The Appointment - Image une test BD

The Appointment en Blu-ray chez Les Films du Camélia

Si vous n’avez jamais entendu parler du film The Appointment c’est normal. Il faut en effet s’appeler Gaspar Noé pour connaître ce premier et unique long signé de l’anglais Lindsey C. Vickers. The Appointment devait être en fait le premier volet d’une série de films britanniques d’envergure destinés à être vendus à des chaînes de télévision du monde entier sous le titre A Step in the Wrong Direction. Tourné à grands frais en 35mm, principalement en décors naturels, doté de très bons effets spéciaux pré-numériques et d’un excellent casting en plus d’une bande-son originale, The Appointment aurait pu faire une belle sortie en salle. On parlait à l’époque d’une série en 13 films, dont trois auraient été écrits par Lindsey C. Vickers. Mais il n’en fut rien. Lindsey C. Vickers se brouillant avec ses producteurs, il finit par abandonner l’idée même de faire carrière dans le cinéma.

  • The Appointment (1982) de Lindsey C. Vickers - Exclusivité Fnac - Packshot Blu-ray
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The Appointment - Exclusivité Fnac

Éditeur :Les Films du Camélia
Sortie le :15 novembre 2023  

Au cinéma le : 25 octobre 2023

Résumé : Une entité maléfique et énigmatique plonge une famille dans la tourmente… Dans l’incapacité d’assister au récital de violon de sa fille, Ian, son père, est hanté par une série de cauchemars qui semblent annoncer une tragédie imminente. Les forces obscures se rassemblent-elles pour se déchaîner contre lui ?

The Appointment - Affiche

The Appointment a tout de même été édité en VHS dès 1983 puis diffusé à la télé anglaise au début des années 90. Et puis plus rien. À tel point d’ailleurs que ceux qui l’avaient découvert à la télé ou en VHS ont cru après des recherches infructueuses que le film était perdu corps et âmes puisque de négatif il n’y avait plus aucune trace et que les quelques copies tirées (pour des passages en festival) avaient elles aussi disparu. Mais avec le temps, les plus acharnés ont fini par tomber sur un master vidéo américain au format dit « 1 pouce de type C » (on y revient) lui permettant de recouvrer une seconde jeunesse et nous de découvrir cette véritable petite pépite à mi-chemin entre le film de possession et celui obéissant plus prosaïquement aux codes du fantastique. C’est de toute façon ce mélange des deux qui lui donne cette signature si particulière et à l’évidence en dehors des clous du tout venant de l’époque mais aussi d’aujourd’hui. C’est que si l’histoire peut paraître quelque peu convenue, son traitement lui insuffle une toute autre dimension propre à nous emmener en des territoires pas inconnus mais au final assez peu explorés.

Un père idolâtré par sa fille pré-ado ne peut assister à son récital de violon de fin d’année pour cause de déplacement professionnel. Celle-ci est dévastée au-delà de l’entendement et provoque, sans en être véritablement consciente, des forces maléfiques qui vont précipiter sa famille aux confins d’une réalité tragique. En dire plus serait criminel mais rien qu’avec ce simple exposé on se rend bien compte que The Appointment ne va pas révolutionner le ou les genres. Et pourtant. Avant d’en arriver au point de départ du récit, Lindsey C. Vickers nous gratifie d’une sorte de pré-générique qui nous met littéralement dans le bain. Une jeune écolière rentre chez elle en empruntant un chemin peu fréquenté pour disparaître sans laisser de trace ni témoins à part nous de l’autre côté de l’écran qui assistons littéralement à la chose sans que pour autant nous puissions avancer une quelconque explication sinon que bon, vaut mieux éviter dorénavant cet itinéraire. On a là en à peine 5 minutes l’étalage de tout le savoir-faire de Vickers. En partant d’une situation éculée de cinéma, il arrive de par ses angles de caméra et une bande son où le moindre bruit n’est jamais gratuit à nous faire vivre une séquence on ne peut plus anxiogène sanctionnée par un climax à faire pâlir le plus efficace et inattendu des « screamers » all time.

