Paru pour la première fois sur support HD en juin 2010 dans un combo Blu-ray + DVD, La Boum a eu les honneurs d’une réédition au sein de la treizième vague Blu-ray Gaumont Découverte qui paraît ce 23 mars 2016. Parmi les réjouissances annoncées : un nouveau master et de nouveaux suppléments. L’occasion était donc trop belle de comparer les deux éditions de ce film culte réalisé par Claude Pinoteau et qui marqua le démarrage en trombe de la carrière d’une certaine Sophie Maupu.
En 1980, celle que les spectateurs du monde entier connaissent depuis sous le pseudonyme de Sophie Marceau a alors 14 ans et son interprétation de l’adolescente Vic va aussitôt la placer sur orbite puisque La Boum attirera près de 4,4M de spectateurs dans les salles. Succès oblige, deux ans plus tard, la même équipe rempile pour La Boum 2 avec un score certes inférieur mais de très peu (4M d’entrées). En 1988, Sophie Marceau a 22 ans et campe cette fois L’Étudiante (1,5M d’entrées), à nouveau devant la caméra de Claude Pinoteau, dans ce que d’aucuns considèrent comme le troisième opus de La Boum. Avance rapide : en 2009, Sophie Marceau est désormais la mère de la jeune Lola dans le film LOL réalisé par Lisa Azuelos, relecture à peine voilée à l’aune du 21ème siècle de La Boum. La boucle est pour ainsi dire bouclée. De l’adolescente qui tombe amoureuse pour la première fois au cours d’une boum de lycée au son de Reality, un walkman K7 posé sur les oreilles, jusqu’à la mère célibataire à l’heure du SMS et des réseaux sociaux, Vic aura donc vu défiler une génération de spectateurs. Pour autant et aussi surprenant que cela puisse paraître du haut de ses désormais 35 ans de carrière et plus de 40 films à son actif à date, Sophie Marceau n’aura plus jamais connu un tel succès (il faut aller chercher du côté de… LOL justement pour trouver la troisième meilleure marque au box-office français de la comédienne avec 3,6M d’entrées).
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Est-ce à dire que son interprétation de Vic aura, en partie du moins, éclipsé le reste d’une filmographie pourtant non dénuée d’intérêt ? Une chose est sûre, la comédienne est la première surprise d’être encore accostée 30 ans après par des jeunes qui découvrent aujourd’hui La Boum alors qu’ils n’étaient pas encore nés en 1980. La Boum, film transgénérationnel comme on dit ? Assurément ! Et pour cause, ce regard porté sur les premiers émois adolescents en parallèle des tumultes de la vie du couple que traversent les parents de Vic interprétés par le duo Claude Brasseur – Brigitte Fossey demeure intemporel. Et (re)découvrir La Boum en 2016 ne fait que réaffirmer si besoin était, qu’il fait indubitablement partie de cette race de longs-métrages aussi rares que précieux dont la portée va bien au-delà du statut de « film culte de toute une génération ». L’ensemble des situations décrites parleront à n’en pas douter à jamais à tout un chacun, depuis le premier coup de foudre jusqu’au premier chagrin d’amour en passant par les sorties ados, dîners aux chandelles et autres infidélités tandis que l’énergie qui s’en dégage reste toujours aussi communicative aujourd’hui encore. Ne serait-ce qu’au travers du personnage débordant de vitalité de Poupette, la grand-mère de Vic interprétée par une Denise Grey qui pète littéralement le feu du haut de ses 84 ans, elle qui en 1980 n’avait plus tourné pour le cinéma depuis près de dix ans !
