En juillet dernier, en plein milieu d’un été aussi sinistré dans les bacs que dans les salles, Elephant Films sortaient en Blu-ray les trois suites d’Airport, paru quant à lui sous bannière Universal deux ans plus tôt. Soit l’occasion rêvée de revenir sur cette saga, culte s’il en est, au cœur d’une décennie qui aura vu naître quelques-unes des plus belles pépites en matière de films-catastrophes.
En la matière, les sous-genres sont légions : tsunamis, éruptions volcaniques, tremblements de terre, avalanches, tornades, épidémies, fin du monde, invasions extra-terrestres, etc. Pour autant, la quasi-totalité ont un point en commun : ils mettent aux prises un individu (ou le plus souvent un groupe d’individus) avec l’un des quatre éléments que sont l’air, l’eau, la terre et le feu ; les sous-genres suscités n’étant alors que des déclinaisons de la toute-puissance de Dame Nature. Et si les films-catastrophes ont vu le jour quasiment aux premières heures du cinéma, il est une décennie où le genre a littéralement « explosé » avec un nombre de longs-métrages en forte hausse. Au milieu de cette avalanche surnagent certains titres qui, aujourd’hui encore, restent des mètres-étalons en la matière : sur terre (Tremblement de terre, 1974), sur mer (L’Aventure du Poséidon, 1972), sans oublier bien sûr LE porte-étendard en matière de superproduction au casting inégalé (inégalable ?) qu’est La Tour infernale (1974). Airport inaugurant cette bien belle décennie dès 1970.
En haute altitude, Airport engendra trois rejetons au cours des 70s : 747 en péril (1974), Les naufragés du 747 (1977) et Airport’80 Concorde (1979). À cette époque, le mot « ordinateur » n’existait pas encore pour donner libre-cours aux destructions pharaoniques des Michael Bay (Armageddon, 1998) et autres Roland Emmerich (Le Jour d’après, 2004). Pour autant, quarante ans après, à l’heure où les trois quarts de notre Planète Bleue se retrouvent pulvérisés à grands renforts d’effets numériques, la quadrilogie Airport apparait-elle ringarde ? Que nenni ! Faute de pouvoir s’adonner à des déliriums visuels, les longs-métrages en question s’en tenaient alors aux fondamentaux pour happer le spectateur au cœur de la tourmente : exposer les personnages et les enjeux dramatiques aussi soigneusement que possible avant d’en venir à la catastrophe à proprement parlé. Soit respectivement un attentat-suicide à la valise piégée, une collision en plein vol, un détournement qui termine sa course au fond des mers et une chasse supersonique dans le cas de Airport, 747 en péril, Les naufragés du 747 et Airport’80 Concorde. Le principe consiste ensuite à montrer (en gros plans) l’angoisse et la terreur sur les visages et dans les regards des différents protagonistes afin d’amener le spectateur à s’identifier autant que faire se peut avec ceux-ci et in extenso l’interpeller quant à ses propres réactions face à pareilles situations.
Alors certes, tout ceci fleure parfois bon le kitch avec des imbrications dramatico-sentimentales souvent très stéréotypées, et ce dès le tout premier opus : le directeur de l’aéroport qui délaisse sa vie privée pour se consacrer à son job au point que sa femme le quitte, le commandant de bord qui engrosse une bien charmante hôtesse ou encore le « terroriste » sans emploi et sans espoir qui décide de se sacrifier pour que sa femme touche l’assurance-vie. De tels personnages existent toujours à l’identique de nos jours car ces clichés inhérents au genre traversent les décennies. À la différence près que les terroristes du 21ème siècle sont souvent des intégristes/fanatiques religieux et/ou politiques. Mais là où les protagonistes modernes sont la plupart du temps taillés à la serpe, ceux de la saga Airport avaient droit à une réelle « épaisseur » en préambule de la catastrophe à venir, précisément pour combler les contraintes en matière d’effets visuels. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le quatrième film, Airport’80 Concorde avec notre Alain Delon national qui en pince pour Sylvia – Emmanuelle – Kristel, sombre dans de tels travers et constitue l’opus le plus faible car répétitif et démarrant en trombe avec des pirouettes aériennes qui ont, il faut bien l’avouer, assez mal vieillies (en comparaison, les effets spéciaux de 747 en péril et Les naufragés du 747 franchissent bien mieux l’épreuve du temps).
