Kore-eda a eu l’idée de Après la tempête en 2001, après la mort de son père. Sa mère a dû alors vivre toute seule dans une cité HLM : « Lorsque je suis allé la voir pendant les vacances du Nouvel an, j’ai pensé que j’aimerais filmer un jour une histoire sur cet ensemble de résidences. La première chose qui me vint à l’esprit était une scène de déambulation à travers l’ensemble des bâtiments avec à leur pied l’herbe devenue très belle au lendemain du typhon. J’avais des souvenirs de mon enfance, sur le chemin de l’école, lorsque je ramassais des branches d’arbre tombées sur le sol. Je me souviens de la beauté de la résidence après l’orage. À partir de là, en me concentrant sur les évènements qui se sont déroulés pendant la nuit du typhon, l’histoire d’une famille commença à prendre forme ».
Le tournage a eu lieu à l’Asahigaoka Housing Complex de Kiyose de Tokyo où le réalisateur Kore-eda a vécu de l’âge de 9 à 28 ans. Les résidents qui l’avaient connu venaient sur le plateau pour voir ce qui se passait et le féliciter pour ce qu’ils considéraient comme un retour triomphant.
Le titre du film au Japon est Umi yori mo Mada Fukaku ce qui veut dire Plus profond que la mer. Ce titre vient des paroles de la chanson Wakare no Yokan (1987) de Teresa Teng, qui était connue en tant que « diva de l’Asie » et jouissait d’une grande popularité au Japon.
Après la tempête (Umi yori mo Mada Fukaku – 2016)
Réalisateur : Hirokazu Kore-eda
Acteurs : Hiroshi Abe, Yoko Maki, Yoshizawa Taiyo
Durée : 1h58
Distributeur : Le Pacte
Sortie en salles : 26 avril 2017
Résumé : Malgré un début de carrière d’écrivain prometteur, Ryota accumule les désillusions. Divorcé de Kyoko, il gaspille le peu d’argent que lui rapporte son travail de détective privé en jouant aux courses, jusqu’à ne plus pouvoir payer la pension alimentaire de son fils de 11 ans, Shingo. À présent, Ryota tente de regagner la confiance des siens et de se faire une place dans la vie de son fils. Cela semble bien mal parti jusqu’au jour où un typhon contraint toute la famille à passer une nuit ensemble chez la grand-mère paternelle…
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- Avis express : Kore-eda poursuit son étude de la famille. Plus précisément sur la transmission et le choc des générations qui va de pair. Ici le cinéaste japonais s’intéresse tout particulièrement à la relation père-fils mais sous un angle plus occidental qu’à l’accoutumé. Ou alors c’est qu’au Japon on a dorénavant les même soucis de familles éclatées, de divorces et donc de parents en proie à l’éducation d’enfants qui n’en demandaient pas tant. En ce sens aussi que l’acteur qui interprète ce père en manque de repères (pour le moins) est d’une rare expressivité à la différence de la mère qui est la « caricature » même de la femme japonaise dont les sentiments vont s’exprimer par un jeu de regards ou un mouvement de la tête indicible. D’un côté une exubérance étonnante (tout du moins pour les canons asiatiques), de l’autre, une pudeur, une retenue éloquente. De cette confrontation naît un film saisissant pour ne pas dire fascinant. Le rythme y est pourtant à la limite de l’atonie bien aidé par les séquences délicieuses mettant en scène la grand-mère paternelle quasiment cloîtrée dans son appartement HLM depuis la mort de son mari. Après la tempête dresse du coup un portrait en creux et moderne de la société japonaise qui semble vivre au rythme des soubresauts de sa météo souvent extrême (ici un typhon qui réunit le temps d’une nuit toute cette petite famille qui ne se voyait quasiment plus). Des éléments extérieurs qui ne vont rien arranger mais qui vont au moins provoquer pour que les choses bougent. Le dernier plan est à ce titre magnifique. Rien n’a changé, tout est différent. On ne peut que s’incliner devant tant de délicatesse et d’humanité. 3,5/5 – SG
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