Mais c’est aussi à la pertinence des dialogues signés Danièle Thompson (fille de Gérard Oury faut-il le rappeler) et par ailleurs co-scénariste du film aux côtés de Claude Pinoteau (6 mois de boulot à deux sur le scénar) que l’on doit cette modernité jamais démentie. À l’image de cette réplique, là encore toujours d’actualité, déclamée par une Poupette soucieuse de voir son arrière-petite fille « s’offrir » ainsi au premier venu : « Attention hein ! À 14 ans, y’a des enfants qui ont des enfants ! » auquel s’ajoute un texte sous-jacent sur les désidératas au féminin (indépendance, maternité, travail, etc.). Et qu’importe si La Boum (tout comme sa relecture LOL) prend place au sein d’une certaine image de la classe aisée (Vic étudie au Lycée Henri IV, son père est dentiste) tant les situations décrites et les dialogues qui en découlent s’adressent en définitive à toutes les générations et à toutes les classes sociales. Tout ceci au sein d’une comédie populaire que l’on qualifiera volontiers « d’intelligente », genre que Claude Pinoteau considère comme le plus difficile qui soit au cinéma. « Il est plus facile de faire pleurer que de faire rire » déclare-t-il ainsi au sein du commentaire audio tout en ajoutant que le boulot en termes de découpage et de montage se trouve également démultiplié : 500 plans sur Le Silencieux (1973), son premier long-métrage en tant que réalisateur, contre plus de 1000 plans sur La Boum.
Un film qui de surcroît a bien failli voir le jour sur le petit écran puisque le projet fut initié sous la forme d’un pilot de série télé tandis que plusieurs actrices potentielles furent pressenties pour tenir le rôle de Vic, parmi lesquelles Mathilda May, Sandrine Bonnaire ou encore Emmanuelle Béart. Soit une foultitude d’informations disponibles au sein du commentaire audio (déjà disponible au sein du coffret DVD paru en 2008) d’un Claude Pinoteau à la mémoire d’éléphant, se souvenant du tournage de quasiment chaque scène avec force anecdotes en tous genres. Un commentaire audio qui représente donc sans conteste la valeur sûre en termes de bonus de cette réédition Blu-ray au sein d’une interactivité qui n’a pour autant rien d’inédite puisque partiellement reprise du coffret Blu-ray La Boum + La Boum 2 paru en octobre 2010, interactivité elle-même reprise du coffret DVD édité deux ans plus tôt. Parmi les autres bonus repris au sein de cette édition Blu-ray 2016, on trouve les interviews de Sophie Marceau, Claude Brasseur et Danièle Thompson, auquel s’ajoute donc le commentaire audio, seul bonus présent sur la précédente édition Blu-ray sortie à l’unité en juin 2010. Ont toutefois disparu entre le coffret 2010 et le Blu-ray 2016 : les interviews de la monteuse, du compositeur Vladimir Cosma et de la mère de Danièle Thompson ainsi que les essais de casting, le long documentaire sur La Boum (80min) ou encore le court-métrage réunissant les deux sœurs Pénélope et Samantha.
L’interactivité n’offrant in fine qu’une reprise partielle de celle déjà disponible au sein du précédent coffret paru en 2010, attardons-nous à présent sur la véritable valeur ajoutée de cette réédition Blu-ray 2016 de La Boum, à savoir ses mérites audio-vidéos. Écartons tout d’abord la partie audio puisque les deux éditions proposent une seule et unique piste DTS-HD Master Audio 2.0 mono au rendu virtuellement identique, à savoir une très belle limpidité dans la restitution des dialogues et une magnifique dynamique du côté des musiques signées Vladimir Cosma. Du côté de l’image en revanche, ce n’est pas vraiment le même refrain. Vous l’aurez sans doute d’ores et déjà compris à la découverte des différentes captures comparatives entre les éditions Blu-ray de 2010 et de 2016 qui illustrent cet article, le master vidéo n’est plus franchement le même (c’est le moins que l’on puisse dire), les différences de cadrage et de colorimétrie étant les deux premiers éléments qui sautent aux yeux. Contacté à ce sujet, voici ce que l’éditeur nous a précisé :
La restauration de l’édition 2010 est une restauration HD alors que la nouvelle édition 2016 est une restauration 2K. Le cadrage d’origine est bien celui de la nouvelle édition, soit du 1.66:1. L’étalonnage de l’édition 2010 a été fait à partir d’un interpostif. Et la nouvelle à partir d’un négatif, ce qui donne beaucoup plus de détails et de profondeur qu’à partir d’un interpostif. L’étalonnage a été fait et validé par André Labbouz, directeur technique de Gaumont depuis plus de 25 ans. Et surtout qui a géré la post-production de tous les films de Claude Pinoteau qui font partis du catalogue Gaumont. Ce dernier avait une confiance aveugle en André. Dernière précision, le cadrage plus large sur la nouvelle restauration est dû aux machines utilisées. Les nouvelles restaurations sont issues de scan. Les possibilités techniques du scan et les nouveaux protocoles de fabrication permettent d’obtenir un cadre plus respectueux du ratio d’exploitation d’origine.
