Land of the Dead - Image une test BD

Land of the Dead en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre chez Wild Side

Cela fait quasi 20 ans que Land of the Dead est sorti au cinéma. Putain 20 ans. On se souvient encore de la fébrilité qui nous avait envahi lorsque l’info était tombée. Incroyable, Romero allait réaliser un nouvel opus de zombies. On ne l’espérait plus lui qui n’avait jamais vraiment trouvé sa place à Hollywood et encore moins lors de la dernière décennie marquée par deux films plus ou moins oubliables. Et puis tout s’est accéléré en ce début 2005 avec la présentation à Cannes de 20 minutes du film et la possibilité de rencontrer le maître, le boss, l’ultimate zombie dans le « bunker » du festival. Autant vous dire que cette année là serait à marquer d’une pierre blanche dans l’agenda d’une vie de cinéphage initiée et bercée par Zombie (1978).

Land of the Dead - Édition Collector - Blu-ray + DVD + Livre

Éditeur :Wild Side Vidéo
Sortie le :06 décembre 2023  

Au cinéma le : 10 août 2005

Résumé : Dans un avenir proche, des survivants barricadés dans une ville bunker vivent encore dans le souvenir de l’ancien monde. Non loin de là, des zombies, qui désormais pensent et communiquent, s’organisent pour prendre d’assaut cette cité réputée imprenable. Kaufman, autoproclamé chef de la cité, engage un commando de mercenaires pour contrer les attaques de ces morts-vivants d’un nouveau genre…

Land of the Dead - Affiche

Et puis on a noté la date de sortie. Le 10 août 2005. Mouais, y a pas meilleur indice que de positionner un film de zomblards en plein été. Quand tout le monde s’en bat le steak qu’il ou elle voudra de toute façon le plus grillé possible pour faire bonne figure lors de son retour au taf. Le message est clair de la part du distributeur de l’époque, Land of the Dead on n’y croit pas des masses. 382 447 entrées plus tard, on peut dire rétrospectivement que ce n’était pas si mal et que c’était même mieux que les 260 529 entrées de Zombie qui, rappelons-le, n’était sorti au cinéma en France que le 18 mai 1983 du fait d’une censure qui voyait dans le film « une représentation des racines de l’idéologie nazie dont il fallait protéger la jeunesse » (Sic !). Quant à notre ressenti au sortir de la salle ? Mi-figue mi-raisin. On était heureux de se farcir du Zombie au cinoche, on était déçu par l’histoire aux accents politiques traités à la façon d’un Panzer fou en rase campagne.

On a bien entendu revu le film lors de sa sortie en DVD (déjà chez Wild Side) en février 2006 d’autant que l’on pouvait y découvrir la Director’s Cut de 3 minutes plus longue qui sera d’ailleurs de toutes les éditions subséquentes jusqu’à donc celle-ci qui petite subtilité la propose sur le Blu-ray alors que l’on retrouve la version cinéma sur le DVD. Une offre exhaustive plus qu’appréciable bien qu’un tantinet gadget étant entendu que Romero n’était pas un inconditionnel de la version cinéma qu’Universal lui imposa pour satisfaire selon eux un public plus « mainstream ». Une version un peu plus gore qui ne nous avait pas plus que cela fait changer d’avis. Land of the Dead est un film fait pour les fans, réalisé par un homme qui s’est laissé enivré par le discours de la critique et de la vox populi voyant dans ses œuvres des brûlots politiques doublés d’une prescience peu commune.

Oui Night of the Living Dead introduisait en 1968 des notions assez dans l’air du temps de la contre-culture et de l’opposition de la jeunesse américaine à la guerre du Vietnam annonçant une société en totale ébullition durant la décennie suivante. Oui Zombie est bien cette critique du capitalisme et de la surconsommation qui va avec telle que déjà décrite par quelques observateurs avisés de l’époque. Oui Day of the Dead en 1985 clouait au pilori la caste militaro industrielle qui avait pris définitivement le pouvoir avec l’arrivée de l’administration Reagan. Mais déjà dans ce troisième opus, la critique se faisait moins subtile et prenait surtout le pas sur l’aspect cinoche. Plus d’expérimentations visuelles ici. À la place on a droit à des redites et de l’auto-citation. La seule véritable trouvaille étant Bub, le zombie que l’on tente d’éduquer dans le sous-sol d’un silo à missiles où un groupe d’humains composé de scientifiques et de militaires tente de survivre. Ce Bub qui prend les traits de Big Daddy dans Land of the Dead. Ce zombie devenu le leader d’une troupe de révoltés plus seulement en manque perpétuel de chairs fraîches mais de vengeance à l’encontre de ces humains venus les exterminer chez eux à la recherche de nourriture et autres produits (f)utiles à la survie d’une communauté retranchée dans une ville bunker de l’autre côté du fleuve.

