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Fiche film : Winter Break (2023)

Au début des années 2010, Alexander Payne a vu Merlusse (1935) de Marcel Pagnol, qui raconte l’histoire de quelques lycéens laissés-pour-compte à l’internat. Durant les vacances de Noël, ils doivent faire face au plus redoutable des surveillants, Merlusse, au visage balafré. Le réalisateur a envisagé ce film comme un excellent point de départ pour une nouvelle histoire.

La chance a voulu qu’un scénario atterrisse alors sur son bureau, qui venait directement étayer son idée : « David Hemingson avait écrit un excellent pilote pour une série qui se déroulait dans un lycée privé pour garçons. Je [Alexander Payne] l’ai contacté et je lui ai dit que je ne souhaitais pas réaliser le pilote mais lui soumettre une idée de long métrage. »

Winter Break (The Holdovers – 2023)

Réalisateur(s) : Alexander Payne
Avec :
Distributeur : Universal Pictures International France
Durée : 2h13min
Sortie en salles : 13 décembre 2023

Résumé : Hiver 1970 : M. Hunham est professeur d’histoire ancienne dans un prestigieux lycée d’enseignement privé pour garçons de la Nouvelle-Angleterre. Pédant et bourru, il n’est apprécié ni de ses élèves ni de ses collègues. Alors que Noël approche, M. Hunham est prié de rester sur le campus pour surveiller la poignée de pensionnaires consignés sur place. Il n’en restera bientôt qu’un : Angus, un élève de 1ere aussi doué qu’insubordonné. Trop récemment endeuillée par la mort de son fils au Vietnam, Mary, la cuisinière de l’établissement, préfère rester à l’écart des fêtes. Elle vient compléter ce trio improbable.

