Alors que Serge Toubiana, actuel directeur de la cinémathèque française, vient d’annoncer son départ d’ici fin décembre, sa dernière année à la tête de la vénérable association va ressembler aux précédentes : les sentiers sont bien balisés et on évite de les quitter, Cocorico & Hollywood en priorité. En effet, sur la vingtaine de programmes annoncés pour l’année prochaine, 12,5 sont français ou américains (le 0,5 étant attribué au Chilien Raoul Ruiz qui a fait la moitié de sa carrière en France ou en très étroite collaboration avec celle-ci), les deux expositions sont consacrées à des cinéastes US ultra célébrés (Martin Scorsese et Gus Van Sant) et l’invité d’honneur du festival Toute la mémoire du monde, Paul Verhoeven, est d’abord connu pour ses films réalisés outre Atlantique.
On est toujours surpris par le peu de place réservée à ce qui est hors du tandem « France – Etats-Unis » par la cinémathèque lors des rétrospectives alors que la diversité du cinéma international n’est plus à faire. Certainement la peur de perdre un peu du bon taux de fréquentation de ces dernières années. Seuls légers changements : le cinéma japonais figure au rang des absents de la saison 2015-2016 – l’Asie sera représentée par La Chine contemporaine et le coréen Im-Kwon-Taek – et l’Italie n’aura qu’un seul émissaire, Luigi Zampa, spécialiste du « néo-réalisme rose », savant dosage de comédie de mœurs assez ironique et de peinture sociale et dramatique.
Dans le même genre de statistiques, on s’étonne aussi qu’au moins 16 des 21 cycles à venir de la cinémathèque soient consacrés au cinéma de ces 50 dernières années. On fête en 2015, les 120 ans du cinématographe Lumière et ce que nous dit le temple de la cinéphilie c’est qu’en fait, il aurait plutôt deux fois moins… Seuls John Huston, Louis Delluc, Mauritz Stiller et, on l’espère, les mélodrames français et la programmation consacrée au Cinéma, art du climat viendront en partie contredire cela.
Quid de la programmation sinon ? Chez les français, on verra beaucoup d’acteurs (parfois réalisateurs) et pas mal de comédies entre Pierre Richard, Mathieu Amalric, Gérard Depardieu et Pierre Etaix. Seul Philippe Faucon avec son très beau cinéma social viendra contrebalancer cette tendance chez les contemporains. Du côté américains, comme souvent, on aura droit à davantage de mastodontes que de découvertes : Scorsese, Peckinpah, Van Sant, Huston, et… Vilmos Zsigmond. On peut difficilement mettre le chef op’ d’origine hongroise ailleurs vu que sa filmographie est à 99% américaine (Altman, Spielberg, Scorsese, De Palma… toujours un peu les mêmes en quelque sorte).
Partons maintenant à la découverte du reste du mo… euh… de l’Europe avec, à l’honneur, la danoise Annett Wolf, le hongrois Miklos Jancso, les cinéastes allemands d’aujourd’hui et le suédois Mauritz Stiller. Soit pour le reste du monde : des miettes (on l’espère, dans la partie Histoire permanente du cinéma). L’Afrique est vide, l’Amérique du Sud et centrale c’est Raoul Ruiz, le Moyen-Orient est inexistant, et on est fâché avec la Russie et avec une bonne partie de l’Asie. Ou alors, peut-être que, selon la cinémathèque, ces parties du globe ne sont pas dignes de rétrospectives. Dommage quand même, on espérait découvrir des choses venues d’ailleurs !
Et on n’osera même pas mentionner le cinéma d’animation au risque de voir François Aubel surgir derrière Toubiana, à sa rescousse, pour nous répondre en chœur d’aller voir chez le jeune public et d’avoir honte de nous !
Le détail ci-dessous mais surtout sur le site de La Cinémathèque
Automne : Sam Peckinpah – Mathieu Amalric – Philippe Faucon – Miklos Jancso – Martin Scorsese – Pierre Etaix
Hiver : Paul Verhoeven, invité d’honneur de Toute la mémoire du monde, Festival international du film restauré – Im Kwon-taek – Le cinéma, art du climat – Annett Wolf – Louis Delluc – Gérard Depardieu
Printemps : Allemagne : une nouvelle génération de cinéastes – Vilmos Zsigmond – Gus Van Sant – Raoul Ruiz – John Huston – Mauritz Stiller
Été : Pierre Richard – Nouvelles voies du cinéma chinois – Luigi Zampa – Mélodrames français
Expositions : Martin Scorsese, Gus Van Sant, les scriptes.
Au lieu de nous donner la programmation précise de cet automne, comme l’annonce le chapitre, vous nous servez un article de pur bavardage. Et tout compte fait on ne sait ni quel films ni quand seront ils visionnés. Très frustrant de nous faire perdre du temps comme ca.
Nous n’avons pas vocation à faire un simple texte détaillant la programmation mais justement d’en causer, d’en bavarder, d’en critiquer les orientations (ou pas). Pour le détail vous avez le site de la Cinémathèque dont nous donnons (nous venons de le rajouter pour les fainéants) le lien en fin de texte…