Romero - Land of the DeadGeorge A. Romero

C’est le seul fil rouge du récit. Cette horde de morts-vivants se dirigeant telle une masse inexorable en direction d’une ville dirigée par un chef autoproclamé reproduisant la société de l’ancien monde avec les nantis habitants dans une tour luxueuse et le reste de la population tentant de ne pas mourir de faim ou de maladie dans les rues. Le constat et la critique subséquente sont grossiers bien que lucides. Mais surtout ils ne permettent pas à la mise en scène de Romero de s’exprimer pleinement engoncée du coup dans des clins d’œil (la scène d’attaque des zombies au sein de la tour reprend à s’y méprendre celle devenue culte du centre commercial dans Zombie) et autres tics pour le moins préjudiciables. Ceci étant dit, à la revoyure en 2023, il est indéniable que Land of the Dead s’est plutôt bonifié avec le temps. Et les raisons en sont multiples.

Certainement déjà pour les séquences de boustifaille de tripes amoureusement élaborées par Greg Nicotero qui était déjà le grand gourou en la matière devenu depuis la série Walking Dead le maître ultime de la chose. The Walking Dead justement qui bien que jamais mentionné au sein des bonus permet paradoxalement à Land of the Dead d’être finalement un jalon essentiel dans l’histoire du genre. Ne serait-ce que par sa réflexion sur la place du zombie au sein des humains. Thème qui tenait particulièrement à cœur Romero que l’on pouvait trouver artificiel sinon naïf en 2005 mais qui en 2023 prend une tournure plutôt passionnante. En ce sens que le zombie de Romero s’émancipe de sa condition. Il le fait par la force bien entendu. Mais une force quelque peu désespérée. Il ne tient pas forcément à devenir le maître sur Terre mais peut-être simplement de « vivre » sa condition sans qu’on vienne le trucider une seconde fois. Toute la différence avec l’arc narratif imaginé par Robert Kirkman et ses comics dédiés aux Walking Dead devenus en 2010 l’une des séries emblématiques de la décennie, qui finalement ne s’intéressait qu’aux humains et leur faculté à s’entretuer quelque soit les dangers extérieurs. Une posture qui a fini par enliser la série en un surplace forcément préjudiciable là où Romero a finalement toujours tenté de faire évoluer sa réflexion sur le sujet.

Le zombie de Land of the Dead est peut-être ce migrant qui part à l’assaut d’une civilisation dont il n’envie pas forcément le modèle social et économique mais dont il mesure consciemment ou non tout le mal qu’il lui cause en venant piller ses territoires et qui ne profitera au final qu’à une caste de nantis déjà millionnaires/milliardaires. De quoi se dire que voilà un film qui n’a pas fini de s’approprier les convulsions de nos sociétés pour à chaque fois mieux en dénoncer les travers, les injustices et les tragédies. Ce que The Walking Dead n’est au final jamais parvenu à faire. Mais que l’on aurait aimé avoir l’avis du monteur Michael Doherty sur la question au sein du seul bonus réalisé en 2023. Intitulé George et moi celui-ci revient plus sur la façon de travailler avec Romero, donne quelques précisions sur les différences entre la version cinéma et la Director’s Cut et précise aussi que Romero ne s’engageait pas sur un film sans qu’il ne soit politique.

Tous les autres bonus datent de 2005 et ne sont pas inédits puisqu’ils étaient déjà tous présents au sein du DVD Collector de 2006. Un temps où on allait sur les tournages pour faire des reportages in situ. Il y avait du budget pour cela car le marché du DVD était alors florissant. Cela ne donnait pas forcément des morceaux de bravoure mais cela permettait de humer l’atmosphère des sets avec des acteurs, techniciens et le réal obligés de se plier à une forme de promo au discours certes policé mais qui pouvait réserver quelques segments plutôt informatifs et/ou funs. Comme celui avec Simon Pegg et Edgar Wright qui grâce au succès de Shaun of the Dead avaient été invités sur Land of the Dead pour y faire un caméo grimé en zombies plus que remarqué. La chose avait défrayé la chronique au sein du landerneau des fans et franchement Quand Shaun rencontre Georgese regarde avec toujours autant de plaisir surtout en connaissant le parcours de ces deux zigotos devenus depuis des acteurs incontournables du Hollywood actuel.

