Le Péril jeune - Image une test Blu-ray

Le Péril jeune en Blu-ray chez Rimini

Avant d’être un film de cinéma, Le Péril jeune a été un téléfilm diffusé sur Arte (qui s’appelait alors La Sept / Arte) le 21 mai 1994 dans le cadre d’une collection appelée Les Années Lycée qui réunissait plusieurs projets sur une même thématique. Cette façon de faire avait alors le vent en poupe sur la toute jeune chaîne franco-allemande puisque dans le même temps on pouvait aussi y découvrir une autre anthologie intitulée Tous les garçons et les filles de leur âge avec une version de 60 minutes pour la télé et une version plus longue pour le cinéma. On pense ainsi au film de Téchiné Les Roseaux sauvages sorti en juin 1994 qui s’appelait Le Chêne et le Roseau dans sa version téléfilm diffusée en octobre de la même année.

Le Péril jeune - Blu-ray + 2 DVD + Livret

Éditeur :Rimini Editions
Sortie le :05 mars 2024  

Au cinéma le : 11 janvier 1995

Résumé : Plusieurs années après avoir quitté le lycée, quelques jeunes hommes se retrouvent à l’occasion de l’accouchement de la compagne de leur meilleur ami, mort une semaine auparavant d’une overdose. C’est pour eux l’occasion de confronter leurs souvenirs.

Le Péril jeune - Affiche

Pour autant, au sein des Années Lycée seuls 4 films y ont vu le jour (contre 9 du côté de Tous les garçons…) et surtout seul Le Péril jeune a franchi le rubicond de la salle. C’est que rien ici n’avait été envisagé pour une éventuelle exploitation ciné à partir du moment où la version diffusée était définitive. Et pourtant, à l’issue de sa première diffusion, Le Péril jeune commença à se retrouver en festival s’octroyant dès lors une seconde vie à l’attention du grand public mais surtout des professionnels. Jusqu’à ce que Pierre-Ange Le Pogam, alors directeur chez Gaumont (et futur cofondateur avec Luc Besson d’EuropaCorp), eut un véritable coup de cœur pour le film et décida d’en acquérir les droits pour une sortie au cinéma. Un parcours et une décision totalement à rebours des us et coutumes dans le métier mais qui in fine s’avéreront payants puisqu’en 1995 Le Péril jeune engrangeât 645 639 entrées.

Le Péril jeune est réalisé par Cédric Klapisch qui sortait alors de Riens du tout (1992), un premier long aussi pesant et harassant à réaliser qu’il est extraordinairement léger, drôle et lucide sur la société d’alors à l’écran. Klapisch se laisse tenter par Le Péril jeune parce qu’il est dans sa conception et sa production à l’exacte inverse de Riens du tout. Pas d’acteurs connus, 23 jours de tournage, un budget ultra light et in fine la totale maîtrise sur le produit final. Il fait ainsi venir deux potes de lycée qui vont l’aider à pondre le scénario dont Santiago Amigorena qui travaille d’ailleurs toujours avec le cinéaste puisqu’on le retrouve co-scénariste sur En corps son dernier film en date. Et puis cela lui permettait de parler d’une jeunesse déjà révolue, celle de ses années lycées à lui qu’il a vécues dans les années 70. Cela lui donne l’occasion de tordre le coup aux codes du film d’ado à l’américaine où toutes les premières expériences comme celle du premier amour sont montrées comme émancipatrices et positives. Dans Le Péril jeune, les premiers amours sont voués à l’échec sinon à une forme de catharsis désagréable. C’est à la fois drôle, dur mais tellement universel que tous les jeunes passés, présents et à venir peuvent se retrouver dans cette histoire de potes en terminale pas plus obsédés que cela par le bac mais un peu plus par les filles.

Le Péril jeune - Capture Blu-rayJulien Lambroschini – Nicolas Koretzky – Romain Duris – Vincent Elbaz – Joachim Lombard

