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Fiche film : Nightmare Alley (2021)

Nightmare Alley est une nouvelle adaptation du roman Le Charlatan de William Lindsay Gresham, publié en 1946. Ce livre avait déjà été porté à l’écran par Edmund Goulding en 1947.

« Raconter une histoire sur le destin et l’humanité m’intéressait énormément. Stanton Carlisle est un homme qui se voit offrir tout ce qu’il faut pour changer de vie. Il a autour de lui des gens qui croient en lui, qui l’aiment et lui font confiance. Mais sa soif de réussite est telle, son orgueil si démesuré qu’ils finissent par l’en détourner. » – Guillermo del Toro

Nightmare Alley (2021)

Réalisateur(s) : Guillermo del Toro
Avec : Bradley Cooper, Cate Blanchett, Toni Collette, Willem Dafoe, Richard Jenkins, Rooney Mara, Ron Perlman
Durée : 2h31
Distributeur : The Walt Disney Company France
Sortie en salles : 19 janvier 2022

Résumé : Dans les années 1940, au sein d’une foire itinérante, Stanton Carlisle – un homme charismatique qui traverse une mauvaise passe – se lie d’amitié avec la voyante Zeena et son mari Pete, un mentaliste sur le déclin. En travaillant auprès d’eux, Stanton entrevoit rapidement le moyen de faire fortune : il va mettre à profit ses nouvelles compétences pour escroquer l’élite de la riche société new-yorkaise. S’appuyant sur la vertueuse et fidèle Molly, Stanton se met en tête d’arnaquer un homme aussi puissant que dangereux. Il fait alors appel à une mystérieuse psychiatre qui pourrait bien se révéler la plus redoutable de tous ses adversaires…

