Seuls les anges ont des ailes - Image une test Blu-ray

Seuls les anges ont des ailes en Édition Mediabook Collector chez Wild Side

La carrière d’Howard Hawks commence en 1926 en plein âge d’or du muet, et se termine en 1970 avec Rio Lobo, un des derniers vestiges du western « old school » alors que Sergio Leone régnait déjà en maître. Entre-temps, une ribambelle de chefs-d’œuvre parmi lesquels Seuls les anges ont des ailes occupe une place de choix.

Seuls les anges ont des ailes - Édition Mediabook Collector Blu-ray + DVD + Livret

Éditeur :Wild Side Vidéo
Sortie le :07 juillet 2021  


Retrouvez les informations concernant nos captures et notre matériel de test sur cette page.

En 1939 Howard Hawks n’est déjà plus un inconnu et encore moins un jeune cinéaste inexpérimenté. Scarface qu’il réalise en 1932 l’a déjà propulsé sur le devant de la scène et pas uniquement pour ses déboires vis-à-vis de la censure de l’époque. Mais Hawks était à la recherche d’un véritable succès publique étant entendu que si Scarface et son budget astronomique ne fut pas déficitaire, il ne rapporta pas un sou non plus. Quant à L’Impossible Monsieur Bébé (Bringing Up Baby) qu’il réalise juste avant Seuls les anges ont des ailes et qui est devenu lui aussi un classique parmi les classiques, il a été un flop au box-office.

Seuls les anges ont des ailes - Affiche

Autant dire que le cinéaste freelance c’est à dire libre de tous contrats avec les Studios hollywoodiens, une incongruité pour l’époque, pas réputé pour accoucher de films peu chers (le respect des budgets et des temps de tournages n’étaient en effet pas son fort), jouait une grande partie de sa carrière en lançant Seuls les anges ont des ailes dont il avait lui-même acquis les droits (onéreux) du livre, géré l’adaptation avec Jules Furthman et quelques autres scénaristes non crédités au générique, lancé la production et le casting tout en s’appuyant in fine sur la Columbia pour le distribuer. Pour autant, le sujet en lui-même n’était pas un pari audacieux tant le milieu de l’aviation avait le vent en poupe au cinéma en cette fin des années 30. Surtout quand il s’agissait de brosser cette période qui a suivi la première guerre mondiale où les anciens pilotes devaient se reconvertir vaille que vaille dans le civil quitte à toujours prendre des risques inconsidérés à chaque fois qu’ils montaient dans un avion. Hawks connaissait bien le sujet lui qui fut instructeur dans l’aviation militaire durant le premier conflit mondial. C’est aussi le temps de Vol de nuit d’un certain Saint-Exupéry et ici le quotidien de pilotes censés assurer une liaison postale aérienne depuis une ville côtière imaginaire d’Amérique du sud.

Seuls les anges ont des ailes - Howard Hawks sur le tournage de La Patrouille de l'aubeHoward Hawks sur le tournage de La Patrouille de l’aube (The Dawn Patrol – 1930),
film de guerre sur des pilotes anglais durant la première guerre mondiale

Le décor était ainsi quasiment planté pour laisser libre cours à des récits épiques que des coucous forcément peu sûrs, une météo évidemment capricieuse et une géographie on ne peu plus hostile transformaient en saga héroïque. Quasiment car il manque alors deux éléments tout de même essentiels. La romance et l’amitié virile d’un côté, la rédemption de l’autre sous les traits de ce pilote qui pour sauver sa peau a sauté en parachute et laissé son mécanicien crever dans un avion en feu. Il est interprété par Richard Barthelmess, un acteur qui sortait tout juste d’une opération du visage qui convainquit définitivement Hawks de l’engager tant celui-ci semblait porter sur lui les stigmates de sa lâcheté l’obligeant à s’exiler aux confins du monde. Sans oublier Cary Grant avec qui Hawks avait adoré travailler sur L’Impossible Monsieur Bébé et qu’il retrouvera encore sur La Dame du Vendredi (His Girl Friday) en 1940, Allez coucher ailleurs ! (I Was a Male War Bride) en 1949 et enfin Chérie, je me sens rajeunir (Monkey Business) en 1952.

