Mon nom est Personne - Image une fiche film

Fiche film : Mon nom est Personne (1973)

Sergio Leone, crédité uniquement comme scénariste (idée originale), a également agi comme producteur et dirigé plusieurs scènes du film : « Tonino Valerii était mon ancien assistant, il est devenu un réalisateur correct. Mon nom est personne est assez réussi. J’ai mis en scène plusieurs séquences : le début, la bataille et le duel final. J’y étais obligé parce qu’Henry Fonda devait quitter notre tournage pour un autre projet et j’ai dirigé la seconde équipe pour tenir le plan de travail ».

Les relations entre le réalisateur Tonino Valerii et Sergio Leone se sont rapidement détériorées lors du tournage, et la campagne de promotion du film n’arrangea rien puisque c’est le nom de Leone qui fut mis en avant. Valerii  ne cachera pas son amertume et niera toute sa vie les interventions du parrain du western italien sur sa mise en scène.

Mon nom est Personne (Il Mio Nome È Nessuno – 1973)

Réalisateur(s) : Tonino Valerii
Avec : Henry Fonda, Terence Hill, Jean Martin, Geoffrey Lewis, Marc Mazza, R.G. Armstrong
Durée : 1h54
Distributeur : Lost Films (Rep. 2023)
Sortie en salles : 14 décembre 1973
Reprise le : 20 décembre 2023

Résumé : Un jeune aventurier qui se fait appeler « Personne » croise sur sa route une figure mythique de l’Ouest alors qu’une bande de tueurs connue sous l’appellation « La Horde sauvage » fait régner la terreur dans la région. 

Articles / Liens :