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  • Notre avis : Nightmare Alley, c’est d’abord un roman de William Lindsay Gresham publié pour la première fois en 1946 et déjà adapté au cinéma par Edmund Golding en 1947. C’était l’âge d’or du film noir à Hollywood et Tyrone Power, alors énorme star abonnée aux rôles de jeunes premiers que lui réservait la 20th Century Fox dirigée par un certain Darryl Zanuck, se passionnât pour ce personnage de manipulateur et de charlatan (au demeurant le titre français du film) dans le milieu des spectacles forains qu’il endossât avec énormément d’enthousiasme et de conviction. Quant à Guillermo del Toro ce n’est pas d’hier qu’il a pour ambition d’adapter le livre de Gresham. En fait, cela remonte à 1993 quand Ron Perlman, à l’issue du tournage de Cronos, attire l’attention du cinéaste mexicain sur le livre et le film de 1947 lui exprimant son désir de reprendre le rôle originellement tenu par Tyrone Power.
    Il faudra pourtant attendre les années 2010 pour que del Toro, depuis longtemps convaincu par la force du récit et de ses accointances avec ses propres obsessions thématiques et visuelles, pour qu’il obtienne enfin de la Fox la possibilité de réadapter le bouquin de Gresham. Entreprise qu’il va réaliser en duo avec sa compagne et scénariste Kim Morgan pour aboutir à ce Nightmare Alley nouvelle mouture où si Ron Perlman n’endosse pas le rôle principal qu’il désirait tant à l’origine, fait tout de même parti de l’aventure. Alors que Leonardo DiCaprio fut un temps attaché au projet, c’est à Bradley Cooper que revient cet honneur. S’il ne fera pas oublier la prestation de Tyrone Power, il n’en reste pas moins tout à fait à l’aise au sein de l’univers si particulier de del Toro que l’on retrouve d’ailleurs avec plaisir ici. C’est dire aussi que les aficionados du cinéaste seront donc en terrain conquis même si l’onirisme béat et romanesque auquel il nous habituait de plus en plus lourdement a laissé la place ici à une signature visuelle bien plus sombre prolongeant logiquement une histoire ayant pour cadre les bas-fonds des fêtes foraines ambulantes et de l’âme humaine.
    Pour autant, on est très loin de la signature « film noir » du premier opus ainsi que de celle très malaisante du Freaks (1932) de Browning auquel pourtant le cinéma de del Toro aurait pu faire écho avec ce personnage dont la noirceur de l’âme rejaillit progressivement jusqu’à le transformer physiquement. Guillermo del Toro choisit plutôt un traitement « à vue » et surtout médian que l’on pourrait même caractériser comme étant dans l’air du temps. Certains nous trouveront sans doute injustes avec un film qui se permet, il est vrai, de véritables moments privilégiés où l’inspiration visuelle répond à de véritables partis-pris de mise en scène doublés de choix assez couillus quant à la caractérisation des personnages. Surtout au regard de la production hollywoodienne du moment. La déception vient justement du fait que c’est del Toro. Cinéaste qui n’a certes pas l’envergure d’un, au hasard, Tarantino, Spielberg ou d’un Peter Jackson (entendre par là les coudées totalement franches) mais qui dispose tout de même d’une légitimité et d’une aura qui devraient lui permettre de raconter cette histoire autrement qu’à la façon d’un formidable livre d’images qui sonne au final un peu creux.
    C’est que si le Nightmare Alley de Golding a pris quelques rides, il n’en demeure pas moins beaucoup plus tranchant dans la mise à nue d’une humanité pour laquelle il ne reste que peu de motifs d’espoir. On (re)verra aussi avec plaisir la formidable série HBO Carnivàle (La Caravane de l’étrange) pour mieux comprendre nos regrets. Ne subsiste en fait avec del Toro que l’envie de se frotter au vernis du « film noir » sans jamais vraiment en comprendre les rouages les plus intimes, les plus signifiants et au final les plus traumatisants. 2,5/5
  • Box office : À l’heure où nous tapons ces quelques lignes, nous n’avons pas la moindre idée du nombre de copies sur lesquels Nightmare Alley sera distribué. Ce n’est pas faute d’avoir posé la question. Nous rappellerons juste à ce stade que le meilleur cumul de Guillermo del Toro en France est La Forme de l’eau avec 1 362 606 entrées. Film qui fut distribué sur 248 copies. On ne devrait pas être loin de cette combinaison ici avec l’espoir chez Disney, si l’on se base sur l’article de Philippe Guedj dans le Point Pop, de réaliser au moins 500 000 entrées. Ceci au regard du flop que le film a enregistré aux États-Unis (9M de dollars à date pour un budget de 60M). Edit 19/01 – 18h45 : Nightmare Alley réalise 1 104 entrées sur 26 copies à la première séance 14h parisienne. En comparaison La Forme de l’eau cumulait déjà 2 716 spectateurs sur exactement la même combinaison de copies à Paris. Edit 20/01 : 21 639 entrées sur 264 copies après la première journée d’exploitation quand La Forme de l’eau en était déjà à 41 465 entrées. Edit 25/01 : 119 146 entrées à l’issue du 1er week-end contre 260 149 spectateurs pour La Forme de l’eau. Sinon, Disney vient d’annoncer que le cinéma Max Linder à Paris allait proposer une version N&B de Nightmare Alley du mercredi 26 janvier au mardi 1er février. On vous invite à consulter cette page pour connaître les horaires spécifiques. Guillermo del Toro semble en effet avoir toujours pensé que le film se devait d’être vu ainsi tel un ultime hommage aux films noirs des années 40 et 50. Edit 11/02 : Après 3 semaines d’exploitation, Nightmare Alley a attiré 317 247 spectateurs. Au sein de ce chiffre, impossible de connaître la part générée par la version en N&B exploitée sur une semaine au cinéma Max Linder à Paris.
  • La chronique Blu-ray : Nightmare Alley est annoncé en Blu-ray et Blu-ray 4K aux États-Unis pour le 22 mars. En France rien d’officiel pour l’instant mais il est évident que ce n’est qu’une question de semaine(s). La question est de savoir si la version N&B sera aussi déclinée sur ces supports. Edit 11/02 : Pour ceux que cela intéressent, voici le détail des éditions US. À noter que toutes proposent des STF et que le Blu-ray 4K est bien entendu « Region Free ». Quant au Blu-ray il va falloir attendre encore un petit peu pour savoir s’il est toutes zones ou uniquement Zone A et donc lisible sur des platines dézonées ou « lockées A ». Pas d’info pour l’instant quant au portage du film en N&B…

Nightmare Alley - Affiche

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