Seuls les anges ont des ailesCary Grant et Jean Arthur

Côté vedette féminine Hawks a choisi Rita Hayworth qui n’est pas encore la vamp immortalisée par Charles Vidor dans Gilda sept ans plus tard mais qui vampirise déjà l’écran à chacune de ses apparitions. Quant à la star Jean Arthur, le temps n’a aucune prise sur sa prestation de haut vol (admirez le facile jeu de mot) caractérisée par cette sensation qu’elle n’est absolument pas le personnage qu’elle est pourtant censée interpréter. Son jeu d’une distinction absolue ne permet absolument pas de penser que voilà une chorus girl rentrant par bateau aux États-Unis après une tournée en Amérique du sud et qui lors de son escale de quelques heures va tomber sous le charme du boss de la compagnie aéropostale du coin.

Un ressenti que Doug Headline explique au sein du livret accompagnant cette édition en rappelant les relations tendues entre l’actrice et le réalisateur sur le tournage. Jean Arthur ne comprenant pas finalement les intentions de Howard Hawks qui voulait l’emmener avec lui au-delà de sa zone de confort et contre quoi elle a lutté de toutes ses forces. Doug Headline précise alors qu’« il faudra(it) quelques années avant qu’elle revienne vers le réalisateur, après avoir vu le premier de ses films avec Bogart et Bacall, en lui disant qu’elle aimerait retravailler avec lui et que, cette fois, elle se plierait à ses demandes. Malheureusement, cela ne devait jamais se produire ». Le film en question c’est Le Port de l’angoisse (To Have and Have Not – 1944) et en voyant la prestation de Lauren Bacall on comprend mieux ce qu’attendait Hawks et qu’il n’a jamais obtenu ici. C’est pourtant en partie grâce à cette dichotomie de jeu que Seuls les anges ont des ailes reste encore aujourd’hui ce film alerte, drôle, grave, épique et incroyablement attachant.

Seuls les anges ont des ailesHoward Hawks, Cary Grant et Rita Hayworth sur le tournage de Seuls les anges ont des ailes (illustration extraite du livret présent au sein de cette édition)

Un heureux accident en quelque sorte qui montre de toute façon que Hawks est un cinéaste plus à l’aise avec les hommes. Sa façon de filmer Cary Grant a influencé tous les réalisateurs subséquents à commencer par Hitchcock qui n’a eu de cesse de casser cette image de bel étalon sûr de lui et de son sex-appeal dès Soupçons (Suspicion) en 1941. Son pouvoir d’attraction sur les femmes (et les hommes) est incroyable. Hawks se permettant de montrer à la fois son côté macho mais aussi ses fêlures qui en font ici un personnage extraordinairement complexe à décrypter. Il est comme on l’a dit entouré d’amis et employés qui n’ont aucun problème à se ranger sous son autorité naturelle que Hawks diffuse via des dialogues aux accents d’une rare modernité. Même aujourd’hui. En cela il s’aide aussi des nombreux seconds rôles à commencer par le personnage de l’ami de toujours joué par Thomas Mitchell qui avec son allure débonnaire pour ne pas dire passe partout a traversé quelques-uns des plus grands films de son époque dont ceux réalisés par un certain Frank Capra ou John Ford avec qui d’ailleurs il remporta l’oscar du meilleur second rôle pour La Chevauchée fantastique (Stagecoach) en cette même année 1939.

Seuls les anges ont des ailesThomas Mitchell et Jean Arthur

Seuls les anges ont des ailes cassa littéralement la baraque à sa sortie. Il faut dire aussi que les scènes spectaculaires ne manquent pas. Si elles fleurent bon un temps qui n’a plus rien à voir avec ce qu’un film abordant le même sujet proposerait aujourd’hui, on reste tout de même ébahi devant l’ingéniosité visuelle et la force tout court de l’emballage. Autrement dit, oui les maquettes et certains décors de sommets montagneux en carton-pâte ont du mal à convaincre mais l’histoire qui se développe au sein de cette mise en place est tellement forte et proportionnelle à la mise en scène déployée que la magie opère encore et toujours pour ne pas dire plus que jamais.

