Le Festival de Cannes dans les années 2000 c’est pas toujours des éditions ultra folichonnes. Bien souvent la litanie des films proposés ne passe pas le rubicond de la seule croisette et encore moins de l’année cinématographique. Qui se souvient ou a envie de (re)voir Dancer in the dark ou L’Enfant (avec tout le respect que l’on doit aux frères Dardenne) ? Qui peut visionner à nouveau ou découvrir Fahrenheit 9/11 sans se dire aujourd’hui que vraiment Michael Moore est aussi retors et manipulateur que les grands de ce monde qu’il brocardait ? Ce qui immanquablement limite drastiquement la portée de toute sa filmo alors que plus que jamais on aurait besoin de lanceurs d’alertes en forme d’héritiers dignes de confiance de nos jours. Mais tout n’est pas à jeter en cette décennie à commencer par Le Pianiste d’un certain Roman Polanski ou la révélation roumaine avec 4 mois, 3 semaines, 2 jours. Mais au final ce qui reste ce sont deux œuvres qui à leur manière sont devenues malheureusement visionnaires. Elephant qui quelque part nous projetait dans l’Amérique d’aujourd’hui et Le Ruban blanc dans celui de notre monde dicté par le fanatisme religieux débouchant sur le terrorisme. Tout n’est pas ou plus dispo en Blu-ray mais tous se doivent d’être vus ou revus ne serait-ce que pour venir challenger cette intro des plus partiale.
Festival de Cannes 2000
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Le Président du jury est Luc Besson. Le film d’ouverture (hors compétition) est l’oubliable Vatel de Roland Joffé qui dispose cependant d’un Blu-ray pas trop mal foutu édité chez Gaumont. Besson, alors grand mogul du cinéma français, revenait ainsi sur la croisette après avoir été sifflé par une partie du public qui découvrait en 1988 Le Grand Bleu dans la salle du Grand Palais lors d’une séance spéciale hors compet. C’était aussi une revanche prise envers la critique qui avait pour le moins défoncé son film à l’issue de cette projection cannoise. Quant à la Palme d’or décernée à Dancing in the Dark de Lars von Trier, elle était on ne peut plus cohérente avec les univers de cinéma de Besson. Et tout comme l’ensemble de sa filmo (à l’exception du Dernier combat il va sans dire), voilà un film que l’on a bien du mal à revoir. Pour le reste et à l’instar donc de cette Palme d’or, très peu de films ont traversé avec bonheur les deux décennies qui nous séparent de leur première projection cannoise. Code inconnu est pour le moins mineur dans la filmo de Michael Haneke, on a toujours autant de mal avec le Esther Kahn d’Arnaud Desplechin et quant à O’Brother des frères Coen, c’est aussi sympathiquement vain que La Ballade de Buster Scruggs récemment réalisé et produit pour Netflix. Par contre, The Yards de James Gray n’a pas pris une ride, Harry, un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll se revoit avec un plaisir qui reste entier et In the Mood for Love de Wong Kar-wai qui fut récompensé d’un Grand Prix de la Commission Supérieure Technique totalement à côté de la plaque, devait être honoré à Cannes Classics en 2020 afin certainement de réparer un tantinet l’injustice de ne pas avoir reçu à l’époque un prix plus en rapport avec ses qualités pourtant évidentes. Sinon, du côté des films présentés en hors compet, on pouvait trouver le premier choc de la décennie avec Requiem for a Dream de Darren Aronofsky qui au passage, est annoncé pour octobre 2020 en Blu-ray 4K aux States chez Lionsgate. Pas du luxe tant les éditions Blu-ray parues jusqu’à présent sont indignes du support et du film. Et puis à La Semaine de la Critique on découvrait Amours chiennes, le premier long du mexicain Alejandro González Iñárritu qui lançait par la même occasion dans le grand bain l’acteur Gael García Bernal. Enfin, à La Quinzaine était projeté en première mondiale Billy Elliot de Stephen Daldry, futur phénomène au BO français avec plus de 2,5M d’entrées.
Dancer in the Dark de Lars von Trier – 2000 – Danemark – 2h19 – Sortie France le 18 octobre 2000 : 1 166 150 entrées (Les Films du Losange)
Selma, mère célibataire, travaille dans une usine de l’Amérique profonde et vit avec son fils dans une caravane. Accablée par un travail exténuant, Selma s’évade par sa passion pour les comédies musicales d’Hollywood. Mais Selma garde un lourd secret : elle perd la vue et son fils connaîtra le même sort si elle ne réunit pas assez d’argent pour lui offrir l’opération qui peut le sauver…
On a recensé deux Blu-ray de par le monde. Un au Japon et une édition plus récente en Allemagne (en médaillon). Chacun propose de l’anglais, la langue du film, et des sous-titres locaux. Autant dire que le fan anglophobe en est pour ses frais. Pour les autres (les non ou pas encore fans), il y a au moment où nous bafouillons ces lignes la possibilité du streaming sur OCS via MyCanal. Mais attention il n’y a que de la VF avec des sous-titres d’un autre temps pour les passages chantées. Il faut entendre Catherine Deneuve doublée à la serpe. Quant à Björk… autant faire montre d’un peu de mansuétude sur là aussi un doublage qui n’arrange pas son interprétation déjà catastrophique et auréolée rappelons le d’un Prix d’interprétation. Que dire ensuite sur l’image deux crans en dessous par rapport au premier DVD édité par H2F en 2001. Il suffit de jeter un œil sur le comparatif des captures cliquables ci-dessous pour s’en convaincre. Bref, ceux qui avaient acquis l’une des trois éditions DVD parues entre 2001 et 2005 (M6 Vidéo), qu’ils le gardent précieusement d’autant qu’une flopée de suppléments les accompagnait (sauf pour la dernière édition).
Image streaming OCS Vs Image issue d’un Blu-ray (lequel ?) avec STF (comment ?) récupérée pépouze sur le web. On veut bien raquer pour voir des films, encore ne faudrait-il pas se foutre de la gueule du cinéphile qui va donc préférer fureter ailleurs pour assouvir sa soif de cinéma.
Festival de Cannes 2001
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La présidente du jury est Liv Ullmann qui remplaçait Jodie Foster qui remplaçait elle même à la dernière minute Nicole Kidman sur le tournage de Panic Room de David Fincher. Moulin Rouge de Baz Luhrmann (en compétition) ouvrait le bal cette année là. Un joli pétard mouillé que ce truc. Le très beau Blu-ray en édition digibook sorti en 2010 chez nous doit d’ailleurs prendre la poussière chez tous ceux qui l’ont encore dans leur BDthèque. Pour le reste, cette 54ème édition permettait de découvrir pour la première fois Hirokazu Kore-eda avec Distance qui était déjà son troisième long de fiction, elle voyait aussi la montée inexorable de Michael Haneke qui obtenait avec La Pianiste le Grand Prix (Blu-ray uniquement disponible au sein d’un coffret dédié aux films du cinéaste introuvable aujourd’hui), ou encore le dernier feux d’artifice de David Lynch avec Mulholland Drive (Prix de la mise en scène) qui est tellement bien pourvu en multiples éditions Blu-ray de part le monde que l’on attend maintenant la 4K. On peut aussi citer The Barber des frères Coen (Prix de la Mise en scène itou) dont on ne garde aucun souvenir sinon que c’est en N&B et que cela existe bien chez nous en Blu-ray, Millennium Mambo, dernier Hou Hsiao-hsien digne de revisionnage (Prix du jury mais pas de Blu-ray) et The Pledge de Sean Penn qui même s’il ne dispose pas de Blu-ray est bien meilleur que The Last Face (si si on vous jure). Enfin, rappelons que cette sélection officielle proposait le film d’animation Shrek en compétition adoubant quelque part l’émergence d’un nouvel âge d’or de l’animation qui perdure plus que jamais aujourd’hui. On retrouvera d’ailleurs bien souvent par la suite un Pixar, un DreamWorks Animation, un Blue Sky Studios… à Cannes, mais jamais plus en compet alors que Shrek 2 oui (en 2004). Ah et sinon c’est le premier festival où Thierry Frémaux officiait en tant que délégué artistique (il deviendra délégué général en 2007). Gilles Jacob devenant Président et Véronique Cayla directrice générale.
