« Dans Detroit, je voulais plonger le spectateur à l’intérieur de l’Algiers Motel afin qu’il vive les événements en train de se dérouler en temps réel » – Kathryn Bigelow.
Detroit marque la troisième collaboration entre la cinéaste Kathryn Bigelow et le scénariste Mark Boal, après Zero Dark Thirty (2012) et Démineurs (2009). En s’attelant à cette page critique, mais largement oubliée, de l’histoire américaine contemporaine, ils ont cherché à rendre hommage aux rescapés et aux victimes avec respect et humanité.
Detroit (2017)
Réalisateurs : Kathryn Bigelow
Acteurs : John Boyega, Will Poulter, Algee Smith, Jacob Latimore
Durée : 2h23
Distributeur : Mars Films
Sortie en salles : 11 octobre 2017
Résumé : Été 1967. Les États-Unis connaissent une vague d’émeutes sans précédent. La guerre du Vietnam, vécue comme une intervention néocoloniale, et la ségrégation raciale nourrissent la contestation.
À Detroit, alors que le climat est insurrectionnel depuis deux jours, des coups de feu sont entendus en pleine nuit à proximité d’une base de la Garde nationale. Les forces de l’ordre encerclent l’Algiers Motel d’où semblent provenir les détonations. Bafouant toute procédure, les policiers soumettent une poignée de clients de l’hôtel à un interrogatoire sadique pour extorquer leurs aveux. Le bilan sera très lourd : trois hommes, non armés, seront abattus à bout portant, et plusieurs autres blessés…
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- Avis express : En ces temps pour le moins tourmentés qui voit la fracture au sein de la société américaine se tendre toujours un peu plus bien aidé par houppette d’or qui n’en rate pas une pour jeter de l’huile sur le feu en 140 signes, voilà que débarque Detroit qui prend comme toile de fond les violentes émeutes raciales qui ont éclatées dans cette ville de l’État du Michigan à l’été 1967. Si Bigelow n’a pas pour ambition de réécrire l’Histoire des États-Unis, son film a l’aura immédiate du phare à même d’éclairer les soubresauts récents d’un pays définitivement malade. Le propos est donc ambitieux car il joue à plein son rôle de caisse de résonance politique et sociale. Il s’accompagne d’une mise en scène, comme souvent chez la cinéaste, rigoureuse pour ne pas dire ascétique. Les grincheux y verront sans doute une mécanique aride et sans âme. Nous, on préfère y déceler le prolongement d’une filmo de plus en plus exigeante. Et le résultat est juste passionnant même s’il manque peut-être ce petit grain de folie ou d’empathie qui aurait fait basculer le tout dans l’ordre de l’exceptionnel. C’est que Detroit s’apparente à une sorte de reconstitution luxueuse que n’aurait pas renié un excellent documentaire diffusé sur la chaîne Historia. Le fait de se focaliser sur la tragédie humaine qui s’est déroulée au sein de l’Algiers Motel (sorte de drame dans le drame) n’arrive pas à effacer totalement cette impression certes réductrice mais bien réelle. Le sujet ne pouvait peut-être pas être traité autrement mais en bordant ainsi à mort et en ne donnant à Detroit aucune liberté fondamentale, Bigelow rate du coup la dernière marche. Celle d’un film qui s’il marque les esprits, ne marquera pas durablement l’histoire du medium. C’est peu de dire qu’on le regrette. 3,5/5 – SG
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