La 16ème édition du Carrefour du cinéma d’animation s’ouvre ce mercredi 12 décembre au Forum des Images à Paris. Comme chaque année, ce festival permet d’offrir le panorama le plus ample possible d’une forme cinématographique à laquelle on accorde souvent trop peu de place et qu’on résume à quelques œuvres souvent identiques. Ce sera l’occasion, jusqu’à ce dimanche 16 décembre, de démontrer qu’il n’en est rien en découvrant les dernières productions courtes ou longues avec des films souvent inédits ou peu montrés.
Côté courts-métrages, le Carrefour fait fort avec le nouveau film de Pierre-Emmanuel Lyet, coréalisateur du césarisé La Nuit américaine d’Angélique, La Nuit des sacs plastiques de Gabriel Harel, film de « zombag » présenté à la dernière Quinzaine des réalisateurs, Le Tigre de Tasmanie de Vergine Keaton, l’une des œuvres les plus importantes de l’année tous genres et formats confondus, Je sors acheter des cigarettes d’Osman Cerfon, le cinéaste génial des Chroniques de la poisse ou le nouveau film de Patrick Bokanowski qui oscille toujours entre expérimentations plastiques en prises de vues réelles et cinéma d’animation.
Parmi les longs métrages, il sera possible de découvrir l’une des sensations du dernier festival d’Annecy, Seder-Masochism de Nina Paley, comédie musicale féministe qui tourne la religion en dérision et offre à Alain Delon sa meilleure performance. La cinéaste avait déjà réalisé Sita chante le blues en 2008. On y verra aussi, en avant-première, quelques films de provenances variées comme le norvégien Wardi autour d’un camp de réfugié libanais, Funan de Denis Do qui rafle des prix dans le monde entier, ou encore le mystérieux Ruben Brandt, Collector de Milorad Krstić, projeté en clôture et dont on ne sait finalement que peu de choses. Au Carrefour seront également projetés plusieurs films japonais, dont Mirai de Mamoru Hosoda, le premier Miyazaki : Le Château de Cagliostro, et, lors d’une séance cul(te), Les Mille et une nuits suivi de Cleopatra, tous deux produits par Osamu Tezuka. Ces derniers appartiennent à une trilogie d’œuvres érotiques réalisées dans les années 1970 par Eiichi Yamamoto dont on connait surtout La Belladone de la tristesse.
Plusieurs réalisateurs seront mis à l’honneur. Cette année l’invité principal du Carrefour du cinéma d’animation sera le double oscarisé Richard Williams (pour A Christmas carol en 1977, et Qui veut la peau de Roger Rabbit ? en 1988 pour lesquels il a conçu l’animation). S’il a réalisé peu de films, il est auteur d’une des « bibles » des étudiants en animation. Amateur d’une fluidité sans limite et d’une animation précise et virtuose possible, il est essentiellement l’auteur d’un film maudit : The Thief and the cobbler, sur lequel il a travaillé pendant 25 ans avant d’être charcuté par Miramax lors de sa sortie en 1995. Il viendra présenter une version de travail de ce film, la plus proche ses intentions initiales, avant de donner une Masterclass. Deux autres cinéastes seront présents : Jonathan Hodgson, auteur indépendant britannique qui reviendra sur ses films avant de présenter son derniers court-métrage, et Erick Oh, qui a commencé chez Pixar et qui présentera sa série animée : PIG
Autre événement au cœur du Carrefour : les secrets de fabrication. Ces séances gratuites permettent de découvrir où en sont quelques films attendus, avec la projection d’extraits et une rencontre avec les réalisateurs et producteurs. Cette année Anca Damian présentera L’Extraordinaire voyage de Marona, histoire tendre et tragique d’un chien à la recherche d’un humain pour l’aimer, avec des décors réalisés par Brecht Evens. Sepideh Farsi nous emmènera quant à elle dans l’univers de La Sirène, son premier film animé, autour de la guerre Iran/Irak en 1980. Enfin le studio toulousain TAT montrera les premières images de Terra Willy son nouveau long après Les As de la jungle.
Parmi les autres séances, on notera un focus sur un studio de production qui explose ces dernières années : Miyu, une séance animation et politique avec la programmation de nombreux courts-métrages, une web-série sur les Shadoks qui fêtent leur demi-siècle, un hommage à Will Vinton, récemment disparu et créateur du studio qui deviendra par la suite Laïka, ou encore un best-of du SIGGRAPH pour ceux qui veulent découvrir les dernières créations en images de synthèse.
Enfin, le Carrefour de l’animation met tous les ans les écoles à l’honneur. D’une part en projetant une sélection des meilleurs courts-métrages de fin d’étude – et ils sont souvent excellents. D’autre part en permettant à des étudiants de produire en trois jours un cadavre exquis à partir d’une image réalisée par l’auteur à l’honneur. Cette année il s’agit d’une panthère rose. Le résultat sera projeté lors de la cérémonie de clôture.
Je sors acheter des cigarettes d’Osman Cerfon
Vous retrouverez le programme complet en cliquant sur ce lien.