Chacun cherche son chat - Image une fiche film

Fiche film : Chacun cherche son chat (1996)

À l’origine Chacun cherche son chat ne devait pas être un long métrage. Cédric Klapisch souhaitait en effet réaliser un court métrage sur Paris, avec pour toile de fond l’histoire de la recherche d’un chat égaré. Mais lors de la phase de développement, de nombreux détails sont venus enrichir le scénario et les producteurs se convainquirent qu’il fallait en redéfinir la durée. De l’aveu de Klapisch, Chacun cherche son chat est passé d’un « court-métrage cher en un long métrage pas cher ».

Chacun cherche son chat (1996)

Réalisateur(s) : Cédric Klapisch
Avec : Garance Clavel, Zinedine Soualem, Renée Le Calm, Olivier Py, Romain Duris, Hélène de Fougerolles, Simon Abkarian
Durée : 1h31
Distributeur :  Bac Films
Sortie en salles : 3 avril 1996

Résumé : À travers une histoire de chats et d’une jeune fille qui a perdu le sien, évocation de la vie d’un quartier parisien où plusieurs mondes cohabitent, se confrontent, se rencontrent, organisés en réseaux de communication complexes.

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  • Notre avis : D’une volonté de réaliser un court-métrage qui se focaliserait sur un quartier de Paris, Cédric Klaplisch a fini par accoucher d’un troisième long devenu avec le temps une sorte de témoignage anthropologique d’un Paris révolu. Chacun cherche son chat est en effet ce film qui raconte la fin d’une époque et le début d’une autre dans laquelle nous baignons encore. Le Paris en question est celui de la Bastille quand celui-ci était encore peuplé d’ouvriers et de bâtisses où l’on travaillait le bois pour en faire des meubles. Et non, on ne parle pas ici des années 50 mais bien du milieu des années 90. Une sorte de village dans la ville comme il pouvait encore y en avoir jusque donc à la fin du siècle dernier. Depuis, la capitale s’est définitivement boboïsée avec une population qui a fait de ces anciennes manufactures des lofts aux superficies enviables nichés dans des cours intérieurs cachées des regards extérieurs. Le tout se gargarisant d’une valorisation galopante éjectant de facto cette classe populaire qui tenait alors le haut du pavé.
    Conscient à l’époque d’être le témoin privilégié de cette mutation déjà à l’œuvre, Cédric Klaplisch s’appuie sur une histoire véridique qu’on lui a raconté aux enjeux dramatiques qui tiennent, au sein d’un scénario digne de ce nom, en quelques lignes. Mme Renée, une figure emblématique et tutélaire de ce quartier de la Bastille a perdu un chat que l’héroïne du film lui avait confiée le temps de quelques jours de vacances. Par la suite, c’est une solidarité doublée d’une mobilisation générale qui se met en place dans le seul but de retrouver ce chat fugueur. L’alibi est donc mince mais à l’image il est efficace. Il permet en effet au cinéaste de topographier le lieu et ses habitants. Pour cela il use d’une mise en scène à la fois aérienne et épurée mais aussi rigoureuse et très précise. Ainsi, il n’emploie que très rarement de longues focales pour opter sur des plans au plus près de l’action quand celle-ci se déroule dans la rue. Par contre, en intérieur la caméra se fait moins intrusive. Comme si Klapisch ne voulait pas en rajouter incitant l’acteur professionnel ou non à prendre naturellement possession de l’espace. La caméra ne se contentant dès lors plus que d’enregistrer. Un parti-pris véritablement efficace en ce sens qu’il permet d’impliquer le spectateur à l’action et aux décors avec cette impression que lui aussi recherche activement le félin.
    Pour autant, bien au fait du peu d’épaisseur de cette histoire, Klapisch ne va pas s’entêter à la développer outre mesure préférant avec justesse emprunter des chemins de traverse en les caractérisant via moult actions secondaires et différents personnages à commencer par Mme Renée interprétée par une véritable habitante du quartier. De son vrai blaze Renée Le Calm, elle est littéralement la « star » du film. Chacune de ces apparitions est un véritable bonheur pour qui sait apprécier la gouaille argotique d’un Paris disparu. Âgée à l’époque de 74 ans, elle s’en est allée que très récemment (juin 2019) accédant de facto aux cimes du siècle de présence sur Terre. Renée Le Calm faisait déjà de la figuration sur les précédents films de Klapisch mais Chacun cherche son chat fut son véritable baptême du feu lui permettant d’accéder à une certaine notoriété qu’elle prolongera via plusieurs films jusqu’en 2019 et Deux moi de… Cédric Klapisch où elle joue pendant quelques secondes la centenaire au téléphone.
    L’autre personnage marquant n’est autre que celui interprété par Zinedine Soualem qui sert ici de guide à notre héroïne (Garance Clavel) pour l’aider à s’y retrouver dans le quartier. Un Zinedine Soualem qui était déjà présent sur les premiers courts et longs-métrages du cinéaste et qui le sera sur tous les autres jusqu’à aujourd’hui. Son personnage gentiment benêt rappelle celui de Fernandel dans Simplet (1942). Quelque chose qui pourrait se définir par une personnalité marquée par une émouvante innocence à laquelle on s’attache presque instantanément. Chacun cherche son chat tire ainsi sa principale force de cet amour porté envers ce bestiaire bigarré d’où se dégage des lignes de vie uniques et universelles. Des silhouettes aux rôles principaux tous sont ainsi au diapason et au service d’un film qui par un effet boomerang le leur rend bien. Sa modernité toujours aussi prégnante le prouve et lui permet d’envisager définitivement le statut de classique après avoir entériné celui de culte. 4/5