The Appointment - Capture Blu-ray

Pour autant, la suite ne jouera absolument pas sur le même registre. Lindsey C. Vickers nous apprend d’ailleurs au sein des compléments de ce Blu-ray que ce pré-générique lui avait été « conseillé » par ses producteurs alors que le tournage était sur le point de débuter. C’est sans véritable scripte et sur une journée qu’il a donc mis en boîte cette séquence censée scotcher le téléspectateur dans le seul but de l’inciter à ne pas zapper. The Appointment n’a en effet aucune intention de jouer sur les codes génériques du genre. Il n’est de fait ni particulièrement gore tout en s’émancipant du moindre twist censé véhiculer suspense et autres surprises finales. Ce qui intéresse Vickers c’est le cheminement de son récit. Et pour cela il n’hésite pas à dilater le temps, à user du montage alterné ou de séquences oniriques qui ne laissent d’ailleurs aucun doute sur la suite de l’histoire mais qui accentuent encore plus le sentiment que le sol se dérobe continuellement sous nos pieds. En résulte aussi une montée de l’angoisse permanente personnifiée par l’irruption hiératique dans le cadre de trois Rottweilers, masses de muscles menaçantes le plus souvent filmées de nuit dont on nous apprend toujours au sein des bonus que l’un d’entre eux (Condor pour ne pas le nommer) était le fameux chien vedette dans La Malédiction (The Omen – 1976). De quoi classer la bête.

La Malédiction (The Omen) - Affiche yankee

On l’a déjà signalé, mais la partie sonore joue aussi un rôle non négligeable dans l’immersion au sein de l’action. Outre la bande originale signée Trevor Jones qui venait de composer celle d’Excalibur de John Boorman ou encore celle de Dark Crystal de Jim Henson et Frank Oz (on vous laisse jeter un œil sur le reste de sa prestigieuse carrière longue comme les deux bras de Wembanyama), on a donc droit à un travail particulièrement disruptif sur le son. De celui qui met sans cesse mal à l’aise sans que pour autant on puisse mettre le doigt sur quelque chose en particulier. On pense ainsi à cette séquence où notre père de famille s’attable dans une sorte de relais routier à mi-chemin de sa destination finale. Nous sommes progressivement happés par les bruits ambiants qui finissent par nous envelopper puis nous agresser à l’instar de notre « héros » à l’évidence déstabilisé par un environnement dans lequel il perd pied. C’est littéralement bluffant. Quant au casting il n’est pas en reste avec en tête de gondole Edward Woodward (le père donc) que beaucoup ont découvert récemment pour sa prestation de flic enquêtant sur la disparition d’une jeune fille sur une petite île perdue du côté de l’Écosse dans The Wicker Man (1974) dont la version longue a été enfin exhumée et restaurée. Mais la majorité le connait pour son personnage de l’Equalizer dans la série anglaise au titre éponyme des années 80 que Denzel Washington a repris depuis 2014 au cinéma.

The Appointment mérite donc d’être découvert pour toutes ces qualités qui en font une pépite du cinéma anglais au même titre que… ben en fait au même titre qu’aucun autre film tant il est et demeure encore plus aujourd’hui totalement inclassable. À vous dorénavant de vous l’accaparer afin de porter la bonne parole d’autant que ce Blu-ray dit collector (pas de DVD prévu pour l’instant) que Les Films du Camélia annonce avoir édité à seulement 1 000 exemplaires à l’attention exclusive de l’enseigne FNAC (mais on peut aussi le trouver à la boutique parisienne Metaluna Store et sur le site de l’éditeur) le met joliment en valeur. À commencer par son versant technique qui, nonobstant la source vidéo forcément « limitée », s’en sort avec les honneurs. Pour la petite histoire précisons que les « 1 pouces Type C » (la source en question) sont un format de bande vidéo professionnel à balayage hélicoïdal d’enregistrement analogique bobine à bobine co-développé et introduit par Ampex et Sony en 1976. La qualité et la fiabilité du 1 pouce de type C en a fait l’un des piliers de la télévision et de la production vidéo dans les studios de télévision pendant près de 20 ans, avant d’être supplanté par des formats de vidéocassettes numériques plus fiables. Les 1 pouces Type C ont également été largement utilisés pour la création des premiers titres LaserDisc au début des années 90. Alors bien évidemment aussi fiable que puisse être cette source, on reste en vidéo avec ce que cela implique via un portage en 1080p. Ses limites sont visibles au premier coup d’œil à commencer par la définition qui va faire tiquer ceux qui se repassent en boucle Avatar en 4K. Les couleurs semblent aussi en retrait pour ne pas dire délavées bien que nous n’ayons pas plus d’infos ici quant à savoir si cela est très éloigné ou non de l’étalonnage d’origine. Bref on est en face d’une image typique de ce que l’on pouvait mater à la télé dans les années 80 sans que pour autant cela nuise à l’expérience de visionnage. Déjà parce que cela renforce quelque part le côté perpétuellement malaisant du film un peu comme si on assistait à une sorte de métrage d’outre-tombe qui rappellerait Le Projet Blair Witch (1999), le côté fabriqué et factice en moins.

