Entretien avec Patrick Brion [VIDEO]

Patrick Brion vous connaissez forcément. Surtout si vous êtes un assidu de Digital Ciné qui comme tout le monde le sait n’a comme lecteurs que des cinéphiles avertis et compulsifs. Ce que Patrick Brion est sans conteste mais puissance infini et pas uniquement. C’est que pour la génération des quarantenaires dont l’auteur de ces lignes fait partie, il est d’abord la voix de l’émission Cinéma de Minuit diffusé depuis 1975 sur France 3 alors FR3 suite à l’éclatement de l’ORTF. Brion est en effet aussi un passeur. Il nous a fait découvrir des pépites, des classiques, des chefs-d’œuvre sinon des pans entiers de cinéma oubliés ou quasi oubliés. Sa cinéphilie à lui c’est l’âge d’or des studios hollywoodiens, celui de l’Italie d’après-guerre ou encore de notre patrimoine infinie qui s’étend de la période muette à la fin des années 70 max. Au-delà, l’homme connaît et a beaucoup vu mais apprécie beaucoup moins. Ses fameux beaux livres classés par genre qui traitent du Hollywood mythique des grands Studios l’attestent sans conteste.

Brion n’est pas l’homme d’une cinéphilie ghettoïsée comme on peut le constater de nos jours. Il est celui qui connaît ses classiques et qui a une méta vision quand tant d’autres aujourd’hui ne s’abreuvent de films que par le petit bout de la lorgnette. Est-ce parce que sa génération où l’on trouve Tavernier, Jean-Claude Missiaen et tant d’autres brillants cinéphiles ont échoué à faire aimer le cinéma dans ce qu’il a de plus noble et absolu ? Oui et non. Oui car leur ombre portée est tellement écrasante que beaucoup sont allés défricher ailleurs histoire de ne pas être jugé à l’aune de leurs aînés. Non car qui dit passeur ne dit pas dictateur du bon goût. Il faut de toute façon chérir cette cinéphilie que d’aucuns ont affublé du terme de Papa comme au premier temps très MacCarthyste de la Nouvelle Vague. Elle est la matrice de tout et ne peut être balayée de la main au seul prétexte que tout a été dit. À nous justement de remettre le travail sur le métier pour continuer à lui donner des couleurs et du sens nouveau pour le faire transiter vers les nouvelles générations. Au lieu de vouloir tuer le père, valorisons les filiations.

Ce que d’ailleurs continue inlassablement de faire Brion qui vient juste de signer une improbable mais ô combien nécessaire encyclopédie du western disponible ainsi ou au sein d’un coffret comprenant en sus une trentaine de DVD (mais pas que) édité par Sidonis. D’ailleurs, on vous en parlait en détail ici. L’occasion était du coup trop belle pour ne pas inviter Patrick Brion dans notre antre du cinéma Max Linder dont il a épuisé les fauteuils lorsqu’il n’était qu’un jeune ado au sortir de l’après-guerre. Nous avons rencontré un homme affable à l’éloquence assuré et au savoir infini (on n’en doutait point). Ce qui ne devait d’ailleurs durer qu’une heure s’est transformé en discussion à bâton rompu sur près de deux heures que nous avons essayées de synthétiser en plusieurs vidéos pas forcément concises mais sans rien vouloir omettre. On vous laisse découvrir tout cela en espérant que vous prendrez autant de plaisir à les visionner que nous d’avoir pu discuter avec l’un de nos maîtres à tous.

Un grand merci encore il va sans dire à Patrick Brion et à Flavien Bellevue pour sa captation qui ne s’est pas faite sans douleurs en raison d’un matériel capricieux et pour son montage comme toujours inspiré… Sans oublier la salle du Max Linder qui, une nouvelle fois, nous a accueilli chaleureusement et Florence Farel.