Chacun cherche son chat - Affiche

Chacun cherche son chat

Éditeur :M6 Vidéo
Sortie le :18 octobre 2022  

  • La chronique Blu-ray : Ce Blu-ray ne propose qu’un seul bonus mais il est suffisamment bien foutu pour suffire à notre bonheur et faire oublier la non reprise de Sur les traces du chat qui accompagnait depuis 2003 toutes les précédentes éditions DVD. La Langue au chat fait ainsi intervenir Cédric Klapisch (depuis le bistrot Pause Café. qui, toujours là, faisait office de décors extérieur au film), Garance Clavel et Zinedine Soualem. Au-delà des infos connues que nous distillons plus haut, on y apprend que c’est à la scripte Marie Vermillard, qui résidait alors Rue des Tallandiers et qui officiait à ce poste dès le tout premier court-métrage de Klapisch, que l’on doit sa rencontre avec Zinedine Soualem habitant du quartier et Renée Le Calm qui n’était autre que sa voisine qu’elle aidait au quotidien pour des menus services. Cédric Klapisch nous avoue aussi que si Chacun cherche son chat donne une telle impression de légèreté et de liberté c’est que durant le tournage il régnait une très belle ambiance qui se matérialisait lors des prises de vue par des passages d’improvisation que maîtrisaient au demeurant avec maestria Renée Le Calm. Sans oublier cette volonté de mélanger avec bonheur docu et fiction. Klapisch nous rappelle enfin que Chacun cherche son chat est le film du réalisateur le plus vendu à l’international. Qu’il a beaucoup touché Agnès Varda (et c’est vrai que le film de Klapisch lorgne consciemment ou non du côté de Daguerréotypes [1975], son génialissime film sur la rue Daguerre dans le 14ème arrondissement de Paris) ou encore Paul Thomas Anderson qui s’en est imprégné lors de l’écriture de Magnolia (1999). Klapisch s’en amusant d’ailleurs ne comprenant toujours pas en quoi (et nous non plus d’ailleurs). Pour que cette édition soit parfaite, on n’aurait pas craché sur une petite vidéo montrant avec force et détails les lieux emblématiques du film en 2022. Klapisch joue un peu le jeu au sein du doc mais c’est au final survolé. On aurait aimé refaire un tour dans l’immeuble rue des Tallandiers, aller jeter un oeil du côté du petit café où toute la petite bande du quartier aimait à se réunir…
    Niveau technique, l’image proposée est issue d’un master restauré 4K effectué par le laboratoire Digimage Classics. Ce qui donne une définition palpable sans pour autant avoir voulu altérer l’impression d’être en face d’un film du siècle dernier avec respect du grain pelloche et d’une photo très contrastée qui utilisait beaucoup la lumière du soleil. Les ombres portées dans les rues sont ainsi bien présentes alors que les couleurs bénéficient d’une densité incroyable. C’est Eclair Group qui a géré la restauration audio et là aussi rien à redire avec un mono encodé en DTS-HD MA 2.0 donnant à Chacun cherche son chat un côté vintage bienvenu mais jamais préjudiciable en ce sens que le tout offre un dynamisme et une précision que l’on adore.

Chacun cherche son chat - Capture Blu-ray bonus

Pause Café 1996 Vs Pause Café 2022

Passage des Tallandiers 1996 Vs Passage des Tallandiers avec le réalisateur en 2022

Spécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 1.66:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Français en DTS-HD MA 2.0 mono / Audiodescription
  • Sous-titre(s) : Français pour sourds et malentendants
  • Durée : 1h30min 38s
  • 1 BD-50

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Bonus :

  • La Langue au chat : les coulisses du film (31min39s – HD – 2022)
  • Bande-annonce (1min 47s – HD)
  • Box office : Chacun cherche son chat a réuni 678 995 entrées à sa sortie. Il fut exploité sur 11 semaines et sur 52 copies (pour monter à 90 copies en 6ème semaine).

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