La Chambre du fils (La stanza del figlio) de Nanni Moretti – 2001 – Italie – 1h39 – Sortie France le 16 mai 2001 : 791 637 entrées (Bac Films)
Dans une petite ville du Nord de l’Italie, Giovanni mène une vie paisible, entouré de sa femme, Paola, et de ses deux enfants déjà adolescents : Irene, l’aînée, et Andrea, le cadet.
Giovanni est psychanalyste. Dans son cabinet qui jouxte son appartement, ses patients lui confient leurs névroses, tandis que sa vie privée est réglée par un tissu d’habitudes : lire, écouter de la musique et s’épuiser dans de longues courses à travers la ville.
Un dimanche matin, Giovanni est appelé en urgence par un patient. Il ne peut aller courir avec son fils, comme il le lui avait proposé. Andrea part plonger avec ses amis. Il ne reviendra pas…
Cela va être plus simple que pour Dancer in the Dark puisque de Blu-ray il n’y a point nulle part. Même pas en Italie. Pour une Palme d’or assez récente c’est quand même incroyable d’autant que voilà un film qui mérite d’être vu, revu et sans cesse montré. Vous me direz qu’il est accessible sur certaines plateformes VOD comme Canal VOD ou MyTF1 en qualité SD ou HD. Mais on n’a pas été vérifié la qualité de l’image. On peut aussi se reporter sur l’excellente édition double DVD StudioCanal datant de 2002 où l’image n’a pas à rougir avec de surcroit des bonus qui tiennent encore aujourd’hui la route puisque l’on y trouve la conférence de presse cannoise plutôt passionnante et une interview de Nanni Moretti qui laisse entrevoir l’homme derrière son cinéma. Le tout à des prix constatés encore raisonnables oscillant autour des 15 euros. Edit 1er octobre 2020 : Un Blu-ray édité par StudioCanal est annoncé pour le 1er novembre. On vous en reparle dès qu’on le reçoit.
Festival de Cannes 2002
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Le Président du jury est David Lynch. Le film d’ouverture (hors compétition) est Hollywood Ending de Woody Allen. Certainement son meilleur opus au sein de sa période un peu creuse qui allait de Maudite Aphrodite (1995) à Melinda et Melinda (2004). Toujours hors compétition, rappelons la présence cette année là sur la croisette de Georges Lucas avec son Star Wars, épisode II : L’Attaque des clones qui finissait d’enterrer (déjà) la saga Skywalker alors que dans le même temps émergeait le cinéaste brésilien Fernando Meirelles qui (avec Kátia Lund) accouchait de La Cité de Dieu, un polar limite naturaliste à couper le souffle au sein d’une favela de Rio de Janeiro. À des années lumières de la soupe qu’il nous sert aujourd’hui sur Netflix avec la série Les Deux Papes. La Compétition officielle proposait aussi quelques pépites ou morceaux de cinéma qui méritent leur rond de serviette à la table de l’histoire du médium. C’est le cas de Punch-Drunk Love de Paul Thomas Anderson (Prix de la mise en scène et un très beau Blu-ray US chez Criterion) avec un Adam Sandler qui n’avait donc pas attendu Uncut Gems pour montrer une autre facette de son jeu d’acteur jusqu’ici cantonné à la comédie. Monsieur Schmidt d’Alexander Payne qui s’il ne dispose pas de Blu-ray en France se doit tout de même d’être revu ou découvert ne serait-ce que pour le grand Jack Nicholson dont c’est la dernière apparition marquante au cinéma. On pourrait aussi citer Bowling for Columbine de Michael Moore (Prix du 55e Festival de Cannes, lot de consolation par excellence) qui annonce sa future palme en 2004 mais surtout celle d’Elephant de Gus Van Sant l’année suivante, ou encore L’Homme sans passé d’Aki Kaurismaki (Grand prix du jury et Prix d’interprétation féminine pour Kati Outinen) qui reste encore aujourd’hui pour le cinéaste finlandais son film le plus vu en salle avec 720 911 spectateurs.
Mais l’événement de cette 55ème édition est sans conteste la projection d’Irréversible de Gaspar Noé. Sans revenir sur le film lui-même qui devrait bientôt bénéficier d’une édition Blu-ray chez StudioCanal incluant le nouveau montage chronologique présentée à la Mostra en 2019, rappelons en effet qu’il suscita tout au long de l’année 2002 une énorme polémique pour sa scène du viol de près de douze minutes qui poussa au demeurant la majeure partie du public cannois à sortir prématurément de la projection. Avec 598 812 spectateurs parmi lesquels le violeur en série Patrick Trémeau aujourd’hui en prison, Irréversible est le plus gros succès au box office français pour son auteur.
Le Pianniste (The Pianist) de Roman Polanski – 2002 – Royaume-Uni, France, Allemagne, Pays-Bas, Pologne – 2h28 – Sortie France le 25 septembre 2002 : 1 775 310 entrées (Bac Films)
Wladyslaw Szpilman, brillant pianiste juif polonais, échappe à la déportation. Contraint de vivre au coeur du ghetto de Varsovie, il en partage les souffrances, les humiliations et les luttes. Il parvient à s’échapper et à se réfugier dans les ruines de la capitale. Un officier allemand va l’aider et lui permettre de survivre.
Rien qu’en France deux Blu-ray ont vu le jour. Tous deux ont été édités par StudioCanal et le plus récent datant de 2010 a intégré le fameux label StudioCanal Collection qui a d’ailleurs disparu aussi rapidement qu’il a vu le jour. On peut encore le trouver mais il n’est pas donné. Si vous ne l’aviez pas acquis à l’époque, on vous conseille d’attendre une nouvelle édition qui intégrerait un Blu-ray 4K issu d’un nouveau master restauré, un peu à l’instar de Angel Heart ou de Elephant Man qui viennent tout juste de ressortir chez l’éditeur. C’est que l’on est face à un master vieux de 10 ans qui s’il ne démérite pas gagnerait évidemment dans un sérieux lifting surtout au regard des progrès effectués depuis en matière d’encodage et de respect d’une image argentique portée en numérique. Niveau bonus, il faudrait que l’on retrouve le fameux documentaire d’une heure qui revient sur la production du film déjà présent au sein du double DVD collector paru en 2003. Une édition qui proposait aussi un CD audio avec 3 titres issus de l’inoubliable bande originale. Une autre époque surtout que l’on forme certainement ici un vœu pieux considérant l’actualité pour le moins sulfureuse qui colle avec plus de fureur encore cette année aux basques du cinéaste polonais. Pas certain en effet que StudioCanal UK qui initie dorénavant ce genre de restaurations et d’éditions ambitieuses au sein du groupe, ait le goût du risque et veuille donc remettre en avant un film réalisé par Polanski. C’est d’ailleurs en creux bien là le problème de la mise au piloris récente de l’homme. C’est toute sa filmo la plupart du temps brillante, et Le Pianiste n’échappe pas à ce ressenti près de 20 ans après sa consécration cannoise, aux César et aux Oscars, qui risque pour un certain temps de disparaître des radars de la cinéphilie mondiale. Dire que nous le regrettons est un putain de faible mot.
Festival de Cannes 2003
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Le Président du jury est le regretté Patrice Chéreau. Hors compétition, Fanfan la Tulipe de Gérard Krawczyk fait l’ouverture de cette 56ème édition décriée pour la faiblesse de sa sélection. Patrice Chéreau ne se gênera d’ailleurs pas pour la qualifier de médiocre à tel point qu’il demandera une dérogation pour primer deux fois Elephant qui en plus de la Palme recevra donc le Prix de la mise en scène. On ne sait si ce fut une bonne nouvelle pour Gus Van Sant mais ce qui est certain c’est que cette Palme d’or récompense encore aujourd’hui son film le plus abouti sinon le plus sociétal. Et effectivement, en déroulant rétrospectivement le déroulé des sélections, il faut bien se rendre à l’évidence que peu de films ont réussi à imposer dans le temps ne serait-ce que leur petite musique ou tout simplement l’envie de les revoir. S’échappe cependant de ce constat plutôt morbide Dogville de Lars von Trier qui reste à nos yeux ce qu’il a commis de mieux à tous les niveaux (mise en scène proche de l’épure au service d’un récit qui prête, comme souvent chez le cinéaste danois, le flanc à la critique épidermique mais qui assume ici sa démonstration sans artefacts ni fioritures) : l’homme y est bien entendu décrit comme étant un virus mortel en sans cesse mutation. Dogville peut-être déjà vu comme un point de non retour qui le jettera dans les bras d’un cinéma fait d’expédients visuels toujours plus frustrants au point qu’il ne lui suffise plus d’où certainement sa sortie médiatique pour le moins grossière sinon débile lors du festival de Cannes 2011 qui nous aura au moins épargné Melancholia comme Palme d’or. Seul The House that Jack Built, son dernier film en date, semble vouloir renouer avec ce talent indéniable où les apparentes provocations font à nouveau sens. Pas de Blu-ray chez nous (l’espoir fait vivre de le voir arriver un jour) mais un superbe double DVD collector daté de 2004 édité chez feu H2F bourré de bonus dont un fabuleux making-of intitulé Dogville Confessions devrait contenter les plus exigeants surtout qu’il reste trouvable sans se ruiner. On citera aussi Mystic River de Clint Eastwood qui aurait mérité de figurer au palmarès même si le revoir aujourd’hui montre encore plus cruellement qu’à l’époque le jeu tout en boursouflure de Sean Penn. Hors compet, on rappellera sinon que s’y jouait le tout aussi boursouflé Matrix Reloaded des pas encore opéré(e)s sœurs Wachowski, le décalé et magnifique film d’animation Les Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet (dispo en Blu-ray) et enfin le documentaire S21, la machine de mort Khmère rouge de Rithy Panh qu’il faut inlassablement revoir en complément de La Déchirure de Roland Joffé.
Mais au final, l’autre film essentiel venu de Cannes, l’un des plus importants de l’année sinon de la décennie, a été montré pour la première fois à Un Certain Regard. Nos meilleures années de Marco Tullio Giordana a d’abord été pensé comme une mini série en 4 parties pour la télé mais fut présenté à Cannes en deux parties d’une durée de 358 minutes au total. Le film est d’ailleurs sorti ainsi en pleine canicule le 9 juillet en France. Une double raison pour profiter de la clim au long cours selon nos souvenirs. Sur 4 puis 8 copies, le film dans ses deux parties a réuni 240 268 spectateurs sur 48 semaines d’exploitation. Une chose totalement impensable aujourd’hui mais qui montre aussi l’extraordinaire pouvoir d’attraction de cette épopée familiale italienne se déroulant sur trois décennies avec en toile de fond l’Histoire de l’Italie, des Brigades rouges et de Berlusconi. Rien que d’y repenser en écrivant ces quelques lignes cela nous met les poils. Un très beau coffret Blu-ray édité par Pyramide en 2016 est venu remplacer le coffret DVD paru en 2004 qui était devenu de toute façon introuvable. On ne saurait que trop vous conseiller de vous jeter dessus si cela n’est pas encore fait.
Elephant de Gus Van Sant – 2003 – États-Unis – 1h21 – Sortie France le 22 octobre 2003 : 762 631 entrées (MK2 Diffusion)
En ce jour d’automne, les lycéens, comme à leur habitude, partagent leur temps entre cours, football, photographie, potins, etc. Pour chacun des élèves, le lycée représente une expérience différente, enrichissante ou amicale pour les uns, traumatisante, solitaire ou difficile pour les autres. Cette journée semble ordinaire, et pourtant le drame couve…
On est l’un des rares pays avec l’Allemagne à proposer un Blu-ray du film. Aux États-Unis, il n’existe qu’un DVD paru en 2007. Il faut croire que le sujet n’intéresse pas plus que cela et certainement pas au-delà du fait divers sordide relayé en grande pompe par les médias. Ne surtout pas l’aborder comme un problème profond, endémique et identitaire de la société américaine qui enchaîne donc depuis Colombine les fusillades dans les écoles. La présence de Trump à la Maison Blanche ne peut qu’adouber ce constat qui veut que la liberté (fondamentale) de posséder une arme à feu y soit plus forte que celle de s’en protéger quand bien même cela doit frapper au cœur des familles. La force du film de Gus Van Sant qui reste intacte et malheureusement plus que jamais d’actualité aujourd’hui, est de ne pas tenter d’expliquer plus que ça le geste des deux amis partis massacrer leurs camarades au sein de leur école mais plutôt de rester au plus près de leurs actes par une mise en scène proche de la grâce létale et morbide. On est à la fois fasciné et révulsé par notre voyeurisme que Gus Van Sant manipule et entretient sans cesse par le biais de cadres en plan séquence où l’on suit par exemple de dos nos deux protagonistes dans les longs couloirs de leur établissement à la recherche de leurs victimes. La mise en scène semble ainsi implacable, étouffante et claustrophobe avec au final une envie littérale de gerber. Douloureux mais nécessaire et de toute façon, on n’a pas fait mieux depuis.