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  • Notre Avis :Alexander Payne est peut-être un des cinéastes les plus sous-cotés de sa génération. Pour autant son cinéma a les mêmes ambitions narratives et la même délicatesse de traitement que ceux d’un Sam Mendes, Paul Thomas Anderson, Wes Anderson, Richard Linklater, David Robert Mitchell… Pour ne citer que les plus évidents.  Soi cette faculté de prendre à bras le corps un sujet de l’intime pour en faire bien souvent un manifeste générationnel et sociétal. Sans que jamais ses films ne veuillent asséner de quelconques leçons de morale ou de vie. Un équilibre des plus précaire pour ne pas dire casse gueule mais qui pour Alexander Payne se relève être d’un naturel confondant doublé d’un naturalisme évident.
    Winter Break ne déroge pas à ce constat initié dès Election en 1999 (L’Arriviste en français jamais sorti au cinéma chez nous) où l’affrontement entre deux étudiants à la présidence du conseil d’un lycée va lui permettre de mettre à nue les rouages pas toujours reluisants de la démocratie à l’américaine. Monsieur Schmidt (2002) avec Jack Nicholson dans le rôle-titre tout comme Nebraska (2013), son chef-d’œuvre, lui donneront la possibilité d’extrapoler à partir de relations père fils/fille un état des lieux de la famille sauce yankee avec une acuité et surtout un humour souvent décalé qui laissent encore aujourd’hui pantois. Winter Break c’est un peu tout cela réunit. En ce noël 1970 un prestigieux lycée de la Nouvelle-Angleterre ferme ses portes pour les fêtes. Mais pas pour tout le monde puisqu’un professeur d’histoire antique plutôt détesté de ses élèves compte comme chaque année profiter de ce havre (devenu) de paix pour se ressourcer, lire et écrire. Mais le voici affublé de la garde de quelques étudiants abandonnés par leurs riches et trop occupés parents. Faisant contre mauvaise fortune, cœur de pierre il décide de les gérer à sa façon sous l’œil d’abord atone de la cuisinière en chef vivant sur le campus qui vient de perdre son fils (ancien écolier du lycée) au Vietnam.
    Paul Giamatti est un prof cynique mais pas encore aigri (encore que). Il semble ne faire qu’un avec ce qu’il enseigne et avec cet établissement devenu aussi et littéralement sa maison. Paul Giamatti retrouve Alexander Payne après le réjouissant Sideways réalisé il y a presque 20 ans. Tout comme pour Sideways son personnage n’est ni blanc ni noir. Il n’est même pas gris. Il est un peu chacun d’entre nous. Il peut se révéler détestable mais le plan d’après prendre une décision qui le ramène à la lumière. Il n’est d’ailleurs même pas le personnage central puisqu’il partage cette histoire avec le seul étudiant qui finalement va rester (les autres se découvrant des parents de substitution qui les amèneront en hélicoptère faire du ski) et cette cuisinière en plein deuil. À eux trois ils vont traverser ces deux semaines en se rejetant, puis en se découvrant et pour finir en s’attachant. Il va sans dire que le canevas on le connait mais il est porté par une telle étude de caractères, une telle sensibilité et un tel amour de mise en scène où chaque plan est signifiant sans jamais être pompeux ou sur-signifiant que l’on rend très vite les armes. On se laisse bercer par cette atmosphère douce-amère ponctuée de quelques drames, d’un peu de bonheur et d’une passion folle pour ses personnages. Alexander Payne les cajole d’une lumière chaleureuse faite de lumière et de neige et de cadres apaisants mais jamais monotones ou insipides. Il y a en effet toujours quelque chose qui attrape le regard en arrière-plan. Ce n’est jamais gratuit et surtout cela fera sens par la suite.
    Le spectateur ainsi toujours en alerte peut paradoxalement se laisser aller à apprécier les différentes étapes d’un récit que l’on peut penser sans surprise mais qui se révèle au final bien plus retors qu’imaginé. C’est qu’outre Giamatti, il faut aussi saluer la prestation sinon la présence quasi animale du jeune Dominic Sessa ainsi que celle plus expérimentée de Da’vine Joy Randolph dont chacune de ses apparitions à l’écran nous ont fait chavirer d’un bonheur teinté de mélancolie. Alexander Payne n’a vraiment pas son pareil pour distiller ce genre d’atmosphère avec ici l’envie évidente de se retourner sur un passé qu’il a connu et dont il voulait rendre compte à sa manière. Non pour dire que c’était mieux avant mais plutôt pour affirmer que l’avenir n’est envisageable que si on s’en donne la peine. C’est tout le sens du dernier plan et de toute sa filmo qu’il faut voir, revoir et partager.  4/5
  • Box office 464 entrées sur 16 copies parisiennes à la première séance 14h. On est sur le même départ que Nebraska (580 entrées sur 20 copies) dont le cumul à 114 363 entrées reste aujourd’hui la plus mauvaise marque en France pour un film signé Alexander Payne. Edit 21/12 : 57 639 entrées sur 156 copies en une une semaine. Espérons que la fin d’année et les vacances qui vont avec vont permettre à Winter Break de faire mieux que le cumul de Nebraska. Parce que là c’est quand même très mal parti cette histoire. Edit 19/04 : Un cumul final à 255 268 entrées après 11 semaines de présence dans les salles.
  • La chronique Blu-ray et Blu-ray 4K : Il est fort à parier que Winter Break bénéficiera d’une édition Blu-ray. C’est en effet déjà le cas en Angleterre et au Canada (et forcément très bientôt aux States). Par contre du côté du 4K c’est beaucoup moins sûr.  Edit 21/12 : Un Blu-ray est annoncé pour le 2 janvier aux Etats-Unis. Il est pourvu de sous-titres français et d’une version québecoise. Edit 01/02 : Un Blu-ray est annoncé chez Universal France pour le 24 avril alors qu’en Angleterre l’éditeur Dazzler Media annonce un Blu-ray et un Blu-ray 4K pour le 22/04.

Winter Break - Affiche

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