau de chaise qu’il allume au tout début. Il y revient sur le tournage d’un film au budget onéreux (il évoque 100 millions de francs là où Jean-Baptiste Thoret indique 500 millions dans le livret), en partie dû aux cachets des comédiens. On appréciera tout particulièrement ce passage passionnant sur les rapports parfois conflictuels mais néanmoins nécessaires selon lui entre réalisateur et producteur. Michel Piccoli évoque pour sa part l’inquiétude des producteurs quant au fait « qu’il ne se passait rien avec Bardot » à l’écran (pas de baiser ni de sexe) alors qu’elle était devenue un véritable sex symbol planétaire après son rôle dans Et Dieu… créa la femme (1956) de Roger Vadim. Ce à quoi Godard leur rétorquera qu’il ferait des scènes de nu mais en accord avec le propos du film. Un film qui dixit la conclusion du documentaire se posera en rupture du cinéma américain, pays alors en plein marasme social (guerre du Vietnam, racisme).

Si l’on appréciera de trouver deux courts-métrages en noir et blanc (restaurés en 2K) réalisés par Jacques Rozier gravitant autour du tournage du film, on regrettera en revanche la disparition de plusieurs bonus présents sur l’édition Blu-ray de 2009. Et non des moindres, jugez plutôt :

  • Le Mépris… tendrement (31min 31s) un documentaire de 2007.
  • Le dinosaure et le bébé (60min 57s), issu de la série documentaire Cinéastes de notre temps, un dialogue en huit parties entre Fritz Lang et Jean-Luc Godard datant de 1975.
  • Conversation avec Fritz Lang (14min 27s).

Enfin, impossible de passer sous silence le livret qui, outre les notes de restauration mentionnées précédemment et la fiche artistique et technique du film, propose un texte intitulé L’indifférence des Dieux signé Jean-Baptiste Thoret qui sur une petite vingtaine de pages propose un excellent condensé des coulisses du tournage accompagné d’une analyse du film. On regrettera simplement que ce livret soit collé au boîtier Digipack au lieu d’être inséré au sein de l’étui.

En conclusion, si Le Mépris fait partie de vos films de chevet comme le veut l’expression consacrée, il ne fait aucun doute que cette édition Blu-ray 4K constitue à date la meilleure façon de (re)découvrir ce film de Jean-Luc Godard. Quant à ceux qui possèdent déjà l’édition Blu-ray de 2009 sortie au sein de la collection StudioCanal Collection, ne la jetez pas pour autant car celles-ci proposent des bonus de qualité qui sont hélas absents de cette édition 4K.

Les plus

  • Une restauration 4K de tout premier choix.
  • Une bande-son à l’avenant.
  • Le disque Blu-ray bénéficie lui aussi de cette nouvelle restauration.
  • Des bonus excellents…

Les moins

  • … même si plusieurs ont disparu par rapport à l’édition Blu-ray de 2009.

2 réflexions sur « Le Mépris – Deux ou trois choses que l’on sait du Blu-ray 4K »

  1. Bonjour! Connaissez-vous si le master utilisé pour le disque Bluray est la même master que le disque Ultra HD?

    Merci en avance pour votre réponse!

    Merci en avance aussi si la rédaction voulait incluer, dans les tests futurs, des infos sur le master Bluray: si c´est la même que le disque Ultra HD ou un master plus ancien. Je comprends que cette information n´est peut-être toujours disponible, mais cette information est valable pour nous avec seulement un lecteur Bluray.

  2. Bonjour,

    Nous vous invitons à vous reporter à la toute fin de notre texte quand nous énumérons les + et les – de cette édition combo UHD / Blu-ray. Et là vous pourrez y lire parmi les + la phrase suivante : « Le disque Blu-ray bénéficie lui aussi de cette nouvelle restauration. »
    Ce qui intrinsèquement répond d’une manière claire (enfin il nous semble) à votre interrogation.

    Et sinon au sein de tous nos tests consacrés aux combo UHD / Blu-ray nous répondons systématiquement à cette question. Et nous continuerons à le faire.

    Bien à vous

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