Si Cannes fait voyager dans des contrées reculées, c’est à la sélection Un certain regard qu’on le doit. Les films viennent des quatre coins du monde, souvent d’endroits dont on ne connaît pas le cinéma et la sélection nous invite à de vraies découvertes, à voir des choses qu’on ne verrait certainement pas autrement. Parmi les films proposés hier, on a eu un film Indien, Masaan, un film Philippin, Taklub, et on a pu voir également un film coréen Hors compétition, Office (O Piseu).
Alors que La Tête haute d’Emmanuelle Bercot vient tout juste de sortir dans les salles et de faire par la même occasion l’ouverture du Festival de Cannes, voici qu’arrive La Loi du marché, prétendant quant à lui à la Palme d’or, dont l’ambition est de rendre compte d’une société en perte dégénérative de repères. Si pour Bercot cela prend les traits d’un ado rejetant en bloc l’avenir sans avenir qu’on lui propose, Stéphane Brizé veut lui se coltiner pleine face la maladie endémique de notre économie et ses conséquences humaines qu’est le chômage. Pour ce faire, il va s’appuyer une nouvelle fois sur un Vincent Lindon toujours aussi minéral mais à l’humanité intacte.
Cette journée, on l’a passée à arpenter le Marché du film de Cannes. Pour ceux qui ne connaissent pas, l’ambiance y est très étrange entre les jolies jeunes femmes au sourire éternel qui nous interpellent afin qu’on parle de leurs films (et c’est vrai que Mom, Tommy made a dinosaurou Kill the dictator ont l’air passionnant) et ceux qui fuient, nous demandant de contacter quelqu’un qui jamais ne répondra à nos sollicitations. Heureusement, il existe un entre deux.
Si chaque jour semble offrir, un peu par hasard, sa thématique privilégiée, aujourd’hui elle sera sentimentale et amoureuse. On aura eu droit à un véritable choc émotionnel et artistique avec Soleil de Plomb (Zvizdan) de Dalibor Matanic, un film magnifique et poignant avec Carolde Todd Hayneset une œuvre touchante avec Vers l’autre rive de Kiyoshi Kurosawa. Les deux premiers figuraient parmi nos choix les plus attendus pour l’édition 2015 du festival de Cannes et nous n’avons pas été déçu.
Sur quatre films vus au cours de notre troisième jour cannois, trois se sont révélés être des portraits de femmes délicats, difficiles et destructeurs. De manière assez surprenante, leur titre était à chaque fois le prénom de la protagoniste.