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Fiche film : Dream Scenario (2023)

Lorsque le projet en était à ses débuts, il devait être mis en scène par Ari Aster, avec Adam Sandler dans la peau du personnage principal. Mais, lorsque le réalisateur du récent Beau Is Afraid et les producteurs du studio indépendant A24 ont visionné Sick Of Myself, ils ont décidé de confier la réalisation de Dream Scenario au réalisateur norvégien Kristoffer Borgli. Celui-ci accepta et préféra Nicolas Cage dans le rôle principal. Ari Aster officie du coup en tant que producteur sur le film.

Avec Dream Scenario, Kristoffer Borgli réalise son premier film en langue anglaise. Pour l’occasion, il a voulu proposer une réflexion drôle sur notre perception de la vie moderne, où n’importe qui peut soudainement devenir célèbre et peut aussi vite retomber dans l’anonymat et le scandale (son précédent film, Sick of Myself, racontait l’histoire d’une femme ayant gagné de l’influence sur les réseaux sociaux après s’être volontairement défigurée).

Dream Scenario (2023)

Réalisateur(s) : Kristoffer Borgli
Avec : Nicolas Cage, Julianne Nicholson, Michael Cera, Jessica Clement
Durée : 2h06
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Sortie en salles : 27décembre 2023

Résumé : Paul Matthews, un banal professeur, voit sa vie bouleversée lorsqu’il commence à apparaître dans les rêves de millions de personnes. Paul devient alors une sorte de phénomène médiatique, mais sa toute nouvelle célébrité va rapidement prendre une tournure inattendue…

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  • Notre avis : Comment réagirait-on si du jour au lendemain on devenait célèbre ? On ne parle pas de la personne qui fait tout pour le devenir mais plutôt celle qui n’a jamais rien fait en ce sens. C’est en tout cas ce qui arrive au personnage joué par Nicolas Cage, professeur d’Université de son état qui végète dans une vie confortable mais à ses yeux un tantinet frustrante. Qu’elle n’est donc pas sa surprise quand quelques-uns de ses étudiants lui avouent avoir rêvé de lui la nuit dernière. Que ce n’était pas la première fois et que surtout le phénomène semble contaminer de plus en plus le campus à commencer par des individus qu’il n’a jamais croisés ou qui tout simplement n’avaient jamais entendu parler de lui. Le voici à l’heure des réseaux sociaux devenu en quelques jours un phénomène viral et sociétal aux frontières du fantastique onirique.
    De cet excitant postulat, le réalisateur norvégien Kristoffer Borgli qui nous avait un tantinet alpagué avec son premier long Sick of Mysel où il abordait les mêmes thématiques mais d’une façon moins à rebours (une jeune femme cherchant à tout prix à ce que l’on s’intéresse à elle se rend malade à coup de médocs interdits qui vont jusqu’à la défigurer), déroule un film admirablement bien construit, bourré d’idées de mise en scène et au final profondément réjouissant. Paul alias Nicolas Cage devient dès lors la coqueluche des infos et des réseaux sociaux bouleversant en profondeur son quotidien tout en lui ouvrant des perspectives insoupçonnées jusqu’ici. Une évolution express que porte avec une certaine envie communicative un Nicolas Cage au physique quasi méconnaissable et dont le jeu frise avec l’idée que l’on peut se faire de la perfection. C’est que Cage s’approprie avec gourmandise son personnage lui donnant une aura blafarde épatante qui lui permet de jouer sur tous les registres allant du comique de situation à l’effroi viscéral. Car oui forcément de rêves on va passer aux cauchemars. D’une forme d’idolâtrie on va basculer vers une peur panique puis dans le rejet total pour finir par une mise au ban de la société des humains.
    Kristoffer Borgli orchestre tout cela en alternant scènes oniriques et réalité de plus en plus anxiogène usant pour cela d’une caméra tour à tour en apesanteur (lors des séquences de rêves) ou harassé par cette même attraction terrestre provoquant des plans en contre-plongée sidérant de beauté. À l’instar de Sick of Mysel il traite ainsi de son sujet à la fois avec distance se « contentant » d’être un observateur consciencieux mais aussi avec l’âme d’un « Peeping Tom » traquant les actions et réactions de son personnage de plus en plus dépassé avec une perversité communicative. Et avec Borgli tout le monde en prend pour son grade à commencer par cette agence d’image prête à tout pour faire fructifier cette soudaine notoriété en espèces sonnantes et trébuchantes. Ou cette jeune groupie un peu woke, veggie et community manager dont le fantasme est de reproduire son « wet dream » avec ce prof qui pourrait être son père. Par ailleurs une des scènes les plus malaisantes et magnifiquement osées que l’on ait vues au cinéma cette année.
    Dream Scenario se détache, sans forcer son talent, de la production ambiante tout en se rapprochant un peu de la belle découverte en son temps de Hérédité. On ne cite pas le film d’Ari Aster par hasard vu que c’était lui qui devait le réaliser à l’origine. Il y a une filiation évidente entre ces deux univers de cinéma qui se traduit par la volonté de capter quelque chose de l’air du temps. Chez Aster le dysfonctionnement de la famille à l’heure où les différences sont devenues la norme et chez Borgli les nouveaux dysfonctionnements de nos sociétés dites plus inclusives. Dans les deux cas c’est à la fois d’une lucidité à toutes épreuves pour ne pas dire morbide et empreint d’une poésie non moins létale et incroyablement disruptive. Et dans les deux cas c’est peu de dire que l’avenir n’est pas réjouissant. 3,5/5
  • Box office : 104 copies seulement sont annoncées. Les exploitants n’y croient pas trop. C’est dommage. Sur la séance 14h Paris, Dream Scenario enregistre 393 entrées sur 13 copies.  Edit 28/12 : 6 024 entrées 1er jour France sur 104 copies. Pas grand monde au niveau des exploitants semblaient croire en ce film. Et forcément cela se ressent dès le 1er jour. Edit 4/01 : 39 227 entrées 1ère semaine soit une moyenne de 377 spectateurs par copie ce qui est loin d’être désastreux et montre en creux que le film méritait certainement mieux en termes d’exposition.
  • La chronique Blu-ray et Blu-ray 4K : Metropolitan a bien souvent fait l’effort d’éditer des Blu-ray pour l’ensemble des nouveautés passés par la case cinéma. De fait Dream Scenario ne devrait pas se soustraire à cette habitude vertueuse. À noter qu’il est déjà annoncé en Blu-ray en Angleterre chez Entertainment in Video. Par contre en 4K rien n’est moins sûr.

Dream Scenario - Affiche

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