Une génération baignée ceci dit par une musique rock de malade (Hendrix, Franck Zappa, The Who, Led Zeppelin…), la possibilité de fumer dans les classes, d’assister en cours de biologie à un accouchement sans douleur en 16mm, à traiter d’enculé le patron du bar d’à côté qui possède un babyfoot tout en lui demandant s’il ne veut pas sucer son pote en même temps, de se perdre dans un squat peuplé de zombies avec un choix pléthorique d’acides où crèche aussi la prof d’anglais venue de Londres le temps d’un trimestre… Le Péril jeune c’est un peu tout ça et c’est aussi la découverte de nouveaux talents qui vont devenir des têtes de gondole du cinéma français à commencer par Romain Duris et Vincent Elbaz dont c’était les premières apparitions. Il y aussi Élodie Bouchez que l’on venait tout juste de découvrir dans le film de Téchiné cité plus haut. Il y avait encore Hélène de Fougerolles en fayotte du premier rang que tout le monde veut avoir le privilège d’accrocher à son palmarès. Sans oublier Jackie Berroyer en dealer improbable et impayable. Le tout sous la caméra en apparence primesautière de Klapisch qui accompagne ainsi tout ce petit monde pour son passage à l’âge adulte symbolisé par les retrouvailles dix ans plus tard des quatre larrons (le cinquième étant indirectement l’objet de leur revoyure) que le réalisateur utilise tel un fil rouge en forme de flash-backs.

En 30 ans, Le Péril jeune n’a absolument pas volé son statut de film culte. Entre ses dialogues que l’on ne se lasse pas de réentendre, ses acteurs en état de grâce et cette légèreté de ton qui n’en a que les apparences, il se classe aussi et surtout tout en haut d’une décennie de cinéma déjà désenchantée qu’il immortalisait à sa façon et d’une manière définitive.

1ère de couv livret Le Péril jeunePremière de couverture du livret inséré au sein de cette édition

Ce n’est donc pas peu dire que l’on est heureux de le revoir ainsi. A savoir nantis d’une restauration 4K effectuée depuis le négatif original super 16mm. C’est d’ailleurs une véritable redécouverte tant sa diff télé et même son passage en salle ne nous avaient pas marqué la rétine à ce point. Ici le grain est génialement mis en valeur, la photo aussi alors que nous n’avions en tête qu’un étalonnage un peu binaire (brun / ocre de jour et rouge carmin de nuit). Ici c’est une explosion de couleurs et de contrastes jamais perçus surtout lors des séquences dans le squat où le travail sur le grain au moment des scènes hallucinogènes est juste dément. Que dire aussi du son puisqu’on a droit à de la stéréo mais aussi à du 5.1 encodées en DTS-HD MA. Deux formats sonores que l’on trouvait déjà sur le DVD Gaumont paru en 2004 mais en Dolby Digital et qui acquièrent ici une tessiture et une rondeur permettant là aussi de saborder nos certitudes. Et d’apprécier encore mieux les nombreuses plages musicales qui furent d’ailleurs un des points noirs du passage du film de la télé au cinéma puisqu’il a fallu revoir tous les droits musicaux qui n’avaient été greenlightés que pour une diff télé.

Le Péril jeune - Capture bonus Blu-ray

En fait la seule « petite » déception de cette édition est l’aspect bonus qui ne reprend qu’une partie de ce que l’on trouvait justement sur l’édition collector DVD de 2004 citée plus haut. Vous me direz, c’est déjà ça d’autant qu’un livret vient apporter une touche plus récente avec une interview de Klapich par le journaliste de Technikart Marc Godin. On vous invite à jeter un œil au détail ci-dessous mais parmi les bonus repris (tous au format SD), on retiendra à nouveau ceux sur les essais des comédiens qui sur plus de 30 minutes nous donnent à voir les premiers pas de futurs acteurs tout en haut de l’affiche aujourd’hui dont bien entendu Duris qui montrait déjà là, alors qu’il ne voulait pas de cette carrière, toute son arrogance nichée dans une sorte de fragilité qui même ici captée via une image vidéo dégueulasse nous éclate la rétine.

Spécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 166.1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Français DTS HD-MA 5.1 et 2.0 stéréo
  • Sous-titre(s) : Français pour sourds et malentendants
  • Durée : 1h45min 49s
  • 1 BD-50

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Bonus (en SD) :

  • Le Péril jeune – Ten Years After : retrouvailles des comédiens (2003 – 35min 31s)
  • Nous sommes jeunes et beaux : les essais des comédiens (2002 – 8 vidéos – 38min 12s)
  • Le Périple jeune : la genèse du film (2003 – 29min 36s)
  • L’Âge bête ne passera pas : entretien avec Cédric Klapisch, Santiago Amigorena et Alexis Galmot (2003 – 9min 09s)
  • Bande-annonce d’époque restaurée (HD – 1min 47s)
  • On a été sincères : Livret avec interview de Cédric Klapisch par Marc Godin, critique et historien du cinéma (24 pages)

  Lâchez-vous !

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *