Uncut Gems est un projet de longue date pour les frères Benny et Josh Safdie qui a démarré en 2009 lorsqu’ils ont écrit un premier script du film. Ils se sont largement inspirés des histoires que leur contait leur père qui travaillait à l’époque pour un certain Howard au sein du quartier diamantaire à New York.
Uncut Gems (2019)
Réalisateur(s) : Benny Safdie, Josh Safdie
Avec : Adam Sandler, Julia Fox, The Weeknd, Idina Menzeln
Durée : 2h15
Distributeur : Netflix
Disponible le : 31 janvier 2020
Résumé : Bijoutier new-yorkais particulièrement charismatique, Howard Ratner (Adam Sandler) est constamment en quête d’un nouveau gros coup. Alors qu’il fait plusieurs paris extrêmement risqués, Howard se retrouve sur la corde raide : il pourrait devenir très riche ou, tout aussi bien, perdre sa bijouterie et sa famille. Et malgré la menace d’adversaires redoutables, il continue à croire que la fortune n’est pas loin. Quitte ou double…
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- Avis express : Au sein d’un mois de février de cinéma largement sinistré, c’est donc au sein de la plateforme de streaming honnis des exploitants de salles que l’on trouvera le film le plus excitant du moment. Uncut Gems que cela s’appelle, ce qui en français pourrait grosso modo se traduire par « pur joyau ». Et le film des frères Safdie de nous narrer à leur façon la destinée de cette pierre non taillée (en fait une opale) issue d’une mine de diamants située sur le continent africain que le protagoniste principal de l’histoire, diamantaire new-yorkais de son état, s’est approprié on ne sait trop comment mais certainement en usant de procédés peu recommandables. À ce stade de l’exposé, précisons qu’Adam Sandler endosse telle une évidence instantanée, le rôle de ce diamantaire véreux et sans cesse sur la corde raide. Un personnage à des kilomètres de ce que le meilleur représentant de la comédie ricaine bien grasse a l’habitude de jouer. Pour autant, ce serait avoir la mémoire courte que d’oublier (au hasard) Punch-drunk love où le bonhomme avait éclaboussé de sa classe et de son talent le film de Paul Thomas Anderson réalisé en 2003.
Il faut croire que les frères cinéastes à qui l’on doit le déjà très remarqué Good Time ont effectué leurs devoirs et ont toujours eu en tête d’attirer Sandler sur leur film. Et même si cela a mis un certain temps (plusieurs années), ils ont fini par avoir gain de cause. Bien leur en a pris tant Uncut Gems n’aurait absolument pas eu le même impact sans lui. Il est en effet à la fois la force viscérale mais aussi la faiblesse induite d’un film qui ne manque pas par ailleurs de provoquer sidération, ambivalence, lassitude, rejet… le tout au sein d’une même séquence. Il y a de fait comme une urgence. Celle de filmer une ville et des trajectoires de vie qui semblent déjà sur le point de disparaître. Le personnage de Sandler étant par exemple fortement inspiré du père des cinéastes. Quant à New-York, si elle rappelle celle que filmait Scorsese dans Mean Streets, elle n’en demeure pas moins extrêmement volatile et en apesanteur. On ne fait que la traverser ou alors on s’y enterre pour le business ou on la surplombe pour s’envoyer en l’air avec sa maîtresse.
Les trajectoires y sont simples, rectilignes a contrario de notre diamantaire qui ne cesse de brasser du vent tout en étant frappé d’incontinence verbale. De cette logorrhée sans fin, il finit par souler le film dont on pense que celui-ci ne s’en remettra pas d’autant que nos Safdie de frères finissent par perdre le fil et le contrôle de leur mise en scène qui ne précède plus rien et à même du mal à suivre le rythme. Jusqu’à cette fin proche de l’épure. Loin de reprendre notre souffle, le film vire en effet alors vers un no man’s land totalement jubilatoire bien aidé par un climax certes attendu mais qui laisse littéralement sur le flanc. En guise d’épitaphe, on aurait pu lire au générique de fin : « ami spectateur, démerde toi maintenant avec ça. » Et nous, comme on n’est pas bégueule, on a envi en guise de conclusion, de suivre cette recommandation… SG – 3/5
- La chronique Blu-ray : Roma vient d’être annoncé en Blu-ray chez Warner Home Video France. Une édition qui localise en tous points le Criterion US. On va donc dire que tout est dorénavant possible pour ces films tête de gondole de chez Netflix. Edit 23/04 : En attendant, il y a moyen de le mater en Blu-ray import US chez Kino Lorber depuis le 10 mars…