Le plan final de ce quatrième opus (le Concorde enseveli sous la neige) scellera d’ailleurs pour de bon la fin de la saga Airport et se trouvera rattrapé par la réalité vingt ans plus tard avec le crash de Gonesse (2000) qui marquera quant à lui la fin de l’exploitation de cet avion de ligne supersonique. Difficile d’ailleurs, à l’aune des catastrophes aériennes qui ont jalonné l’histoire de l’aviation, et a fortiori les plus récentes d’entre elles telles que les attentats du 11 septembre (2001), le vol Rio – Paris (2009) ou encore le crash de la Germanwings (2015), de ne pas constater une fois encore que « la réalité a dépassé la fiction ». En dépit de succès modérés à l’époque dans les salles (de 0,5M à 1M d’entrées, à comparer, par exemple, aux 4,5M de La Tour infernale), la (re)découverte de ces films, quarante ans après, démontre que ces « classiques » du cinéma catastrophe n’ont pas pris une ride ou si peu. Au demeurant, on pourra poursuivre ces joyeusetés qui auront définitivement marqué leur époque avec la parodie ZAZ Y a-t-il un pilote dans l’avion ? (1980), sans oublier sa suite…
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Un peu moins hilarant en revanche est le sort réservé à la sortie Blu-ray des films. Techniquement parlant, le premier Airport est clairement le plus probant avec une image et un son qui ont, de toutes évidences, fait l’objet d’une restauration de qualité aboutissant à un rendu vidéo aussi propre que précis en dépit de passages à la définition en berne tandis que côté son, la VO DTS-HD Master Audio 5.1 laisse entendre une belle présence frontale sans pour autant verser dans l’excès de graves ou encore des effets surrounds artificiels. La VF DTS 2.0 mono ne saurait bien entendu rivaliser mais reste suffisamment « propre » pour apprécier un spectacle qui, une fois encore, ne verse pas dans le spectaculaire à tout va. Les opus suivants jouent quant à eux davantage au yoyo entre le très correct et le nettement moins bon, aussi bien en termes d’images (des défauts de copie manifestes, une définition qui ressemble un peu trop à du DVD upgradé à d’autres) que de sons (un souffle particulièrement prononcé sur certains passages). In fine, exception faite du premier Airport, aucun des trois opus suivants ne sort du lot techniquement parlant avec pour chacun du bon et de nombreux passages nettement moins probants. Mais le plus dommageable reste encore l’interactivité. Si l’éditeur indépendant Elephant Films s’est fendu de bandes annonces et de galeries photos sur les opus 2, 3 et 4, comment expliquer en revanche qu’Universal ne propose strictement aucun bonus (zéro, que dalle, nada !) sur le tout premier Airport ! Un comble pour un tel classique du cinéma-catastrophe ! Mais il ne s’agit nullement là d’une exception française puisque le Blu-ray américain est logé à la même enseigne. Il faut donc en conclure que la saga Airport et a fortiori le tout premier film, n’est pas digne d’une édition Blu-ray en bonne et due forme.
Airport (1970) – Édition Blu-ray
Éditeur : Universal Pictures Vidéo
Date de sortie : 3 janvier 2013
Spécifications techniques :
– Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
– Langues : Anglais DTS-HD MA 5.1 & Français DTS 2.0 Mono
– Sous-titres : Anglais, Français
– Durée : 2h 16min 34s
Bonus :
– Aucun
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Airport 75 – 747 en péril (1974) – Édition Blu-ray
Éditeur : Elephant Films
Date de sortie : 8 juillet 2015
Spécifications techniques :
– Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
– Langues : Anglais & Français DTS-HD MA 2.0 mono
– Sous-titres : Français
– Durée : 1h 46min 23s
Bonus (HD & VOSTF) :
– Bandes-annonces
– Galerie de photos
Captures Blu-ray – Airport 75 – 747 en péril
Airport 77 – Les Naufragés du 747 (1976) – Édition Blu-ray
Éditeur : Elephant Films
Date de sortie : 8 juillet 2015
Spécifications techniques :
– Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
– Langues : Anglais & Français DTS-HD MA 2.0 mono
– Sous-titres : Français
– Durée : 1h 53min 23s
Bonus (HD & VOSTF) :
– Bandes-annonces
– Galerie de photos
Captures Blu-ray – Airport 77 – Les Naufragés du 747
Airport 80 Concorde (1979) – Édition Blu-ray
Éditeur : Elephant Films
Date de sortie : 8 juillet 2015
Spécifications techniques :
– Image : 1.85:1 encodée en AVC 1080/24p
– Langues : Anglais & Français DTS-HD MA 2.0 mono
– Sous-titres : Français
– Durée : 1h 53min 16s
Bonus (HD & VOSTF) :
– Bandes-annonces
– Galerie de photos
Captures Blu-ray – Airport 80 Concorde