Image une - Sections parallèles Cannes 2024

Festival de Cannes 2024 : Les sections parallèles

Le festival de Cannes ne serait pas vraiment le festival de Cannes sans les sections parallèles. Au nombre de trois : La Semaine de la critique, La Quinzaine des cinéastes et l’ACID, chacune possède ses spécificités et une identité forte en termes de sélection même si les trois semblent plutôt axées autour de la fiction traditionnelle.

Fondée en 1969 et dirigée pour la seconde fois par Julien Rejl, la Quinzaine des cinéastes est issue des rangs de la SRF et non compétitive. Si l’année dernière, la sélection avait brillé par un certain conformisme, cette année elle débute par un léger parfum de scandale. Incapable de sélectionner des films d’animation, la Quinzaine des cinéastes s’est doté, voilà deux mois d’un consultant spécialisé dans le domaine, Alex Dudok de Wit, journaliste devenu production manager pour le studio français Miyu sur Anzu chat-fantôme en 2022. Et, étonnamment, le 15 avril dernier, ce même film était annoncé en sélection, Julien Rejl omettant même d’annoncer la coproduction française et le qualifiant simplement de « japonais ». On n’est jamais mieux servi que par soi-même semble-t-il. Peut-être pensent-ils à leur avenir car en termes de conflits d’intérêts, difficile de faire pire/mieux (sélectionnez la bonne réponse) : ils vont aisément pouvoir se lancer en politique après leur mandat ! Edit 15/06 : Julien Rejl, le Délégué général de la Quinzaine des Cinéastes a souhaité réagir via un droit de réponse que vous pouvez lire en fin de cet article.

Quinzaine des cinéastes 2024 - les sections parallèles

Heureusement – pour le moment – les autres sections parallèles semblent plus intègres. Depuis 1962, portée par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma, la Semaine de la critique valorise les premiers et seconds films de cinéastes venus du monde entier et cherche à faire émerger de nouveaux talents. Cette année la sélection propose un voyage autour de sujets contemporains forts : une enquête lancée sur un entraineur de tennis, des migrants dans le Queens, des ados rebelles en Égypte, problématiques queer… avec toujours une percée dans le film de genre avec un thriller taïwanais prometteur.

Semaine de la critique 2024 - les sections parallèles

Enfin, l’ACID, présente à cannes depuis 1993, valorise la diffusion de films à l’économie plus fragile et souvent bien moins mis en valeur dans les salles de cinéma. On suivra avec intérêt le nouveau long métrage de Guillaume Brac, Ce n’est qu’un au revoir et le film d’horreur colombien, Mi bestia, signée Camille Beltran autour d’une métamorphose corporelle au moment d’une éclipse à Bogotá.

ACID 2024 - Les sections parallèles

Les trois sélections complètes des sections parallèles ci-dessous :

La Semaine de la critique
  • En compétition
    • Baby de Marcelo Caetano
    • Blue Sun Palace de Constance Tsang
    • Julie zwijgt de Leonardo Van Dijl
    • Locust de KEFF
    • La Pampa de Antoine Chevrollier
    • Rafaat einy ll sama de Nada Riyadh & Ayman El Amir
    • Simon de la montaña de Federico Luis
  • Séances spéciales
    • Les Fantômes de Jonathan Millet // Film d’ouverture
    • La Mer au loin de Saïd Hamich Benlarbi
    • Les Reines du drame de Alexis Langlois
    • Animale de Emma Benestan // Film de clôture

Locust - Semaine de la critique 2024Locust de KEFF

L’ACID
  • Ce n’est qu’un au revoir de Guillaume Brac
  • Château rouge de Hélène Milano
  • Fotogenico de Marcia Romano et Benoît Sabatier
  • In Retreat de Maisam Ali
  • It Doesn’t Matter de Josh Mond
  • Kyuka – Before Summer’s End de Kostis Charamountanis
  • Mi Bestia de Camila Beltrán
  • Most People Die on Sundays de Iair Said
  • Un pays en flammes de Mona Convert

Mi Bestia - ACID 2024Mi Bestia de Camila Beltrán

La Quinzaine des cinéastes
  • La Sélection
    • Ma vie ma gueule de Sophie Fillières // Film d’ouverture
    • À son image de Thierry de Peretti
    • Christmas Eve in Miller’s point de Tyler Taormina
    • Desert of Namibia de Yôko Yamanaka
    • East of Noon de Hala Elkoussy
    • Eat the Night de Caroline Poggi & Jonathan Vinel
    • Eephus de Carson Lund
    • Gazer de Ryan J. Sloan
    • Ghost Cat Anzu de Yôko Kuno & Nobuhiro Yamashita
    • Good one de India Donaldson
    • Mongrel de Chiang Wei Liang & You Qiao Yin
    • La Prisonnière de Bordeaux de Patricia Mazuy
    • Savanna and the Mountain de Paulo Carneiro
    • Sister Midnight de Karan Kandhari
    • Something Old, Something New, Something Borrowed de Hernán Rosselli
    • The Falling Sky de Eryk Rocha & Gabriela Carneiro da Cunha
    • The Hyperboreans de Cristóbal León & Joaquín Cociña
    • The Other Way Around de Jonás Trueba
    • To a Land Unknown de Mahdi Fleifel
    • Une langue universelle de Matthew Rankin
    • Les Pistolets en plastique de Jean-Christophe Meurisse
  • Séance spéciale
    • Histoire d’Amérique : Food, Family and Philosophy de Chantal Akerman (1989)