  • Notre avis :  Il est communément admis que Mon nom est Personne est le chant du cygne du western italien tel que Sergio Leone l’avait initié dix ans plus tôt avec Pour une poignée de dollars. Le plus drôle c’est que même s’il est réalisé par Tonino Valerii, l’ombre du maestro plane tel un aigle à deux têtes sur ce film. C’est que vexé par le succès phénoménal de On l’appelle Trinita d’Enzo Barboni (1970) qui à lui tout seul a fait plus d’entrées que tous ses westerns réunis, Sergio Leone s’est mis en tête de répondre à « l’affront » en produisant une histoire qui reprendrait les recettes du film de Barboni où le western à la sauce italienne n’était déjà plus qu’une parodie de lui-même tout en y apportant son univers sanctuarisé depuis Il était une fois dans l’Ouest (1968). Un film mutant pour ne pas dire schizophrène avec d’un côté Henri Fonda garant de la vision « Old West » transalpine et de l’autre un Terence Hill devenu superstar avec justement son personnage clownesque de Trinita.
    Sergio Leone va engager son collaborateur de longue date Tonino Valerii pour réaliser ce film au titre en forme de clin d’œil à rebours au mega succès Trinita. Un choix par défaut après qu’un grand nombre de réalisateurs aient décliné la proposition. C’est que travailler sous la férule de Leone n’était pas une sinécure et faisait donc peur à presque tout le monde. Un Leone qui par ailleurs avait décidé depuis Il était une fois la révolution (1971) qu’il ne voulait initialement pas réaliser, ne plus mettre le nez derrière une caméra pour un western. Valerii s’y est donc collé tout en précisant au préalable avant signature qu’il ne voulait pas avoir Leone producteur dans les pattes durant le tournage. Celui-ci lui répondit que même s’il le voulait il ne le pourrait pas du fait d’un contrat signé avec le producteur américain Arnon Milchan où l’une des clauses stipulait qu’il ne pouvait officiellement plus tourner aucune image tant que le projet Il était une fois en Amérique n’était pas devenu un film.
    Pour autant, Sergio Leone a dû prendre les rênes de la deuxième équipe le temps de quelques jours cumulés de tournage. En cause des retards du fait d’impondérables en tous genres qui mettaient en péril jusqu’à la présence de la star Fonda qui était engagé sur un autre film. Ce qui donne au sein du montage final quelques séquences « leoniennes » bien identifiées aujourd’hui (plus de détails en cliquant sur le lien « Dossier de presse 2023 » plus bas) mais qui sont longtemps restés de l’ordre de la légende. Tonino Valerii l’ayant longuement nié pour finalement l’admettre à demi-mot (et en précisant que les séquences en question sont nulles) lors de l’excellent doc intitulé Nobody is… Perfect présent sur le Blu-ray StudioCanal de 2012 aux interviews menées par Christophe Gans. Terence Hill était de toute façon heureux que Leone le dirige sur quelques scènes comme celle dite de la pissotière où son personnage subtilise une locomotive et ses wagons auprès de son véritable conducteur le temps d’un arrêt pipi.
    Mon nom est Personne
    est, si quelqu’un en doutait, une sacré prod avec une équipe permanente de 50 personnes minimum (50/50 italienne et américaine) et des lieux de tournage répartis entre les États-Unis, l’Espagne et l’Italie. Le (re)découvrir aujourd’hui reste un plaisir même plus coupable tant la patine du temps lui a fait du bien. Si en effet on pouvait n’y voir qu’un amusement du samedi soir lors de ses diff TV dans les années 80 et 90, il a acquis, au-delà de son importance dans l’histoire du genre et du cinéma italien impulsée une nouvelle fois par Leone, une profondeur narrative indéniable. Mon nom est Personne incarne en effet une réflexion sur le mythe de l’Ouest américain venant compléter celle d’un Peckinpah avec La Horde sauvage (1969) et d’une manière plus générale celle entreprise par le Nouvel Hollywood avec des films comme Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill (1969), Little Big Man (1970) d’Arthur Penn, Jeremiah Johnson (1972) de Sydney Pollack… Sam Peckinpah au demeurant expressément cité dans Mon nom est Personne par le personnage de Terence Hill à la découverte de noms figurants sur des croix dans un cimetière. Sans oublier que « La Horde sauvage » est le nom donné à cette bande de 150 pistoleros qui font régner la terreur dans la région.
    Mon nom est Personne est donc une pierre angulaire du genre et du cinéma tout court que la possibilité de découvrir (et non redécouvrir) au cinéma dans sa version restaurée est une opportunité qu’il serait plus que dommageable de rater. Son distributeur ultra indépendant et dynamique Lost Films le propose sur 18 écrans dès sa première semaine dont 2 sur Paris (détail ci-dessous) et si vous voulez en savoir un peu plus sur le film mais surtout sur Terence Hill on vous conseille On l’appelle Terence Hill du journaliste Alexandre Alfonsi et du directeur artistique Jean-Marie Lambert aux Éditions Carlenco. Livre disponible à la Fnac mais aussi pour les parisiens chanceux chez le glacier Girotti dont le gérant n’est autre que Terence Hill. Girotti étant son nom de famille et la profession de glacier celui de feu son père. 3,5/5
  • Box office : 

Mon nom est Personne - 18 écrans en première semaine

  • La chronique Blu-ray et Blu-ray 4K : Il existe un excellent Blu-ray édité par StudioCanal depuis 2012. Mais si vous arrivez à mettre la main dessus à moins de 150 euros c’est que vous êtes vernis. On ne sait encore si l’éditeur a prévu une réédition doublée d’une galette 4K mais il faut a minima espérer qu’il reprenne la flopée de bonus que l’on avait pu découvrir à l’époque à commencer par le commentaire audio de Tonino Valerii ainsi que le passionnant doc intitulé Nobody is… Perfect qui durait près d’une heure avec un Christophe Gans derrière la caméra pour poser les bonnes questions au scénariste, réalisateur, producteur et acteurs. Quant à l’image on est bien entendu très très loin de cette nouvelle restauration 4K effectuée par le laboratoire L’Image Retrouvée ne serait-ce au niveau de la colorimétrie et de l’étalonnage. Il suffit de jeter un oeil aux deux visuels ci-dessous. Le premier vient d’une capture effectuée par le distributeur Lost Films à des fins de communication, l’autre du Blu-ray de 2012. Il s’agit juste d’un aperçu mais cela permet de se rendre compte du gap immense entre les deux masters. Et pour l’avoir visionné ainsi au cinéma Mac Mahon à Paris on peut vous confirmer qu’il s’agit là du rendu constaté sur grand écran via DCP. La suite au prochain numéro.

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