On a aussi réécouté le commentaire audio de George A. Romero, Peter Grunwald (producteur) et Michael Doherty (monteur) que Wild Side a pris la peine de synchroniser tant au niveau audio que pour les sous-titres avec le timing du 24images par seconde de rigueur pour un Blu-ray. L’effort étant louable on s’y est donc replongé pour en sortir pas plus convaincu que dans notre souvenir. Les trois copains se contentant de raconter ce que l’on voit déjà à l’image sans vraiment contextualiser quoi que ce soit sinon l’apport des effets spéciaux numériques qui, il est vrai, pouvaient encore s’avérer à l’époque comme une véritable plus-value mais qui à la revoyure ont quand même pas mal vieilli.

Land of the Dead - Cover Livret

Enfin il y a le livret de François Cau illustré de fort belle manière par l’artiste Thierry Couquard dont l’apport essentiel est d’avoir réussi à obtenir des entretiens effectués en juillet 2023 avec Eugene Clark (interprète de Big Daddy), Donna Croce (scripte), Peter Grunwald (producteur) et Doug Slater (directeur artistique). Il en ressort une véritable affection envers Romero qui les a tous laissé orphelins à sa disparition et dont ils disent avoir beaucoup appris tant professionnellement qu’humainement à son contact. Des témoignages extrêmement touchants ponctués par une analyse du film et de la fin de carrière du cinéaste avec ses deux derniers projets que furent Diary of the Dead (2007) et Survival of the Dead (2009). Mais là encore pas un mot sur The Walking Dead. On ne sait si c’est l’angle voulu par François Cau ou une exigence de ses interlocuteurs, toujours est-il que l’un des fleurons du genre qui a embrasé toute la planète durant les années 2010 est totalement effacé des tablettes au sein de cette édition.

Quelques mots enfin sur le rendu technique de cette édition. Pour le coup on n’a pas pris la peine de jeter un œil au film en DVD préférant nous le revoir uniquement en Blu-ray. Et bien on n’a pas été déçu. L’image dont on ne sait si elle a été restaurée ou non, présente un joli grain sans jamais prêter le flan à la critique (pas de scories, pas de points blancs, rien, nada, walou). La définition est aux abonnés présents et les noirs, malgré des SFX numériques d’un autre temps, ne sont jamais bouchés alors que le film se déroule quasi uniquement de nuit (une galerie de captures est disponible deux paragraphes plus bas). Quant à la partie sonore, le DTS-HD MA 5.1 en VO est plutôt bien équilibré avec lors des scènes d’action la mise en avant des basses et des surrounds, et lors des scènes dialoguées un recentrage optimal sur l’enceinte centrale. La VF encodée de façon idoine propose un équilibre moins flagrant (surrounds moins percutants et dialogues plus envahissants) mais fait quand même le job comme on dit.

En conclusion, si vous êtes fans du film cette édition est définitivement faite pour vous. Pour ceux qui aimeraient le découvrir, cette édition vous tend aussi les bras. Pour les autres, ce sera l’occasion de réévaluer leurs premiers ressentis et de certainement compléter d’une manière avantageuse leur « Bluraythèque ».

Spécifications techniques :

  • Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Anglais et Français en DTS-HD MA 5.1
  • Sous-titre(s) : Français
  • Durée : 1h37min 01s (Director’s Cut sur le Blu-ray)
  • Durée : 1h29min (Version cinéma sur le DVD)
  • 1 BD-50

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Bonus (En VOST sauf indications contraires) :

  • Commentaire audio de George A. Romero, Peter Grunwald (producteur), Michael Doherty (monteur)
  • Livret de 36 pages Les Morts reviennent l’hiver écrit par François Cau
  • Le Territoire de Romero
    • Les Morts-Vivants de retour : Making-of (13min 06s – HD – 2005)
    • Donner vie aux morts : Greg Nicotero au travail (9min 56s – HD – 2005)
    • Une journée avec les zombies : John Leguizamo présente l’équipe (7min 54s – HD – 2005)
    • Quand Shaun rencontre George : Avec Simon Pegg et Edgar Wright (13min 35s – HD – 2005)
  • Chroniques de marcheurs
    •  Les Morts-Vivants de l’Amérique : Entretien avec George A. Romero (27min 34s – HD – 2005)
    • George et moi : Interview du monteur Michael Doherty (20min 39s – HD – 2023)
    • Cannes of The Dead : Interview de George A. Romero et des acteurs à Cannes (7min 14s – HD – 2005)
  • Autopsie d’un zombie
    • Scènes coupées (3min 04s – HD – 2005)
    • Scènes (de carnage) coupées (1min 47s – HD – 2005)
    • Les effets spéciaux (3min 25s – HD – 2005)
    • Comment un storyboard prend vie (8min 16s – HD – 2005)
    • Bande-annonce (1min 43s – VF – SD)

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