On aimerait vous conseiller le Blu-ray mais celui-ci est quasi introuvable sinon en vendant un rein. C’est dommage car l’image était issue d’un master HD qui tient encore joliment la route d’autant que l’encodage permettait un réel gap avec celle que proposait les différents DVD à commencer par le collector 2 disques paru en 2004 qui se monnaye aux alentours de 20 euros. On vous dit ça parce que l’on y trouve pas mal de bonus qui se sont fait la malle lors du passage au Blu-ray. Comme par exemple le devenu cultissime moyen métrage d’Alan Clarke au titre éponyme. Produit par Danny Boyle et d’une durée de 38 minutes, ce téléfilm alors inconnu diffusé sur la BBC en 89 d’un réalisateur méconnu mort en 1990 a été la principale inspiration formelle de Gus Van Sant qui lui a donc rendu hommage en réutilisant son titre. Mais si tout cela vous laisse de marbre, il reste la VOD avec UniversCiné qui le propose en location ou à l’achat en SD ou en HD. Mais tout nu.
Festival de Cannes 2004
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Le Président du jury est Quentin Tarantino et le film qui fait l’ouverture est La Mauvaise Éducation de Pedro Almodóvar (hors compet). On va dire que jusqu’ici le festival ne prenait aucun risque. En fait, le seul coup de bambou sera Old Boy de Park Chan-wook que, dans sa grande sagesse cinéphilique, Tarantino n’a récompensé que du Grand Prix. Pour le reste, on peut dire que la sélection était aussi excitante que l’année passée. Shrek 2, Ladykillers des frères Coen, La vie est un miracle d’Emir Kusturica, Ghost in the Shell 2: Innocence de Mamoru Oshii, 2046 de Wong Kar-wai, Clean d’Olivier Assayas… Tout ça sentait déjà le réchauffé et un Thierry Frémaux qui avait encore bien du mal à s’extirper de l’ombre Gilles Jacob. Et du coup, c’est du côté de la hors compétition qu’il s’éclate et montre sa patte : Troie de Wolfgang Petersen (vi vi), Kill Bill Vol 2 de Quentin Tarantino (à quand le concept du film en compétition avec le réal comme Président du jury ?), 10e chambre, instants d’audience de Raymond Depardon et surtout L’Armée des morts de Zack Snyder pour lequel on avait fait spécifiquement l’aller-retour. Mais Frémaux va aussi initier cette année-là Cannes Classics et sa première sélection de classiques passées par la case restauration. C’était ainsi le cas de The Big Red One (1980) de Samuel Fuller présentée en version dite reconstruite (47 minutes supplémentaire montées par Richard Schickel) éditée par la suite en DVD chez Warner ou encore de La Bataille d’Alger (1965) que Gillo Pontecorvo était venu présenter et que Carlotta chez nous et Criterion aux États-Unis sortiront par la suite en DVD. Enfin, à La Semaine de la Critique était présenté le premier long d’un certain Fabrice du Welz. Calvaire que cela s’appelait. Son meilleur film à date et un titre qui résonne comme un symbole pour la suite de sa carrière.
Fahrenheit 9/11 de Michael Moore – 2004 – États-Unis – 1h50 – Sortie France le 7 juillet 2004 : 2 369 621 entrées (StudioCanal)
Ce documentaire s’attaque de plein fouet aux problèmes brûlants de l’Amérique. La caméra de Michael Moore filme avec scepticisme le Président George W. Bush et ses propres conseillers. Prenant pour point de départ l’élection controversée de 2000, le réalisateur retrace l’improbable ascension d’un médiocre pétrolier texan devenu maître du monde libre. Puis il ouvre la boîte de Pandore du Président et révèle les liens personnels et financiers qui unissent la famille Bush à celle de Ben Laden. Michael Moore y dénonce également les méfaits du Patriot Act et les souffrances provoquées par la guerre en Irak…
George Bush dans une école élémentaire totalement perdu alors qu’un de ses conseillers vient de lui souffler à l’oreille qu’un deuxième avion venait de percuter le World Trade Center. L’une des images devenues iconiques de Fahrenheit 9/11
Un peu comme pour La Chambre du fils, le documentaire de Michael Moore ne bénéficie pas d’une quelconque édition Blu-ray que cela soit en France ou dans le monde d’ailleurs. C’est pourtant le plus gros carton au box office français de la décennie pour une Palme d’or. Pour autant, rien d’hyper scandaleux non plus tant un encodage 1080p n’apporterait pas grand chose de plus à ce patchwork d’images vidéo où la qualité des captations est très variable allant de la reprise dans leur jus d’époque de sujets d’actualités à des interviews filmées en HD. Pour autant, on ne cracherait pas sur un Blu-ray surtout s’il reprend la palanquée de bonus présents sur le double DVD collector édité en 2005 par StudioCanal. Une édition que l’on peut encore se procurer à vil prix. Pas certain toutefois que l’éditeur s’y résout avant la disparition du marché de la vidéo physique. Même pas via un simple portage sans aucun travail de restauration pour enrichir une OP 2 achetés le 3ème offert que l’éditeur aime bien mettre en avant à la Fnac deux fois par an maintenant. La raison est simple. Elle est à chercher du côté de la disparition des radars de Moore. Fahrenheit 9/11 est rétrospectivement le chant du cygne d’une méthodologie d’enquête à charge renforcée par un montage malin (pour ne pas dire propagandiste) qui ne va plus s’arrêter de montrer ses limites dans les films suivants. Ainsi SICKO projeté d’ailleurs en 2007 à Cannes (hors compet) craquelle déjà le vernis avec son épisode sur le système français de sécurité sociale totalement bâclé pour ne pas dire mensonger. Ce qui rétroactivement jetait une ombre de suspicion sur le reste de sa filmo. En revoyant aujourd’hui Fahrenheit 9/11, il est pourtant évident que le portrait à charge de Bush fils et père reste savoureux à une époque où l’Amérique et le monde pensaient avoir touché le fond. Les relations privilégiées que le père entretenait avec la famille Ben Laden avant le 11 septembre 2001 restent par ailleurs un moment clé du film que Moore savait savamment mettre en scène. Mais depuis les adversaires de Moore ont su trouver les parades (judiciaires et économiques) alors que dans le même temps il s’enfermait dans sa routine de plus en plus caricaturale sans jamais réussir à se réinventer. Pour preuve la suite virtuelle Fahrenheit 11/9 en 2018 qu’il rate complètement alors que Donald Trump, sa cible, semblait pourtant être du pain bénit pour lui. Update 22/09/2020 : Un Blu-ray est annoncé aux Etats-Unis chez l’éditeur indépendant MVD Visual pour le 13 octobre. A priori blindé de bonus mais uniquement assorti de sous titres anglais. On vous en dit plus si on arrive à convaincre notre comptable de balancer un des oursins de ses poches. Edit 10/11/20 : On a repéré cette review en anglais en attendant la nôtre qui risque de se faire attendre.