Dont acte : l’édition Blu-ray de 2010 n’était pas (totalement) conforme aux intentions visuelles originelles du réalisateur. Tous ceux qui ont acheté ladite édition parue en juin 2010, ou bien le coffret sorti quelques mois plus tard seront à n’en pas douter ravis de l’apprendre. L’autre point plus ou moins discernable sur lesdites captures concerne le rendu dans son ensemble. Si la définition a effectivement bel et bien gagné en précision (et pour cause, le film occupe désormais 28Go sur le disque contre 20Go sur le Blu-ray de 2010), en contrepartie le rendu a subi un dégrainage assez prononcé en comparaison de l’image nettement plus granuleuse de l’édition 2010 et que les amateurs de rendu argentique que nous sommes à DC apprécions en tout premier lieu.
En définitive, nous sommes confrontés à un choix pour le moins cornélien avec d’un côté le coffret Blu-ray datant de 2010 réunissant les deux films La Boum et un DVD bardé de bonus, et de l’autre un Blu-ray unitaire ne reprenant d’une (petite) partie des suppléments de son prédécesseur nanti d’une image certes trop dégrainée à notre goût mais au master davantage en phase avec les désidératas originels de Claude Pinoteau, le tout à un tarif deux fois moins élevé que le coffret. Pourquoi donc ne pas avoir proposé ledit DVD bonus au sein de cette réédition 2016 ? Comme cela avait été le cas pour Les Malheurs d’Alfred réalisé et interprété par Pierre Richard et paru au sein de la vague Blu-ray Gaumont Découverte de novembre 2014. La volonté sans doute de ne pas rendre obsolète le précédent coffret mais dont découle hélas l’obligation pour le home-cinéphile « complétiste » de posséder les deux éditions avec double passages en caisse.
Notes :
– Image : 4/5
– Son : 4,5/5
– Bonus : 2,5/5
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La Boum – Blu-ray Gaumont Découverte (Édition 2016)
Éditeur : Gaumont Vidéo
Date de sortie : 23 mars 2016
Spécifications techniques :
– Image : 1.66:1 encodée en AVC 1080/24p
– Langues : Français DTS-HD Master Audio 2.0 mono
– Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
– Durée : 1h 50min 31s
Bonus (en SD) :
– Commentaire audio de Claude Pinoteau
– Entretien avec Claude Brasseur (6min 52s)
– Entretien avec Sophie Marceau (10min 50s)
– Entretien avec Danièle Thompson (7min 43s)
– Bande-annonce (2min 44s, HD)
Petites remarques :
– je ne suis pas sûr du tout que la nouvelle dérive jaune soit d’origine, vu qu’on la retrouve quasiment sur tous les titres Gaumont Découverte.
– le dégrainage me parait loin d’être si flagrant que ça. Autant les titres Gaumont Découverte ont fréquemment subi les outrages d’un dégrainage trop poussé, autant il semble au vu des captures que La boum BR 2010 avait un grain plus visible car plus épais, la faute à l’âge du master, là où le BR 2016 a bien son grain, peut-être atténué, mais avant tout plus fin, d’où la sensation d’un grain moins présent. Les 2 derniers jeux de comparaison tendent à aller dans ce sens lorsqu’on s’attarde sur les textures des aplats (murs, draps, vêtements)