Le Garçon et le héron - Image une fiche film

Fiche film : Le Garçon et le Héron (2023)

Le Garçon et le héron s’inspire du roman Et vous, comment vivrez-vous ? de Genzaburo Yoshino, datant de 1937, un livre autrefois offert à Hayao Miyazaki par sa mère. Une scène du film montre le jeune héros découvrant ce livre avec un mot de sa mère qui dit « Pour élever Mahito ». L’ouvrage raconte une histoire de passage à l’âge adulte sur le développement émotionnel et philosophique d’un jeune garçon après le décès de son père.

Le Garçon et le héron (Kimi-tachi wa Dō Ikiru ka – 2023)

Réalisateur(s) : Hayao Miyazaki
Avec les voix originales de : Masaki Suda, Takuya Kimura, Kô Shibasaki
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Durée : 2h 04min
Sortie en salles : 1er novembre 2023

Résumé : Après la disparition de sa mère dans un incendie, Mahito, un jeune garçon de 11 ans, doit quitter Tokyo pour partir vivre à la campagne dans le village où elle a grandi. Il s’installe avec son père dans un vieux manoir situé sur un immense domaine où il rencontre un héron cendré qui devient petit à petit son guide et l’aide au fil de ses découvertes et questionnements à comprendre le monde qui l’entoure et percer les mystères de la vie.

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  • Notre avis : Faisons une pause deux minutes. Et réalisons la chance que l’on a de vivre une nouvelle sortie d’un film d’animation signé Hayao Miyazaki lui qui annonçait pourtant lors du Vent se lève que ce serait sa dernière création. C’était il y a tout juste 10 ans et voici donc que débarque Le Garçon et le héron dont on ne se permettra pas d’affirmer qu’il s’agit là de son ultime opus même si à sa vision on ne peut s’empêcher de penser qu’il a valeur de testament. Entre l’impression d’y trouver comme une synthèse de son œuvre doublée du sentiment que l’on est en face de son film le plus personnel. En ce sens qu’il s’y livre comme jamais auparavant donnant à son Garçon et le héron une couleur des plus biographique et très sombre.
    C’est en effet peu de dire que l’on retrouve ici son univers si familier dominé par cette volonté de continuellement tordre la réalité pour en faire un cauchemar/rêve éveillé. En cela on pourrait même dire que Le Garçon et le héron est la version masculine du Voyage de Chihiro. Un jeune garçon doit partir à la campagne rejoindre sa tante qui possède une grande maison. Là, il se retrouve embringué dans une aventure aux confins de l’imaginaire avec pour guide un héron qui parle. Mais la comparaison s’arrête-là. On est en pleine seconde guerre mondiale, le garçon vient de perdre sa mère dans l’incendie d’un l’hôpital bombardé où elle était soignée, son père est le directeur d’une usine en charge de la confection de la cabine en verre des avions Mitsubishi A6M connus en occident sous l’appellation « Zéro ». On pense forcément à ce stade au Vent se lève puisque Miyazaki y avouait sans ambages l’existence d’un père figure de l’histoire aéronautique de son pays et aux sources de la passion du fils pour les avions. Passion qui n’est plus un mystère depuis longtemps et formalisée par l’emblématique Porco Rosso en 1992.
    On sait aussi que Miyazaki a été marqué au fer rouge par le combat de sa mère qui a été clouée au lit pendant huit ans avant de s’éteindre d’une tuberculose vertébrale en 1983. Toutes ses créations féminines lui rendent hommage en en faisant des personnages modernes et forts. Pourtant, au-delà des deux jeunes sœurs tour à tour pétillantes, graves, espiègles, aventurières et à l’imagination sans limite, c’est la mère alitée dans Mon voisin Totoro (1988) qui reste à tout jamais gravée dans nos mémoires. Miyazaki chérissant alors chaque coup de crayon, chaque expression, chaque mouvement pour nous transporter au-delà de l’amour filial. C’est d’ailleurs une nouvelle fois ce que l’on ressent ici. La mère se transformant dans les rêves du jeune garçon en une émanation de feu contre quoi il lui faut se détacher pour mieux s’émanciper. Oui car Le Garçon et le héron est une nouvelle fois l’histoire d’un passage à l’âge adulte sauf que Miyazaki ne cherche plus à « enrober » cela dans un onirisme plutôt accueillant propre justement à forger les âmes et les esprits.
    Non avec Le Garçon et le héron en plus d’être anxiogène, les univers sont anguleux, saillants et vraiment peu amènes. On y cherche un éventuel salut. Il n’y en a pas. On cherche un peu d’optimisme. Peine perdue. Le garçon se construit avec comme seul horizon que celui-ci est déjà sans lendemain même s’il promet de se battre contre ce qui semble être une fatalité. Comme si Miyazaki intégrait dans cet espace-temps censé se dérouler en pleine seconde guerre mondiale, les attendus de notre monde actuel où la jeunesse se cogne aux murs d’une réalité climatique, économique, sociale… avec une violence inédite qui ne risque pas de baisser en intensité. En cela Miyazaki semble peut-être vouloir passer le témoin tout en ne prenant plus de gants. Inutile de continuer à passer de la crème. Le Garçon et le héron est de fait un film encore plus dur et âpre que, au hasard, Princesse Mononoké (1997) car la violence qui s’y déploie est sourde, vindicative et sans victime expiatoire. Miyazaki jetant pleine poire toutes ses frustrations pour ne pas dire sa colère à la face du monde et à l’égard de ses contemporains. C’est-à-dire nous. Le Garçon et le héron ou le cri d’alarme ultime avant le gouffre final ? 3,5/5
  • Box office : 227 457 entrées sur 461 copies en 24h soit le 8ème meilleur démarrage 1er jour en 2023. Jamais un Miyazaki n’avait jusqu’ici réalisé un tel démarrage. En comparaison Ponyo sur la falaise en 2009 est la meilleure marque française avec un cumul à 1 464 473 entrées. Il n’enregistrait alors que 47 639 spectateur en 24h sur 251 copies… Edit 6/11 : 647 248 entrées en 5 jours Vs 186 326 spectateurs pour Ponyo sur la falaise. Ce qui confirme les premières impressions. À voir maintenant avec la fin des vacances si le rythme se maintient lors de la prochaine semaine. Edit 15/11 :  1 019 538 entrées après deux semaines d’exploitation. La dynamique s’est forcément effritée (55% de spectateurs en moins en deuxième semaine) avec la fin des vacances scolaires mais le million et demi de spectateurs reste possible.
  • La chronique Blu-ray : Sauf erreur de notre part, tous les films de Miyazaki sont disponibles en Blu-ray chez nous. Le Garçon et le héron ne devrait donc pas faire exception. Et pourquoi, mesdames et messieurs de chez Wild Side, ne pas en profiter pour se lancer dans une édition 4K ?

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