Festival de Cannes 2005
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Le Président du jury est Emir Kusturica et le film d’ouverture est Lemming de Dominik Moll dont on n’a plus aucun souvenir mais qui concourrait pour la Palme d’or. Pour autant, la sélection officielle commence à prendre la Thierry Frémaux’s touch avec le Sin City de Robert Rodriguez, Frank Miller et un peu de Quentin Tarantino (en Blu-ray chez Wild Side), avec Trois enterrements de et avec Tommy Lee Jones (Prix d’interprétation masculine pour Tommy Lee) dispo en Blu-ray chez feu EuropaCorp, avec A History of Violence qui marquait une sorte de retour pour David Cronenberg qu’eXistenZ en 1999 et Spider en 2002 avaient un peu éclipsé (Blu-ray disponible chez Metropolitan) et surtout avec Broken Flowers de Jim Jarmusch qui en plus de son Grand Prix aurait mérité un Prix d’interprétation masculine pour l’immense Bill Murray (Blu-ray édité chez Bac Films toujours dispo). Mais bon, à la fin, c’est quand même les frères Dardenne qui gagnent. Hors compet, on avait du Shane Black avec Kiss Kiss Bang Bang qui se regarde (en Blu-ray chez Warner) avec toujours autant de fun, du Match Point qui reste l’un des plus gros cartons en France pour Woody Allen avec 1 567 793 spectateurs et enfin du Star Wars, épisode III : La Revanche des Sith qui… rien en fait. Pour être complet, on notera la présence presque incongrue de Wolf Creek à La Quinzaine qui nous avait déshabitué depuis quelques années à nous intéresser à sa sélection. Mais la présence nouvelle à sa tête d’Olivier Père explique aussi cela. Ce deuxième long bien véner (mais le premier et dernier de son auteur à sortir dans les salles françaises) en provenance d’Australie signé Greg McLean lorgne avec gourmandise du côté du Hitcher de Robert Harmon (1986) et mériterait toute votre attention quelque soit le support (pas d’édition Blu-ray française) toute affaire cessante.
L’Enfant de Luc et Jean-Pierre Dardenne – 2005 – Belgique – 1h35 – Sortie France le 19 octobre 2005 : 385 084 entrées (Diaphana)
Bruno, 20 ans, et Sonia, 18 ans, vivent de l’allocation perçue par la jeune fille et des larcins commis par le garçon et sa bande. Sonia vient de donner naissance à Jimmy, leur enfant. L’insouciant Bruno doit alors apprendre à devenir père, lui qui, jusqu’alors ne se préoccupait que de l’instant présent.
Pas de Blu-ray nulle part mais si vous êtes accroc au physique un DVD édité chez Blaq Out qui tient encore la route aujourd’hui nantis de compléments forcément instructifs pour qui se passionne ou juste s’intéresse au cinéma des frères Dardenne se dégotte encore sur le web. D’autant qu’ici, en plus de l’interview avec les cinéastes belges, on a aussi droit à un entretien de plus de 30 minutes avec l’équipe technique qui suit les frères Dardenne depuis le début. Un bon moyen de pénétrer encore plus avant sur leur méthode de travail à la fois décalée et extrêmement rigoureuse. Mais si tout cela vous passe au-dessus de la tête et que la découverte du film vous tente quand même, il reste l’option VOD où vous aurez l’embarras du choix en France avec en plus la possibilité comme sur UniversCiné de le mater en HD. Il vous en coûtera quand même ici 10 euros. Plus onéreux que le DVD que l’on trouve à moins de 9 euros avec une image qui n’a rien à envier à du démat HD. Les bonus en plus…
Festival de Cannes 2006
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Affiche hommage à In the Mood for Love Wong Kar-wai, film qui devait d’ailleurs faire, à l’occasion de ses 20 ans, l’ouverture de Cannes Classics 2020 en version restaurée
Le Président du jury est Wong Kar-wai et quant à The Da Vinci Code de Ron Howard c’est aujourd’hui encore le pire film jamais présenté en ouverture du festival de Cannes. Il faut dire aussi qu’il y avait du lourd dans la catégorie hors compet cette année-là puisque fut aussi montré le X-Men : L’Affrontement final signé Brett Ratner de bien triste mémoire. DreamWorks Animation sortait quant à lui de son chapeau l’un de ses opus les plus faiblards avec Nos voisins les hommes et même du côté du ciné indé US c’était gerbouille and Co avec Shortbus de John Cameron Mitchell, cinéaste qui a toutefois confirmé par la suite avec Rabbit Hole et How to Talk to Girls at Parties ce talent atypique que certains avaient décelé à l’époque. Dans le lot survolait toutefois Vol 93 de Paul Greengrass qui dispose d’un Blu-ray édité chez StudioCanal à un prix ultra abordable et dont il serait dommage de passer à côté surtout pour ceux qui ne l’auraient jamais vu (on les envie). En compet c’est pas l’éclate non plus. Tout juste retiendra-t-on Marie-Antoinette de Sofia Coppola qui fut quelque peu concassé par la critique mais que l’on continue de défendre (Blu-ray édité chez Pathé plus que satisfaisant), Le Caïman de Nanni Moretti, délicieuse charge envers l’Italie de Berlusconi, Le Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro que l’on n’aime pas mais dont il serait imbécile d’en nier la portée et l’influence jusqu’à aujourd’hui, et enfin Indigènes de Rachid Bouchareb pour lequel Jamel Debbouze, Samy Naceri, Roschdy Zem, Sami Bouajila et Bernard Blancan reçurent le Prix d’interprétation plus que justifié. Les deux Blu-ray édités par TF1 Vidéo en 2010 et 2014 restent inattaquables d’un point de vue technique et sont encore trouvables sans se ruiner. Voilà en effet bien un film qui se doit d’être vu à minima en 1080p ne serait-ce que pour la magnifique photo de Patrick Blossier. Sinon, à un Certain Regard se détachait le formellement très ambitieux A Scanner Darkly de Richard Linklater (disponible en Blu-ray import US chez Warner avec des STF) qui avait pour l’anecdote un autre film présenté en compet avec Fast Food Nation. Et enfin, du côté de La Quinzaine Friedkin nous balançait son Bug en pleine gueule avec la révélation Michael Shannon abonné jusqu’ici aux seconds rôles (pas de Blu-ray) et Bong Joon-ho, son monstre marin Host (Blu-ray chez TF1 vidéo que l’on peut encore acquérir pour la bagatelle de 60 euros minimum).
Le Vent se lève (The Wind That Shakes the Barley) de Ken Loach – 2006 – Royaume-Uni – 2h04 – Sortie France le 23 août 2006 : 971 334 entrées (Diaphana)
Irlande, 1920. Des paysans s’unissent pour former une armée de volontaires contre les redoutables Black and Tans, troupes anglaises envoyées par bateaux entiers pour mater les velléités d’indépendance du peuple irlandais.
Par sens du devoir et amour de son pays, Damien abandonne sa jeune carrière de médecin et rejoint son frère Teddy dans le dangereux combat pour la liberté…
Là encore on peut toujours chercher mais point de Blu-ray nulle part. Un constat assez dommageable pour la première Palme d’or (sur deux) obtenue par Ken Loach. On peut émettre des réserves sur Le Vent se lève à commencer par le classicisme de sa mise en scène mais son propos à charge sur une des périodes importantes de l’histoire récente de l’Irlande ne pouvait laisser insensible. Jurés de Cannes comme spectateurs. Hier comme aujourd’hui. Et le fait que Ken Loach se soit pris des torrents d’insultes dans son pays en provenance de l’aile très à droite de l’échiquier politique et intellectuel montre a minima que le film a touché au plus juste. On ne prétendra pas ici se poser en expert de cette période mais le moins que l’on puisse dire c’est que Le Vent se lève propose une vision assez claire des enjeux historiques, ce qui donne à Ken Loach toute liberté de développer la partie plus fictionnelle avec un savoir faire indéniable. Ps : pour l’anecdote, Liam Cunningham alias Davos « GoT » Seaworth imposait déjà ici sa diction aux accents irish et magnifiquement gutturale.
