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Fiche film : Louise… L’insoumise (1985)

« L’une des choses que j’ai voulu montrer dans ce film, c’est la manière dont une enfant revendique avec violence sa liberté, à la fois en rejetant les contraintes du milieu familial et en en exploitant les ressources. » Charlotte Silvera, réalisatrice de Louise… l’insoumise.

Louise… l’insoumise (1985)

Réalisateur(s) : Charlotte Silvera
Avec : Catherine Rouvel, Marie-Christine Barrault, Roland Bertin, Myriam Stern
Durée : 1h40
Distributeur : Les Films Epoc /  La Traverse (Reprise 2021)
Sortie en salles : 13 mars 1985
Reprise :
8 décembre 2021

Résumé : L’histoire se déroule au début des années 60. Louise est une enfant rebelle, en révolte contre l’enfermement et les traditions religieuses que lui impose sa famille : interdiction de sortir sauf pour l’école et les commissions, de manger autre chose que de la nourriture casher… C’en est trop pour Louise qui rêve de liberté, de jouer avec ses copines et de manger des rillettes. C’est grâce à l’école et à la télévision que Louise parviendra à s’évader. Entre la Torah et sa mère, l’enfant rebelle part à la recherche des chemins de la liberté.

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  • Notre avis : On ne va pas se mentir, nous n’avions jamais entendu parler de Louise… l’insoumise avant sa découverte et encore moins de sa réalisatrice Charlotte Silvera. La révolution sociétale actuellement en marche qui doit, on ne peut que l’espérer, permettre aussi aux réalisatrices en herbe d’accéder plus égalitairement à leurs aspirations professionnelles permet donc par ricochet de (re)découvrir que leur voix n’était pas totalement absente du paysage dans les années 80. Qu’en gros, il n’y avait pas qu’Agnès Varda, Coline Serreau, Catherine Breillat ou encore Tonie Marshall qui œuvraient alors. Et que même si leur nombre au final ne doit pas se compter sur plus des doigts des deux mains, il faut bien entendu y inclure Charlotte Silvera au demeurant plus que jamais en activité encore  aujourd’hui.
    Louise… l’insoumise était en 1985 son premier long de fiction après quelques courts-métrages mais surtout un documentaire intitulé Argentine 78 : supporters, si vous saviez que l’on adorerait découvrir puisqu’apparemment il traiterait de la coupe du monde 78 organisée dans un pays alors sous le joug de la dictature Videla. Louise… l’insoumise change a priori totalement de braquet et d’univers en nous racontant l’histoire d’une pré-ado juive tunisienne ayant débarqué dans la France des années 60. Son quotidien se compose entre une mère ultra possessive et rigide qui ne bouge que rarement de son petit 3 pièces de la banlieue parisienne, un père magasinier présent que le soir et les week-ends dont elle délace les chaussures en alternance avec sa grande sœur quand il rentre. Mais aussi la télé qu’elle regarde en cachette et l’école qui sont ses seuls moments de liberté et d’évasion au sein de cet univers quasi carcéral.
    Charlotte Silvera filme à hauteur de cette enfant à qui on refuse la moindre émancipation. Louise, interprétée par une émouvante Myriam Stern dont ce sera ici la seule apparition cinématographique, s’oppose du coup de plus en plus à sa mère qui représente à ses yeux un monde d’interdits et de violence. La caméra la suit inlassablement et semble même subir les aléas de son quotidien. C’est pour le spectateur à la fois harassant mais aussi impitoyablement nécessaire sans que pour autant Louise… l’insoumise soit un remake à la Hugo façon Les Misérables. Entendre par là que le film de Charlotte Silvera s’autorise des moments de respiration bienvenus comme cette scène où Louise, à qui l’on refuse toute charcuterie, va se payer en cachette une bonne tranche de jambon de Parme chez le boucher du quartier qu’elle va avaler goulument en pleine rue. Il y a aussi ces moments télévisuels que la réalisatrice a bien entendu choisi à dessein comme l’évasion en février 1961 de six femmes incarcérées à la prison de la Roquette à Paris. Six femmes (trois françaises, deux algériennes et une égyptienne) appartenant à un réseau pro FLN qui luttait pour la libération de l’Algérie est bien entendu une métaphore parfaitement évidente des envies d’ailleurs de Louise qui voit en sa famille une puissance colonisatrice.
    Et puis à l’aune de la société d’aujourd’hui, Louise… l’insoumise ne fait que prolonger ce sentiment d’une société où les femmes ne veulent plus subir et étouffer sous des règles écrites ou non écrites les ramenant à une réalité toute sauf égalitaire et émancipatrice. Est-ce que l’on doit encenser du coup une œuvre toujours aussi actuelle ? Non mais lui reconnaître son caractère atemporel par la qualité de sa réalisation et la force de ses messages qui passent toujours avec autant de conviction, ne serait que la moindre des choses… 3,5/5
  • Box office : Louise… l’insoumise ressort d’abord au Reflet Medicis à Paris. Deux séances spéciales se feront d’ailleurs en présence de la réalisatrice : le vendredi 10 décembre à 19h40 et le dimanche 12 décembre à 13h50. Cette même première semaine les nantais auront aussi la chance de (re)découvrir le film au cinéma Le Cinématographe. À partir du 15 ce sera au tour de L’Utopia Borderouge à Toulouse et à partir du 22 décembre l’Omnina République de Rouen prendra le relai. Lors de sa première exploitation au cinéma Louise… l’insoumise avait attiré 72 037 spectateurs et avait surtout glané de nombreux prix comme le Prix Georges-Sadoul qui récompensait alors un premier ou un second film ainsi qu’une large  reconnaissance critique.
  • La chronique Blu-ray : Louise… l’insoumise a bénéficié d’une restauration 4K effectuée par le laboratoire Éclair. On n’ose du coup espérer un jour une édition Blu-ray…

2 réflexions sur « Fiche film : Louise… L’insoumise (1985) »

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