Seuls les anges ont des ailes - Envers du décorLa construction des décors de Seuls les anges ont des ailes

Il faut dire aussi que la restauration 4K issue du négatif original y est pour beaucoup. C’est au passage le même master que celui utilisé en 2016 par Criterion. Et on retrouve ici la même définition au taquet accompagnée de ce magnifique grain organique qui permet de littéralement redécouvrir un film que forcément nous n’avons vu que sur le petit écran ou, pour les plus chanceux, lors d’une rétrospective Hawks au cinéma via une copie qui a fait son temps. Un soin tout particulier a été porté à la photo signée Joseph Walker qui au passage était à l’époque de tous les films de Capra et qui sera aussi de l’aventure sur La Dame du vendredi (His Girl Friday) que Hawks réalisera dans la foulée. Son N&B à la fois très tranché mais aussi tout en nuance alors que le film se déroule quasi exclusivement de nuit et/ou en intérieur n’a rien à envier aux signatures visuelles qui avaient alors cours en France au sein des films estampillés « réalisme poétique ». Et puisque l’on en est à parler technique, précisons que ce Blu-ray propose la VF d’origine exploitée dans les salles françaises lors de sa sortie en juin 39 réalisant au passage 54 413 entrées. Comme de bien entendu elle a bien du mal à rivaliser avec la piste VO qui de surcroît a bénéficié comme l’image d’une restauration donnant au mono encodé ici en DTS-HD MA 2.0 une ampleur virginale.

Comparatif images Criterion Vs Wild Side Video (c’est bien entendu cliquable)

Côté supplément Wild Side a contacté un revenant en la personne de Noël Simsolo qui avait en effet un peu disparu des radars de la cinéphilie alors que du temps du DVD il œuvrait à tour de bras pour nous apporter son éclairage et son érudition sur ses films de chevet (qui sont très nombreux). On est ainsi heureux de retrouver sa faconde et son enthousiasme au sein de deux modules réalisés pour cette édition. L’un consacré au film et l’autre sur Howard Hawks. Les plus érudits n’apprendront rien de nouveau. Hawks le mytho, Hawks le fou des sports extrême et passionné d’aviation, le cinéaste qui a toujours farouchement lutté pour son indépendance au sein de la jungle des Studios hollywoodiens… Simsolo revient aussi sur la perception du cinéaste auprès des critiques et futurs cinéastes de la Nouvelle Vague dont il fut très proche à commencer par François Truffaut. Il en profite pour nous donner quelques anecdotes de son cru que l’on ne trouve pas forcément dans les bouquins mais que l’on peut entendre de la bouche même de Hawks dans le cadre d’un entretien audio avec le cinéaste Peter Bogdanovich datant de 1972 présent en bonus au sein du Blu-ray Criterion. Excellente idée de l’éditeur de s’être souvenu donc que voilà une voix et une opinion d’autorité française sur le cinéma dont il était plus que dommage de se priver.

Seuls les anges ont des ailes - Noel Simsolo

Enfin, on l’a déjà suggéré plus haut, Wild Side a commandé à Doug Headline un texte qui a été publié au sein d’un livret de 50 pages richement illustré comme c’est la norme chez l’éditeur au sein de cette collection. Texte qui a pour lui l’extrême qualité de parfaitement compléter les propos de Noël Simsolo prouvant s’il en était encore besoin de la richesse thématique, historique et artistique de Seuls les anges ont des ailes.

Seuls les anges ont des ailes - Scénograpihie Combo Blu-ray + DVD

Seuls les anges ont des ailes (Only Angels Have Wings – 1939) – Édition Mediabook Collector Blu-ray + DVD + Livret

Réalisateur : Howard Hawks
Éditeur : Wild Side Video
Sortie le : 7 juillet 2021
Au cinéma : le 21 juin 1939

En escale à Barranca, petit port bananier d’Amérique du Sud, Bonnie Lee rencontre les pilotes de l’équipe aéropostale de ce lieu hors du temps, où l’on meurt comme on vit : avec bravoure. D’emblée, cette danseuse de revue (chorus girl) new-yorkaise est subjuguée par le séduisant et intrépide Geoff Carter, qui dirige la compagnie et n’est pas le genre d’homme à laisser des sentiments interférer dans ses missions et dans son monde, où le danger est omniprésent et où tout peut basculer en un instant, au gré du hasard et des tempêtes…

Spécifications techniques Blu-ray  :

  • Image : 1.37:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue : Français et Anglais en DTS-HD MA 2.0 mono
  • Sous-titres : Français
  • Durée : 2h01min 01s
  • 1 BD-50

Captures Blu-ray cliquables au format HD natif 1920×1080

Bonus :

  • Les invalides : survol du film par Noël Simsolo (22min 25s – HD –  2021)
  • Orgueil et indépendance : portrait de Howard Hawks à travers ses films, par Noël Simsolo (31min 31s – HD – 2020)
  • Bande-annonce originale (2min 46s – HD – VOST)
  • Livret de 50 pages, écrit par Doug Headline et illustré de photos d’archives

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