Depuis 2007, il existait deux éditions DVD, l’une simple, l’autre collector deux disques. Une troisième édition, toujours chez Diaphana, est venue remplacer tout ça en 2019. Mais elle reste l’exacte réplique de l’édition simple de 2007 : même master d’un autre âge et passionnant commentaire audio de Ken Loach associé à Donald O’Driscol, conseiller historique sur le film. Le deuxième disque de l’édition collector était généreux en bonus avec surtout un excellent documentaire d’une heure sur la guerre d’Irlande. Quelques plateformes VOD proposent le film en HD comme CanalVOD ou Orange et a priori l’image proposée est un cran au-dessus du DVD. Mais pour ceux qui se posent la question, une telle masterisation HD est insuffisante pour générer une image au moins potable en Blu-ray. On est donc là face à la réalité du marché de la vidéo actuelle et à venir. Diaphana, dans sa volonté légitime d’avoir un retour sur investissement a minima, préfère ne proposer le film qu’en dématérialisé. Les investissements sont moindres et quitte à tirer vers le bas le potentiel technique du film qui va de paire avec le respect artistique de l’œuvre.
Festival de Cannes 2007
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Le président du jury est le réalisateur britannique Stephen Frears. Le film d’ouverture en compétition est My Blueberry Nights de Wong Kar-wai dont on n’a vraiment plus aucun souvenir sinon une salle Debussy comble de chez comble lors de la projection de presse pendant laquelle on a forcément dû se remettre d’un voyage en TGV depuis Paris débuté aux aurores. Un autre fait qui aurait dû nous marquer est Chacun son cinéma où, à l’initiative de Gilles Jacob, 35 réalisateurs proposèrent chacun un court métrage de deux minute sur la salle de cinéma à l’occasion des 60 ans du Festival. Ils étaient projetés en ordre dispersé avant chaque film de la compet ou d’Un Certain Regard. Là aussi c’est le voile noir ou blanc (on n’est pas raciste à DC). Par contre, on se souvient bien du calvaire enduré sur L’Homme de Londres qui restera le premier et le dernier Béla Tarr que nous subirons. On aurait aimé tenir la même promesse avec Carlos Reygadas, mais après les 142 minutes de Lumière Silencieuse (Prix du jury il va sans dire) nous ne pûmes/sûmes éviter les 2 heures tout aussi atroces de Post Tenebras Lux (Prix de la mise en scène) en 2012. Heureusement, on découvrait dans le même temps le talent de conteuse de Marjane Satrapi avec Persepolis (Prix du jury et Blu-ray chez Diaphana). Et puis il y avait aussi David Fincher qui avec son Zodiac nous redonnaient un sacré morale de cinéma (Blu-ray édité chez Warner) tout comme les frères Coen avec No Country for Old Men qui signaient là un retour aux affaires en grande pompe que le Blu-ray édité par Paramount rend magnifiquement justice. On était même content de se taper un mauvais Tarantino avec Boulevard de la mort tellement on était en bad trip durant quasiment toute la quinzaine. Un autre exemple ? Qui se souvient du Scaphandre et le Papillon de Julian Schnabel ? L’histoire du rédacteur en chef du magazine Elle joué par Mathieu Amalric qui à la suite d’un AVC dicte son autobiographie avec sa seule paupière valide (une lettre en fonction du nombre de battements) où il raconte son calvaire avant de mourir une fois le livre publié. Raconté comme cela, on se dit que Mel Brooks en aurait fait un sketch du tonnerre. Mais le film est en fait un pensum où à l’époque il était de bon ton d’en dire du bien au risque d’être envoyé au piloris de la bienpensance. Ce qui n’a pas empêché le public cannois d’aller à la petite sauterie d’après projection pour s’empiffrer et boire les pieds nus sur le sable encore chaud malgré la nuit bien avancée. C’est aussi ça la magie du festival. Donner la Palme d’or à une histoire bien craspec d’avortement se déroulant dans la Roumanie de Ceausescu et aller fêter dans la foulée le film sur une terrasse avec piscine et un peu de coke. Et alors on ne vous raconte même pas la petite sauterie organisée suite à la projection hors compet de Ocean’s Thirteen de Steven Soderbergh où pour l’occasion, la moitié du gratin hollywoodien était descendu sur la croisette pour s’encanailler.
Sinon, à Un Certain Regard se découvrait le premier long de Céline Sciamma avec Naissance des pieuvres où œuvrait déjà Adèle Haenel dont c’était la deuxième apparition au cinoche après Les Diables en 2002 de Christophe Ruggia qu’elle a accusé il y a quelques mois d’agression sexuelle lors de la préparation du film. Elle avait alors 13 ans. Enquête en cours. Enfin, à La Semaine de la Critique on se souvient encore de la projection de L’Orphelinat, premier long de Juan Antonio Bayona qui s’il n’est toujours pas un chef-d’œuvre n’en demeure pas moins un bon petit film fantastique aux accents gothiques lorgnant avec malice vers l’univers de del Toro ou des premiers films d’Amenábar. Sans oublier À l’intérieur de Julien Maury et Alexandre Bustillo qui reste sans aucun doute leur meilleur opus (le premier) au sein d’une filmo d’une rare médiocrité.
4 mois, 3 semaines, 2 jours (4 luni, 3 săptămâni și 2 zile) de Cristian Mungiu – 2007 – Roumanie – 1h53 – Sortie France le 29 août 2007 : 328 846 entrées (Bac Films)
1987, Roumanie, quelques années avant la chute du communisme. Ottila et Gabita partagent une chambre dans la cité universitaire d’une petite ville. Gabita est enceinte et l’avortement est un crime. Les deux jeunes femmes font donc appel à un certain M. Bébé pour résoudre le problème. Mais elles n’étaient pas préparées à une telle épreuve.
Les deux Blu-ray édités chez nous par Bac Films en 2012 et 2014 sont strictement identiques. Mêmes masters HD et aucun bonus. Ce sera de toute façon la seule manière de (re)découvrir le film de Cristian Mungiu dans de bonnes conditions vu que du côté de la VOD et au moment où nous écrivons ce paragraphe, aucune plateforme ne le propose. Pour aller un peu plus loin, on pourra aussi se procurer l’édition collector 3 DVD que l’on peut encore acheter à moins de 10 euros. En partenariat avec L’Avant-Scène Cinéma, revue qui a vu le jour en 1961 et qui continue plus que jamais à partager sa passion pour le 7ème Art, elle décortique le deuxième long de ce cinéaste roumain (Occident fut primé à la Quinzaine en 2002) dont la Palme d’or méritée ne faisait qu’entériner l’arrivée en force d’une génération de cinéastes roumains désormais reconnue à l’international (Cristi Pui / Corneliu Porumboiu / Calin Peter Netzer) dont il est la tête de gondole. Pour aller encore un peu plus loin, on pourra aussi se jeter sur l’édition Blu-ray Criterion disponible depuis janvier 2019 (en médaillon) qui lui propose le film en roumain sous titré anglais (quand on aime) via un nouveau master issu d’une restauration 4K de toute beauté (cf capture cliquable ci-dessous). Il y a aussi quelques bonus inédits intéressants ainsi que celui déjà présent sur l’édition DVD intitulée La Caravane (2007) qui revenait sur la réception du film en Roumanie via un road trip organisé par et avec le réal.