Une langue universelle - Quinzaine des cinéastes 2024Une langue universelle de Matthew Rankin

Droit de réponse de Julien Rejl, Délégué général de la Quinzaine des Cinéastes

Cher Nicolas Thys,

Dans un article en date du 29 avril 2024 dans lequel vous commentez les sélections parallèles du Festival de Cannes, vous associez la présence du film Anzu, chat-fantôme de Yôko Kuno et Nobuhiro Yamashita à la Quinzaine des Cinéastes à un manque d’intégrité et n’hésitez pas à parler de conflit d’intérêt. En tant que délégué général de la Quinzaine des Cinéastes, je souhaite répondre à cette accusation hasardeuse et rétablir certains faits afin de les porter à la connaissance de vos lecteurs.

Les sélectionneurs des festivals sont des travailleurs à contrat court. Il peut leur arriver, le reste de l’année, de collaborer avec des cinéastes ou des sociétés de production. Les membres du comité de sélection de la Quinzaine des Cinéastes respectent un devoir de réserve à l’endroit des films auxquels ils ont pu participer. C’est une éthique de travail qui implique de ne pas visionner l’œuvre terminée avec les autres membres du comité au cours du processus de sélection, de ne partager aucune information ou appréciation relative au film, au cinéaste ou à sa production avec l’ensemble de l’équipe, y compris le délégué général, et bien évidemment d’être écarté des négociations échéantes avec les ayant-droit du film.

Au demeurant, comme vous ne manquez pas de le souligner, Anzu, chat-fantôme est une coproduction française portée par Miyu, l’un des studios d’animation français les plus importants, mais aussi par le distributeur Diaphana et le vendeur Charades, sociétés multirécompensées à Cannes. Chaque année, ces trois sociétés nous présentent, chacune, un line-up de films qu’elles soumettent tout autant à la Quinzaine qu’aux autres sélections cannoises. Ce sont donc ces sociétés qui portent des films comme Anzu à notre connaissance et avec lesquelles nous discutons des potentielles invitations à l’issue d’un long processus de négociation dans lequel chaque partie fait valoir ses intérêts. Il n’est donc pas possible de « se servir soi-même » comme vous l’affirmez. J’ajoute que les membres du comité de sélection ne sont pas décisionnaires dans le choix des films. Leur rôle est d’émettre un avis consultatif. La ligne éditoriale et les pourparlers concernant l’invitation des films demeurent à la discrétion du délégué général.

Alors, pourquoi, me direz-vous, avoir sélectionné Anzu, chat-fantôme plutôt que d’autres films d’animation ? Eh bien, parce qu’il nous a semblé qu’il s’agissait du meilleur film d’animation qu’on nous ait proposé cette année. Celui qui réussissait à faire tenir ensemble l’exigence d’un récit structuré et intelligent, l’écriture délicate et humoristique des personnages et des dialogues, et un imaginaire débridé en termes d’univers fantastique, de couleurs, de composition, de découpage et de montage. Sans oublier la précision graphique rendue possible par le procédé de rotoscopie.

Vous me permettrez également de corriger quelques inexactitudes mentionnées dans votre papier. En premier lieu, je n’ai pas omis de citer la France comme pays coproducteur du film. Si vous avez suivi notre conférence de presse, ou si vous en avez lu le dossier de presse, il vous a peut-être échappé que nous avions décidé, pour tous les films, de préciser la nationalité des cinéastes et non celle des sociétés de coproduction. Cette information a été indiquée à plusieurs reprises. D’où le Japon pour Yôko Kuno et Nobuhiro Yamashita.

Il semble que vous vous méprenez également sur le rôle d’un consultant au sein d’un comité de sélection. Les consultants n’ont pas pour fonction de remédier à la prétendue incapacité des programmateurs à sélectionner certains films, comme votre remarque désinvolte le suggère, mais contribuent, à travers leur réseau, à instaurer un dialogue plus permanent avec une branche de l’industrie, en l’occurrence avec le secteur de l’animation. Cette présence d’un interlocuteur privilégié est le gage d’un signal d’écoute et d’attention portée à l’évolution d’un champ de la création.

Dans l’attente de découvrir vos articles sur les films de la Quinzaine 2024, je demeure votre lecture fidèle et attentif.

Cordialement,

Julien Rejl

Délégué général de la Quinzaine des Cinéastes

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