Bande vidéo 1 PouceBande vidéo 1 Pouce (Illustration)

Quant à la partie son, l’encodage en DTS HD-MA 2.0 mono (anglais uniquement forcément) assume avec pas mal d’énergie le riche mixage décrit plus haut. Il est très fidèle à l’expérience salle que nous avons eu la chance de gouter au Christine Cinéma Club où le film est exploité depuis le 25 octobre dernier. Et puis ce Blu-ray propose quelques compléments de choix tous « piqués » à l’éditeur anglais BFI qui avait sorti le film en juillet 2022 au sein de leur collection BFI Flipside dédiée justement aux raretés et autres films anglais « oubliés ». On a ainsi droit à un entretien avec le réalisateur Lindsey C. Vickers un peu décousu et manquant de contextualisation mais dont il ressort l’extrême désenchantement d’un homme meurtri par une profession qui ne lui a fait aucun cadeau. On y glane tout de même moult infos comme celle de ses quelques années passées à la Hammer où il fut deuxième et troisième assistant réal lui permettant d’apprendre le métier et surtout d’appréhender au final son futur film mais aussi son court-métrage The Lake présent lui aussi en bonus.

Véritable laboratoire expérimental, on y retrouve en effet la plupart des thèmes et choix visuels qu’il développera par la suite pour The Appointment jusqu’au chien Condor beaucoup moins menaçant ici mais tout aussi essentiel à l’histoire. À noter que The Lake était sorti au cinéma et qu’il nous est proposé issu d’une très belle restauration effectuée depuis une copie 35mm. Si Les Films du Camélia n’a pas repris le commentaire audio qui aurait certainement fait péter le budget de cette édition (entre l’achat du bonus et le coût intrinsèque de la traduction qu’il faut matérialiser en sous-titres) au prix de vente déjà corsé, il nous gratifie tout de même de deux autres modules vidéo. Le premier est un échange avec Vic Pratt en charge de la collection BFI Flipside justement qui soumet à Vickers des photos du tournage qu’il a retrouvées (vous pouvez en retrouver quelques unes dans la galerie de captures ci-dessous). L’occasion de revenir sur certaines séquences dont celle de fin assez spectaculaire qui a demandé beaucoup de moyens ainsi que sur celle du pré-générique. Le second est plus anecdotique puisque Vickers est accompagné de sa femme qui nous explique comment ils se sont rencontrés lors d’un tournage d’un film où Peter Cushing jouait une énième fois Dracula pour la Hammer alors qu’elle travaillait pour une société commercialisant des perruques pour le cinéma.

Précisons enfin que cette édition propose un livret assez complet retraçant avec pas mal de détails les origines du film, le storyboard de la dernière séquence et l’historique de sa redécouverte grâce à l’opiniâtreté de certains permettant de ranger The Appointment dans la case « miraculé du 7ème Art ».

Spécifications techniques :

  • Image : 1.33:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Anglais DTS HD-MA 2.0 mono
  • Sous-titre(s) : Français
  • Durée : 1h29min 16s
  • 1 BD-50

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Bonus (en VOST) :

  • The Lake : Court-métrage de Lindsey C. Vickers (1978 – 33min 08s – HD)
  • Vickers par Vickers (41min 30s – HD – 2022)
  • Le tournage de The Appointment (18min 39s – HD – 2022)
  • Une rencontre partagée (6min 32s – HD – 2022)
  • Bande annonce (1min 36s – HD – 2023)

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