Festival de Cannes 2008
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Le président du jury est l’acteur et réalisateur américain Sean Penn. Le film d’ouverture (en compet) est Blindness de Fernando Meirelles. Le festival essayant certainement de rattraper le coup puisque The Constant Gardener, son précédent et bien meilleur film auréolé de trois Oscars, deux Golden Globes et de multiples récompenses à travers le monde, s’était retrouvé à la Mostra de Venise en 2005. Pour l’anecdote, il a fallu attendre le dernier jour de cette 61ème édition pour qu’émerge la Palme d’or puisque Entre les murs de Laurent Cantet était projeté le samedi matin juste quelques heures avant notre TGV de retour sur Paris. La claque reçue à l’époque et qui nous faisait écrire dans le train que l’on tenait en effet notre Palme d’or s’est bien estompée depuis. Comme quoi. Pour autant, peu de films présentés cette année là en compétition peuvent se prévaloir d’avoir marqué cette 61ème édition et encore moins la décennie. Two Lovers de James Gray (Blu-ray chez Wild Side) n’a jamais eu nos faveurs, Valse avec Bachir d’Ari Folman (Blu-ray aux Éditions Montparnasse) s’est perdu depuis longtemps dans les limbes de l’oubli, Un conte de Noël d’Arnaud Desplechin (magnifique Blu-ray chez Criterion) est loin d’être son meilleur et a de toute façon dégoûté à vie notre chroniqueur émérite de Blu-ray 4K à la rédaction sur le cas du réalisateur de La Sentinelle. Quant à L’Échange, c’est, pour rester poli, un Eastwood des plus mineur (en Blu-ray chez Warner). Pour être large, seuls Gomorra de Matteo Garrone (Grand Prix du Jury et Blu-ray chez TF1 Vidéo) et Che de Steven Soderbergh (Prix d’interprétation masculine à l’unanimité pour Benicio del Toro et Blu-rays dispos chez Warner ou mieux chez Criterion) peuvent prétendre à une reconnaissance au-delà de ce mois de mai 2008. Sinon, hors compétition était projeté en première mondiale Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal de Steven Spielberg que nous avions bien sagement et pour notre grand malheur rattrapé sur Paris, idem mais avec plus de bonheur pour Kung Fu Panda ainsi que le doc Roman Polanski: Wanted and Desired de Marina Zenovich qui mériterait d’être revu aujourd’hui à plus d’un titre et ce même en DVD puisqu’il n’est dispo qu’ainsi chez Metropolitan.
C’était en fait plus excitant à Un Certain Regard avec Hunger de Steve McQueen sur l’histoire vraie du militant irlandais Long Kesh qui emprisonné s’est infligé une grève de la faim sans retour (très beau Blu-ray chez MK2) et surtout Johnny Mad Dog de Jean-Stéphane Sauvaire (Blu-ray chez TF1 Vidéo) sur les enfants soldats d’Afrique. Et enfin à La Quinzaine, on découvrait Eldorado de Bouli Lanners (DVD chez M6 Vidéo, faut pas rêver non plus) qui aujourd’hui nous fait penser à Adoration de Fabrice du Welz. Mais en bien mieux.
Entre les murs de Laurent Cantet – 2008 – France – 2h08 – Sortie France le 24 septembre 2008 : 1 617 536 entrées (Haut et Court)
François est un jeune professeur de français dans un collège difficile. Il n’hésite pas à affronter Esmeralda, Souleymane, Khoumba et les autres dans de stimulantes joutes verbales, comme si la langue elle-même était un véritable enjeu. Mais l’apprentissage de la démocratie peut parfois comporter de vrais risques…
On était donc sorti tout chamboulé de la projection cannoise d’Entre les murs et sa Palme d’or (ce qui n’était plus arrivé à un film français depuis 1987 et Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat) nous semblait alors plus que mérité. Mais qu’en reste-t-il aujourd’hui ? L’envie peut-être de le revoir avec ses enfants afin de connaître leurs impressions. Vieillot ? Prégnant ? T’es gentil mais on se tape déjà l’école à longueur de journée c’est pas pour se replonger dedans une fois rentrée à la maison… Ce qui en soit voudrait dire que le film de Laurent Cantet traduit toujours aussi bien la réalité d’une classe de 4ème au sein d’un établissement scolaire du XXè arrondissement de Paris. En fait ce qui serait intéressant de faire c’est de partir à la recherche de ces collégiens et voir ce qu’ils sont devenus. Car c’était un peu ça le message en creux. Quel futur pour cette génération et les suivantes ? Une question souvent posée mais qu’Entre les murs semblait prendre enfin à bras le corps. Par contre, du côté de Bégaudeau on sait merci. Le prof du film, l’auteur du bouquin que le film adaptait s’est en effet répandu dans les médias jusqu’à l’indigestion. Le voir ainsi et surtout l’entendre les années qui ont suivies (tant qu’il était à la mode en fait) pour nous asséner des leçons de vie / sociétales / philosophiques / politiques… s’est terminé en un tel rejet que rien qu’à l’idée de déblister notre Blu-ray, cela nous rendait malade. D’ailleurs depuis, on la refilé à un ami que l’on n’aimait pas trop. Quant à Laurent Cantet, il a depuis livré 3 films oubliables alors que Ressources humaines (2000) et L’Emploi du temps (2001) n’ont pas pris une ride. La digestion de cette Palme d’or est pour lui aussi plutôt longue. Mais le mieux maintenant est de (re)juger sur pièce que cela soit en Blu-ray (édité chez FTD et encore dégottable à moins de 10 euros) qui propose des bonus significatifs comme un making of de mémoire passionnant ou via les multiples plateformes VOD qui le diffusent en HD. Et après vous pourrez aller lire notre critique rédigée à chaud dans le train qui nous raccompagnait sur Paris. En fonction de vos réactions, on rappellera peut-être cet « ami » pour qu’il nous rende notre Blu-ray.
Festival de Cannes 2009
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L’Avventura de Michelangelo Antonioni sert de magnifique support visuel à l’affiche du 62ème Festival de Cannes
La Présidente du jury est Isabelle Huppert. Le Festival de Cannes 62ème du nom s’ouvre de la plus belle des manières et pour la première fois de son histoire avec un film d’animation. Là-haut (en Blu-ray chez Disney et en Streaming sur Disney+ / Choisis ton camp camarade) de Pete Docter et Bob Peterson est quelque part une forme d’aboutissement pour les studios Pixar qui sont alors, il est vrai, au sommet de leur Art. À n’en pas douter, voilà une édition beaucoup plus relevée que ce que le festival nous avait habitué les années précédentes d’autant qu’une bonne polémique des familles et un mini scandale en ont enfin rythmé son déroulé. Le scandale c’est pour Lars von Trier (qui d’autre me direz-vous ?) qui avec son Antichrist se chauffait pour 2011 en déclarant fort sereinement en conférence de presse « Je suis le plus grand réalisateur du monde ». Quelques heures plus tôt, le film avait fait claquer pas mal de fauteuils en projection de presse du matin (certainement des journalistes mécontents de ne pas pouvoir terminer tranquillement leur nuit) alors que bon y avait pas de quoi tant on est plus que jamais dans la provoc pour la provoc. Risible à l’époque, hilarant en 2020. Mais n’est-ce pas finalement l’effet recherché et même voulu par ce bon Lars ? À l’arrivée ce sera un Prix d’interprétation féminine pour Charlotte Gainsbourg et aujourd’hui un Blu-ray toujours disponible chez M6 Vidéo que l’on vous conseille uniquement si vous êtes un fan hardcore du film. La polémique ce sera pour Isabelle Huppert soupçonnée d’avoir pesé de tout son poids (et Dieu sait que sa balance fait la gueule tous les matins) pour attribuer la Palme d’or à Michael Haneke, réalisateur dont elle admire le travail et avec qui elle a tourné deux films (La Pianiste pour lequel elle remporte le Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 2001 et Le Temps du loup en 2003). Frémaux a démenti par la suite et quand bien même ce serait exact, on s’en fout. Le Ruban blanc reste sans conteste le meilleur film de cette sélection sinon la plus belle Palme d’or de cette décennie.
D’autant que par ailleurs il y avait du lourd avec Un prophète de Jacques Audiard qui l’année précédente aurait certainement décroché la Palme d’or en lieu et place du Grand Prix du Jury décerné un peu comme un lot de consolation du beau deuxième. Pour ceux qui n’auraient pas encore vu ce fleuron de notre cinéma, ils peuvent se jeter sur le Blu-ray édité par UGC qui reste 10 ans après en tous points parfait. Sinon, on se souvient encore de l’excitation pour tenter de rentrer coûte que coûte à la projection d’Inglourious Basterds de Quentin Tarantino et de la déception qui s’en est suivie mais aussi du feel good movie que l’on n’espérait plus à Cannes avec Hôtel Woodstock d’Ang Lee dont on garde un très joli souvenir tout en se disant qu’il faudrait un jour ouvrir le Blu-ray qui prend la poussière chez nous depuis trop longtemps. Idem pour À l’origine de Xavier Giannoli que l’on trouve encore en Blu-ray (édité chez feu EuropaCorp) à un prix très accessible. Par contre, on n’a jamais voulu revoir Enter the Void de Gaspar Noé (3 éditions Blu-ray chez Wild Side, toutes à des prix indécents) même pas pour rattraper les nombreux passages où on avait ronflé du sommeil du juste.
Pour le reste, le Festival a cru bon de décerner une Palme d’or honorifique à Clint Eastwood sentant bien qu’autrement il n’en recevrait jamais une de son vivant. Rappelons aussi que cette édition s’est achevée pour une fois sur un bon film avec Coco Chanel et Igor Stravinsky de Jan Kounen (Blu-ray chez Wild Side) qui n’a plus rien fait de significatif depuis mais dont on attend tout de même avec une certaine excitation Mon cousin censé sortir si tout va bien en 2020. Toujours hors compet, il y avait aussi le très réussi Agora d’Alejandro Amenabar (Blu-ray chez Warner) qui lui aussi s’est malheureusement perdu dans la décennie suivante et le très mauvais L’Imaginarium du docteur Parnassus de Terry Gilliam (Blu-ray chez Metropolitan). Par contre, la soirée dans les hauteurs de Cannes en présence du réalisateur de Brazil était des plus réussie (ben quoi ?). Pour être complet, on citera aussi Jusqu’en enfer de Sam Raimi tout aussi nul (Blu-ray chez Metropolitan mais on vous aura prévenu). Côté Quinzaine émergeait Xavier Dolan avec J’ai tué ma mère qui ne devrait plus trop tarder à recevoir sa première Palme d’or. On espère ne plus être de ce monde quand cela arrivera. Denis Villeneuve revenait quant à lui avec Polytechnique qui n’existe qu’en DVD chez nous et le futur carton au box office des Beaux Gosses de Riad Sattouf (910 795 entrées) avec la révélation Vincent Lacoste faisait déjà se gondoler les happy fews de la croisette. Enfin, à Un Certain Regard, on se souvient tous de la projection de Precious de Lee Daniels (Blu-ray toujours dispo chez ARP) qui nous réconciliait quelque peu avec ce cinéma américain indé que le passage dans le nouveau siècle avait pas mal concassé. Et même si la suite de sa carrière n’est pas au niveau de ce petit bout de film majeur, on lui sera éternellement gré des émotions de cinéma qu’il nous avait léguées à l’époque toujours intactes aujourd’hui.
Le ruban blanc (Das Weiße Band – Eine deutsche Kindergeschichte) de Michael Haneke – 2009 – Autriche – France – Italie – Allemagne – 2h24 – Sortie France le 21 octobre 2009 : 649 212 entrées (Les Films du Losange)
Un village protestant de l’Allemagne du Nord à la veille de la Première Guerre mondiale (1913/1914). L’histoire d’enfants et d’adolescents d’une chorale dirigée par l’instituteur du village et celle de leurs familles : le baron, le régisseur du domaine, le pasteur, le médecin, la sage-femme, les paysans… D’étranges accidents surviennent et prennent peu à peu le caractère d’un rituel punitif. Qui se cache derrière tout cela ?
En furetant un peu, le blu-ray édité par TF1 Vidéo se trouve encore à un prix raisonnable. Attention il y a eu deux éditions. Une en digibook et l’autre via un packaging plus classique. Si les deux galettes proposent le même master retravaillé par Haneke spécifiquement pour le Blu-ray où le N&B est beaucoup plus contrasté que celui vu lors de la projection cannoise et au cinéma (cf capture cliquable ci-dessous), il y a toutefois un bonus en moins sur l’édition digibook. La présentation du film par Michel Cieutat et Philippe Rouyer qui dure une dizaine de minutes et que nous n’avons jamais vu puisque nous possédons l’édition digibook. Tous les autres suppléments y sont par contre à commencer par le montage de près de 20 minutes que nous vous avons uploadé ci-dessus qui synthétise à merveille les trois étapes cannoises du film. La montée des marches, la conférence de presse et la fameuse remise de la Palme d’or où James Gray fait la gueule (il n’aurait pas apprécié la présidence ultra autoritaire de la Présidente) et Isabelle Huppert étreignait longuement son ami Haneke. Un document à lui tout seul passionant secondé par un making of et un portrait du cinéaste autrichien des plus pertinents. Bref, l’exemple parfait d’un must have pour un film qui ne l’est pas moins. On dirait un slogan publicitaire mais franchement, on ne voit pas comment la (re)découverte de ce film pourrait décevoir quiconque prétend aimer le cinéma avec un grand C. À noter pour être complet qu’un coffret réunissant 12 films du réalisateur comprenant Le Ruban Blanc est sorti en Blu-ray sous la bannière TF1 Vidéo . Mais alors là on vous souhaite bon courage pour le trouver tout court.